Les Maldiviens envisagent d’abandonner leurs îles pour échapper à la montée des eaux


[Je veux bien racheter un ou deux atolls maldiviens abandonnés pour le franc symbolique]

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« Nous ne pouvons rien faire par nous-mêmes pour stopper le changement climatique, nous devons donc acheter un territoire ailleurs. C’est une police d’assurance en prévision de l’éventualité la plus pessimiste, » a déclaré au Guardian Mohammed Nasheed, le nouveau président des Maldives, qui envisage que son peuple puisse chercher refuge en Inde, au Sri Lanka ou en Australie.

Réchauffement climatique

Mohammed Nasheed, le nouveau président des Maldives

Par Jon Henley, The Guardian, 11 novembre 2008
Que feriez-vous si vous étiez le président nouvellement élu d’un petit pays, relativement pauvre, surtout connu, outre ses plages qu’on peut considérer comme les plus belles du monde, pour être en train de s’enfoncer lentement dans la mer ?

Vous vous empresseriez de rappeler ce naufrage au monde entier, évidemment. Et pour souligner l’urgence du problème, vous révéleriez, à la stupéfaction générale, que vous pensez sérieusement à déplacer votre nation entière quelque part ailleurs.

C’est en tout cas ce que Mohammed Nasheed, premier président démocratiquement élu des Maldives, a fait cette semaine. Il envisage de provisionner une partie des revenus touristiques non négligeables de son pays, afin d’abonder un fonds d’investissement foncier. « Nous ne pouvons rien faire par nous-mêmes pour stopper le changement climatique, nous devons donc acheter un territoire ailleurs. C’est une police d’assurance en prévision de l’éventualité la plus pessimiste » a déclaré Nasheed au Guardian au soir de son entrée en fonction. « Nous ne voulons pas quitter les Maldives, mais nous ne voulons pas non plus vivre en réfugiés climatiques sous des tentes pendant des décennies. »

Voilà une idée curieuse, bien que profondément déprimante : ce serait le premier peuple au monde à devoir abandonner son territoire national, contraint et forcé par l’impact du changement climatique et l’élévation du niveau des mers. Ce dont parle Nasheed, c’est fondamentalement de réimplanter la population des Maldives, forte de 300 000 personnes, en Inde, située à proximité, au Sri Lanka ou éventuellement en Australie. Quand bien même on admettrait l’inéluctabilité d’un tel transfert, est-il faisable ? Un peuple entier pourrait-il être simplement déplacé vers un nouveau pays, s’y installer et reprendre le cours de sa vie comme si rien ne s’était passé, excepté la disparition malheureuse de sa première terre ?

Il semble y avoir actuellement un consensus pour estimer que non. Le docteur Graham Price, responsable du secteur Asie au Royal Institute of International Affairs [1] , affirme qu’ « il serait très difficile pour un État en tant que tel de se délocaliser ». « Une migration adaptée peut être rendue possible, bien sûr, même pour un nombre important de personnes. Mais il y a dans le cas qui nous occupe de sérieux obstacles juridiques liés à la question de la souveraineté. Ceci étant, il y a là un réel problème, avec lequel il nous va falloir compter. Ce que dit Nasheed au reste du monde, c’est : Nous devons vraiment y réfléchir. Nous voulons rester uni en tant que peuple, nous ne voulons pas perdre notre culture, et ce qui arrive n’est pas de notre faute. »

Personne ne met en doute la réalité de la crise à laquelle les Maldives font face. Constituées de 1 200 îles et atolls de l’Océan indien, dont 200 sont habités, les Maldives sont le pays qui détient le record du point culminant le plus bas au monde : nulle part le sol ne s’y élève naturellement à plus de 2,3 mètres au-dessus du niveau de la mer. La majeure partie de sa superficie, qui équivaut au total à peu près à un cinquième du Grand Londres, est d’une altitude significativement plus basse, en moyenne autour de 1,5 mètre.

On comprend bien alors que le changement climatique affectera les Maldives bien plus que la plupart des autres pays. Dans la zone, le niveau de la mer s’est élevé d’environ 20 centimètres au XXème siècle, et les Nations Unies estiment que ce niveau augmentera encore de 58 centimètres d’ici à 2100. Le pays et sa capitale, Malé, ont été inondés en 1987 par des marées inhabituellement hautes, qui ont entraîné des millions de dollars de dommages. Le tsunami qui a ravagé l’Asie à Noël 2004 a été encore plus dévastateur. La vague qui a frappé les Maldives atteignait tout juste un mètre de haut, mais 82 personnes ont péri, 12 000 ont été déplacées, et les dommages se sont montés à 375 millions de dollars (dont 100 millions de dollars en ce qui concerne les stations balnéaires).

