[Je veux bien racheter un ou deux atolls maldiviens abandonnés pour le franc symbolique]
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« Nous ne pouvons rien faire par nous-mêmes pour stopper le changement climatique, nous devons donc acheter un territoire ailleurs. C’est une police d’assurance en prévision de l’éventualité la plus pessimiste, » a déclaré au Guardian Mohammed Nasheed, le nouveau président des Maldives, qui envisage que son peuple puisse chercher refuge en Inde, au Sri Lanka ou en Australie.
Par Jon Henley, The Guardian, 11 novembre 2008
Que feriez-vous si vous étiez le président nouvellement élu d’un petit pays, relativement pauvre, surtout connu, outre ses plages qu’on peut considérer comme les plus belles du monde, pour être en train de s’enfoncer lentement dans la mer ?
Vous vous empresseriez de rappeler ce naufrage au monde entier, évidemment. Et pour souligner l’urgence du problème, vous révéleriez, à la stupéfaction générale, que vous pensez sérieusement à déplacer votre nation entière quelque part ailleurs.
C’est en tout cas ce que Mohammed Nasheed, premier président démocratiquement élu des Maldives, a fait cette semaine. Il envisage de provisionner une partie des revenus touristiques non négligeables de son pays, afin d’abonder un fonds d’investissement foncier. « Nous ne pouvons rien faire par nous-mêmes pour stopper le changement climatique, nous devons donc acheter un territoire ailleurs. C’est une police d’assurance en prévision de l’éventualité la plus pessimiste » a déclaré Nasheed au Guardian au soir de son entrée en fonction. « Nous ne voulons pas quitter les Maldives, mais nous ne voulons pas non plus vivre en réfugiés climatiques sous des tentes pendant des décennies. »
Voilà une idée curieuse, bien que profondément déprimante : ce serait le premier peuple au monde à devoir abandonner son territoire national, contraint et forcé par l’impact du changement climatique et l’élévation du niveau des mers. Ce dont parle Nasheed, c’est fondamentalement de réimplanter la population des Maldives, forte de 300 000 personnes, en Inde, située à proximité, au Sri Lanka ou éventuellement en Australie. Quand bien même on admettrait l’inéluctabilité d’un tel transfert, est-il faisable ? Un peuple entier pourrait-il être simplement déplacé vers un nouveau pays, s’y installer et reprendre le cours de sa vie comme si rien ne s’était passé, excepté la disparition malheureuse de sa première terre ?
Il semble y avoir actuellement un consensus pour estimer que non. Le docteur Graham Price, responsable du secteur Asie au Royal Institute of International Affairs [1] , affirme qu’ « il serait très difficile pour un État en tant que tel de se délocaliser ». « Une migration adaptée peut être rendue possible, bien sûr, même pour un nombre important de personnes. Mais il y a dans le cas qui nous occupe de sérieux obstacles juridiques liés à la question de la souveraineté. Ceci étant, il y a là un réel problème, avec lequel il nous va falloir compter. Ce que dit Nasheed au reste du monde, c’est : Nous devons vraiment y réfléchir. Nous voulons rester uni en tant que peuple, nous ne voulons pas perdre notre culture, et ce qui arrive n’est pas de notre faute. »
Personne ne met en doute la réalité de la crise à laquelle les Maldives font face. Constituées de 1 200 îles et atolls de l’Océan indien, dont 200 sont habités, les Maldives sont le pays qui détient le record du point culminant le plus bas au monde : nulle part le sol ne s’y élève naturellement à plus de 2,3 mètres au-dessus du niveau de la mer. La majeure partie de sa superficie, qui équivaut au total à peu près à un cinquième du Grand Londres, est d’une altitude significativement plus basse, en moyenne autour de 1,5 mètre.
On comprend bien alors que le changement climatique affectera les Maldives bien plus que la plupart des autres pays. Dans la zone, le niveau de la mer s’est élevé d’environ 20 centimètres au XXème siècle, et les Nations Unies estiment que ce niveau augmentera encore de 58 centimètres d’ici à 2100. Le pays et sa capitale, Malé, ont été inondés en 1987 par des marées inhabituellement hautes, qui ont entraîné des millions de dollars de dommages. Le tsunami qui a ravagé l’Asie à Noël 2004 a été encore plus dévastateur. La vague qui a frappé les Maldives atteignait tout juste un mètre de haut, mais 82 personnes ont péri, 12 000 ont été déplacées, et les dommages se sont montés à 375 millions de dollars (dont 100 millions de dollars en ce qui concerne les stations balnéaires).
Le tourisme est vital pour l’économie maldivienne, mais les touristes sont presque ignorants des problèmes du pays. Celui-ci est réputé pour être l’une des destinations les plus prestigieuses, ses luxueux bungalows les pieds dans l’eau s’avérant particulièrement prisés des couples en lune de miel. Près de 90 îles autrement inhabitées ont été transformées en stations balnéaires qui attirent plus de 600 000 touristes chaque année, principalement des Européens. Mais, bien que le visiteur moyen dépense apparemment environ 300 dollars par jour, il entre rarement en contact avec la population locale, car on le conduit sur son atoll en hors-bord ou en avion de tourisme, et il n’en sort jamais si ce n’est de temps à autre pour une croisière.
Néanmoins, ce secteur économique représente directement peut-être un tiers du PIB des Maldives, et au moins 60 % de son commerce extérieur. Les taxes douanières sur les importations et les divers impôts liés au tourisme génèrent plus de 90 % du revenu dont dispose le gouvernement. Il y a bien peu d’activité économique sur les îles en dehors du tourisme, si ce n’est la pêche. On peut imaginer que les touristes ne seront pas nombreux à vouloir venir une fois leur logement de vacances menacé d’être submergé à n’importe quel moment.
