par Hans H.J. Labohm. Traduction par Fabge.
Les points de vue sceptiques dans le débat international sur le réchauffement global sont majoritairement anglo-saxons, avec la participation occasionnelle de nordiques, russes, italiens et hollandais. Mais les Français sont notoirement absents. D'où cela vient-il ? Les intellectuels français sont réputés pour leur indépendance et leurs opinions contrastées sur n'importe quel sujet possible. De ce fait, les Français ont une tradition de débats politiques vifs…même de polémiques passionnées sur un seul enjeu. Mais un sujet a jusqu'ici été visiblement absent du débat, le réchauffement global. L'est-il vraiment ?
Marcel Leroux est Professeur de
Climatologie à l'Université Jean Moulin
et Directeur du Laboratoire de
Climatologie, Risques, Environnement
Pas tout à fait. Mais, en raison de la barrière linguistique, le scepticisme français sur le climat est à peine reconnu hors du monde francophone, tandis qu'il est généralement ignoré par les politiques et la communauté climatique officielle en France même.
Un des sceptiques les plus connus à propos du climat, Marcel Leroux, a récemment publié un épais volume (plus de 500 pages) sur le sujet : "Réchauffement global : Mythe ou réalité ? Les errances de la Climatologie". L'auteur n'est pas un inconnu dans la Jérusalem climatique. Il est professeur de climatologie à l'Université Jean Moulin et directeur du Laboratoire de Climatologie, Risques, Environnement, tous deux à Lyon. Il a déjà depuis une vingtaine d'années critiqué le Groupe d'International d'Experts sur le Climat (GIEC). Il pense que les températures sont le résultat des dynamiques des systèmes climatiques dans le contexte de nombreux espaces aérologiques distincts dans le monde, et pas d'équations hypothétiques de modèles climatiques.
Leroux a entrepris d'écrire son livre afin de décrire le triste état vers lequel la climatologie a dérivé dans les 20 dernières années, depuis qu'elle est entrée sur la scène politique, et de montrer que la climatologie elle-même est aussi à blâmer pour cette dérive.
"Il ne se passe pas une semaine sans un nouveau 'scoop'… emplissant nos écrans et les pages de nos journaux", écrit-il. "Le 'réchauffement global' provoqué par l'effet de serre est de notre faute, comme n'importe quoi d'autre, et le message/slogan/désinformation devient de plus en plus simpliste, de plus en plus rudimentaire. Il ne pourrait être plus simple : si la pluie tombe ou la sécheresse sévit ; si le vent souffle en tempête ou s'il n'y a rien du tout ; s'il fait chaud ou gèle fort ; tout cela est provoqué par l'effet de serre, et nous sommes à blâmer. Un argument facile, mais stupide."
"Le quatrième rapport du GIEC pourrait tout aussi bien décréter la suppression des manuels de climatologie, et les remplacer dans nos écoles par des communiqués de presse… Jour après jour, la même mantra…que 'la terre se réchauffe' est matraquée sous toutes ses formes. Dés que 'la glace fond' et 'le niveau des mers s'élève' l'Apocalypse semble se rapprocher ! Sans s'en rendre compte ou peut-être sans le vouloir, le citoyen moyen est submergé, lobotomisé, réduit à une acceptation sans réflexion… Ceux qui ne croient pas au scénario de l'effet de serre sont dans la position de ceux qui, il y longtemps, doutaient de l'existence de Dieu… heureusement pour eux, l'Inquisition n'est plus de ce monde."
Dans son livre, il analyse aussi méticuleusement le développement de la science du climat, particulièrement, les rapports successifs du GIEC, parus en 1990, 1995, et 2001.
D'après Leroux, le premier rapport contient déjà les idées centrales de ce qui est connu comme le 'réchauffement global', mais le ton est modéré et il n'est pas fait mention de la responsabilité de l'homme.
Le deuxième rapport n'apporte rien de neuf du point de vue scientifique, mais, surprise soudaine, la race humaine est tenue responsable du réchauffement global.
Comment s'est effectué ce tournant ? De nouvelles découvertes scientifiques ? Non, c'est le résultat d'un coup scientifique en un tournemain. Le scandale a été révélé par différentes personnes impliquées, dont Frederick Seitz, président émérite de l'Université Rockfeller et président du George C. Marshall Institute de Washington. Dans sa lettre au Wall Street Journal, le 12 juin 1996, il écrit :
"[Mais] ce rapport [du GIEC] n'est pas ce qu'il paraît être – il n'est pas la version qui a été approuvée par les contributeurs scientifiques listés en page titre. En plus de 60 ans comme membre d'une communauté scientifique américaine, y compris comme président à la fois de l'Académie Nationale des Sciences et de la Société de Physique Américaine, je n'ai jamais été le témoin d'un tel détournement du protocole d'évaluation par les pairs que les événements qui ont conduit à ce rapport du GIEC."
