• • • • •
Pas un seul jour ne se passe en Nouvelle-Zélande aujourd'hui sans une référence quelque part au réchauffement climatique et à l'obligation pour le pays de respecter le protocole de Kyoto. Mais peu de gens réalisent que le protocole de Kyoto est le fruit d'une multinationale corrompue du secteur de l'énergie, qui cherche à se faire un maximum d'argent en surfant sur la vague écologiste. Ken Ring explique.
Les gens discutent des avantages que protocole de Kyoto est censé apporter, mais ils, spécialement les écologistes, ont peut-être oublié que Kyoto a été conçu dans les coulisses de grosses multinationales. Le nom d'Enron a pratiquement disparu de nos pages d'actualités, car l'entreprise est descendue en flammes en 2001 au milieu d'accusations de fraude, de corruption, de manipulations de prix et de soudoiement. Mais sans Enron il n'y aurait pas eu de Protocole de Kyoto.
Il y a près de 20 ans, Enron a été propriétaire et exploitant d'un réseau national de pipelines de gaz naturel, et s'est mué en une entreprise de trading de commodities d'un milliard de dollars par jour, achetant et vendant des contrats et leurs dérivés de gaz naturel, d'électricité, de bande passante Internet, de tout.
En 1990, les amendements du Clean Air Act autorisa l'Environmental Protection Agency à imposer un plafond d'émission de polluants auquel chaque exploitant de centrale électrique serait soumis. Enron avait aidé à établir le marché, et devint le principal opérateur du programme d'échange (cap and trade) de dioxyde de sulfure (SO2) imposé par l'EPA, programme se montant à 20 milliards $ par an et qui est le précurseur du projet de commerce des crédits de carbone dans le cadre de Kyoto. Cette bourse du commerce des quotas d'émission a provoqué une hausse rapide du cours des actions d'Enron.
Puis vint la question inévitable, qu'est ce qui allait suivre ? Et si on établissait un cap-and-trade sur le CO2 ? Le problème est que le CO2 n'est pas un polluant, et par conséquent, l'EPA n'a pas le pouvoir de plafonner ses émissions.
Al Gore a pris ses fonctions en 1993 et s'est presque immédiatement amouraché de l'idée d'une réglementation environnementale internationale. Il a dirigé une initiative américaine pour étudier les nouveaux projets à travers le monde et leur attribuer des "crédits" en fonction du nombre de tonnes de CO2 épargnées chaque année. Pour ce projet de réglementation, un système de permis négociable aurait été nécessaire, ce qui était exactement ce que Enron voulait parce qu'il était déjà trader en crédits de gaz polluants.
Partant de là, Enron a fait vigoureusement pression sur Clinton, le Congrès et l'EPA pour réglementer le CO2. De 1994 à 1996, la Fondation Enron a contribué près de 1 million de dollars – 990000$ plus exactement – à la Nature Conservancy, dont le programme "Climate Change Project" cherche à promouvoir les théories sur le réchauffement climatique.
Les philanthropes d'Enron ont prodigué près de 1,5 millions $ à destination de groupes écologiques qui soutiennent l'idée d'un contrôle international de l'énergie pour à "réduire" le réchauffement de la planète. Les cadres d'Enron ont travaillé en étroite collaboration avec l'administration Clinton pour aider à créer une science climatique alarmiste car l'entreprise estima que le traité pourrait lui procurer une manne financière monstrueuse. Le plan était que, une fois le problème mis en place, la solution devrait être cherchée.
Un avocat nommé Christopher Horner a été engagé. Il a travaillé au sein de la commission de l'environnement du sénateur Liebermann. Horner, employé par Enron, est devenu directeur des relations avec le gouvernement fédéral. C'était en 1997, avant que le Protocole de Kyoto n'ait été rédigé. Selon Horner, le deuxième jour de son entrée en fonction, on lui a dit que l'Objectif Numéro Un était d'obtenir un traité international qui imposerait la réduction des émissions de CO2 mais qui, pour ce faire, devrait s'appuyer sur le mécanisme d'échanges des droits d'émission.