Depuis un certain temps, le pays étudie une des solutions envisageables : construire une nouvelle île, Hulu Malé, c’est-à-dire Nouvelle Malé, vers laquelle le gouvernement espère pouvoir transférer les habitants de certains des atolls les plus bas en altitude, et, au final, de la capitale, qui est actuellement l’une des villes les plus densément peuplées au monde. « Ils draguent les eaux qui entourent l’île existante pour en élever l’altitude au-dessus de 2,1 mètres », déclare Saleemul Huq, responsable du groupe Changement climatique auprès de l’International Institute for Environment and Development [2]. Huq ajoute que certains des plus petits atolls habités « réfléchissent en terme de relocalisation », mais seulement, à ce stade, à l’intérieur même de l’archipel.
A plus long terme, cependant, « si les mesures que nous prenons pour combattre le changement climatique ne s’avèrent pas suffisantes, alors il se pourrait bien que nous soyons contraints à déplacer les gens plus loin ». De telles éventualités sont d’ores et déjà discutées, affirme Huq, la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique ayant organisé un premier forum pour discuter de l’ « adaptation » des pays les plus vulnérables. Par exemple, l’île de Tuvalu mène avec l’Australie des pourparlers dans le même ordre d’idées.
« Mais il est évident, ajoute Huq, que la relocalisation de populations entières est une source potentielle de conflit majeur. » Le président maldivien a mentionné l’Inde, le Sri Lanka et l’Australie comme hôtes éventuels pour son peuple. Au moins dans les deux premiers cas, la différence culturelle resterait minime pour les Maldiviens. En effet, de nombreux insulaires travaillent déjà dans l’un des deux pays, et les Maldiviens aisés s’achètent des maisons au Sri Lanka depuis des années. Rapportés au 1,13 milliard d’Indiens, les 300 000 Maldiviens ne représenteraient pas un apport de population énorme. Mais, mis à part les conséquences humaines d’un tel déracinement, le système juridique international n’est tout simplement pas prévu pour cela.
« Il n’existe pas vraiment, où que ce soit dans le monde, de vaste parcelle de terre dont on pourrait dire qu’elle est disponible », affirme Graham Price. « On peut faire un parallèle avec le cas des réfugiés bouthanais au Népal – les USA se sont portés volontaires pour en accueillir 60 000. Mais si c’est une population, ce n’est pas une communauté nationale. Et on voit difficilement ce que feraient les Maldiviens, quel que soit l’endroit où ils iraient : tout ce qu’ils ont se résume au tourisme et à la pêche. S’ils ont de l’argent, je suppose qu’un quelconque pays d’Afrique pourrait se porter volontaire – peut-être qu’un endroit comme Zanzibar pourrait faire l’affaire ? Mais les vrais problèmes seraient constitutionnels : un État ne peut pas héberger un autre État. Dans le cas du Sri Lanka au moins, la raison fondamentale de la guerre civile qui y fait rage est précisément en lien avec la question fédérale. »
Certains experts discernent d’autres problèmes juridiques. L’Inventory of Conflict and Environment (ICE) [3], qui a son siège au sein de l’Université américaine à Washington, prévoit des potentialités de conflit, impliquant les Maldives, voire en leur sein – des potentialités augmentant à mesure que s’élève le niveau des eaux autour de l’archipel. « On peut penser que les Maldives chercheraient à obtenir une compensation de la part des pays pollueurs en dédommagement de la perte de leurs îles », indique l’ICE dans une note.
« Cependant, il reste à éclaircir si les Maldives chercheraient ailleurs un nouveau territoire en vue d’y exercer leur souveraineté. En outre, il reste à éclaircir si elles chercheraient un tel territoire dans les pays voisins, ou plus loin, par exemple dans les pays qui provoquent en premier lieu le changement climatique comme les USA ou la Chine. Un pays menacé ou détruit par le réchauffement de la planète demandera-t-il des réparations ? Les Maldives en viendraient-elles à réclamer le territoire de Washington, qui présente à peu près la même superficie que leur territoire, en dédommagement de la responsabilité des USA dans le réchauffement climatique ? »
Grâce au tourisme, les Maldiviens sont de loin le peuple le plus riche d’Asie, avec un PIB annuel par habitant de plus de 3000 $. Mais cette aisance est relative, et les richesses sont réparties avec grande parcimonie : à Guraidhoo, sur l’atoll de Kaafu, près de quatre ans après le tsunami, des familles vivent encore dans des cabanes en parpaings bruts, en vue de la luxurieuse station balnéaire de l’île de Kandooma. Pour Saleemul Huq, « à plus long terme, le sort de ces États insulaires à basse altitude pourrait vraiment commencer à devenir très problématique ».
Araucan (#49),C’est surtout que les gens commencent à regarder leur porte-monnaie : c’est bien beau de vouloir lutter contre les moulins à vent, mais s’il faut casquer alors que pendant ce temps-là, la récession menace et que la bouffe est de plus en plus chère…
Meuh non, arrête de faire le rebelle négationniste, ça commence à bien faire !
« The [climate]science is beyond dispute and the facts are clear ». Barack Hussein Obama.
miniTAX (#52), Ouais, même que nos amis du WWF, ils le disent !
Comment il va faire, Borloo, sans glaçons ?
Bien, j’irai faire pénitence. Mais si j’avais osé rendre un devoir de physique ou d’une autre matière aussi bâclé que cette dépêche je connais certains de mes profs qui m’auraient demandé si j’étais bien en possession de tous mes moyens.
