COLUMBUS, Ohio – Un nouveau rapport sur le climat du continent le plus au sud de la planète montre que les températures de la fin du 20e siècle n'ont pas augmenté comme prévu par la majorité des modèles climatiques.
Il est sorti peu après le dernier rapport du GIEC qui soutient fortement la conclusion d'un réchauffement de la Terre, principalement à cause de l'activité humaine.
Il fait suite également à une découverte similaire l'été dernier par la même équipe qui montrait qu'il n'y a pas d'augmentation des précipitations au-dessus de l'Antarctique durant les 50 dernières années. La plupart des modèles prévoient à la fois une augmentation de température et de précipitation au-dessus de l'Antarctique suite à un réchauffement de la planète.
Le mieux qu'on puisse dire
maintenant est que les modèles
climatiques ne sont en quelque
sorte pas cohérents avec les
observations disponibles sur les
50 dernières années pour le
continent Antarctique
David Bromwich, professeur de sciences atmosphériques du Département de Géographie et chercheur au Centre de Recherche Polaire Byrd à l'Université d'Etat d'Ohio a présenté ces travaux à la conférence annuelle de l'Association Américaine pour l'Avancement de la Science (AAAS) à San Francisco.
"C'est difficile de voir un signal du réchauffement global sur le continent Antarctique maintenant", dit-il. "Une des raisons est qu'il y a une grande variabilité là-bas. C'est très difficile de démontrer un signal du réchauffement climatique dans ces latitudes polaires. C'est un contraste marquant avec la pointe Nord de la Péninsule Antarctique qui est l'un des endroits qui se réchauffent le plus rapidement sur Terre" [par exemple au niveau de la plateforme de Larsen, cf carte ci-dessous]. Bromwich dit que le problème est aggravé par plusieurs complications. Le continent est vaste, aussi vaste que les USA et Mexico réunis. Seul un faible nombre de données détaillées est disponible – il y a peut-être seulement 100 stations météorologiques sur le continent comparé à des milliers répartis à travers les USA et l'Europe. Et les enregistrements disponibles ne remontent qu'à un demi-siècle.
"Le mieux qu'on puisse dire maintenant est que les modèles climatiques ne sont en quelque sorte pas cohérents avec les observations disponibles sur les 50 dernières années pour le continent Antarctique. Nous recherchons un petit signal qui représente l'impact des activités humaines et il est difficile de le trouver pour l'instant", dit-il.
L'année dernière, le groupe de recherche de Bromwich rapporta dans le journal Science que les précipitations neigeuses en Antarctique n'ont pas augmenté durant les 50 dernières années. "Ce que nous voyons maintenant est que les régimes de température sont largement similaires à ce que nous avions vu précédemment avec les chutes de neige. Dans la dernière décennie à peu près, les deux ont diminué", dit-il.
En plus des nouveaux enregistrements de température et de précipitation, l'équipe de Bromwich a également examiné le comportement des vents d'Ouest circumpolaires, le grand système de vents qui entourent le continent Antarctique.
"Les vents d'ouest se sont intensifiés les 4 dernières décennies environ, en augmentant de force de presque environ 10 à 20%," dit-il. "Il y a une énorme surface d'océan au nord de l'Antarctique et nous sommes juste en train de comprendre l'importance de ces vents dans des phénomènes tels que le mélange des eaux des Mers du Sud." Le mélange des eaux sert à la fois à dissiper la chaleur et à absorber le dioxyde de carbone, un des principaux gaz à effet de serre liés au réchauffement global.
L'année dernière, le groupe de recherche
de Bromwich rapporta dans le journal
Science que les précipitations neigeuses
en Antarctique n'ont pas augmenté
durant les 50 dernières années. "Ce
que nous voyons maintenant avec la
température est largement similaire"
Certains chercheurs suggèrent que le renforcement des vents d'ouest pourraient jouer un rôle dans l'effondrement des plateformes de glaces au niveau de la Péninsule Antarctique.
"La péninsule est le point le plus au nord de l'Antarctique et il est soumis au vent d'ouest", dit Bromwich. "S'il y a un renforcement des vents d'ouest, il y aura un impact de réchauffement sur cette partie du continent qui contribue ainsi à disloquer la glace," dit-il. "Plus au sud, l'impact aurait été modeste, voire inexistant."
Bromwich dit que l'augmentation de la couche d'ozone au-dessus du centre du continent Antarctique pourrait également affecter les températures de surface. "Si vous avez moins d'ozone, il y a moins d'absorption d'UV et la stratosphère ne se réchauffe pas autant".
Cela voudrait dire que les conditions hivernales vont durer tard au printemps, plus que d'ordinaire, ce qui abaisse la température moyenne. "En certains sens, nous pourrions avoir plusieurs effets en compétition au niveau de l'Antarctique où il y a un effet faible de réchauffement par le CO2 mais qui pourrait être contrarié par la déplétion de l'ozone," dit-il. "L'année 2006 a vu une déplétion battant tous les records de la couche d'ozone en Antarctique".
Bromwich dit que le désaccord entre les prévisions des modèles climatiques et les séries de chute de neige et de température ne signifie pas forcément que les modèles sont faux. "Ce n'est pas surprenant que ces modèles ne fournissent pas des résultats corrects dans ces zones isolées du monde. Ce sont des modèles globaux et on ne peut pas s'attendre à ce qu'ils soient exacts partout," dit-il.