Les climatologues croient-ils en leurs modèles ?

Par Nicias

Oui, ils osent tout, mais est-ce que leurs créateurs croient en leurs résultats ?

Voici un graphique de l'AR5 (chap 12, p. 1110) :

C'est comme d'habitude, surchargé d'informations.

La légende : Sensibilité du climat à l'équilibre (ECS). Au bout de x centaines d'années, la température moyenne de la planète atteint un équilibre au dessus de celle de l'ère pré-industrielle pour un doublement de la concentration de CO2.

A droite les multiples sources du GIEC.

Au centre le "Raw Model Range". C'est ce qui m’intéresse, et comme il y a trop de choses sur le graphique, c'est tassé et on ne voit rien. Il s'agit de la distribution des résultats des modèles du climat (PDF). La colonne haute centrée autour de 3°C est la "majorité relative" des modèles, qui votent pour une augmentation de 3°C en l'an 3000 (?). Mais certains votent extrême. Surtout à droite !

Et il y a la zone grisée qui s'étend de 1,5 à 4,5°C : "La zone grisée marque la plage probable [likely] de 1,5 ° C à 4,5 ° C "

Théoriquement, c'est 66% des résultats des modèles (likely en terminologie GIEC). C'est cette fourchette de 1,5 à 4,5°C qui est avancé pour présenter les résultat des modèles. Le reste c'est le vote extrémiste, infréquentable et caché.

Puis les lignes verticales grisées : "La ligne solide grise marque l'extrêmement peu probable (extremely likely) à moins de 1 ° C, la ligne grise pointillée le très improbablement (very likely) supérieur à 6 ° C".

Théoriquement et selon la méthodologie du GIEC, le very likely, c'est 90% des résultats des modèles, et extremely likely, c'est 95%.

Le petit détail troublant est ici que c'est pile poil 1°C et pile poil 6°C. On sait les climatologues friands de chiffres après la virgule, parfois ils aiment aussi les chiffres rond.

Mon trouble n'a pas duré longtemps, ces chiffres ne viennent pas de savants calculs mais plus de la technique du doigt mouillé apprend-on dans la suite du texte : "L'évaluation que l'ECS est très peu probablement supérieure à 6 ° C est un jugement d'expert basé sur plusieurs éléments de preuve".

Donc pour départager ce qui est présentable de ce qui ne l'est pas dans les résultats des modèles, les climatologues ont dérogé à la règle générale établie ex ante pour adopter une méthode ad hoc, ex post : le jugement d'expert. Et pour dire ce qui est probable (66%), c'est très surement la même chose. La zone grisée semble décalée à gauche par rapport à ce que l'on attend des résultats des modèles, en fait toute une partie de la zone grisée sur la gauche ne comprend pas de résultats et puis ça fait un douteux pile poil 1,5-4,5°C…

Les modélisateurs du GIEC ne croient pas en leurs modèles. Les modèles leur disent ce qui est likely ou pas, mais les modélisateurs préfèrent leur jugement d'expert pour déterminer ce qui va se passer. Ils ont honte de leurs modèles au point d'en cacher les résultats.

17 Comments     Poster votre commentaire »

1.  Nicias | 7/12/2014 @ 8:44 Répondre à ce commentaire

For scenarios of increasing RF, TCR is a more informative indicator of future climate than ECS (Frame et al., 2005; Held et al., 2010). This assessment concludes with high confidence that the TCR is likely in the range 1°C to 2.5°C, close to the estimated 5 to 95% range of CMIP5 (1.2°C to 2.4°C; see Table 9.5), is positive and extremely unlikely greater than 3°C. As with the ECS, this is an expert-assessed range, supported by several different and partly independent lines of evidence, each based on multiple studies, models and data sets.

Voila qui est clair. Au moins pour la TCR (réponse du climat au bout de ~70ans à un doublement du CO2), ils donnent les résultats des modèles et leur jugement d’expert.

2.  Nicias | 7/12/2014 @ 8:52 Répondre à ce commentaire

Nicias (#1),

Pour l’ECS, ci on se réfère seulement aux barres CMIP5 (barres rouges) comme le GIEC le fait pour la TCS, on voit sur le graphique que le likely devient franchement fantaisiste par rapport aux résultats des modèles.