En tous cas, en région parisienne , depuis la notable canicule de 2003, et à l’exception de l’extraordinaire mois d’avril 2007, on ne mempêchera pas de dire que globalement ça caille. Et même s’il n’y pas eu les bons vieux mois de janvier d’antant (quoi que : janvier 2003, février 2005 (neige au sol tout le mois), et décembre 2007…), les températures très basses des printemps et surtout des étés ont plus que largement compensé en « moyenne ».
D’ailleurs c’est amusant, les gens intoxiqués par les images en boucle d’ours tous seuls sur leur glaçon à la dérive, de la banquise (sic) du Groenland qui fond partiellement mi-aôut, de morceaux de glaciers énooormes (proportion brin d’herbe sur un stade de foot) , nient justement ce refrodissement.
Vous ne trouvez pas qu’il fait froid, en ce moment ?
En tous cas, mis à part l’hiver 2006-2007, l’enneigement des années récentes est bon dans le Massif Central, irrégulier aussi mais c’est quand même très habituel.
49. Araucan | 27/11/2008 @ 12:16
jeff hersson (#46),
En revanche, la bonne volonté à changer ses habitudes pour lutter contre le réchauffement semble s’épuiser.
Début de saturation ?
Non, début de sagesse
Jeff
En revanche, la bonne volonté à changer ses habitudes pour lutter contre le réchauffement semble s’épuiser.
47% des sondés se disent prêts à changer leur style de vie, contre 58% en 2007. Et seulement 20% se disent prêts à dépenser plus, contre 28% un an auparavant.
Sagesse encore; mais il reste toujours 20% qui préfère engraisser le bussiness du RCA que de profiter du fruit de leur travail
the fritz (#58),
the fritz (#58),
Plus exactement, ils disent qu’ils sont prêts à le faire, qu’ils le fassent vraiment est une autre chose.
C’est vrai, c’est un gros bras d’honneur des sondés au GIEC et un avertissement aux intervenants du futur traité de Copenhague.
Flo (#50),
Cela a toujours été compliqué : certains croient qu’avec une explication réductrice (CO2), on va expliquer l’avenir du monde. Ce genre d’article m’amuse plutôt, à redécouvrir l’eau chaude, pardon, l’eau froide;
Juste une question : comment mesure-t-on la dilatation thermique des océans ?
the fritz (#61),
C’est bien vrai. Le même sondage dans un an sera intéressant. J’aimerais bien avoir le détail par pays et par tranche de revenus. Notez bien qu’il n’y a pas un seul pays africain interrogé, ni du Moyen-Orient…
Flo (#50) Celle-ci n’est pas mal non plus : parfois cela casse parfois cela ne casse pas , hihihihihihihihihi !
http://www.reuters.com/article.....V820081127
the fritz (#61),
C’est déjà dur à l’intérieur de l’UE…
http://www.reuters.com/article.....JE20081127
20% ça me semble pourtant peu. Je m’explique, il ne faut pas être se cacher derrière son doigt, si le RCA est vraiment vrai, ça veut dire que le désir des gens de la gauche de vouloir plus d’interventionnisme d’Etat, plus de réglementation, plus de « fraternité » mondiale (dans le genre GIEC, UNEP et autre bidulator onusien) y trouve une justification idéale, étant donné que chaque humain « pollue » du gaz à effet de serre dans le moindre de ses gestes, même pendant son sommeil !
Donc le RCA est un concept abstrait irrésistible pour les gens qui ont un penchant gauchiste qui jusqu’à nouvel ordre font bon an mal an 50% de la population. Si on a un chiffre de 20%, c’est que la question du sondage doit être mal posée (dans le style « voulez-vous dépenser plus pour combattre le RCA avec VOTRE argent »). 😉
miniTAX (#64),
L’évolution du « gauchisme » d’origine purement « 68 » et fondamentalement libertaire, « il est interdit d’interdire » a viré à l’interventionnisme d’état avec règlementations et interdictions à tous les étages.
64. miniTAX | 28/11/2008 @ 12:09 éà
Et hop c’est parti, cela dérape vite sur les jugements politiques ; 50% minitax, je pense que tu parles de la France ; Segolen gauchiste ? elle serait flattée si elle t’entendait ;et le facteur vexé à outrance ; je te mets une réponse à Araucan que j’allais poster
Il est clair qu’on ne parlait que de mondialisation, pour lutter contre le réchauffement, pour faire du développement durable, certain avec l’arrière pensée d’agrandir leur pouvoir, je pense qu’on va très vite prendre le chemin inverse et ce sera chacun pour soi
the fritz (#66),
Ou leur intérêt propre tout simplement. mais est-ce que le développement durable, c’ets avoir des gens sans chauffage l’hiver en Pologne ???
the fritz (#66),
Le « chacun pour soi », ça a été dénoncé depuis que la religion existe et à fortiori, depuis que le kapitalisme existe. Il n’existe pas plus que le « chacun pour tous » ou le « partage de la richesse ». Si, pour ces deux derniers, certains ont été assez idiots pour les imposer à l’échelle d’une société mais ça ne dure jamais très longtemps.
Soit tu es très naïf pour ne pas le savoir, soit tu fais semblant de découvrir l’évidence.
@_Araucan
Excellent! Je me pose la même question depuis un bon bout de temps. Voici certains éléments factuels qui, je pense, devraient être pris en compte dans toute recherche ou réflexion y cherchant réponse.
