Des promesses … Toujours des promesses … Rien que des promesses. Première partie – PapyJako


4. L'émergence d'un rêve


Mais les arguties rapportées plus haut, qui sont peut-être tout simplement le fait d’envieux, ont été promptement balayées, en particulier parce que, depuis 20 ans déjà en 1998, des satellites mesuraient la température de la Terre. Les mesures correspondantes ne pouvaient bien sûr confirmer, ni infirmer d’ailleurs, les résultats obtenus par les mesures terrestres dans la période pré-spatiale. Mais au moins confirmaient-elles à peu près les faits observés depuis 1979. Voici en effet ce que disaient, en 2008, les chiffres de RSS :

                                         Anomalies (écarts par rapport à la "normale")
de température RSS (en 1/10 °C) 1979-1998
en abscisse les mois, chaque graduation est 1 an = 12 mois

On voit bien, sur ce graphe, dans les années précédant 1998, une augmentation progressive de la température de 0,4°C par rapport à la crête de début 1991 et même de 0,7°C par rapport au creux de fin 1992.

Le rêve d’un réchauffement climatique qui, pour être mineur, n’en est pas moins porteur d’extraordinaires espoirs sur le long terme, restait donc entier. La situation à ce moment là était claire : non seulement l’Homme, par le développement industriel, améliorait son bien-être quotidien, mais, en plus, il créait les conditions d’une amélioration de l’environnement dans lequel allaient vivre ses descendants.

On se prenait ainsi facilement à rêver au bonheur qu’éprouveraient les dits descendants, en l’an 2246, après une amélioration de 1°C par rapport à l’an 2000 – si du moins le rythme moyen d’amélioration soutenu entre 1850 et 1998 pouvait être maintenu – grâce à l’atténuation des hivers les plus rudes, et au recul du cortège de souffrances auquel avait été traditionnellement associé le froid.

Il semblait donc bien, en 1998, que l’humanité fût sur le point d’entrer dans une de ses périodes fastes que les historiens du futur désigneraient peut-être un jour sous le nom d’Optimum Moderne ?… Il semblait suffire pour cela que l’Homme maintienne, sans faiblir, l’accroissement de ses émissions de GES.

C'est d'ailleurs, nous le verrons plus loin, ce qu'il fit.

5. Encore des promesses …


Mais … car il y avait un "mais" … les esprits chagrins – toujours les mêmes – ont malignement fait remarquer que ce sont seulement, tous calculs faits avec des hypothèses standard, les enfants des arrière-petits-enfants des arrière-petits-enfants de nos arrière-petits-enfants qui jouiraient du petit degré supplémentaire en 2246.

Ce degré serait le fruit des efforts consentis par nous, les parents des arrière-grands-parents des arrière-grands-parents de leurs arrière-grands-parents. Cela, en supposant, bien entendu, que toutes les générations intermédiaires maintiennent, de la même façon que nous, un effort constant d’amélioration des émissions de GES à travers les ans et les siècles (amen).

Maintenir un tel effort, sur une telle durée, a été jugé irréaliste par certains pessimistes, et était en tout cas fortement démobilisateur. Même sans l'accuser d'être particulièrement égoïste, on imagine bien que le vulgus pecum ait assez de mal à se mobiliser pour un effort continu destiné à améliorer un peu le sort des enfants des arrière-petits-enfants des arrière-petits-enfants de ses arrière-petits-enfants.

C’est donc avec un immense soulagement que l’on a découvert les avancées les plus récentes du GIEC. Selon les travaux les plus en pointe – obtenus en mettant en œuvre des méga-ordinateurs dopés de "méga-flops", gavés de milliers d'équations et de paramètres, et de millions de tombereaux de données numériques – la relation entre les quantités de GES émises, et leurs effets sur le climat, ne serait pas linéaire. Par l’intermédiaire de mécanismes mystérieux dits de «tipping points» (points de basculement), qui n’avaient jamais encore été observés dans l’histoire de la Terre, un phénomène d’accélération allait se déclencher de façon imminente, qui amplifierait le résultat des efforts de production de GES, et permettrait à notre descendance de profiter plus tôt du fruit de nos efforts.

