Les engagements de l’Inde à Paris

La Chine et les USA ont donc « ratifié » le traité de Paris. L’Inde traine des pieds et c’est paradoxalement bien étonnant.

La philosophie qui guide l’Inde dans sa lutte pour le réchauffement climatique est donnée dans leur engagement volontaire, non contraignant et juridiquement inexistant : son INDC.

La consommation d’énergie annuelle moyenne en Inde en 2011 était seulement de 0,6 tonnes équivalent-pétrole  (tep) par habitant par rapport à la moyenne mondiale de 1,88 tep par habitant. Il peut également être noté qu’aucun pays  dans le monde a été en mesure de parvenir à un indice de développement humain de 0,9 ou plus sans une disponibilité annuelle d’énergie d’au moins 4 tep par habitant. Avec un IDH de 0,586 et le 135ème rang mondial, l’Inde a beaucoup à faire pour assurer une vie digne à sa population et répondre à leurs aspirations légitimes.

Le gras est des Indiens eux-même. La direction est claire, l’Inde veut multiplier par 7 sa consommation d’énergie.

L’Inde produit deux engagements chiffrés dans son INDC. Le premier concerne la part de l’électricité produite de ses capacités de production à base d’énergies non fossiles. La méthode de calcul permet de donner une importance disproportionnée aux moyens de production qui ne produisent rien. Pour cela ils veulent en gros qu’on leur file les plans de l’EPR (ou d’un truc moins cher) et les sous du fond vert pour le climat (qui est vide). C’est un engagement conditionnel.

Le deuxième engagement est un objectif d’intensité carbone, le volume des émissions de GES rapporté au PIB. L’Inde avait il y a quelques années déclaré vouloir réduire son intensité carbone de 20 à 25% d’ici 2020 par rapport à 2005, objectif qui sera très probablement dépassé. Le nouvel engagement est de 33 à 35% d’ici 2030 toujours par rapport à 2005. Sur la période 2021-2030 cela signifie au minimum une division par 2 du rythme de baisse de leur intensité carbone. On est jamais trop prudent…

L’Inde donne aussi une projection de son PIB en 2030 (qu’elle pense multiplier par 3,7 ce qui me parait optimiste). Associée aux chiffres précédents elle va nous permettre de calculer l’importance de l’effort que compte faire l’Inde en faveur du réchauffement climatique. L’Inde, qui doit aujourd’hui émettre à peu près autant que l’UE, a de fait proposé à Paris de multiplier par trois ses émissions de GES d’ici 2030. Ils veulent bien réduire le chiffre mais ils demandent pour cela 2500 milliards de $ (en plus des sous précédents du fond vert qui est vide).

Entre 1990 et 2012, l’Inde avait multiplié par 3,3 ses émissions de CO2. Nous ne pouvons que nous féliciter de l’objectif ambitieux affiché à Paris (compte tenu du moindre nombre d’années qui restent d’ici 2030 !) et prions l’Inde de ratifier au plus vite l’accord. Il n’y a pas de temps à perdre.

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1.  Nicias | 5/09/2016 @ 15:43 Répondre à ce commentaire

Une des caractéristiques de l’Inde est la faiblesse de sa population urbaine. Non seulement la population va augmenter mais elle va s’urbaniser. Cela va demander beaucoup beaucoup de ciment.

2.  anonyme1985 | 5/09/2016 @ 21:49 Répondre à ce commentaire

C’est vraiment un délicieux spectacle. Dommage qu’il nous coûte un bras…

3.  Bernnard | 5/09/2016 @ 23:46 Répondre à ce commentaire

La philosophie qui guide l’Inde dans sa lutte pour, contre, le réchauffement climatique

Honnêtement je ne crois pas que ce soit une idée guidée par une philosophie ou par une conviction quelconque mais par la réalité et le pragmatisme. Qualités que nous, nations « évoluées », avons perdues pour adopter une « philosophie » rétrograde.
Dans le nucléaire, l’inde est un des pays qui misent le plus sur le thorium, non sans raisons.