• Une convergence extraordinaire d’intérêts. En effet, cette histoire de RCA (pour « Réchauffement Climatique Anthropogénique », AGW en anglais) agit comme une lentille faisant converger : a) les intérêts des sciences du climat (qui sans cette histoire de RCA seraient toujours dans l’ombre et faiblement créditées) et autres sciences opportunistes (on pense ici à la biologie, à la médecine, à l’anthropologie, entre autres, qui parviennent à obtenir davantage de crédits en exploitant la même histoire) ; b) les intérêts des groupes environnementalistes, qui pour faire avancer leurs agendas idéologiques et politiques, chevauchent joyeusement le RCA comme cheval de Troie ; c) les intérêts des politiques, qui en se préoccupant du RCA, projettent l’impression qu’ils ont vraiment l’environnement à cœur ; d) les intérêts des médias de masse, qui trouvent dans cette histoire de quoi alimenter leurs salles de « nouvelles » ; e) les intérêts économiques des agents de la finance (« crédits de carbone ») et de certaines industries (« technologies vertes »).
• Dans l’esprit du grand public, la science a toujours grande valeur d’autorité. Cette croyance populaire est bien sûr grandement fondée, historiquement et épistémologiquement. Par contre, elle a aussi des effets potentiellement pervers : puisqu’il est difficile de critiquer la science, surtout si l’on n’a pas les outils qu’il faut, on est porté à croire sans discernement son discours.
• Les sophismes terriblement efficaces des réchauffistes. L’ensemble n’est d’ailleurs pas consistant mais des clous. Un de ceux-ci est évidemment l’appel à l’autorité scientifique : « Ce sont les scientifiques (donc la science), qui le disent; donc c’est vrai. ». Ajoutons à ce dernier quelques autres sophismes bien connus, que je schématise : « Douter du RCA, c’est nier la réalité, comme le font les partisans de la Terre plate » (fausse analogie, homme de paille) ; « Les scientifiques négateurs (sic) sont à la solde des pétrolières » (attaque contre la personne) ; « Si vous n’êtes pas d’accord, c’est que vous êtes un négateur » (faux dilemme) ; « Seuls les idiots ou les ignorants doutent du RCA » (homme de paille, version 2) ; « Les modèles climatiques ne peuvent pas reproduire le réchauffement constaté pour les derniers 150 ans sans tenir compte de l’émission anthropique de CO2 dans l’atmosphère ; donc ce réchauffement est causé par le CO2 anthropogénique » (appel à l’ignorance). On pourrait évidemment poursuire la liste…
• Plus spéculatif peut être, est la peur de la fin du monde, qui d’aucuns est un fait. Cette peur apparaît profondément ancrée dans l’inconscient collectif de l’humanité, telle une espèce de nécessité anthropologique. Seuls les motifs désignés de cette peur varient, selon l’évolution des sociétés. Considérons seulement le monde occidental contemporain. Avant la deuxièmement guerre mondiale (les années 1920 et 1930), c’était les Martiens ; durant la guerre froide, c’était l’apocalypse nucléaire. Désormais, ce sont les catastrophes climatiques.
Vous avez oubliez dans la liste n°1 les collectivités locales qui veulent des subventions quand un problème quelconque peut être imputé au CC.
On en oublie surement d’autres…
Sinon sur les sophismes on pourrait aussi rajouter ceux des sceptiques. Mais loin de vouloir prendre parti – parce que pour un tel choix je n’ai pas besoin de choisir pour exister – je taperais au centre tellement ces phrases sont hypocrites, provocatrices et donc détestables.
Enfin, on ne peux que réfléchir à quelle sera la prochaine apocalypse, je penche pour les ordinateurs fous ou les mutants clonés, voire au pire les chinois
merci au fait pour cette réflexion qui m’interroge aussi depuis longtemps.
@68 Minitax
les idiots n’imposent rien, c’est eux qui se font imposer;la réciproque est vraie aussi: ceux qui imposent ne sont pas idiots; ils en tirent tous les bénéfices
Sans doute suis -je naïf , c’est parce que je crois que les gens sont de bonne foi, ce qui n’est apparemment pas ton cas; mais cela tout le monde l’a compris
@70_Chria
Merci. Vous avez raison. Je pense toutefois que ces revendications appartiennent à l’intersection des listes (ensembles) b, c et e. Mais ça reste à examiner et discuter. En tout cas, je suis partisan du principe du rasoir d’Occam voulant qu’il ne faut pas multiplier les entités sans nécessité. (Entia non sunt multiplicanda praeter necessitatem.)
@ Sirius et Chria
Pas tort!
Si on regarde la manière dont est organisée l’Europe, il y a en fait peu de compétences des Institutions supranationales. Il y a l’euro, la politique agricole et l’environnement. La PAC est mal partie, reste l’environnement comme moyen de faire une politique commune.
Sirius (#69),
Merci Sirius vous résumez bien l’affaire.
Toutefois, au premier §, j’ajouterais en plus des intérêts une bataille pour le pouvoir (politique, juridique et économique) qui est très claire maintenant (voir les solutions à la crise financière..). Le RCA est devenu un moyen de pouvoir ou d’influencer sur celui-ci.
Et au dernier §, sur le fait, que dans des sociétés éduquées (avec beaucoup de gens à bac +n), je m’interroge sur pourquoi cette peur de la fin du monde prend, justement chez les « élites », chez ceux qui devraient réfléchir justement … Passons sur les opportunistes de tous poils, il y en a toujours. C’est comme lorsque je vois des médecins adhérer à des sectes (cf le Temple solaire) : on a loupé quelque chose dans leur éducation.