L’article 6 de la Convention
Cadre des Nations Unies sur
le Changement Climatique
oblige les participants à sen-
sibiliser le public, à un niveau
national, au changement
climatique et à ses effets
Une comparaison entre le rapport approuvé par les contributeurs scientifiques et la version publiée révèle que des changements clés ont été faits après que les scientifiques se soient réunis et aient accepté ce qu'ils pensaient être la version finale après évaluation par les pairs… Peu de ces changements étaient de pure forme ; presque tous ont œuvré à enlever toute trace de scepticisme avec lequel les scientifiques considèrent que les activités humaines ont un impact majeur sur le climat en général et le réchauffement global en particulier.
Les passages suivants sont des exemples de ceux inclus dans le rapport approuvé mais supprimés de la version publiée supposée validée par évaluation par les pairs
– "Aucune des études citées plus haut n'a apporté de preuve claire que l'on peut attribuer les changements du [climat] observés à la seule cause de l'accroissement des gaz à effet de serre".
– "Aucune étude n'a actuellement attribué avec certitude tout ou partie [des changements climatiques observés aujourd'hui] à des causes anthropiques [effet de l'homme]"
– "Toute assertion d'une détection claire d'un changement significatif du climat doit rester l'objet de controverses jusqu'à que les incertitudes sur la variabilité naturelle du système climatique soient réduites."
Au lieu de cela, le texte suivant a été inséré : "Le bilan des preuves suggère une influence humaine discernable sur le climat global". En dépit de tout, cette vue a été imposée, et malgré la controverse qui s'en est suivie, l'idée n'a pas été abandonnée.
Le troisième rapport apporta un deuxième coup scientifique. Il augmenta la valeur prévue de l'augmentation prévue de température, et confirma l'argument grâce à la courbe en "crosse de hockey" -récemment démontrée comme étant un faux- déclarant que les températures dans les époques récentes sont plus élevées que ce qu'elles ont été depuis un millier d'années. De plus, le spectre des conséquences de l'effet de serre a été considérablement grossi, de telle manière qu'il rende compte de tout phénomène météorologique.
La célèbre courbe en "crosse de hockey", médiatisée par le 3e rapport du GIEC en 2001
et reprise largement dans divers rapports officiels ou activistes, souvent sans la zone
d'incertitude (en gris). Elle a été réfutée depuis et a disparu du 4e rapport du GIEC 2007.
Leroux attire également l'attention sur la Convention Cadre des Nations Unies sur le changement climatique, dont l'article 6 sur l'éducation et la formation qui oblige les participants à sensibiliser le public, à un niveau national, au changement climatique et à ses effets. Les états signataires de la convention sont ainsi amenés à adopter le concept de "changement global" au plus haut niveau institutionnel, de l'imposer comme un dogme indiscutable (c'est à dire une sorte de religion d'Etat soustraite au débat). En France, ajoute Leroux, les "serviteurs" de l'Etat -et, en leur nom, tout à la fois les média audiovisuels et les instituts- se sentent obligés de propager le dogme officiel, tout à fait comme une certaine presse officielle des pays de l'Est à leur apogée ; faisant l'écho du Lysenkoïsme, elles forment l'opinion publique en faveur des thèses officielles.
Dans son étude des contributions relatives des différents gaz à effet de serre, y compris le plus important d'entre eux, la vapeur d'eau, qui représente 95% de l'effet de serre total, il calcule que les activités humaines comptent seulement pour 0,28%, ce qui n'est pas très excitant. En conséquence, il soutient que nous devons nous débarrasser de notre obsession infondée de l'effet de serre anthropique, reconsidérer le problème du changement climatique d'une autre manière, rétablir la bonne hiérarchie des phénomènes et donner à "l'effet de l'eau" l'importance majeure pour le climat qu'il mérite.
Surtout, Leroux pense que la climatologie a pris peu à peu ses distances avec l'étude des faits réels, la dynamique du temps et des climats, notamment en raison de l'influence grandissante des modélisateurs. Elle est devenue un concept bloqué depuis plus de 50 ans. "Nous ne pouvons réellement savoir quel est le temps qu'il ferait dans deux ou trois jours", écrit-il, "mais maintenant tout cela a été gommé en un instant ! Maintenant, cela est proclamé sans hésitation, nous pouvons prédire le temps et le climat (qui est la somme des temps) aussi loin que l'année 2100… Astrologie ou science ?"