Malaria et réchauffement climatique. Témoignage du Professeur Paul Reiter de l’Institut Pasteur devant le Parlement Britanique.

Le GIEC, Troisième Rapport d'Evaluation. Groupe de travail II. Chapitre 18. Santé Population Humaine.

Le 3e rapport d'évaluation comprend plus de 65 auteurs principaux, parmi lesquels un seul – un de mes collègues – était une autorité établie en matière de maladie à vecteur. J'ai été invité en tant qu'auteur contributeur sur le chapitre Santé.

Mon collègue et moi étions confrontés de manière répétée à des personnes qui insistaient pour faire des déclarations d'autorité, bien qu'elles n'aient peu ou pas de connaissance dans notre spécialité. Au même moment, nous avions l'expérience de frustrations similaires en tant qu'auteurs principaux de la Section Santé de l'Evaluation des Conséquences Potentielles de la Variabilité et du Changement Climatique (ECPVCC, Programme de Recherche sur le Changement Global US). Après beaucoup d'efforts et de nombreuses discussions infructueuses, j'avais décidé de me concentrer sur l'ECPVCC et de démissionner du GIEC. Ma démission avait été acceptée mais dans la version préliminaire du rapport, mon nom était encore listé. J'avais demandé sa suppression mais on m'avait signalé que le nom restait car "j'avais contribué". Ce n'est qu'après avoir fortement insisté que j'avais réussi à le faire enlever.

Nos délibérations à l'ECPVCC étaient publiques, i.e. qu'elles étaient consultables par n'importe quel membre du public. Ce n'est pas le cas au GIEC. Le document final de l'ECPVCC stipulait de manière claire la complexité du sujet et les limitations des modèles en tant qu'outil de prévision. Nous nous sommes battus durement pour choisir les termes du document et avons prévalu face à une opposition féroce, même jusqu'au point de devoir insister pour pouvoir inclure dans le rapport une carte qui montrait clairement que la dengue au Texas était limitée par le mode de vie, pas le climat.

Mon collègue était un fonctionnaire de premier rang. Il se sentait obligé de rester au GIEC et de tenter de forcer un compromis. Dans un sens, je pense qu'il a (nous avions) réussi. Le rapport de 2001 est beaucoup plus complet, plus précis et donne une bien meilleure perspective des maladies et de leur dynamique. La sélection des références était biaisée vers des modèles qui prédisaient une hausse dans l'étendue et la prévalence des maladies véhiculées par les moustiques mais il y avait des déclarations sincères sur les limitations fondamentales des modèles. Ainsi, le Résumé pour Décideurs déclare ceci :

"Il est avéré que beaucoup de maladies contagieuses à transmission vectorielle ou d'origine alimentaire ou hydrique sont sensibles aux changements climatiques. D'après les conclusions de la plupart des études fondées sur des modèles de prévision, il ressort avec un degré de confiance moyen à élevé que, selon les scénarios du changement climatique, il y aurait un accroissement net de l'aire géographique de transmission potentielle du paludisme et de la dengue, qui sont deux maladies à transmission vectorielle auxquelles sont actuellement exposés 40 à 50 % de la population mondiale. Dans les limites de leurs aires d'extension actuelles, ces deux maladies et nombre d'autres maladies infectieuses présentent apparemment une fréquence et un caractère saisonnier plus marqués – en dépit du recul de certaines maladies infectieuses dans quelques régions. Dans tous les cas, la fréquence effective des maladies est cependant fortement influencée par les conditions environnementales locales, la situation socio-économique et l'infrastructure de santé publique."

Les modèles de transmission ne sont pas destinés à faire de la prévision. Ils ne sont qu'un moyen pour examiner les interactions d'un ensemble ciblé de paramètres pertinents. De plus, il n'y a aucun moyen de les tester dans la nature, ni aucun moyen de déterminer les "intervalles de confiance" de leurs "prédictions". Aucune preuve statistique n'a été donnée sur ces intervalles de confiance ; ils semblent purement avoir été choisis par jugement subjectif, avec aucune preuve claire du pourquoi on devrait avoir "une fréquence dans les aires d'extension et un caractère saisonnier plus marqué" pour la malaria et la dengue avec "un degré de confiance moyen à élevé". A mon avis donc, la phrase commençant par "Dans tous les cas…" devrait précéder n'importe quelle référence aux modèles, accompagné d'une déclaration sans ambiguïté que les modèles sont purement spéculatifs par nature.

