Economie du changement climatique/2

Segalstad signale [10] ce qui suit (avec les valeurs de référence):

Le GIEC définit le temps de résidence pour le CO2 comme étant le temps nécessaire à l’atmosphère pour atteindre un futur état d’équilibre dans le cas où les émissions changent brusquement, et donne un temps de résidence de 50-200 ans entre parenthèses (Houghton et al., 1990) [11]. La note de bas de page n° 4 de leur Table 1.1 explique :
Pour chaque gaz dans la table, sauf le CO2, la ″durée de vie″ est définie comme étant le rapport du contenu de l’atmosphère avec le taux total de disparition. Cette échelle de temps caractérise également le taux d’ajustement des concentrations atmosphériques si le rythme d’émissions change brutalement. Le CO2 est
un cas spécial car il n’a pas réellement de puits, mais circule simplement entre divers réservoirs (atmosphère, océan, biotope). La ″durée de vie″ du CO2 donnée dans la table est une indication brute du temps qu’il faudrait à la concentration de CO2 pour s’adapter aux changements des émissions…
Segaslstad [12] affirme – "Le GIEC a construit un modèle artificiel dans lequel il est prétendu que l’entrée/sortie naturelle du CO2 est en équilibre statique, et que toutes les additions de CO2 dues à la combustion de carbone ajoutées au contenu de l’atmosphère y demeurent presque indéfiniment." Dans cette optique, le GIEC et ses supporters ont quelquefois essayé d’étayer leur opinion en affirmant, quelquefois par la modélisation, que le CO2 une fois émis restera pour un temps assez long dans un réservoir ou un autre et continuera de passer de l’un à l’autre jusqu’à ce qu’il soit finalement inclus dans les sédiments océaniques. Ils ont quelquefois prétendu que cela prendrait de nombreuses années pour que le système revienne aux niveaux préindustriels. Bien que cela soit probablement vrai, la première question du point de vue économique et environnemental est le temps moyen de résidence du CO2 dans l’atmosphère car c’est le seul réservoir dans lequel il peut avoir une influence sur l’effet de serre. Naturellement, il est possible que les émissions de CO2 puissent avoir des effets négatifs dans les autres réservoirs, mais c’est très peu probable car il représente de la nourriture pour les plantes et, du point de vue de Segalstad il y a d’immenses et multiples systèmes intermédiaires dans le réservoir océanique [8]. Mais c’est du réservoir atmosphérique dont il est question ici. En conséquence, le temps de résidence atmosphérique utilisé ici est basé uniquement sur des mesures du réservoir atmosphérique. Le temps de résidence mesuré par Segalstad [8,10] semble correspondre à cette définition. Le problème en question est naturellement ce qu’étaient en réalité les hypothèses utilisées par les modèles, le GIEC et les économistes.
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Il existe trois isotopes différents du carbone, 12, 13 et 14 figurés habituellement sous 12C, 13C et 14C  et une caractéristique importante des plantes est qu’elles préfèrent utiliser du CO2 avec des isotopes de carbone plus légers soit 12C. Donc il y a une différence dans la composition isotopique du CO2 issu des plantes vivantes ou mortes par rapport aux autres sources (comme l’activité volcanique), et par conséquent dans les carburants fossiles issus de ces plantes, et dans le CO2 produit par leur combustion sous une forme ou une autre. En particulier, le carbone des plantes a un taux plus bas de 13C/12C. Lorsque l’on brûle des combustibles fossiles issus d’anciennes plantes ayant servi à former ces combustibles le CO2 délivré se mélange à l’atmosphère et abaisse par conséquent le taux de 13C/12C. En mesurant la composition isotopique du CO2 dans l’atmosphère il est possible d’estimer le pourcentage de CO2 provenant des plantes et d’en déduire le temps de résidence dans l’atmosphère. Mais toutes les émissions anthropiques de CO2 ne viennent pas des combustibles fossiles.
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La question est de savoir si ces mesures correspondent aux hypothèses du GIEC dans ce cas. Sinon, il apparaîtrait que leurs suppositions ou hypothèses comporteraient des erreurs importantes. Une courte réponse à cette question se trouve dans l’analyse isotopique présentée par Segalstad [8,10] qui ne correspond pas aux hypothèses du GIEC sur plusieurs point importants, et par conséquent que les dites hypothèses ne sont pas valides scientifiquement si l’on admet que les données et analyses de Segalstad sont correctes.
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Les coefficients d’isotopes 12C/13C sont généralement exprimés en tant que δ13C, défini comme la différence normalisée standard suivant la norme Pee Dee Belemnite (PDB) et calculés comme suit [13] :
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Cette valeur est exprimée en partie pour mille (“0/00”).

