Scepticisme et harcèlement.

 Créée à l'origine pour obliger des administrations à fournir l'information d'ordre environnemental qu'elles auraient eu tendance à dissimiler à leurs administrés, l'accès à l'information environnementale croisée avec l'accès à l'information des citoyens (Freedom of information acts -FOI-) a été utilisé à diverses reprises depuis la question des données utilisées par l'Université d'East Anglia et le Climategate au Royaume Uni et aux USA. Souvent sans suite, un avis positif vient d'être donné au Royaume Uni.

Le phalanstère de la science n'est plus une bulle protégée du monde extérieur et de ses excès, (y compris de comportements délictueux ou pathologique, hélas ) mais il n'y a pas de raison qu'il échappe non plus aux lois, même si elles sont utilisées de manière non prévues initialement par leurs auteurs. Il appartient justement aux juges de trancher. Il y a pourtant une nette marge entre utiliser une procédure judiciaire, moyen de régler des désaccords et en venir aux menaces et harcèlements.

Au-delà des interprétations diverses qui peuvent être faites ou des pratiques politiques propres à chaque pays, la question de fond qui reste posée concerne l'accès aux données et programmes de recherches faites sur fonds publics et la possibilité pour le public d'en discuter.

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Une importante organisation scientifique américaine, qui publie la revue de référence Science, s'est inquiétée, mercredi 29 juin, dans une lettre ouverte d'informations faisant état d'attaques personnelles, de harcèlement et même de menaces de mort contre des climatologues.L'Association américaine pour la promotion de la science (AAAS) se fait l'écho de plaintes de chercheurs, cibles de propos menaçants et de courriers électroniques injurieux suscités par leurs travaux sur l'impact du réchauffement climatique résultant des activités humaines.

L'AAAS rapporte, citant des articles de presse, qu'en Australie, des climatologues de haut niveau ont fait l'objet de campagnes incessantes à leur encontre par le biais de courriers électroniques, conduisant même la police à enquêter sur des menaces de mort. Aux Etats-Unis, des élus du Congrès et des groupes de militants ont cherché à avoir accès à des dossiers détaillés de chercheurs travaillant sur le climat.

L'AAAS précise que l'American Tradition Institute (ATI), un organisme ultra-conservateur, a demandé que l'université de Virginie lui procure des milliers de courriers électroniques et d'autres documents rédigés par Michael Mann, un ancien professeur de cette université et éminent climatologue.

"ENVIRONNEMENT HOSTILE"

Ce harcèlement "crée un environnement hostile qui empêche le libre échange de résultats scientifiques et rend difficile la transmission d'informations aux décideurs et au grand public", écrivent les membres du conseil d'administration de l'AAAS dans leur lettre ouverte. "L'AAAS s'oppose vigoureusement aux attaques qui visent des chercheurs et mettent en question leur intégrité personnelle et professionnelle ou les menacent en raison du mécontentement suscité par leurs conclusions scientifiques", poursuit l'AAAS."Les scientifiques et les décideurs politiques peuvent être en désaccord sur des conclusions scientifiques concernant le changement climatique (…), mais la communauté scientifique dispose de méthodes éprouvées et bien établies pour résoudre des désaccords suscités par les résultats de recherche", ajoute l'association.

(Source)

(WUWT)

Voici le texte de l'AAAS (en anglais).

Statement of the Board of Directors of the American Association for the Advancement of Science
Regarding Personal Attacks on Climate Scientists
Approved by the AAAS Board of Directors 28 June 2011

We are deeply concerned by the extent and nature of personal attacks on climate scientists. Reports of harassment, death threats, and legal challenges have created a hostile environment that inhibits the free exchange of scientific findings and ideas and makes it difficult for factual information and scientific analyses to reach policymakers and the public. This both impedes the progress of science and interferes with the application of science to the solution of global problems. AAAS vigorously opposes attacks on researchers that question their personal and professional integrity or threaten their safety based on displeasure with their scientific conclusions. The progress of science and protection of its integrity depend on both full transparency about the details of scientific methodology and the freedom to follow the pursuit of knowledge. The sharing of research data is vastly different from unreasonable, excessive Freedom of Information Act requests for personal information and voluminous data that are then used to harass and intimidate scientists. The latter serve only as a distraction and make no constructive contribution to the public discourse.
Scientists and policymakers may disagree over the scientific conclusions on climate change and other policy-relevant topics. But the scientific community has proven and well-established methods for resolving disagreements about research results. Science advances through a self-correcting system in which research results are shared and critically evaluated by peers and experiments are repeated when necessary. Disagreements about the interpretation of data, the methodology, and findings are part of daily scientific discourse. Scientists should not be subjected to fraud investigations or harassment simply for providing scientific results that are controversial. Most scientific disagreements are unrelated to any kind of fraud and are considered a legitimate and normal part of the scientific process. The scientific community takes seriously its responsibility for policing research misconduct, and extensive procedures exist to protect the rigor of the scientific method and to ensure the credibility of the research enterprise.

While we fully understand that policymakers must integrate the best available scientific data with other factors when developing policies, we think it would be unfortunate if policymakers became the arbiters of scientific information and circumvented the peer-review process. Moreover, we are concerned that establishing a practice of aggressive inquiry into the professional histories of scientists whose findings may bear on policy in ways that some find unpalatable could well have a chilling effect on the willingness of scientists to conduct research that intersects with policy-relevant scientific questions.

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