A PROPOS DE LA SORTIE DU PETIT AGE GLACIAIRE

2. LA SORTIE DU PAG

  Dans ce chapitre, nous étudions le changement climatique de 1800-1850 à 1900. Comme nous possédons des données beaucoup plus précises après 1900, nous traiterons le changement climatique postérieur à 1900 dans le chapitre suivant.

2.1 Données des carottages de glace

La Figure 2(a) montre les changements de température entre 1725 et 2000, tels que déduits de carottages de glace de la Nouvelle Zemble, une île de l’Océan Arctique (Fritzsche et al. [20]. Cette figure indique qu’il y a eu une montée continuelle de la température de 1775 à aujourd’hui ; cet enregistrement est particulièrement intéressant parce qu’il n’y a aucun risque de contamination par des activités humaines (Ndt. Sauf les essais nucléaires dans l’atmosphère…).  La figure inclut également un enregistrement thermométrique de Vardo dans le nord de la Norvège. La courbe du bas représente les changements de température aux stations disséminées le long de la côte de l’Océan Arctique (Polyakov et al.)


  2.2 DATES DE GEL ET DE DEBACLE DES FLEUVES

  La Figure 2(b) montre à la fois les dates de gel et de débâcle d’un certain nombre de lacs et de fleuves de 1846 à 1995 (Magnuson et al. [24]). On voit que les dates de dégel ont presque régulièrement avancé à des dates plus précoces, alors que les dates de gel deviennent plus tardives. Des données similaires sont également disponibles chez Tarand & Nordlie [11] et van Engelen et al. [12].
 

figure 2(b) : Série temporelle de dates de gel et dégel de lacs et de fleuves (1846 à 1995)  .

Les données sont lissées par une moyenne glissante de 10 ans

  2.3 Modification du niveau des mers

L’aspect linéaire de la sortie du PAG est également visible dans le niveau des mers (Jevrejena et al. [25-26]. La Figure 2(c) montre le niveau global des mers depuis 1700. Il est clair que ce niveau a commencé à augmenter vers 1850 et continue à monter linéairement jusqu’à présent.

                  Figure 2(c) Niveau global des mers de 1700 à nos jours (Jevreva et al. [26])

2.4 Modifications de la banquise

On ne possède pas de données exactes sur l’Océan Arctique avant que des observations par satellite de la banquise aient débuté dans les années 70. Des observations sur une longue période de la mer de Norvège sont cependant disponibles. La Figure 2(d) montre les changements de la limite sud de la banquise dans la mer de Norvège. Cette limite a reculé depuis 1800 environ jusqu’à nos jours suivant un rythme presque identique (Vinje [27]). En dessous on trouve les données satellite. Bien qu’on ait largement fait écho à une réduction drastique en 2007 (non visible ici), on ne constate pas que les vents et autres nombreux facteurs en soient responsables (Zhang et al. [28-29] ; en fait, la glace a connu une forte progression depuis (Muskett [30]. Les grandes ‘fluctuations’ entre 1910 et 1975 sont probablement corrélées aux oscillations multi décennales dont nous parlerons au chapitre 5.

La Figure 2(e) montre les variations d’occurrence de glace de mer sur les côtes d’Islande. Le déclin postérieur à 1800 correspond au recul vers le Nord montré à la Figure 2(d). Une autre preuve importante à retenir est que l’on constate une augmentation progressive de la glace de mer à partir des années 1200 ou après 1400, marquant le début du PAG.



Figure 2 (d) En haut, recul de la banquise dans la mer de Norvège (Vinje [27] ; La courbe descendante correspond au recul de la limite vers le Nord. En dessous, données satellite pour la période 1970-1998

Figure 2 (e) Variations d’occurrence de glace de mer sur les côte de l’Islande depuis l’an 800. Travail dû à L. Koch (Lamb [1]) .