Il importe à ce point du récit de noter que, parmi les bienfaits qui étaient sensés accompagner la hausse des températures qui résultait de nos efforts, l’un des éléments les plus mobilisateurs était l’atténuation des difficultés dues à la présence excessive de neige durant l’hiver dans les régions tempérées. Ainsi, emportés par un lyrisme bien utile pour réchauffer l’ardeur des populations, certains scientifiques s’étaient avancés à évoquer, il y a dix ans, la totale disparition de la calamité neigeuse en Europe.

Certains journalistes ont ainsi rapporté, il y a dix ans de cela des déclarations de scientifiques qui, dans des accès de lyrisme optimiste, avaient même prédit la disparition totale de la neige … cette chose du passé. L’affaire est relatée en détail dans un article sur le site skyfall, article que je ne vais pas reproduire ici dans son intégralité.

On peut tout de même prendre la mesure du gigantesque espoir soulevé par ces déclarations en écoutant le Docteur Viner, du CRU de l'Université d'East Anglia :«  … d'ici quelques années, les chutes de neige en hiver vont devenir un événement "très rare et passionnant", "les enfants ne vont même pas savoir ce qu'est la neige" … »

Et aussi les déclarations de David Parker, du "Hadley Centre", dont le journal rapporte aussi les propos :

« … les enfants britanniques pourraient n'avoir qu'une expérience virtuelle de la neige. Grâce à Internet, ils pourraient s'émerveiller devant des scènes polaires, ou, finalement, "ressentir" du froid virtuel… » 

../.. La Suite et fin dans quelques jours ../…

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101.  Laurent Berthod | 15/01/2011 @ 22:27 Répondre à ce commentaire

Bon, sans vouloir me mêler de la querelle, est-ce que Phi ne parle pas de la variabilité de l’environnement des stations (stations fixes, même si leur environnement est évolutif, pour les stations terrestres et dérivant au fil de l’eau pour les stations-bouées océaniques) et Laurent de la variabilité des températures, plus grande pour les mesures aérienne-terrestres d’un côté que pour celles faites en un point de l’océan d’autre part ?

102.  jmr | 16/01/2011 @ 9:53 Répondre à ce commentaire

julien (#87),

quand il fait sombre il faut un temps de pose plus long pour obtenir un signal net…

Pas du tout d’accord et c’est le photographe qui parle, voir aussi le film close-up (J’ai oublié le titre exact) où plus on agrandit plus on voit du flou ou de l’informe.
Pour revenir au commentaire, quand il fait sombre on peut poser plus longtemps, (en argentique on demandait de « pousser » le traitement chimiquement parce que la pellicule avait une sensibilité de 400 asa et qu’on l’avait posée comme si elle avait une sensibilité de 1600 asa).
Mais ce qu’on obtient c’est qu’au lieu de zones « bouchées » uniformément sombres on a certains détails qui apparaissent.
En numérique on obtient alors du « bruit », c’est le terme usuel. Donc plus on pose plus on a de bruit (des pixels qui forment des trames aléatoires de couleurs variables). En aucun cas la netteté augmente. On extrait les données de faibles variations dans les valeurs de basse luminosité et on amplifie leur valeur. La netteté est alors au contraire très faible, la définition « pourrie » dans les basses lumières, c’est le « bruit » du capteur, c’est-à-dire que sa réponse est non linéaire dans les valeurs extrêmes de son échelle de sensibilité, et que des facteurs comme la température du capteur ou leur état électrique modifient le comportement des photosites (les cellules qui répondent à la lumière par du courant). Même problème pour les ciels ou les blancs dans les valeurs à l’autre extrémité de l’échelle.
Moralité : plus on va « chercher » les données cachées, plus elles sont entachées d’erreurs, et de moins en moins nettes et non de plus en plus.
Ceci n’est qu’une parenthèse dans la discussion.

103.  Murps | 16/01/2011 @ 10:21 Répondre à ce commentaire

jmr (#102), non pas d’accord du tout sur le fond.

Quand on augmente le temps de pose, on augmente l’information.
Vous évoquez les limites physiques de l’instrument, c’est différent.

