Chic !

D'aucuns l'avaient déjà enterré. Mais la reconnaissance officielle du décès du Protocole de Kyoto ne doit pas être boudé. Pour le moment, les discussions repartent sur des formes plus classiques, le temps des grandes promesses est passé.

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Les négociations internationales sur le climat se tiennent ces jours-ci à Bonn. Mais l'ONU avoue que le calendrier des négociations ne permettra pas un prolongement du protocole, qui engage les pays développés à réduire leurs émissions de CO2 de 5 % entre 2008 et 2012.

Les négociations internationales sur le climat ont repris aujourd'hui à Bonn sur un coup de théâtre. Christina Figueres secrétaire exécutive de la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques a affirmé que la date butoir de 2012, qui marque la fin de la première période d'engagement des Etats à réduire leurs émissions de CO2 dans le cadre du Protocole de Kyoto ne pourrait être respectée. « Même si les Etats étaient en mesure de s'entendre sur un texte légal relatif à une seconde période d'engagements, cela nécessiterait d'amender le protocole de Kyoto, ce qui requiert des ratifications par les parlements de la part de trois quarts des parties, il nous faut donc présumer qu'il n'y aura pas assez de temps entre Durban et la fin 2012 », a martelé Christiana Figueres.
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Le protocole de Kyoto est le seul texte au monde qui engage les gouvernements des pays développés à réduire leurs émissions de CO2 de 5 % sur une période comprise entre 2008 et 2012 par rapport à celui constaté en 1990. Les pays en développement n'y ont pas souscrit, mais doivent, selon le texte de convention sur le changement climatique, faire l'inventaire de leur émissions de CO2 et mettre en oeuvre des politiques visant à limiter la croissance de leurs émissions. « L'Europe a répété à plusieurs reprises qu'elle souhaite souscrire à une deuxième période d'engagement, mais elle pose un certain nombre de conditions, reste à savoir précisément lesquelles » a ajouté Christina Figueres.
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L'Europe représente aujourd'hui entre 11 et 12 % des émissions mondiales.
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Depuis trois ans, les négociations internationales ne parviennent pas à trouver de solution diplomatique permettant de matérialiser un futur engagement des grands pays en développement, notamment le Brésil, l'Inde et la Chine dont les émissions de CO2 ont grimpé au rythme de leur croissance économique. Dans cette perspective, le Japon, la Russie et le Canada, qui avaient ratifié le protocole de Kyoto pour la première période d'engagement, refusent de souscrire à une nouvelle tant que les grands pays en développement n'auront pas, eux aussi, fait des promesses suffisamment fermes. A Copenhague, en décembre 2009, les chefs d'Etat du monde entier n'étaient pas parvenu à un accord, mais avaient promis de mettre en place un financement long terme de 100 milliards de dollars par an en vue d'aider les pays en développement à mettre en place des politiques de réduction de leurs émissions de CO2.
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Christina Figueres a dit tout haut ce que les négociateurs pensent tout bas depuis des mois. Mais ce constat est d'autant plus difficile à accepter que les dernières statistiques de l'Agence Internationale de l'Energie (AIE) ont montré que les émissions de CO2 dans le secteur de l'énergie, de l'industrie et du transport ont atteint en 2010 le niveau le plus élevé dans l'histoire (30,6 gigatonnes), soit un bond de 5% par rapport à 2008, précédente année record.
Reconnaître qu'il ne sera pas possible de trouver une suite au protocole de Kyoto sans prévoir une période de transition sera-t-il de nature à réveiller les consciences des chefs d'Etat lors des prochaines négociations à Durban en Afrique du Sud en novembre prochain ? Artur Runge Metzger, le chef des négociateurs européen n'est pas très optimiste. Pour lui, il faudra « probablement tabler sur 2014 ou 2015 » pour parvenir à un accord mondial sur le climat susceptible de réunir autour de la table les principaux émetteurs.
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Formellement, la responsable de l'Onu et le négociateur européen ne se sont exprimés que devant les journalistes. Le démarrage des discussions est retardé depuis le début de l'après midi par des réclamations présentées par certains pays. L'Arabie Saoudite demande notamment que ses demandes de compensations financières sur la réduction de consommation de pétrole soient prises en compte. Quant à la Bolivie, elle poursuit sa politique de blocage des négociations et exige que le titre d'un chapitre sur la forêt soit modifié.
Les Africains pas très contents ? (Source)
Le Canada n'aurait-il pas eu tort de trainer les pieds ? (Source)
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