2.5. Les Glaciers

Les Figures 3(a-f) montrent des enregistrements de glaciers en Alaska, Nouvelle Zélande, Alpes, Himalaya. Ces glaciers sont en régression depuis que l’on possède des enregistrements, comme le montrent les derniers plus précis. On trouve aussi un grand nombre d’enregistrements similaires provenant des Alpes, de l’Alaska et d’ailleurs (Grove [2] ; Molnia [31]. Les exemples de Molnia se trouvent dans les figures 33, 34, 81, 107 (identique à la Figure 3(a)) et 301. Donc nous pouvons dire que beaucoup de glaciers du Globe sont en régression depuis 1800-1850 jusqu’à présent ; la régression n’est pas un phénomène récent. Dans beaucoup de publications, des jeux de photographies prises au début et à la fin du 20ième siècle sont présentés comme la preuve de l’effet du CO2 (cf. ACIA [32] ; Strom [33]. Cependant, les figures 3(a-f) démontre que ces photographies récentes ne sont pas une preuve du réchauffement soudain après 1900 et de l’effet de serre. Par conséquent, ce jeu de photographies ne peut être utilisé pour prouver l’effet de serre du CO2.

Figure 3. (a) recul des glaciers dans Glacier Bay, Alaska (Molina [31];

Figure 3 (b) Recul du glacier François Joseph en Nouvelle Zélande (Grove [2])
 

Figure 3. (c) Le glacier de Gangotri dans l’Himalaya (Kargel [37]. Il montre clairement que le recul a commencé avant même 1800

Il est intéressant d’examiner les modifications des glaciers avant 1900. La Figure 3(d) montre les datations radiocarbone se rapportant au progrès de la glaciation dans quelques uns des débouchés du glacier de Juneau (Grove [34]). Chaque avance a abattu des arbres et laissé sur place des souches permettant l’analyse. Ces avancées se sont produites avant que les glaciers de Glacier Bay aient commencé à régresser vers 1800 (Figure 3(a)). La Figure 3(e) montre les modifications de la Mer de Glace dans les Alpes. Ce glacier a commencé à régresser vers 1852. La Figure 3(f) montre ces modifications plus en détail (Michaël Kuhn [35]). Ce glacier particulier a commencé a avancer après 1550 (soit durant le PAG) et à régresser après 1850 (Hozhausen et al. [36].
  

                  Figure 3 (d) datation radiocarbone sur l’avance des glaciers de Juneau (Grove [34])

         Figure 3 (e) : Emplacements de la langue terminale de la Mer de Glace après 1644 (von Michael Kuhn [35])

                              
                                   Figure 3 (f) : détail des variations de la Mer de Glace après 1550 (von Michael Kuhn [35])

    Il existe également différents documents sur l’avance des glaciers durant le PAG en Scandinavie (cf. Lamb [1]). Donc il est clair que nombre de glaciers ont avancé durant le PAG avant de commencer à se retirer vers 1800-1850. Parallèlement, des données de long terme présentées ici montrent que les glaciers ont avancé depuis environ 1400 et ont commencé à régresser assez progressivement après 1800-1850. Ces faits confirment que la Terre a connu le PAG et a commencé à en sortir comme le prouvent un certain nombre de phénomènes naturels tels que la régression des glaciers et de la banquise de 1800-1850 jusqu’à présent. Il existe également un grand nombre de documents historiques décrivant les conditions climatiques froides durant le PAG, comme la Tamise prise dans les glaces au 17ième siècle (Lamb [1] ; Crowley& Nort [38] ; Fagan [9]).

 

101.  miniTAX | 1/03/2011 @ 18:52 Répondre à ce commentaire

Petit problème de thermodynamique pour la FARCE :
1) Bangkok est à la même latitude qu’Ouagadougou
2) L’air à Bangkok contient 100x plus de gaz à effet de serre (vapeur d’eau) que l’air à Ouagadougou.
3) Donc Bangkok devrait être beaucoup plus chaud qu’Ouagadougou
4) Eh bah non, tous deux sont à 28°C en moyenne !
5) Pourquoi ? Et Paf le chien.