3.  JG2433 | 7/12/2014 @ 9:48 Répondre à ce commentaire

Pour information :
Le graphique ne s’affiche pas dans l’article, ni par Safari ni par Firefox (Mac OS X.8.5). 😕

4.  Nicias | 7/12/2014 @ 10:09 Répondre à ce commentaire

JG2433 (#3),

Fixé a priori

5.  JG2433 | 7/12/2014 @ 11:40 Répondre à ce commentaire

Nicias (#4),
L’affichage se fait correctement dans Safari et Firefox. :thumb:
Merci à vous !

6.  TL | 7/12/2014 @ 11:45 Répondre à ce commentaire

En médecine, et plus particulièrement à l’occasion des conférences de consensus sur une thématique précise, il y à toujours au moins un point pour lequel l’état des connaissances et de la science du moment, ne peuvent trancher, soit par manque de données et/ou d’études sérieuses. La pirouette consiste donc à tenter de remplir les cases en reconnaissant que les recos proposées ne sont pas étayées solidement. Bref, quelques gus vous disent qu’il faut peut être faire comme ci ou comme ça…
Les loustics du GIEC, les meilleures scientifiques du monde comme l’affirme l’excité de l’Express (cf échanges avec jpb29), ne semblent pas hésiter à nous enfumer sévèrement avec des probabilités ésotériques, évidemment « basées sur des éléments de
preuve
« .
Le graphique proposé me semble ressembler à une méta-analyse?.
Les intervalles de confiance me semblent énormes pour chacune des études citées. je ne suis pas climatologues, mais ça interpelle…

7.  H. | 7/12/2014 @ 14:39 Répondre à ce commentaire

Bonjour,

Ce qui fait peur, c’est que nous sommes partis pour une année de fête du slip ininterrompue. On est vraiment dans « la connaissance inutile » chère à JF Revel.

Bon dimanche.

8.  phi | 7/12/2014 @ 14:45 Répondre à ce commentaire

Sur le fil cocorico, j’avais parlé des facteurs de rétroactions. Pour un effet initial canonique de 1.2°C, la plage de sensibilité 1° – 6 ° correspond exactement à f -0.2 à 0.8. La largeur de la plage des rétroactions pour very likely vaut donc 1 tout rond !!!

9.  Bob | 7/12/2014 @ 14:46 Répondre à ce commentaire

TL (#6),
Oui, c’est une sorte de méta-science. Quant aux meilleurs scientifiques du monde, je me permets de sourire. Du temps de JJ; LT and Co, les « meilleurs » de leur génération ne faisaient pas dans le climat. Loin de là.

10.  lemiere jacques | 7/12/2014 @ 17:44 Répondre à ce commentaire

et encore je présume que ces barres d’erreur ou plages de résultats sont déterminées en partie par les barre d’erreurs expérimentales sur les observables..si les barres d’erreurs sont sous estimées ( et comment sont elles estimées puisque certaines procédures forcément hypothétiques sont effectuées pour reconstituer les données manquantes.???) alors les plages sont aussi sous estimées ou plus exactement hypothétiques ( ce qui est pire)…

11.  Cdt Michel e.r. | 7/12/2014 @ 20:12 Répondre à ce commentaire

JG2433 (#3),

Vous trouvez que l’image s’affiche correctement.
Moi pas. Telle quelle, elle est quasi illisible, même en chaussant mes lunettes pour voir de près 😉 Je dois zoomer à 180 % pour bien lire les textes.

Mieux vaut aller télécharger ce chapitre sur le site de l’IPCC :
WG1AR5_Chapter12_FINAL.pdf 35,6 Mo
Le graphique en question est sur la page 1110.

Ou ne télécharger que ce graphique, qui s’affiche mieux dans Firefox en Plein écran (F11)

12.  Bernnard | 7/12/2014 @ 21:01 Répondre à ce commentaire

Cdt Michel e.r. (#11),
Voilà comme ça c’est plus lisible !

