La France doit-elle réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 30 % d’ici à 2020 ?

L’impact économique de la lutte contre le réchauffement climatique : la nécessité d’inventer un nouveau modèle de croissance.

Dans son dernier ouvrage (20), Joseph Stiglitz rappelle qu’« avant la crise, les États-Unis et le monde entier étaient confrontés à de nombreux problèmes, la nécessité de s’adapter au réchauffement climatique n’était pas le moindre […] Après la crise, ces défis seront toujours là, encore plus importants, mais les ressources dont nous disposerons pour y faire face auront considérablement diminué ». De fait, la crise actuelle conduit à remettre au rang des priorités principales la croissance économique et la création d’emplois, avec une situation budgétaire moins favorable. Deux questions méritent donc d’être posées : faut-il engager dès maintenant, dans une période budgétaire tendue, la transition énergétique nécessaire à la réduction par quatre des émissions européennes à 2050 ? Les investissements du Grenelle de l’Environnement sont-ils compatibles avec la relance de la croissance ?

Une première réponse nous est apportée par le rapport Stern (21) en termes de gains économiques : si nous n’agissons pas, les coûts et les risques globaux du changement climatique représenteraient à terme au moins 5 % du PIB mondial, aujourd’hui et pour toujours, et pourraient même s’élever à 20 % du PIB lorsque l’on considère un éventail plus vaste de risques et de conséquences. De plus, les coûts de l’action, à savoir réduire les émissions de gaz à effet de serre pour éviter les pires conséquences du changement climatique, se limiteraient à environ 1 % du PIB mondial chaque année.
Le rapport Stern nous donne une deuxième réponse : l’investissement que l’on fera au cours des dix à vingt prochaines années aura un effet déterminant sur le climat de la seconde moitié de ce siècle et au siècle suivant. Pour nous rapprocher d’une division mondiale par deux des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2050, nous devons aller vers une transition énergétique mondiale qui représente un montant d’investissement considérable. Rien qu’au niveau européen, plus de la moitié de la production électrique de l’UE sera renouvelée d’ici à 2030.
En termes éthiques, la réponse est tout aussi claire et résulte là encore du rapport Stern : « Le changement climatique est le plus grand échec du marché que le monde ait jamais connu » ; Actuellement, nous polluons en laissant le soin aux générations futures d’en payer les conséquences. Ce n’est pas acceptable. Tout aussi condamnable serait l’attitude du passager clandestin consistant à attendre que d’autres pays réduisent leurs émissions et à en profiter pour ne rien faire ou pour consacrer l’ensemble de ses dépenses à des activités de recherche et développement pour améliorer sa compétitivité sans chercher à réduire dès maintenant ses émissions.

Autrement dit, même si la situation économique est dégradée, nous devons considérer cette crise comme une opportunité de réinventer « une nouvelle croissance » et commencer, dès maintenant, à réaliser les transitions énergétiques et économiques nécessaires pour réduire significativement nos émissions de gaz à effet de serre et pour préserver la biodiversité… Un tel résultat est-il possible ?

Dans la suite, nous raisonnerons en termes de PIB même si le rapport de la Commission sur la mesure des performances économiques et du progrès social nous a rappelé combien cet indicateur était imparfait : il n’intègre ni le bien-être social ni la transmission des stocks de capital (naturel, physique, humain, social) aux générations futures (22).

Vers un nouveau type de croissance ?