102.  Murps | 2/03/2011 @ 0:04 Répondre à ce commentaire

miniTAX (#101), parce que le CO2 ne produit qu’un forcage global par rapport à la self-saturation des jets streams de la poële à frire.
Ca self-sature l’ufnuf et permet la fonte des glaces du pôle, donc des hivers très très froid en europe et un gradient de température nul sur Ouagadougou.
D’ou l’égalité.

Ca fait sérieux ou bien je reformule sans déconner ?
Sérieux.
Je dois pouvoir produire une explication qui semble plausible.
Faut me laisser un peu de temps.;-)

103.  Papyjako | 2/03/2011 @ 7:28 Répondre à ce commentaire

Murps (#102),
Murps, vous avez là la substance d’une communication à l’IPSL, et peut-être, qui sait, une Thèse ?…

104.  scaletrans | 2/03/2011 @ 10:09 Répondre à ce commentaire

miniTAX (#101), Murps (#102), Papyjako (#103),

Vous oubliez le bidulator !!!

105.  JG2433 | 2/03/2011 @ 10:18 Répondre à ce commentaire

scaletrans (#104),

le bidulator

miniTAX™ smile

106.  Marot | 3/03/2011 @ 18:16 Répondre à ce commentaire

Une contribution inattendue au travail d’Akasofu vient de Grant Foster (Tamino) ici.

Ce billet est clairement analysé par Lubos Motl ici.

En bref, il semble fortement y avoir un cycle de moyennes de températures d’environ 66 ans.
Ceci est établi par analyse de Fourier de carottes du lac proglaciaire Agassiz, période de -6000 à -4000 av. J.-C.
La figure la plus spectaculaire est

Le pic principal à la fréquence annuelle 0,0152 correspond à 1/0,0152 = 66 ans.

La permanence de ce cycle et sa ou ses causes font évidemment débat.

107.  Murps | 3/03/2011 @ 22:52 Répondre à ce commentaire

Excusez Marot, mais cette courbe de Motl me laisse dubitatif.

En particulier ce pic seulement « double » par rapport à ses voisins me semble bien « fragile » surtout compte tenu de l’extrapolation des températures.
Ca ne serait pas plutôt une conséquence d’une géographie locale du lac ?
(genre barrage glaciaire qui grossit et cède régulièrement)

108.  Bob | 3/03/2011 @ 23:07 Répondre à ce commentaire

Je rappelle le travail de Scafetta où on voit très bien le cycle de 60+ ans :

Murps #107 : Le problème est que l’article de Nature par Knudsen et al , commenté par Tamino, puis par Motl, retrouve ce cycle de 60+ ans dans plusieurs forages glaciaires, situés à des distances de plusieurs milliers de km.
Alors, la géographie locale…

Il faut lire l’article de Knudsen et al. Il est encore en accès libre (réf sur le site de Tamino alias Foster Grant).
Knudsen élimine le soleil et lui préfère l’AMO, parce ça ne colle pas avec le cycle de Gleisberg de 88 ans…ce qui n’est pas étonnant.

AMHA, ces gens-là ne lisent pas les articles de leurs collègues.

109.  Marot | 3/03/2011 @ 23:16 Répondre à ce commentaire

Marot (#106), Murps (#107)
Complément et Rectification

Le papier original in extenso est ici.

Il apparaît à la lecture qu’il ne s’agit pas du lac proglaciaire Agassiz mais de carotte de glace du glacier Agassiz proche d’Ellesmere (grand nord canadien).

Mea culpa.

110.  Marot | 22/03/2011 @ 17:56 Répondre à ce commentaire

L’Union européenne des géosciences vient d’attribuer la médaille Hannes Alfvén, du nom du prix Nobel de physique de 1970 au professeur Syun Ichi Akasofu.

via Lubos Motl.

111.  Papyjako | 23/03/2011 @ 4:05 Répondre à ce commentaire

Marot (#109),

L’Union européenne des géosciences vient d’attribuer la médaille Hannes Alfvén, du nom du prix Nobel de physique de 1970 au professeur Syun Ichi Akasofu.

Cela réchauffe … le coeur !

Merci pour l’info Marot.

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