Est-ce une crise des idéologies ou du christianisme et qu’il faut remplacer une idéologie par une autre, parce ce qu’une société ne sait pas vivre sans ? (NB une caractéristique des idéologies, c’est qu’elles sont partagées par beaucoup de monde, sinon ce sont des sectes ou des groupuscules)
Est-ce un atavisme, qui fait que nous ne sachions pas vivre sans avoir la peur au ventre et ce depuis les siècles des siècles ?
Est-ce une résurgence de pensée magique, avec l’identification du de ce qui est bien, pour que le monde continue à tourner rond et le mal, qu’il faut empêcher de nuire ?
Est-ce une manifestation moderne du bouc émissaire (cf René Girard ) ?
Où est un besoin de la société occidentale de se définir des buts qui la transcende (avec un coté messianique, qu’elle a toujours eu ?)
Effet en retour de la société industrielle, qui s’écroulerait sous le poids de ses nuisances ?
Pourquoi quelqu’un qui n’était pas sensible auparavant l’est-il devenu ? Par les médias ? Mais le téléspectateur ou le lecteur sait aussi résister aux pubs ou au blabla des infos : pourquoi ne résiste-t-il pas dans ce cas ?
En quoi la culpabilisation générée par la théorie du RCA est-elle plus efficace, que celle par exemple liée aux effets du colonialisme ?
L’autorité de la science ? Cela n’a pas marché pour les OGM…les plus éduqués étant les plus dubitatifs ?
Somme de fuites en avant individuelles, où chacun dans le RCA se trouve un rôle d’acteur potentiel, alors que par ailleurs, il s’avère difficile d’agir sur ce qui vous écrase -chômage, hiérarchie, mondialisation, médias, etc…- ?
Où au contraire la fin de la confiance en la science et de ses hypothèses, doutes et controverses ? (d’où ce besoin du consensus, qui fait … se sentir au chaud : pour une fois tout le monde est d’accord)
Et pour finir, un peu de psychologie : un retour en force du Surmoi ?
J’ai plein d’hypothèses et je suis perplexe (même si j’ai l’habitude de ne pas nager dans le sens du courant).
@75_Araucan
Merci. C’est plus fort que moi : j’en revient toujours finalement à l’hypothèse socio-psychanalytique, même si j’en convient est imparfaite et incomplète. Voir par exemple G.G. Jung, Un mythe moderne.
@75_Auracan
Bonne question. Selon moi il n’y a qu’une réponse. Voici l’idée dominante véhiculée par le discours dominant : la théorie du RCA est scientifiquement indépassable, puisqu’elle est fondée sur des faits indiscutables et qu’elle a mainte et mainte fois été corroborée par la modélisation et l’observation rétroactives. Voilà donc pourquoi elle a fait son chemin et s’est finalement imposée (incrustée) dans les consciences, savantes ou ordinaires. (Nous vivons dans un monde telle que la théorie du RCA le dit.)
Cela dit, c’est de deux choses l’une, selon que cette idée est vraie ou fausse. Si elle est vraie, alors c’est indiscutablement un progrès dans l’histoire de l’humanité car cela montre que la population sait désormais distinguer les vrais discours d’avec les faux. Si elle fausse, alors cela montre une fois de plus que l’on peut à la fois avoir tord tout en étant dans le sens du courant dominant, ce qui n’est pas nouveau. Si c’est le cas, reste à expliquer comment, en ce début de XXIième siècle, cela est toujours possible. Mes dernières considérations et vos réflexions là-dessus suggèrent des éléments de réponse.
A+
Sirius (#77), Araucan (#75),
Je crois que le problème est beaucoup plus simple, pas besoin de psychanalyse (qui a rejoint les poubelles de l’histoire des théories fumeuses et funeste, sauf en France) ou de bataille de pouvoir.
Acte 1, l’extrême sensibilité des êtres vivants aux signaux d’alerte. Un bon exemple, l’envol quasi simultané de flamant rose à l’alerte d’un seul de leur congénère. Question de survie, il vaut mieux un vrai départ sur une fausse alerte que l’inverse. C’est vrai pour les animaux et bien entendu pour cet animal qu’est l’homme.
Acte 2, dans nos sociétés modernes, la presse, ce quatrième pouvoir, est très sensible à son audience et va donc naturellement privilégier ce qui la bâtit le plus efficacement, la sensibilité aux alertes.
Acte 3, les hommes politiques dont l’objectif prioritaire est d’être élu (sans élection, pas d’action politique) vont être friands, eux aussi, de ses messages d’alerte. Pour la droite, la peur de la délinquance, pour la gauche, la peur de l’exclusion par exemple.
Acte 4, un alerte “durable” 😉 doit correspondre intimement à la culture dominante de la société. Dans un monde judéo-chrétien, l’homme doit conquérir son “paradis” et les marchands doivent-être chassés du temple.
Le RC correspond bien à ce schéma, il suffit dés lors de savoir que la pièces se joue en 4 actes, si le tempo est bon ça durera.
La seule chose étonnante dans cette saga du RC est son alimentation sur le long terme par une élite qui se réclame de la science.
Et celui qui a pondu ça il est bac + combien?
http://fr.news.yahoo.com/2/200.....ff8aa.html
« à l’appel de plusieurs dizaines d’associations » pour…200 « manifestants ». Ah ah ah ah….
C’est LA question, mais les réponses que l’on peut y apporter ne plairaient sans doute pas.
Curieux (#78), suis la piste du pognon, elle te racontera toute l’histoire.
Flo (#79),
Des échasses, sur un sol verglacé, ça risque de faire des dégâts !