Dans le contexte économique actuel, les dépenses du Grenelle de l’Environnement à privilégier seront celles qui permettront de créer rapidement des emplois et de regagner des points de croissance. Cette perspective ne sera cependant possible que dans le respect d’un certain nombre de conditions :
  • a) Un investissement de grande ampleur est nécessaire pour espérer atteindre les objectifs du Grenelle de l’Environnement et déclencher une croissance verte. Le rapport Stern envisage ainsi une dépense annuelle de l’ordre de 0,5 % à 1 % du PIB mondial. Le Secrétariat général de l’OCDE appelle pour sa part à un effort massif initial d’investissement dans les technologies vertes ;
  • b) Les effets positifs des investissements sur le PIB et sur l’emploi ne sont que temporaires et s’atténuent (voire s’annulent) dans le temps, sauf si ces dépenses permettent de gagner en productivité et en compétitivité (notamment sur les nouvelles technologies). Pour ne prendre qu’un exemple, les investissements réalisés dans l’énergie éolienne n’auront d’effet positif à long terme sur l’économie que dans la mesure où ils auront permis de mettre en place une filière industrielle sur le territoire qui soit compétitive par rapport à ses concurrents étrangers, et qui conduise à un coût de l’électricité ne dégradant pas la compétitivité par ailleurs de l’industrie. Dans la concurrence économique mondiale que se livrent les différents pays, les investissements réalisés doivent servir à préparer les produits industriels qui pourront être compétitifs dans l’économie décarbonée de demain : les trains à grande vitesse, les centrales d’électricité nucléaire ou au charbon avec capture et stockage du CO2, les énergies renouvelables sont donc de parfaits candidats, sous réserve toutefois que leurs conditions de réalisation leur donnent un réel avantage comparatif et qu’ils puissent ainsi s’imposer sur la scène internationale, en particulier dans les pays à forte croissance.
  • c) L’extension du secteur ETS aux combustibles fossiles (produits ou importés), proposée ci-dessus, peut avoir un effet légèrement positif sur la croissance : le rapport de Michel Rocard (23) montre en effet que si, avant recyclage des recettes, une contribution climat et énergie peut avoir des effets négatifs analogues à une hausse du prix du pétrole ou du gaz, une redistribution astucieuse de ses recettes (aux ménages, mais aussi aux entreprises afin d’abaisser le coût du travail) pourrait conduire à des effets bénéfiques sur l’économie. Ainsi peut-on tabler sur une augmentation (cumulée) du PIB à terme d’environ 0,5 point (selon les hypothèses de la direction générale du Trésor précisées dans le rapport). De même, le Centre d’analyse stratégique a déjà souligné (24) qu’un tel mécanisme peut avoir un impact négatif sur les ménages les plus défavorisés, mais qu’il est possible, à l’instar d’autres pays, d’utiliser une partie de ce nouveau prélèvement pourneutraliser les effets régressifs et d’en affecter une autre à un objectif de croissance, de compétitivité et d’emploi.
  • d) Les dépenses de recherche et développement doivent être accrues dans les secteurs de l’énergie et des technologies vertes. Le rapport Stern insiste sur l’intérêt de renforcer très fortement les incitations publiques à la R & D privée ainsi que l’effort de R & D publique dans le domaine de l’énergie. Le texte de l’institut Bruegel (25) « No green growth without innovation » montre le besoin d’une intervention publique pour diriger les acteurs vers une croissance plus respectueuse de l’environnement et recommande d’augmenter les crédits de R & D alloués aux technologies vertes et aux énergies de demain.
  • e) Si le Grenelle de l’Environnement ainsi que le Grand Emprunt ont effectivement prévu de consacrer des montants importants de crédits de recherche aux énergies de demain, à travers une parité de dépenses entre le nucléaire et les énergies renouvelables, il serait souhaitable de ne pas négliger pour autant des technologies plus transversales et de prévoir :
  1. un effort de recherche accru sur les nanotechnologies, qui devraient conduire à une amélioration à terme de notre compétitivité et de notre croissance mais aussi à des technologies plus efficaces et plus compétitives dans le domaine même de l’environnement et de l’énergie. Citons notamment comme application (26) actuelle les membranes céramiques nanoporeuses utilisées pour la filtration de l’eau et, à terme, la fabrication de batteries plus performantes ;
  2. un soutien direct à l’innovation pour accompagner plus efficacement les entreprises, en particulier les PME, dans cette démarche, ainsi que le proposent les États généraux de l’industrie.
  • f) Dans le contexte actuel de crise, la meilleure réalisation possible des investissements du Grenelle de l’Environnement consiste en une optimisation des dépenses, à l’intérieur des règles budgétaires visant à réduire le déficit, entre des actions permettant de diminuer dès maintenant les émissions de gaz à effet de serre, de préserver la biodiversité et de créer des emplois, et des actions de plus long terme favorisant notamment l’innovation ou les dépenses de R & D, que ce soit dans le domaine strict de l’énergie ou dans un certain nombre de technologies clés.
  • g) Cette croissance ne prendra cependant corps que dans la mesure où l’évolution des emplois, des métiers et des qualifications ainsi que le développement de la mobilité professionnelle, voire la création de nouveaux emplois, permettront de répondre à la demande. L’ampleur des coûts d’ajustement du marché du travail et le temps de latence nécessaire à la formation ont été simulés de trois façons différentes dans NEMESIS. Ils se traduisent par deux extrêmes. Un marché dutravail fluide et un effort de formation adapté, favorisant la reconversion dans les emplois créés par les investissements du Grenelle, conduiraient à une faible tension sur le marché de l’emploi, entraînant une hausse modérée du salaire nominal et un développement accru de l’emploi et de la croissance. Au contraire, de fortes tensions sur le marché du travail limiteraient l’emploi et la croissance au profit d’une augmentation des salaires, pour les profils les plus recherchés et les personnes ayant déjà un emploi et de l’expérience.