Par une analyse de bilan des masses isotopiques, Segalstad [8,10] trouve que le CO2 provenant du combustible fossile représente au plus 4 pour cent du CO2 atmosphérique et que le RT du CO2 dans l’atmosphère n’est que d’un peu plus de 5 ans. Les recherches d’Essenhigh [14] confirment quelques uns de ces résultats selon Segalstad [12], qui décrit sa méthodologie comme suit [15] :
"La composition du CO2 atmosphérique de décembre 1988 fut calculée pour sa masse totale de 748 GT C (GT = 1015 g) et 13C = – 7.807 pour 3 composants : (1) fraction naturelle restant de l’atmosphère préindustrielle ;  (2) fraction cumulative restant de toutes les émissions annuelles du CO2 de combustible fossile ; (3) fraction naturelle d’isotope de carbone en masse pondérée. Les masses des composants (1) et (2) ont été calculées pour différentes durées de vie atmosphérique du CO2."

Il y a une référence plus récente [16].

La diapositive 19 de [8] que Segalstad intitule "Preuve par la masse isotopique pondérée", résume ses résultats. Elle montre le rapport du temps de vie atmosphérique du CO2 avec la masse de CO2 atmosphérique par les trois composant listés par lui ci-dessus. Dans sa diapositive 18 Segalstad [8] présente des données montrant que la valeur attendue de 13C, en admettant que 21% du CO2 atmosphérique vienne de combustibles fossiles et que le CO2 ait une durée longue dans l’atmosphère, serait  de – 11, ce qu’il signale comme incohérent avec la mesure réelle de -7.807 en décembre 1988 montrée dans sa diapositive 19 [8], tout comme en [17]. Ceci est un exemple de prédiction basée sur les hypothèses/conclusions du GIEC qui ne correspond pas aux observations, si les données et analyses de Segalstad sont correctes. Enfin, la diapositive 18 de Segalstad [8] montre que le CO2 provenant des carburants fossiles représente moins de 4% du CO2 atmosphérique total, au lieu des 21 % utilisés par le GIEC.
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Les conclusions de Segalstad sont confirmées par plusieurs autres observations de la réalité. L’une est que les chercheurs en climatologie ont été longtemps mystifiés par le fait que les mesures de CO2 de Mauna Loa ne peuvent compter que pour la moitié des émissions anthropiques (comme montré à la Figure 1), ce qui fait qu’ils ont longtemps pensé à un puits manquant de CO2. Ce qui est intéressant est que l’analyse de Segalstad montre ce qui a pu arriver, comme le montre sa diapo 21 [8], où un RT dans la fourchette de 50 à 200 ans correspond à la moitié de la masse de CO2 dans l’atmosphère, comme montré par le cercle rouge de la diapo 21, ce qui est remarquablement cohérent avec le puits manquant que nombre de chercheurs ont cherché en vain. Ce problème est une autre fausse prédiction des hypothèses du GIEC. L’autre résultat est que des douzaines de chercheurs utilisant des techniques variées ont trouvé que le RT correspond en gros à la fourchette de 5-6 ans, comme montré à la figure 2.
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Figure 1. Mesures de CO2 à Mauna Loa montrant une erreur de 50% par rapport au niveau de CO2 cumulé provenant de combustibles fossiles. Source :[8], Diapo 14.
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Figure 2. Temps de vie effectif du CO2 atmosphérique d’après plusieurs méthodes. Source : Sunquist [18] et Segalstad [10], comme montré dans la diapo 23 de [8].
 
La signification des conclusions de Segalstad ne peut pas être surestimée si on admet que ses données et analyses sont correctes. Quatre pour cent de CO2 atmosphérique sont dans le bruit de fond et contrastent nettement avec les 21 pour cent estimés par le GIEC. Le RT de 5 ans + explique pourquoi les quatre pour cent sont raisonnables et contraste aussi nettement avec les hypothèses apparentes du GIEC. Les conclusions de Segalstad jettent un grand doute sur quelques unes des hypothèses les plus importantes du GIEC sur le CO2 (comme noté par Segalstad [8]) aussi bien que sur les hypothèses indirectes faites par la plupart, sinon la totalité, des économistes qui ont tenté d’évaluer les avantages économiques du contrôle des émissions de CO2. Parmi nombre d’autres observations, Segalstad remarque qu’un RT de 5 ans implique qu’environ 135 GT de carbone sont échangées par l’atmosphère chaque année. “C’est bien plus que les ~ 7 GT libérées annuellement par la combustion des carburants fossiles” [8].
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En outre, “le CO2 anthropique représente moins de ½ W/m², moins de 0.1 pour cent, d’après les isotopes de Carbone. Les nuages sont un vrai thermostat, avec une bien plus grande puissance de régulation que le CO2” [8]. Il n’en fait pas mention, mais il est généralement admis que les modèles atmosphériques utilisés par le GIEC laissent peu de place aux nuages.
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Un point important à noter ici est que l’eau absorbe moins de CO2 lorsque la température s’élève. Ainsi une explication alternative à l’hypothèse du GIEC qui que dit l’augmentation observée du CO2 atmosphérique est due aux émissions anthropiques serait que la température des océans se serait à un moment dans le passé suffisamment élevée pour dégazer une partie de son CO2 dans l’atmosphère.