13.  Bernnard | 7/12/2014 @ 21:15 Répondre à ce commentaire

Ils ont honte de leurs modèles au point d’en cacher les résultats.

Et pour arriver à leur fin, ils utilisent à outrance toutes les couleurs de l’arc-en-ciel et si on s’extasie devant la beauté des graphiques, on ne voit plus qu’ils ne représentent plus rien ! On cache la misère en l’embellissant.
Trop d’information tue l’information, mais ce n’est pas grave si le message passe.

14.  Nicias | 7/12/2014 @ 22:19 Répondre à ce commentaire

Bernnard (#13),

Je ne pense pas que ce soit délibéré. Ils sont juste 200 pour chaque graphique à réclamer qu’on y colle les résultats de leurs travaux, d’où le côté méta analyse soulevé par TL.

J’ai changé la taille de l’image.

15.  Murps | 7/12/2014 @ 23:47 Répondre à ce commentaire

Un jour, un psychologue-sociologue sérieux et désintéressé, analysera de manière pertinente ce qui a bien pu se passer dans le crâne de tous ces gens pour expliquer comment ce délire a pu se développer à un tel niveau.

J’avoue que j’étais persuadé qu’on était à l’abri de telles conneries dans ce monde moderne.
Quelle erreur de ma part !

16.  chercheur | 8/12/2014 @ 1:15 Répondre à ce commentaire

Murps (#15),

Il n’y a nul besoin d’un psycho-sociologue sérieux et désintéressé pour expliquer ce qu’est l’endoctrinement. Il a commencé en 1962 avec Rachel Carson et son livre, « Le printemps silencieux ».
On a depuis 50 ans, un matraquage catastrophiste qui a été démultiplié grâce à l’évolution des technologies de communication.
Le monde entier est devenu son voisin. Un typhon au philippines, on le vit en direct comme si c’était chez nous. Les catastrophes sont permanentes dans le monde. Le résultat est qu’avant il y en avait peu, maintenant il y en a tout le temps.
L’information est aussi, maintenant, manipulable par tout le monde. Qui croire? La plupart des gens pensent que plus l’information est répétée, plus elle est vrai.
Revel avait écrit en son temps un excellent bouquin, « La connaissance inutile ». C’était en 1988, avant internet.

Il écrivait à la fin de son livre:

« Tant que les intellectuels considéreront comme normal d’appeler « lutte pour la liberté de l’esprit » et pour « les droits de l’homme » la seule faculté, revendiquée pour eux-mêmes, de plaider dans l’abstrait pour la liberté tout en la refusant à leurs contradicteurs et de se réclamer de la vérité tout en cultivant le mensonge, l’échec de la culture, son impuissance à exercer une quelconque influence sur l’histoire, dans le domaine moral, se poursuivra dans l’avenir pour le plus grand dommage de l’humanité.
J’ose pourtant espérer que nous avons atteint la fin de l’ère durant laquelle les intellectuels se sont avant tout efforcés de placer l’humanité sous leur domination idéologique et que nous entrons dans celle où il vont enfin se conformer à leur vocation, qui est de mettre la connaissance au service des hommes- et pas seulement dans le domaine scientifique et technique.
Le passage de l’ère ancienne, où la stérilisation de la connaissance était tenue pour la norme, à une ère nouvelle n’est d’ailleurs pas un choix possible parmi d’autres: c’est une nécessité. Notre civilisation est condamnée à se mettre en accord avec elle-même ou bien régresser vers un stade primitif, où il n’y aura plus de contradiction entre la connaissance et le comportement, parce qu’il n’y aura plus de connaissance. »

17.  Cdt Michel e.r. | 8/12/2014 @ 10:03 Répondre à ce commentaire

Bernnard (#12),

Oui, parce que cette image n’a pas été redimensionnée comme la première.
Passer de 338 à plus de 800 pixels en largeur ajoute du flou quand on part d’une résolution de 98 DPI

L’original que l’on peut télécharger du site de l’IPCC est en 1001 x 1481 pixels avec une résolution de 300 DPI.