Ainsi, malgré une amélioration dans la qualité du Troisième Rapport d'Evaluation, le message principal reste que le changement climatique va provoquer une hausse marquée des maladies à transmision vectorielle et que cela pourrait s'être déjà produit. Le message du GIEC a été répété dans les publications d'autres Agences, souvent avec des imprécisions qui semblent provenir du Deuxième Rapport d'Evaluation. Ainsi, l'Agence de Protection de l'Environnement américaine persiste en faisant cette déclaration : "le réchauffement planétaire pourrait également augmenter le risque lié à certaines maladies infectieuses, particulièrement celles qui apparaissent dans des zones chaudes. Les maladies véhiculées par les moustiques et autres insectes pourraient devenir plus prévalantes si des températures plus chaudes permettent à ces insectes de s'établir plus au nord ; de telles maladies à vecteur incluent la malaria, la dengue, la fièvre jaune et l'encéphalite".

Les organisations activistes, telles que la World Wildlife Fund continuent de citer la déclaration du GIEC selon laquelle la malaria ne peut seulement être transmise que dans des régions où la température en hiver est au-dessus de 16°C. Plusieurs de ces organisations ont même déclaré que des cas isolés de malaria aux Etats-Unis et au Canada durant des "périodes particulièrement chaudes et humides" sont compatibles avec les projections du GIEC.

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51.  Laurent | 29/06/2009 @ 19:29 Répondre à ce commentaire

REDBARON 17 (#43),

mais les progénitures nouvelles vont sucer ça au berceau et des dizaines de Yann Arthus-Bertrand et autres Hulot se feront un devoir de fournir leurs « œuvres » à l’Éducation nationale reprises en chœur par d’éminents professeurs…

c’est l’affaire de deux générations…

Vu que la première génération est déjà bien entamée (ceux qui ont des gamins à l’école savent que le processus est en marche depuis déjà un bail…. les profs constituent un terreau fertile pour les idéologies, de vraies éponges… et comme beaucoup étaient en manque, celle-là, ils l’ont absorbé tout de suite, et en quantité…)… je dirais que dans une génération au plus, on ne pourra plus y échapper…

52.  dubitatix | 29/06/2009 @ 19:41 Répondre à ce commentaire

Laurent (#38 et 42), Araucan (#39), Sirius (#40), REDBARON 17 (#43)

Pour résumer et peut-être en terminer -car j’aime beaucoup ce forum et je ne souhaite pas le squatter avec mes possibles élucubrations- je me demande si, depuis l’avènement médiatique de la terreur RCA, nous ne sommes pas en train d’assister à la « spéciation de l’espèce écologiste » !

espèce écologiste : divisée (sous l’effet traumatisant du RCA!) en une branche originelle (décroissante) et une nouvelle (productiviste)

Celà dit, je n’exclus pas que l’avenir me donne tort… En ce cas, ça voudra dire que cette pseudo-spéciation n’est qu’une illusion (voire carrément une connerie!) et que « mes » soi-disant écologies « arc-en-ciel » ne sont que la matérialisation d’une soumission idéologique progressive à l’écologie verte..! Donc à la décroissance…

Bon, sinon, c’est promis, je m’arrête là sur le sujet, RDV dans un an ou deux…

53.  floyd | 29/06/2009 @ 20:47 Répondre à ce commentaire

Laurent (#49),

Mais les prochaines générations qui viennent utiliseront de plus en plus internet et auront donc plusieurs points de vue. Je sais que vous êtes sceptique sur le rôle de l’internet. C’est clair que pour la personne crédule et sans aucun esprit critique, internet ne changera pas grand chose, mais pour les autres…
Ce n’est peut-être pas significatif, mais je peux vous dire que le documentaire ‘La grande arnaque du réchauffement climatique’ est remise régulièrement sur les réseaux de partage et qu’à chaque fois elle a de plus en plus de succès. Pour moi, cela est assez encourageant.

54.  Araucan | 29/06/2009 @ 21:35 Répondre à ce commentaire

dubitatix (#50),

Mais non il y a bien des courants différents dans les mouvements écologistes, comme il y a des courants différents à droite ou à gauche ou différentes sensibilités dans les différentes religions.

Ce serait encore plus inquiétant si ce genre de courant était monolithique….

Laurent (#49),

Mais le jeunes ayant tendance à rejeter ce qui leur disent leurs parents…. il n’est pas certain que cela dure si longtemps que cela…

55.  laurent | 29/06/2009 @ 21:44 Répondre à ce commentaire

Araucan (#52),

Faut espérer… mais même dans ce cas, on en a encore pour une bonne trentaine d’années d’éco-morale…

56.  douar | 30/06/2009 @ 11:53 Répondre à ce commentaire

J’ai quand même l’impression que nous sommes au fond du trou concernant le matraquage du RCA et qu’il y a des signes de questionnement. Ainsi, Gérondeau a été invité récemment pour débattre lors d’un AG d’un groupement de producteur porc en Bretagne. La taxe carbone, ils savent ce que ça coûte, pas ce que ça leur rapportera. Donc ça a été comme un électrochoc pour de nombreux participants. Les réactions contre les réchauffistes pourraient être virulentes assez vite.

