Allemagne : le rêve d’un parc éolien offshore géant tourne au cauchemar

Par Pierre Gosselin, traduction Scaletrans.

Le numéro 35/2014 de Spiegel Magazine attire l’attention sur l’échec grandissant du premier projet ambitieux d’énergie éolienne offshore, BARD Offshore 1, qui vise à devenir un modèle pour le monde en fournissant sur une large échelle une énergie verte et propre.

Le parc éolien BARD 1, miné par des problèmes techniques majeurs et sans solution visible, effraye toute l’industrie Allemande de l’offshore.

Pour l’instant, les choses auraient difficilement pu aller plus mal sur le plan technique, et maintenant sur les plans financiers et juridiques. Pour l’Allemagne, une nation hautement estimée en science, ingénierie et prouesses techniques, le projet d’énergie à grande échelle menace de tourner en  déconfiture monumentale. Voir le contexte ici et ici.

Filtres électriques grillés

Le problème concerne le parc éolien offshore BARD 1 en Mer du Nord. Initialement le parc fut officiellement ouvert en Août de l’an dernier, mais a du être coupé immédiatement en raison de problèmes techniques.

Puis en mars 2014, les ingénieurs tentèrent à nouveau de mettre en ligne l’énorme parc éolien, et ils échouèrent de nouveau car un court-circuit (wild current) grilla les filtres d’un transformateur électrique au large après juste quelques heures.

A l’heure actuelle, 6 mois plus tard, il semble que les ingénieurs ne soient pas près de trouver une solution.

Energie perdue évaluée à 340 millions d’euros

L’édition papier du Spiegel note que les ingénieurs s’efforcent de solutionner les problèmes techniques en question pour amener la production de 80 éoliennes 100 km au large jusqu’au rivage via un transformateur et sur le marché. Le projet a maintenant pris plus d’un an de retard et Spiegel estime que le manque à gagner en énergie non produite pourrait atteindre 340 millions d’euros.

Maintenant les avocats s’y mettent

Comme les retards et les pertes financières s’accumulent, les investisseurs et les banques, qui ont versé des milliards dans le projet, deviennent de plus en plus nerveux. Spiegel écrit que non seulement l’origine des problèmes techniques est fiévreusement recherchée, mais c’est aussi la chasse aux responsables. Spiegel écrit :

En fait, non seulement les ingénieurs travaillent fiévreusement aux réparations, mais les avocats sont aussi impliqués. En même temps tout se résume à la question de la responsabilité du fiasco – et des coûts.

Spiegel : « un problème pour toute l’industrie verte »

Les problèmes à BARD 1 sont si graves que Spiegel dit que c’est « un problème pour l’ensemble de l’industrie de l’énergie verte« . Le Trianel Windpark Borkum, le deuxième projet éolien Allemand en importance, est prévu d’entrer en production ce mois-ci, mais personne n’est sûr que le parc fonctionnera en douceur rapporte Spiegel.

« 
C’est un système presque totalement défectueux« 

Le problème, écrit Spiegel, est que le parc éolien est loin au large, ce qui fait qu’il est impossible d’amener la puissance à la côte avec une technologie conventionnelle. Le courant ne peut pas être acheminé à la côte en alternatif mais doit être transmis comme courant continu. Malheureusement, cette fonction n’est pas facile à gérer.

Spiegel cite un expert pour savoir s’il sera possible de résoudre les gros problèmes. Hans Günter Eckel, Professeur d’Electronique de Puissance à l’Université de Rostock :

« Il est fort probable qu’il ne s’agisse pas que d’un seul élément responsable, mais plutôt d’un système totalement défectueux. Il va falloir de la patience. C’est une technologie entièrement nouvelle et complexe. »

Spiegel résume cela :

L’industrie est nerveuse. Chez Trianel, ils ont décidé de suspendre la décision de construire un parc éolien supplémentaire de 200 MW jusqu’à plus ample informé.

Tout à coup chacun joue la prudence – attendant de voir si BARD 1 fonctionne. Au fond ils commencent à se demander si l’ensemble du projet est faisable ou non, question qui aurait du être posée il y a des années.

Une chose devient très claire : dans la ruée folle vers l’énergie verte, investisseurs et politiciens ont mis la charrue avant les bœufs. Les mises en garde furent nombreuses, mais furent simplement rejetées comme désinvoltes. Maintenant les investisseurs et avocats gémissent bruyamment sur le dur atterrissage qui arrive vite.

Source.

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51.  volauvent | 5/10/2014 @ 10:27 Répondre à ce commentaire

Nicias (#49),

2671 jours prévus mais 27 jours de plus que prévu en moyenne… le taux est donc inférieur à vos 88%, nettement.
Votre calcul de charge n’est pas incompatible avec un taux de disponibilité inférieur à 80%, puisque les arrêts de centrales sont programmés en fonction de la charge prévisionnelle.
Mais ces chiffres ne sont pas comparables à ceux des éoliennes qui vendent tout ce qu’elles produisent, quelque soit le besoin

52.  scaletrans | 5/10/2014 @ 15:23 Répondre à ce commentaire

Murps (#50),

Celui-là oui smile

53.  Nicias | 5/10/2014 @ 17:58 Répondre à ce commentaire

volauvent (#51),

Quelle est votre définition du taux de disponibilité ?

