Bilans carbone : une critique

Décidément les mathémathiciens sont inspirés ! smile Voici un document de travail sur les bilans carbone ou plus exactement CO2. (Document en entier). Espérons qu'il sera complété. En voici le résumé.

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Assurément, la Ville de Paris rejette des eaux usées dans la Seine, puis dans la mer. Il ne viendrait pourtant à l'idée de personne de comptabiliser ces eaux sur trois cents ans, et de dire : voilà qui participe d'autant à l'élévation du niveau de la mer. Ce serait une double faute de logique, tout d'abord parce que Paris capte l'eau avant de la rejeter, et aussi parce l'eau est recyclée par la Nature : évaporation, pluies, etc. Nous ne sommes donc pas en présence d'un lac, couvert, statique et tranquille, qui serait alimenté par les rejets de Paris et grossirait à chaque litre rejeté.
C'est cette double faute de logique qui est commise pour le Bilan Carbone : les activités humaines participent à tous les éléments du cycle du carbone ; ajouter les rejets au fil des années constitue une faute de logique majeure. Le Bilan Carbone, tel qu'il est actuellement réalisé, est entièrement dépourvu de valeur scientifique.
Seul un bilan instantané (le rejet instantané d'une usine, d'une automobile,…) a un sens logique, tout comme l'a le débit d'un robinet. Sur le plan de la logique, il est parfaitement légitime de mesurer la quantité d'eau rejetée par Paris à chaque seconde. Mais ce n'est qu'un indicateur parmi des milliers d'autres, et quel intérêt, quelle pertinence, lui accorder ?
Une autre chose nous choque aussi : les mathématiciens sont gens pointilleux quant au vocabulaire. Il ne s'agit pas d'un bilan carbone, mais d'un bilan CO2, et ce n'est pas du tout la même chose. Le bilan carbone d'un être vivant quel qu'il soit (homme, animal, plante, etc.) est vite fait ; entre la naissance et la putréfaction, c'est zéro. Ici, on s'intéresse aux molécules de gaz carbonique et non aux atomes de carbone.
Que faudrait-il faire pour que le Bilan Carbone (continuons à l'appeler ainsi pour le moment) soit cohérent du point de vue de la logique ? La réponse est simple : il faut le débarrasser de tout ce qui concerne le passé (les constructions anciennes, les immobilisations), de tout ce qui concerne le futur (par exemple les démantèlements) et se restreindre au présent ; on comptabilise des émissions instantanées (on peut le faire par an, et les ramener ensuite à la journée, par exemple).

Le Bilan Carbone ne correspond à aucune obligation juridique au niveau mondial, mais la Communauté Européenne a commencé à émettre des recommandations. La France a immédiatement édicté des lois et règlements qui sont contraignants. Mais alors que, en France, toute loi ou règlement est l'objet de débats sans fin (la loi Carrez, les radars de surveillance de la vitesse), le Bilan Carbone n'est l'objet à ce jour d'aucune critique méthodologique : le présent travail semble pionnier en la matière.

Nous passons en revue quelques Bilans Carbone : une cité scolaire, l'électricité de Côte d'Ivoire, le Réseau de Transport d'Electricité, le Groupe Colas, la Ville de Paris, Ikea : c'est une bonne occasion, pour le lecteur, de se familiariser avec ce concept. Certains tiennent en quelques pages, d'autres en réclament plus d'une centaine. Certains sont factuels et honnêtes, d'autres sont moins honnêtes. Tous, bien sûr, sont entachés d'erreurs méthodologiques majeures. Peu importe en vérité : tous sont inutiles. Au mieux, le Bilan Carbone est un empilement d'évidences, comme on ferait le "bilan nourriture" d'une agglomération ; au pire, il est malsain et dangereux, par l'usage immédiat et sans nuance qui en est fait. Comme expliqué plus haut, même si on lui donne un contenu scientifique convenable, ce n'est qu'un indicateur parmi d'autres.
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L'auteur : Bernard Beauzamy.
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L'auteur reçoit les commentaires son mail est en premier page. (Autre lien pour le document).

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