La question du temps de résidence du CO2 dans l’atmosphère est de grande importance pour les analyses économiques des avantages de la mitigation du climat car elle détermine la période de temps durant laquelle les avantages économiques de la réduction des émissions prendraient effet. Des temps de résidence atmosphériques courts signifieraient que les avantages économiques de la réduction des émissions s’exerceraient durant une période beaucoup plus courte que si le temps de résidence était très long. L’effet de serre du CO2 ajouté dans la nature n’est effectif que lorsqu’il est dans l’atmosphère, et non lorsqu’il est dans les plantes, les océans, ou les sédiments océaniques. L’ajout de CO2 (ou du carbone qu’il contient) dans les plantes ou les océans peut naturellement avoir des effets importants, mais pas pour l’effet de serre dans la température globale. Les implications économiques de ceci seront détaillées dans le paragraphe 2.6.1 suivant.

L’augmentation du niveau du CO2 atmosphérique observée peut être principalement due à une augmentation des températures océaniques il y a des centaines d’années dans la mesure où l’eau absorbe moins de CO2 lorsque la température augmente. En d’autres termes, les supporters du CAGW ont peut être inversé l’effet et la cause. A la place d'une augmentation du CO2 ayant causé l’augmentation des températures, c'est celle-ci qui a causé l’augmentation du CO2 dans l’atmosphère, avec probablement un décalage dans le temps. On ne sait pas exactement quel peut être le décalage temporel pour que des changements de température de l’eau provoquent un dégazage ou une absorption du CO2 par les océans. Les recherches montrent cependant qu’à la fin d’un âge glaciaire il y a 250 mille ans, le CO2 a augmenté 800 ans après la remontée des températures [19]. Donc l’augmentation actuelle des niveaux de CO2 peut être due à une remontée des températures il y a 800 ans ou bien résulte des émissions anthropiques. Ou parce qu’une grande part du CO2 terrestre semble provenir et varier selon les variations de l’activité volcanique [8], cela peut être une autre possibilité.
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En résumé, il semble assez évident que le temps de résidence du CO2 est d’environ 5 ans, que seul un petit pourcentage provenant des carburants fossiles est trouvé dans l’atmosphère, qu’il existe des explications alternatives à l’augmentation des niveaux de CO2, et qu’il y a peu de raisons de penser que les émissions de CO2 provenant des carburants fossiles puissent être une cause significative de l’accroissement progressif des niveaux de CO2.

1.  François | 20/09/2011 @ 15:00 Répondre à ce commentaire

« Les différents rapports du GIEC soutiennent largement que les auteurs ne peuvent imaginer une source raisonnable de réchauffement climatique autre que l’augmentation du niveau des GES, donc ce doit être la cause. »

Les hommes de la préhistoire ne pouvaient imaginer d’autre source raisonnable de la foudre qu’un Dieu.

Ce n’est pas pour cela qu’ils avaient raison…

2.  Marot | 20/09/2011 @ 20:37 Répondre à ce commentaire

François (#1)
Et jusqu’en 1994 les gastro-entéro français ne pouvaient pas imaginer d’autre cause que le stress et autres calembredaines pour les ulcères d’estomac.

3.  Bob | 20/09/2011 @ 23:50 Répondre à ce commentaire

FFrançois (#1),
Ce raisonnement du GIEC équivaut à chercher les clefs perdues au pied d’un réverbère parce que c’est là qu’il y a de la lumière….

4.  Marot | 21/09/2011 @ 7:16 Répondre à ce commentaire

Tremblez humains.

At present emissions levels, in less than 20 years the sky would effectively be full…

Aux niveaux actuels d’émissions, dans moins de 20 ans, le ciel sera plein… de CO2 satanique évidemment.

Et il faudra se démener pour le vider au fur et à mesure.

Vaste programme selon Reuters.

Ouh la la il va en falloir des crédits de recherche, suivez mon regard.

via Lubos Motl.

5.  pastilleverte | 21/09/2011 @ 18:25 Répondre à ce commentaire

oui et on a échappé de peu à la « disparition totale de la banquise arctique en été » Certes, on était parti pour battre le « record absolu » (de 30 ans) de 2007 , sauf que, caramba encore raté, ça repart de plus belle (l’extent).
Mais je ne m’inquiète pas pour les crédits de recherche pour étudier scientifiquement (c’est à dire prouver que c’est à cause des GES anthropiques) le phénomène, ils viendront !!!

6.  yvesdemars | 21/09/2011 @ 20:07 Répondre à ce commentaire

pastilleverte (#5),

rigolo maintenant ils disent que le pic bas de 2007 était dû à des causes naturelles et que celui de 2011 résulte de notre boulimie carbonique …

ce sont vraiment des charlots

7.  pastilleverte | 28/09/2011 @ 16:33 Répondre à ce commentaire

des charlots de glace ou de feu ?

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