54.  volauvent | 5/10/2014 @ 20:18 Répondre à ce commentaire

Nicias (#53),

Le même que vous je pense: temps où la centrale peut produire à sa puissance maximale sur le temps total de l’année. C’est 100% moins les arrêts pour maintenance et les arrêts inopinés sur panne ou arrêts pour raison de sécurité.
J’ai essayé de le trouver sur les rapports EDF, sans succès. Je pense qu’EDF ne fait pas trop de pub là dessus. Il semble qu’il soit nettement inférieur à votre calcul de 88%. Je ne sais pas si le chiffre cité par les échos et challenge est le bon, vu que les deux chiffres (taux de disponibilité et taux de charge) doivent être voisins (par hasard)

Une des tactiques des antinucléaires est de faire une telle pression sur la sécurité que cela va dégrader les performances et augmenter les coûts de façon exponentielle. Le piège a très bien fonctionné pour l’EPR: il est devenu tellement cher qu’on n’arrive plus à le vendre (indépendamment des difficultés de démarrage).

55.  Murps | 5/10/2014 @ 22:19 Répondre à ce commentaire

volauvent (#54), pas certain que ça soit de la faute des écolos.
Je crois que la gestion de ce projet EPR de Flamanville (et le finlandais) a été calamiteuse.
Ils ont été mauvais, voila tout.

56.  luc | 6/10/2014 @ 10:21 Répondre à ce commentaire

Vive les éoliennes mexicaines

57.  Murps | 6/10/2014 @ 11:44 Répondre à ce commentaire

luc (#56), je viens juste de prendre connaissance de l’article et vous m’avez grillé.

Cette charge contre les éoliennes, c’est énorme !!!
Les voilà parées de tous les défauts, le béton, le bruit, le paysage… Elle deviennent la base d’une société corrompue, violente et fasciste, elles font perdre vos cheveux, vous transforment en alcoolique, développent la prostitution voire le viol et la drogue…
Vilaines éoliennes ! vilaines ! vilaines ! vilaines méchantes !!!

Comment peut-on s’appeler grinpisse et lutter contre ces formidables outils de développitude durable, phares de l’humanité, avenir de notre espèce ?
Je m’interroge sur la schizophrénie des écolos…

😆

58.  Nicias | 6/10/2014 @ 17:08 Répondre à ce commentaire

volauvent (#54),

Cela me rassure !
Je pense que mon 87% pour 2012 est correct (enfin il faut plutôt s’habituer au 85% de 2013 vu qu’on entre dans la maintenance lourde du grand carénage).
On doit trouver les chiffres de la disponibilité des centrales dans les bilans de RTE. Je regarderai plus tard.

59.  miniTAX | 7/10/2014 @ 11:41 Répondre à ce commentaire

Comment peut-on s’appeler grinpisse et lutter contre ces formidables outils de développitude durable, phares de l’humanité, avenir de notre espèce ?

Murps (#57), ces outils sont formidables en effet pour saper la civilisation industrielle et le capitalisme dont le développement n’est possible qu’avec de l’énergie abondante, fiable et bon marché. C’est donc totalement cohérent avec l’objectif des escrolos.

L’inversion des valeurs, c’est le propre des gauchistes : la guerre c’est la paix, l’ignorance c’est la force, l’échec est le succès.

60.  luc | 7/10/2014 @ 15:36 Répondre à ce commentaire

miniTAX (#59), Murps (#57),

Ce n’est pas le capitalisme qui a besoin d’énergie, c’est le développement de l’humanité. N’oubliez pas que les écolos haïssent l’homme.

61.  miniTAX | 7/10/2014 @ 17:47 Répondre à ce commentaire

N’oubliez pas que les écolos haïssent l’homme.

luc (#60), haïr l’homme n’empêche nullement les écolos d’haïr encore plus le capitalisme et là, ils ne s’en cachent même pas. Cf les slogans de la « marche du climat » à New-York, il y a deux semaines, où nos socialauds Fabius et Royal ont marché en tête de cortège. Donc je le répète et ce n’est nullement une boutade : les escrolos ne considèrent pas le fiasco des énergies renouvelables et la pauvreté énergétique comme un échec mais bien comme un succès.

« sauvons la planète, halte au capitalisme »
« le capitalisme a trahit l’homme et la planète, joignez la lutte pour le socialisme »
« le capitalisme est la maladie, le socialisme est le remède »
« capitalisme versus climat »



62.  luc | 8/10/2014 @ 11:39 Répondre à ce commentaire

miniTAX (#61),

Jolies photos prises dans un pays où socialiste est une insulte.

Il ne manquait plus que les drapeaux rouges, mais peut-être n’ont-ils pas osé.

63.  scaletrans | 8/10/2014 @ 12:11 Répondre à ce commentaire

luc (#62),

Ils ont gardé le rouge à l’intérieur, comme les pastèques.

64.  the fritz | 8/10/2014 @ 12:29 Répondre à ce commentaire

miniTAX (#61),
J’ai bien aimé celle-là
Taxer les riches pour financer les emplois verts ……………….alors qu’on vit bien mieux du chomdu au lieu de travailler