Ca me rappelle ces images, l’effet Gore a encore frappé :
scaletrans (#80),
Si, si donnez les : je ne suis pas sur que l’on ait cerné tous les aspects de la question (ou des questions à se poser plutôt), notamment sur la dérive oligarchique des sociétés démocratiques et ce genre de thème (cf le dernier livre d’Olivier Todd, Après la démocratie.)
Il y avait auparavant le marxisme scientifique, qui donnait une explication complète et fermée du monde, mais basée sur du « scientifique », quitte à sombrer dans l’absurde (lire Zinoviev, L’Avenir radieux). A l’époque c’était du scientifique « mou » – sciences sociales-. Aujourd’hui, c’est sensé être du scientifique « dur » mais dans les deux cas, il y a eu construction d’un objet scientifique et construction de théorie scientifique, mise en place de prophètes, annonce d’apocalypse ou de révolution ultime. Dans les deux cas, les conclusions sont écrites dans l’introduction (système fermé de raisonnement). On n’est plus en 1920 ou en 1950, mais quand même c’est assez similaire.
Sirius (#76),
Merci pour la référence je vais aller de ce pas l’acheter.
Flo (#79),
C’est la grosse différence entre les sondages et le militantisme : il y a une différence entre être sensible à un thème et s’y impliquer….
Araucan (#75),
Sirius (#77), Curieux (#78),
Dans la même veine que ce que vous soulevez, on peut regarder utilement le canular monté par le blog « Alerte Environnement », qui comme son nom ne l’indique pas, est un site nettement anti-écolo.
L’équipe de ce site est allé au salon écolo Marjolaine faire signer une pétition contre ce dangereux solvant qu’est le monoxyde de dihydrogène.
Et avec un petit discours bien alarmiste, aucun problème pour faire signer des militants écolos.
Voir ici :
http://www.alerte-environnemen.....s-dalerte/
Et si vous voulez en savoir plus sur ce dangereux composant :
http://www.dhmo.org/translatio.....oxide.html
😆 !
@83_Araucan
La première partie du livre est bien écrite, instructive, pénétrante, fascinante et par extension, pertinente pour le phénomène qui nous intéresse. Malheureusement et je vous en avertis, tout se dégonfle dans la seconde partie, superflue selon moi. Mais ce n’est que mon avis.
@84_Astre Noir
Merci pour le lien. Cela est une preuve par l’absurde que les écolos peuvent proférer n’importe quoi, même le faux…
Sirius (#87),
Non, ce n’est pas tout à fait l’interprétation que j’en fait.
N’oublions pas que ce ne sont pas des écolos qui ont monté ce canular, mais des anti-écolos.
La conclusion c’est qu’à force d’entendre les messages alarmistes matraqués par les écolos, que ce soit sur le réchauffement climatique, les OGM, les pesticides, les gens sont prêts à signer n’importe quoi.
Et après, on va nous dire que les citoyens sont bien informés, et que c’est en toute connaissance de cause qu’ils s’opposent au RCA, aux OGM, aux pesticides…
Ce canular relativise un peu le prétendu consensus autour des thèses écolo
Astre Noir (#88),
Les deux mon capitaine. N’oublions pas que le Sommet de la Terre de 1992 (où a été officialisé le principe de précaution cher aux khmers verts) a été organisé par Maurice Strong, le même Maurice Strong qui est l’instigateur du protocole de Kyoto et qui maintenant dirige la CCC (china carbon corporation) basée en Chine et qui conseille au gouvernement Chinois comment vendre
du ventdes quotas carbone aux couillons d’Européens, ce qui explique en grand partie pourquoi la Chine raffle > 95% du fric du MDP (le fameux « mécanisme de développement propre » de Kyoto).Le même Maurice Strong qui dirige à l’origine une compagnie d’énergie et qui devenu bureaucrate onusien, a trouvé nettement plus rentable de dealer dans le business vert (ce qui ne l’a pas empêché de piquer dans la caisse du programme Pétrole contre Nourriture iraqien).
Encore une fois, suivez la piste de l’argent et elle vous racontera toujours une histoire.
Araucan (#83),
Que des élites intellectuelles se commettent à ce point, ou plutôt transigent à ce point avec leur conscience (s’ils en ont encore une, ce dont je doute pour plusieurs) vient de ce que nous sommes dans des sociétés dans lesquelles l’amour de la vérité n’est plus une valeur. On ne la cherche même plus, on s’accommode d’une sorte de double pensée véhiculée par la novlangue, le relativisme. C’est un mal philosophique profond dont nous sommes tous atteints plus ou moins gravement.
Ce n’est pas seulement un problème d’honnêteté comme le croit Minitax. C’est l’intelligence qui est en péril de mort.
Lu dans le Monde cette chronique qui empêche de totalement désespérer de ce journal qui a des lecteurs plus réalistes que ses rédacteurs
Plus de croissance est en nous
par Xavier Alexandre
Depuis le début de la crise, et même auparavant, des voix s’élèvent qui, avec de plus en plus de force, dénoncent la croissance elle-même, comme si celle-ci était la drogue ultime de l’humanité. Ces voix appellent à une société qui n’aurait pour devoir que de se survivre, repliée frileusement sur des feux rationnés pour cause de réchauffement de l’atmosphère.
Il ne s’agirait que d’accepter les limites de nos ressources, entendez celles de notre planète. Nous consommons en un jour le pétrole accumule en 250 000 ans, le charbon accumule en 60 000 ans, un kilo de boeuf utilise 300 litres d’eau… Arrêtons le gâchis.
Au fond, on demande à l’homme de surtout ne plus se dépasser. Une série de prophètes Philipulus du vingt et unième siècle nous proposeraient bien d’arrêter de respirer si c’était possible.