Tous les appareils de mesure travaillent au maximum de leur précision et si votre image est « pourrie » c’est que vous êtes allé au delà de ce que votre appareil peut faire.

La notion d’image de mauvaise qualité est subjective, alors qu’un voltmètre est sensé produire un nombre et un intervalle de confiance.
Ce qui explique votre analyse.

En ce qui concerne le flou et l’ouverture, c’est un problème très simple et classique d’optique géométrique :

Plus vous diaphragmez et plus le centre de votre image est fin et précis, car vous supprimez les rayons marginaux de la lentille, ceux qui convergent et trop et font perdre le stigmatisme.
Mais vous perdiez aussi des rayons, donc de la lumière.

Quand vous ouvrez le diaphragme, c’est le contraire : beaucoup de lumière mais plus de stigmatisme rigoureux donc tout est flou.

104.  M | 16/01/2011 @ 14:35 Répondre à ce commentaire

Et si le sujet se déplace quelque peu pendant la pose, vous n’arriverez pas à une image plus précise en augmentant le temps de pose.
Voir les belles images de nuit où l’on admire les traces des feux des voitures.

105.  jmr | 16/01/2011 @ 15:44 Répondre à ce commentaire

Murps (#103),

Quand on augmente le temps de pose, on augmente l’information.
Vous évoquez les limites physiques de l’instrument, c’est différent.

Oui, vous avez raison, c’est le terme « net » qui m’a fait réagir. Il est exact que la quantité d’information augmente. Mais la pellicule ou le capteur sont physiquement limités et fonctionnent différemment selon les conditions expérimentales. Poser très long en lumière faible n’est pas équivalent à poser court en lumière standard, mais ce sont bien les limites instrumentales qui sont en cause.
A noter qu’il y a malgré tout un changement dans les « données » saisies puisque le facteur temps intervient différemment, cf les feux des voitures la nuit.

106.  jmr | 16/01/2011 @ 15:53 Répondre à ce commentaire

M (#104),

Et si le sujet se déplace quelque peu pendant la pose, vous n’arriverez pas à une image plus précise en augmentant le temps de pose.

Vrai. Ça fait même étroitement partie de ce que je recherche dans mes propres images
Un bon exemple ici :

107.  Laurent | 16/01/2011 @ 19:39 Répondre à ce commentaire

jmr (#105),

Poser très long en lumière faible n’est pas équivalent à poser court en lumière standard

En fait, si… c’est équivalent si ce qui est photographié est fixe par rapport à la camera. Dans ce cas, la seule chose qui compte, c’est le nombre de photons total qui va être intercepté par les détecteurs du capteur.
Les bruits de non-linéarité et les bruits de courant d’obscurité (une détecteur photosensible activé produit un « courant », même en absence totale de lumière) ne sont sensibles que si le nombre de photon intercepté est faible (donc pour un temps de pose trop court par rapport à la luminosité du sujet photographié, à l’ouverture de la caméra et à la sensibilité du capteur.
Tu peux t’en rendre compte en photographiant la nuit un ensemble de luminosité très contrasté (les parties lumineuses ne seront pas bruitées, à l’inverse des parties sombres).

En ce qui concerne l’imagerie numérique aérienne ou spatiale, des dispositifs permettent d’obtenir un temps de pose suffisamment long vis à vis de la luminosité, ce sont les mécanismes de compensation de filé, soit mécaniques (berceau mobiles orientés par un dispositif gyroscopique) soit électronique (transfert de charge d’une ligne de détecteur à une autre au sein du capteur CCD).
Aujourd’hui, les satellites imageurs haute résolution sont très « agiles », leur contrôle d’attitude gyroscopique permet de contrôler le filé des acquisitions image.

108.  Laurent | 16/01/2011 @ 19:45 Répondre à ce commentaire

jmr (#106), Laurent (#107),

les parties lumineuses ne seront pas bruitées, à l’inverse des parties sombres

D’ailleurs, c’est le cas dans la photo que tu nous a proposé, les parties sombres sont bruitées.

109.  yvesdemars | 16/01/2011 @ 20:09 Répondre à ce commentaire

M (#104),
oui c’est en quelque sorte le principe d’Heisenberg (qui s’applique aux particules en mécanique quantique) à nos échelles

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