Enron avait alors commencé à financer tout ce qui avait trait à l'hystérie du réchauffement climatique, y compris en finançant des scientifiques – mais en leur demandant des résultats favorables à ses intérêts, càd des "preuves" que les humains seraient responsables des émissions excessives de CO2 en brûlant des combustibles fossiles. Le feu d'inquiétude, maintenant allumé et ravivé n'a plus qu'à être alimenté.
L'expression "contrebandier-baptiste" remonte à l'époque de la prohibition. Sous la prohibition, les contrebandiers et ceux qui produisaient l'alcool illégalement faisaient d'énormes fortunes. L'un de ces entrepreneurs était Joseph Kennedy dont le deuxième fils, John, devenu président des États-Unis en 1961.
Les contrebandiers avaient pour alliés les baptistes et d'autres étatistes, qui estiment que l'alcool est une menace mortelle pour l'ordre social, et qui ont travaillé pendant des décennies pour obtenir que son interdiction soit inscrite dans les lois. Les baptistes assuraient la couverture politique, les contrebandiers empochaient la manne.
Publiquement, les deux groupes maintenaient une grande distance sociale l'un envers l'autre. Alors qu'ici, Enron s'est lui-même placé au centre d'une impressionnante coalition "contrebandier-baptiste". La rente gargantuesque que recherche Enron énergiquement ne se concrétiserait que si le Protocole de Kyoto était inscrit dans les lois américaines et internationales. Ken Lay, le PDG d'Enron ne voyait pas seulement son entreprise gagner des milliards grâce à la vente du gaz naturel sensé remplacer le charbon comme meilleur carburant en vertu des engagements de Kyoto. Il s'était rendu compte qu'Enron, en tant que principal sinon seul négociant international et national de crédits d'émission de carbone, pourrait réaliser des bénéfices inimaginables. Ces crédits, bien sûr, ne se transformeront en morceaux de papier bancables que si les gouvernements, en particulier le gouvernement des États-Unis, instituaient et contrôlaient une politique globale de décarbonisation grâce à une taxe mondiale sur le carbone.
Tandis que le mouvement pour établir le protocole de Kyoto était lancé, Ken Lay avait dû constituer des alliances avec le mouvement Vert, y compris Greenpeace. En 1998, une lettre, signée par Lay et quelques autres grands pontes demandaient au Président Clinton, en substance, de nuire à la réputation et à la crédibilité des scientifiques qui font valoir que le réchauffement climatique a été exagéré, parce que ces personnes nuisaient à Enron. La lettre, datée du 1er septembre demandait au président de couper court à tout débat scientifique public sur le réchauffement climatique, qui n'a pas cessé à ce jour. En particulier, elle a demandé à Clinton d'arbitrer les aspects politiques de cette discussion en nommant une commission bipartite la "Blue Ribbon Commission". Le but de cette commission était clair – un dénigrement en haut lieu des scientifiques dissidents.
Mettre en place un panel pour ce faire était simple, il suffit de regarder le numéro de Scientific American où quatre chiens d'attaque ont été appelés à se fondre sur Bjorn Lomborg. Celui-ci a eu l'audace de publier L'Ecologiste Sceptique, démontrant que le réchauffement climatique a été exagéré. David Bellamy, un écologiste international de premier rang, était aussi sorti du rang avec son article largement distribué "Réchauffement climatique? Quel tas d'âneries." De la même manière que Galilée eut été contraint de reconnaître publiquement que la lune n'a pas d'effet sur les marées, Bellamy était revenu sur certaines de ses déclarations.
Enron a commandé sa propre étude interne sur le réchauffement climatique (RC). Les conclusions de celle-ci se sont avérées en grande partie en accord avec celles des mêmes scientifiques qu'Enron avait tenté de faire taire. Après avoir examiné toutes les incohérences dans la science du climat, le rapport concluait : "il y a une grande et réelle possibilité que l'alarmisme du RC ne soit une fausse alarme. Le réchauffement anthropique pourrait être bien moindre que ce que l'on pense et favorablement réparti." L'un des principaux consultants d'Enron dans cette étude scientifique a été James Hansen de la NASA, qui a initié tout ce bazar du RC en 1988 avec son témoignage emphatique devant le Congrès.