Mais toutes ces objurgations sont finalement plus tristes qu’une semaine de 35 heures, et viennent généralement des mêmes auteurs.
D’où vient ce pessimisme sur la capacité de l’homme à trouver en lui-même les ressources qui lui manquent ? A rebondir face à l’adversité, à se battre et gagner, contre toute probabilité ? Où sont les héritages des peuples qui nous ont précédés, et dont les monuments jalonnent nos pays ?
Pour commencer, limiter nos ressources à celles que nous utilisons aujourd’hui est incroyablement réducteur.
Nous avons toujours fini par nous passer d’une ressource devenant trop rare. Que se serait-il passé si nous devions toujours lubrifier nos voitures avec de l’huile de baleine ? Rappelons-nous que des futurologues victoriens avaient prédit que vers 1930 le niveau des crottins de chevaux à Londres atteindrait le premier étage ? La voiture a mis fin à ce type de pollution…
Les mêmes forces sont à l’œuvre aujourd’hui. Le pétrole devient rare mais de tous cotés, de nouvelles solutions apparaissent. Nos aciers sont peu à peu remplacés par des matériaux composites, à base de carbone, l’une des ressources le plus abondantes sur terre. La production de nourriture ne peut suivre. Nous sommes déjà capables de produire des légumes dans des serres hydroponiques ou même aéroponiques. De la viande a déjà été produite directement a partir de cellules souches.
Notre plus précieuse ressource est notre imagination et celle-ci ne fait que croître avec – justement – l’augmentation de notre population.
D’autre part, limiter nos ressources a celles de notre planète est incroyablement myope. A moins de 400 000 km, la lune possède d’immenses richesses que nous n’avons même pas encore touchées. Elle recèle, entre autres, un million de tonnes d’hélium 3, le carburant idéal pour la fusion nucléaire. Une tonne d’hélium 3 devrait valoir environ 6 milliards de dollars, vu l’énergie qu’elle peut fournir. Et ce n’est qu’une des raisons pour lesquelles tant de pays se concentrent sur un retour a la lune…
Ces dernières années, nous avons effectivement assisté a une hausse brutale de notre consommation de ressources, ce qui a crée la bulle des commodités que nous avons connues, et en partie, la crise d’aujourd’hui. Mais de cette bulle nous vient aussi un foisonnement de nouvelles idées qui ne peut que la faire exploser.
Nous n’avons perdu qu’une bataille de ressources. Ne perdons pas celle des idées.
Pas tout à fait réaliste non plus, notamment l’avant dernier paragraphe, mais j’adhère au sens général.
scaletrans (#90),
il leur manque aussi de la rigueur intellectuelle. Je pourrais ajouter aussi un manque de culture générale de nos élites, un rejet de la science et de la technique au profit de l’économique, une souplesse intellectuelle indispensable à la poursuite de la « carrière » présentée dans les écoles comme le but ultime d’un parcours professionnel.
Le relativisme a fait aussi beaucoup de dégats (voir le succès du mot gouvernance, alors que le principal défaut de cette notion est d’évacuer la démocratie et le vote au profit de la représentation des parties prenantes, donc de leurs dirigeants : au total un gouvernement par l’élite et une oligarchie autoconstituée).
J’en viens à distinguer ceux qui réfléchissent et ceux qui obéissent : les seconds sont les plus nombreux, quelque soit leur QI…
Fabge (#91),
Bonne chronique, qui vise à remettre des idées, de l’inventivité et des sciences et techniques face au défaitisme ambiant….
Même si le § sur la Lune relève à ce jour de la science-fiction, il n’en reste pas moins que s’installer sur celle-ci est une option qui va en se confirmant, ne serait que par la compétition entre pays.
Et la recherche spatiale comme la recherche militaire sont à la source de bien des innovations technologiques.
Il y a toujours ce fantasme de la colonisation des planètes. Ayant grandi dans la SF des années 50 et 60, je peux comprendre…
On peut aussi se dire que la terre est avant tout un grand désert humain avec des petites zones de très fort peuplement et que la marge est tout simplement énorme : seuls 50% des terres cultivables le sont réellement par exemple.
scaletrans (#90), je suis plus optimiste que toi même si je suis totalement cynique sur la mauvaise foi et la malhonnêteté d’une partie du genre humain (mais contrairement aux révolutionnaires de tout poil, je n’ai jamais eu la vanité de vouloir réformer l’Homme): l’obscurantisme n’est pas nouveau, c’est un mouvement cyclique et on est au point bas, surtout dans nos sociétés occidentales. Après tout, on vient de l’époque de l’Inquisition et des chasses aux sorcières alors bon, il ne faut pas tout noircir. Je trouve même qu’on vit des temps intéressants avec mère Nature qui joue actuellement de sales tours aux bigots de la FARCE.
@78_Curieux
Vous faites appel, il me semble, à l’inconscient collectif ici, dans une de ses manifestations judéo-chrétiennes. Mais bon, l’important est que vous pointez un aspect important, fondamental même selon moi, de ce qui fait le succès du RCA : c’est un bogue de l’an 2000 perpétuel…
Par définition, impossible de prouver le contraire, car ça ne finira jamais. Or rien n’est plus détestable pour la raison.
Sirius (#86),
Il est épuisé ce livre ! mais je finirai bien par le trouver.
) avec ce foutu RCA. On revient au scientisme.