4.  Bernnard | 6/09/2016 @ 8:26 Répondre à ce commentaire

L’inde ne signera pas cette année.
http://www.thegwpf.com/india-s.....this-year/

5.  pastilleverte | 6/09/2016 @ 11:43 Répondre à ce commentaire

Bernnard (#4),
… mais quand elle aura installé et mis en production ses xxxx centrales (essentiellement à charbon) électriques, pour sortir une bonne part de sa population de la misère.
Et qu’est-ce que les nations « riches » et « bien pensantes » auraient à dire contre ???

6.  Jopechacabri | 6/09/2016 @ 13:30 Répondre à ce commentaire

Apparemment, nos élus ne manquent pas d’idées pour montrer l’exemple aux « mal-pensants »….>
Plus blanc que blanc c’est…. Green green green !
http://www.environnement-magaz.....ine-verte/

7.  Murps | 6/09/2016 @ 18:45 Répondre à ce commentaire

Jopechacabri (#6), encore un truc qui va foirer et qui fera l’objets d’infâmes bidouillages de connivence ; si ça se trouve il y aura fraude comme pour les crédits carbones.

Au final ces obligations s’apparenteront aux junk-bonds.

8.  AlterEgo | 6/09/2016 @ 20:38 Répondre à ce commentaire

Bernnard (#3), Mon mantra – si j’ose dire – c’est qu’au lieu de tout le temps dire « Lutter CONTRE le réchauffement climatique » nous devrions tous dire « Lutter POUR que l’Homme n’influence pas le climat« .

9.  the fritz le testut | 6/09/2016 @ 20:58 Répondre à ce commentaire

Murps (#7),
moi je dirai plutôt  » emprunts russes »

10.  Parousnik | 6/09/2016 @ 21:18 Répondre à ce commentaire

Comment tenter de freiner l’essor des pays dit « émergeants » ? Facile on accuse le CO2 d’être le responsable de variations climatique et puis on tripatouille les chiffres… Ainsi on peut constater que la Chine est le 1 producteur…de charbon et les EU 2e… Soit Mais si on calcule sur le nombre d’habitants…et bien les EU repasse en tête puisqu’ils sont 4 fois moins que de chinois, ainsi la Chine aurait produit 1 844,6 millions de tonne équivalent pétrole ce qui fait 1844,6 divisé par 1300000000 =0.00000141892 par habitant, les EU auraient produit 507,8 millions de tonne équivalent pétrole ce qui fait 507,8 divisé par 310000000 =0.00000163806 par habitant… et si on compte ainsi c’est probablement l’Australie le 1 producteur avec 268,2 millions de tonne équivalent pétrole… et seulement 23 millions d’habitants… (chiffres production 2014.) et si on calculait à la consommation par habitant et non simplement à la production les EU et l’UE se retrouveraient en tête des émissions de CO2 et des véritables polluants.

11.  papijo | 6/09/2016 @ 22:05 Répondre à ce commentaire

Parousnik (#10),
C’est quoi les « véritables polluants » ?

12.  Gilles des Landes | 6/09/2016 @ 22:51 Répondre à ce commentaire

papijo (#11), ben, le CO2, mon ami, ainsi que ceux qui cherchent à entraver l’action de ceux qui luttent contre le RC{A)

13.  Parousnik | 7/09/2016 @ 21:35 Répondre à ce commentaire

papijo (#11), le dioxyde de souffre est certainement plus nocif pour la vie que l’innocent CO2 sans lequel la vie sur terre serait impossible…Il y a tant que la liste est longue..Les engrais et les pesticides et autres productions des industries chimiques, alimentaires, les déchets nucléaires, les guerres et ses industries, le gaspillage insensé et les pollutions intellectuelles…des médias de propagande de masse et des éducations nationales, la politique du mensonge et du chaos semé par l’occident sur toute la planète… etc…

14.  Gilles des Landes | 7/09/2016 @ 22:40 Répondre à ce commentaire

Parousnik (#13), le problème c’est que si vous posez la question à une multitude de Français, et à de jeunes scientifiques (si j’ai bien compris les propos de Vincent Courtillot…), la réponse ne sera pas aussi claire que cela !