Récemment, il a publié un papier dans les Proceedings of the National Academy of Sciences prédisant exactement le même réchauffement anodin pour les 50 prochaines années que celui prédit par les scientifiques qu'Enron voulait discréditer. Fidèle à son plan, Enron jamais rendu publiques ses propres conclusions en s'autocensurant tout en plaidant auprès de l'administration Bush pour une limitation des émissions de CO2 pour laquelle il pourrait faire commerce. Ce lobbying se poursuit encore aujourd'hui – les restes d'Enron considèrent encore le RC comme un fil qui leur permettrait de se hisser hors du néant. Le 7 juillet 2004, Kenneth Lay a été inculpé par un grand jury fédéral pour son implication dans le scandale.
Tout le monde sait que quelques centaines de voix en Floride ont fait basculer les élections en faveur de George W mais peu est au courant que la Virginie Occidentale, normalement un bastion démocrate, a voté pour Bush parce que l'industrie houillère locale savait que celui-ci ne soutiendrait pas le protocole de Kyoto. Sans la Virginie Occidentale, Bush aurait perdu quelle que soit l'issue du vote en Floride.
"Enron s'attendait du RC à faire des millions de bénéfice grâce au système d'échange d'énergie", a déclaré Mike Carey, président de l'Ohio Coal Association et de l'American Coal Coalition. L'enquête sur l'effondrement d'Enron révélera beaucoup plus sur les intrigues de la coalition contrebandier-baptiste qui a servi à promouvoir Kyoto au sein du Parti républicain dans des milieux d'affaires américains.
Les utilisateurs de charbon auraient dû payer des milliards de $ en permis, car ils émettent plus de CO2 que les installations à base de gaz naturel. Cela aurait encouragé la fermeture de centrales au charbon en faveur du gaz naturel ou d'autres types de centrales, faisant grimper le prix de ces alternatives. Enron, ainsi que d'autres compagnies d'énergie dans ce qu'on appelle la Clean Power Group – El Paso Corp, NiSource, Trigen Energy, Calpine – se seraient fait de l'argent des deux bouts – en vendant des permis et leur propre énergie à des prix plus élevés.
Si le Protocole de Kyoto avait été ratifié et pleinement en application, les experts ont estimé que les Américains perdraient entre 100 et 400 milliards de dollars chaque année. En outre, entre 1 et 3,5 millions d'emplois pourraient être perdus. Cela signifie que chaque ménage pourrait perdre en moyenne jusqu'à 6000 $ par an. C'est beaucoup demander à des Américains surtout pour que de grandes entreprises puissent empocher des millions grâce à un changement de réglementation. En outre, par rapport à un coût de 400 milliards $ par an, la perte actuelle d'Enron de 6 milliards de dollars serait une goutte d'eau. Il n'est pas étonnant que les Américains et la nouvelle administration Bush n'aient pas voulu de Kyoto.
En Nouvelle-Zélande le gouvernement travailliste a été contraint d'accepter le Protocole de Kyoto parce que le Parti de l'Alliance s'auto-détruisait et le Parti Travailliste avait besoin des Verts pour leur programme de campagne Confidence and Supply. Les Verts ont échangé leur soutien contre la promesse de ratifier le Protocole de Kyoto. Les Travaillistes avaient cru voir dans l'échange de crédits carbone une perspective prometteuse. Celle de négocier le stockage de CO2 dans nos arbres en tant que crédits carbone et de récolter des dollars.
Mais, tout comme Enron s'était enlisé dans le scandale et la ruine, le protocole de Kyoto est promis à semer la ruine économique et la chute pour les gouvernements et tous les joueurs assez stupides pour s'y engager. Enron s'était enfoncé dans un bourbier de corruption, de désinformation, de manipulation des prix de l'énergie et d'utilisation de relations politiques pour exercer des pressions sur les directoires d'entreprise. Tout ce qui est lié au Protocole de Kyoto se révélera de l'argent sale après l'argent douteux, parce qu'une politique imposée grâce à des demi-vérités et à l'exagération est condamnée à s'effondrer sous le poids de sa propre dissimulation. Le demi-milliard de dollars de dette due désormais par la Nouvelle Zélande pourrait n'être qu'un début.