On retombe toujours dans ce qui fait une idéologie ou une religion, c’est à dire le raisonnement circulaire et qui explique tous les événements du monde. La différence entre une idéologie et une religion porte sur la nature du moteur des choses. Dans une religion, c’est Dieu ou les forces de la nature, plus ou moins finalisées, et dans une idéologie, c’est l’homme (ou ses actions) qui sont devenus le moteur du monde. Ainsi le RCA est devenu le moteur du monde et la justification ultime de notre avenir…
Mais pourquoi certains adhèrent-ils à ce genre de pensée viciée par nature puisque close ? parce qu’ils ne sont plus soumis à l’angoisse de devoir toujours comprendre ou réinterpréter les événements qui nous entourent ? Peur du nouveau ? Du non-maîtrisable ?
Car enfin, on assiste aussi à une résurgence du mythe de Prométhée, l’illusion que l’on peut tout contrôler au final (même à cent ans
miniTAX (#95), scaletrans (#90),
Lire aussi John Saul les Bâtards de Voltaire sur les déraisons de la raison par les technocrates.
//www.alternatives.ca/article602.html
//www.mcxapc.org/cahier.php?a=display&ID=559
//oiseau-mouche.blogspot.com/2006/03/mort-de-la-globalisation-de-john-saul.html
@97_Araucan
Réflexion faite, vous avez raison. La religion est la forme la plus irrationnelle de la pensé et de l’action, qui repose sur la foi en une puissance surnaturelle — tel Dieu le père tout puissant — dont elle est le ciment.
Toutefois, il y a deux traits caractéristiques à toute religion en ce sens : (1) son discours moral : dicter ce qui est bien et ce qui mal ; (2) des pratiques sociales dictées par la crainte, l’adoration et la soumission à cette force supra naturelle. (Je ne parlerai pas ici de l’instance temporelle (église) se prétendant chargée de transmettre et d’imposer ses lois.) Or, l’histoire montre qu’il n’est pas nécessaire que des pratiques sociales tout aussi irrationnelles doivent reposer sur la croyance en des puissances supra naturelles. Témoins sont l’adoration de Karl Marx (communisme) et de Adolf Hitler (nazisme). Il suffit (mais c’est aussi nécessaire) d’un discours irréfutable (au sens épistémologique du terme), totalisant (qui explique tout), prometteur et inquiétant à la fois (au sens où il exploite la le sentiment de peur), et l’autorité (Dieu, Marx, Hitler, la science, la nature, etc.), pour fonder une idéologie qui a toute la structure d’une religion au sens premier du terme.
Donc si la religion est idéologie, toute idéologie, sans être une religion au sens premier du terme, en partage la structure.
P.S.: Ma définition de l’idéologie : une idéologie est un discours qui structure un ensemble de croyances, de valeurs, de pratiques et de représentations fondamentales de la réalité, propres à une classe sociale, à une société ou à une culture.
Sirius (#98),
Je vous suis en ce qui concerne la structure des religions et des idéologies mais il y a tout de même quelques différences.
Pour les religions, je distinguerais ce qui relève de la foi ou plus fort du mysticisme, choses qui me sont étrangères et le coté séculier des religions.
Si dans les idéologies, il y a bien de la foi (croyance), je doute qu’il y ait du mysticisme. Quant aux cultes de la personnalité (ils marchent dans les deux sens), ils sont communs dans les deux (voir les saints dans la religion catholique).
Mais dans les idéologies, quand l’homme ou un groupe d’hommes devient le moteur ultime de l’histoire (marxisme, fascisme), il y a un coté démiurge qui surgit. Avec les religions, le ou les dieux sont au centre et décident/orientent : l’homme est appelé à être soumis aux dieux, à l’imiter ou à refaire son chemin selon les cas.
Dans les idéologies, quelque part l’homme prend la place des dieux et devient la source de son évolution vers un monde « meilleur » : il s’octroie de fait une puissance sur son propre avenir. Mais cette puissance, il ne l’a pas. C’est jouer sur la méthode Coué ou les prédictions autoréalisatrices.
Dans les idéologies, il y a aussi toujours une source dite scientifique et humaine : Marx, Nietsche, la différence des races et l’eugénisme, le libéralisme économique, le RCA. Il y a aussi une perversion de la logique et elles ont réponse à tout. Pas dans les religions, elles n’en n’ont pas besoin puis qu’elles font appel au surnaturel ou au transcendant : si elles n’ont pas de réponse, elles se contentent de dire que les voies de Dieu sont impénétrables.
L’erreur structurelle est que l’humanité ne contrôle pas son propre destin (ou que pour une faible partie). Même s’il y a des lois qui régissent la société ou nos comportements (ce n’est pas sûr), on ne les connaît pas vraiment.
Dans le cas du RCA, l’erreur est double : croire que l’on puisse maîtriser le climat à terme et croire que l’on puisse orienter les sociétés humaines. On peut même dire triple : croire que l’on puisse dérégler le climat de telle manière que son évolution devienne irréversible, est aussi une erreur en l’état actuel des choses (sauf peut-être dans le cas d’une conflagration nucléaire généralisée, mais cela on l’a oublié depuis la chute du mur de Berlin).
L’erreur tient dans le rôle démiurgique que l’homme s’attribue par la théorie du RCA : source de tout bien ou de tout le mal qui advient…
Quel manque d’humilité par rapport à la puissance du cosmos !
NB : J’aime bien cette définition :
http://fr.wikipedia.org/wiki/Idéologie
Mais celle n’est pas mal non plus :
@99_Araucan
Je reviendrai sur certains détails de votre précédent post mais en entendant, je note avec délectation cette partie d’une définition de l’idéologie (selon Hannah Arendt) :
Le RCA je pense, du moins dans certaines de ses morphologies les plus perverses, possède cette propriété.:twisted:
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