57.  dubitatix | 30/06/2009 @ 12:43 Répondre à ce commentaire

douar (#54)
Intéressant. Auriez-vous un lien pour en savoir un peu plus sur cette réunion? Merci.

58.  Araucan | 30/06/2009 @ 12:47 Répondre à ce commentaire

douar (#54),

Les taxes cela ne rapporte pas généralement au taxé… En plus, c’est toujours difficile de prévoir les effets d’une taxe…

59.  douar | 2/07/2009 @ 12:22 Répondre à ce commentaire

dubitatix
Désolé il n’y a pas encore de lien. A l’inverse, la semaine passée, AG d’un centre de gestion agricole avec Jacques Brégeon, Président du goupe interministériel au développement durable (ouf), alors là selon les témoins, c’était la fin du monde, si on ne faisait rien. Normal, faut bien qu’il justifie sa place!smile

60.  Araucan | 2/07/2009 @ 22:19 Répondre à ce commentaire

Eh bien, il y a plein de beau monde qui se déplace en Bretagne !

douar (#58),
Et il n’y a personne qui n’ait réagi ?

61.  dubitatix | 3/07/2009 @ 17:36 Répondre à ce commentaire

dubitatix (#51)
Allez voir L’Express, y’a du lourd ! LIEN ICI
Quelle couleur pour Claude Allègre? Jaune (couleur de la trahison) ou violet (proximité avec l’écologie bleue) ? Je penche pour violet et vous?

Bon, sinon, c’est promis, j’arrête là sur le sujet, RDV dans un an ou deux…

mais ne me soumettez pas à la tentation et délivrez-moi du Mal!

62.  dubitatix | 3/07/2009 @ 19:58 Répondre à ce commentaire

Claude Allègre crée une Fondation pour l’écologie productive et ça laisse tout le forum muet !

63.  Sirius | 3/07/2009 @ 20:51 Répondre à ce commentaire

@55_douar

J’ai quand même l’impression que nous sommes au fond du trou concernant le matraquage du RCA…

Je souhaite que oui mais je crains que non. L’imagination de ceux qui conçoivent les projections climatiques pour dans 100 ans est infinie! (Il suffit de bien programmer les ordis!) Et quand ils ne jouent pas avec l’avenir pour faire peur au monde, ils cherchent dans le présent des « signes » du réchauffement, au risque de sombrer dans le ridicule. Par exemple : http://tempsreel.nouvelobs.com.....ar_an.html

64.  floyd | 3/07/2009 @ 21:00 Répondre à ce commentaire

dubitatix (#60),

Je pense que la position d’Allègre est cohérente. Il ne dit rien de plus que ce qui était écrit dans son livre ‘Ma Vérité sur la planète’. Une écologie basé sur la science et la croissance et qui n’essaie pas de culpabiliser les gens ou de les manipuler avec la peur. Allègre n’a rien d’un anti ‘écologie’ (au sens noble du terme). Il ne fait que dénoncer les dérives sectaires de ce mouvement. La seule chose que je pourrais lui reprocher, c’est sa position un peu trop politiquement correct sur le réchauffement climatique. Mais ne faisons pas trop la fine bouche.

65.  dubitatix | 3/07/2009 @ 22:18 Répondre à ce commentaire

floyd (#63)
Oui, vous avez raison. Mais c’est rigolo quand même.

66.  Sirius | 3/07/2009 @ 22:52 Répondre à ce commentaire

@63_floyd

Une écologie basé sur la science et la croissance et qui n’essaie pas de culpabiliser les gens ou de les manipuler avec la peur.

Et j’ajouterais : ni surtout avec le mensonge… J’ai lu le livre de Claude Allègre, « Ma vérité sur la planète », deux fois de suite au moins, et je suis parfaitement d’accord avec les dénonciations qu’il fait du délire climatique (GW) et ses positions sur les manières qu’une civilisation technologique et rationnelle devrait poursuivre son développement tout en étant respectueuse de l’environnement naturel et des êtres humains qui y vivent. Tout se résume selon moi en une idée : nous dépendons de la nature, certes, mais nous voulons tous mieux vivre, à commencer par nous protéger contre ses effets néfastes sur nous. Claude Allègre est parfois bourru, c’est vrai ; non politiquement correct, c’est sûr, ce qui à mon avis est bien! Mais c’est surtout à la fois un politicien aguerri et un scientifique de haut rang, ce qui est rare! Si j’étais un écolo politique (pensez à qui vous voudrez), je ne sous estimerais pas cet homme.

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