En 2002, Helen Clark [premier ministre néo-zélandais], a déclaré : "Le changement climatique est un problème mondial. Le protocole de Kyoto est la réponse de la communauté internationale aux changements climatiques et la Nouvelle-Zélande a un rôle à jouer". Cela contraste fortement avec le propre rapport interne d'Enron qui exprimait des doutes sur la véracité du RC.
Il est difficile d'accepter que Clark ne sache pas que le Protocole n'était devenu réalité que grâce Enron. Les vrais problèmes sont la crédulité des économies satellites de l'Occident, les dangers d'être la queue du chien des multinationales géantes et la nécessité d'apaiser l'UE dans les traités commerciaux. Le RC n'a même pas été examiné partiellement. En Nouvelle-Zélande la seule source de financement pour la recherche sur l'environnement provient du Climate Change Office du Ministère de l'Environnement et du Ministère des Pêches ou du fond Science & Technology Fund.
L'institut concerné a toute l'apparence d'un organisme de recherche indépendant tout en proclamant être le porte-parole du gouvernement sur la politique environnementale. Ainsi, le débat est muselé en Nouvelle-Zélande, parce qu'il n'y a aucun financement pour les points de vue alternatifs, aucune comité d'audit et aucune transparence imposés aux programmes scientifiques gouvernementaux ainsi qu'aucun équilibre dans les médias publics financés par l'Etat.
Je vous suggère de regarder par la fenêtre pour voir s'il y a une catastrophe qui se produit. En même temps, vérifiez pour voir si la mer monte. Malgré toutes les gesticulations et une hystérie de plus en plus désespérée, en ce qui concerne le RC, la tentative d'imposer au monde cette religion paranoïaque a été un échec.
Depuis la Conférence de Rio en 1992, les Verts ont essayé d'utiliser la menace du RC pour culpabiliser en chacun de nous, brider la croissance, changer les modes de vie, s'attaquer à la voiture individuelle, l'industrie et le Grand Satan d'Amérique. Ils ont perdu. Seuls les jeunes élèves restent des réceptacles faciles et disposés à croire qu'il leur appartient désormais de Sauver le Monde, qui lui-même n'a eu nul besoin d'être sauvé au cours des quatre deniers milliards d'années, sans quoi il ne serait pas là.
Maintenant, il est grand temps de regarder la réalité en face : le RC n'a pas la moindre plus petite chance de modifier le cours de la vraie vie. Mais l'échec des Verts n'est pas seulement auprès du public. Tout en jouant la carte du RC lors du sommet du G8 à Gleneagles, la déclaration finale du sommet a montré que les dirigeants des pays riches n'ont aucune intention de sacrifier la croissance et la réussite économique pour la religion ascétique du RC.
Pour citer Michael McCarthy, éditeur de la rubrique environnement du magazine the Independent : "L'agenda raté dont Greenpeace, les Amis de la Terre, le Word Wide Fund et d'autres se sont plaints – que les États-Unis n'accepte toujours pas de réduire ses émissions de dioxyde de carbone — était leur propre agenda, pas celui du gouvernement britannique. Au G8, l'idée de limiter les émissions de gaz à effet de serre a été habilement remplacée par l'accent sur l'innovation technologique et la créativité dans le développement. Dans les faits, le Protocole de Kyoto est mort".
http://archive.columbiatribune.com/2002/Feb/20020226Comm007.asp
http://www.worldnetdaily.com/news/article.asp?ARTICLE_ID=26124
http://www.lavoisier.com.au/papers/articles/EvansEnron.html
http://www.heartland.org/Article.cfm?artId=204
http://ff.org/centers/csspp/opeds/80320040418_landrith.html