graph2.gif

On voit ici tout l’intérêt de savoir anticiper l’évolution des besoins de qualification et du marché de l’emploi afin de mettre en place les formations et les outils de signalement des compétences correspondants dans les différentes filières concernées, en particulier dans le secteur du bâtiment qui devrait connaître une hausse notable des emplois qualifiés : la création de l’Observatoire national des métiers de la croissance verte, évoquée en conclusion de la Conférence nationale sur les métiers de la croissance verte, prend ainsi tout son sens. Une telle évolution dépendra également bien évidemment du dialogue social entre employeurs et employés.
101.  yvesdemars | 28/05/2010 @ 12:07 Répondre à ce commentaire

Manu95 (#95),
je ne parlais que des 1.680 ppb de CH4 pas du texte que je n’avais pas lu ..
mais je suis d’accord sur le fait que ce n’est que de la propagande masquée sous de la pseudo-science …
Wikipédia étant contrôlé par un activiste enragé (Connoley)

102.  Manu95 | 28/05/2010 @ 13:30 Répondre à ce commentaire

yvesdemars (#101),

Wikipédia étant contrôlé par un activiste enragé (Connoley)

Ce n’est heureusement pas vrai pour tous les articles. Wikipédia reste très souvent valable pour les sujets qui ne fâchent pas.
Le problème c’est qu’il faut déjà avoir une certaine éducation et un certain savoir pour se rendre compte si quelque chose est sujet à caution.
Personnellement je considère Wikipédia comme un bon point de départ pour des recherches sur un sujet donné. Mais il ne faut pas hésiter à voir la discussion de l’article, à comparer les versions dans les autres langues que l’on comprend (anglais, néerlandais, roumain, allemand pour moi et dans cet ordre), et surtout à suivre les liens externes donnés.

103.  yvesdemars | 28/05/2010 @ 20:58 Répondre à ce commentaire

Manu95 (#102),
je suis assez d’accord : quand on veut s’informer sur des sujets non politisés tels que sciences de base, géographie, histoire pas trop récente, etc on peut commencer par balayer leur site.
regarder les autres langues est un bon conseil, je pourrais essayer l’espagnol olé !!

104.  williams | 1/06/2010 @ 10:42 Répondre à ce commentaire

TF1 qui sont les seul a montrer l’evolution d’emission de CO2 abuse sur ce qu’ils disent.

Car voila pour que ce Jean Marque qui est le crerateur de cette analyse nous dit que ce mois d’avril 2010 on a plus emis de CO2 qu’en 2009 car le mois d’avril 2010 a été frais. Alors qu’avril 2010 n’a pas était frais mais au contraire très doux avec une anomalie de 1°C.

Et en plus pour enfoncer les civils ils parlent des avions et du volcan. Ceci est par ce que TF1 qui est la seul chaine a montrer ceci est avec ce Mrs Sarkozi qui voulait nous mettre cette taxe Carbone.

Source : http://videos.tf1.fr/jt-20h/ec.....66647.html

Williams

105.  pecqror | 1/06/2010 @ 11:28 Répondre à ce commentaire

williams (#104), Ce jean-marc croit que les produits électronique sont encore fabriqué en france! de la grande expertise à la n’importe quoi.

106.  williams | 1/06/2010 @ 11:49 Répondre à ce commentaire

pecqror (#105),

Tout a fait, car ces produitS sont surtout fabriqués surtout en Chine et donc c’est pas nous qui emettons le CO2 pour fabriquer ces produits.

De plus il est trop facile de faire un bilan que sur le CO2 plus particulierement sur les civiles (essance, electricité et gazole). Car les avions non seulement emettent bp de CO2 mais en plus tres haut dans l’atmosphere donc ca plus d’effet qu’au sol. Puis ils emmettent du H2O et comme par hazard on ne tien pas compte de ceci malgres que le H2O est un gaz a effet de serre plus important que le CO2.

Voir ici : http://videos.tf1.fr/jt-20h/bi.....66648.html

Williams

Sorry, the comment form is closed at this time.