Le tourisme est vital pour l’économie maldivienne, mais les touristes sont presque ignorants des problèmes du pays. Celui-ci est réputé pour être l’une des destinations les plus prestigieuses, ses luxueux bungalows les pieds dans l’eau s’avérant particulièrement prisés des couples en lune de miel. Près de 90 îles autrement inhabitées ont été transformées en stations balnéaires qui attirent plus de 600 000 touristes chaque année, principalement des Européens. Mais, bien que le visiteur moyen dépense apparemment environ 300 dollars par jour, il entre rarement en contact avec la population locale, car on le conduit sur son atoll en hors-bord ou en avion de tourisme, et il n’en sort jamais si ce n’est de temps à autre pour une croisière.

Néanmoins, ce secteur économique représente directement peut-être un tiers du PIB des Maldives, et au moins 60 % de son commerce extérieur. Les taxes douanières sur les importations et les divers impôts liés au tourisme génèrent plus de 90 % du revenu dont dispose le gouvernement. Il y a bien peu d’activité économique sur les îles en dehors du tourisme, si ce n’est la pêche. On peut imaginer que les touristes ne seront pas nombreux à vouloir venir une fois leur logement de vacances menacé d’être submergé à n’importe quel moment.

Depuis un certain temps, le pays étudie une des solutions envisageables : construire une nouvelle île, Hulu Malé, c’est-à-dire Nouvelle Malé, vers laquelle le gouvernement espère pouvoir transférer les habitants de certains des atolls les plus bas en altitude, et, au final, de la capitale, qui est actuellement l’une des villes les plus densément peuplées au monde. « Ils draguent les eaux qui entourent l’île existante pour en élever l’altitude au-dessus de 2,1 mètres », déclare Saleemul Huq, responsable du groupe Changement climatique auprès de l’International Institute for Environment and Development [2]. Huq ajoute que certains des plus petits atolls habités « réfléchissent en terme de relocalisation », mais seulement, à ce stade, à l’intérieur même de l’archipel.

A plus long terme, cependant, « si les mesures que nous prenons pour combattre le changement climatique ne s’avèrent pas suffisantes, alors il se pourrait bien que nous soyons contraints à déplacer les gens plus loin ». De telles éventualités sont d’ores et déjà discutées, affirme Huq, la Convention Cadre des Nations Unies sur le Changement Climatique ayant organisé un premier forum pour discuter de l’ « adaptation » des pays les plus vulnérables. Par exemple, l’île de Tuvalu mène avec l’Australie des pourparlers dans le même ordre d’idées.

« Mais il est évident, ajoute Huq, que la relocalisation de populations entières est une source potentielle de conflit majeur. » Le président maldivien a mentionné l’Inde, le Sri Lanka et l’Australie comme hôtes éventuels pour son peuple. Au moins dans les deux premiers cas, la différence culturelle resterait minime pour les Maldiviens. En effet, de nombreux insulaires travaillent déjà dans l’un des deux pays, et les Maldiviens aisés s’achètent des maisons au Sri Lanka depuis des années. Rapportés au 1,13 milliard d’Indiens, les 300 000 Maldiviens ne représenteraient pas un apport de population énorme. Mais, mis à part les conséquences humaines d’un tel déracinement, le système juridique international n’est tout simplement pas prévu pour cela.

« Il n’existe pas vraiment, où que ce soit dans le monde, de vaste parcelle de terre dont on pourrait dire qu’elle est disponible », affirme Graham Price. « On peut faire un parallèle avec le cas des réfugiés bouthanais au Népal – les USA se sont portés volontaires pour en accueillir 60 000. Mais si c’est une population, ce n’est pas une communauté nationale. Et on voit difficilement ce que feraient les Maldiviens, quel que soit l’endroit où ils iraient : tout ce qu’ils ont se résume au tourisme et à la pêche. S’ils ont de l’argent, je suppose qu’un quelconque pays d’Afrique pourrait se porter volontaire – peut-être qu’un endroit comme Zanzibar pourrait faire l’affaire ? Mais les vrais problèmes seraient constitutionnels : un État ne peut pas héberger un autre État. Dans le cas du Sri Lanka au moins, la raison fondamentale de la guerre civile qui y fait rage est précisément en lien avec la question fédérale. »

Certains experts discernent d’autres problèmes juridiques. L’Inventory of Conflict and Environment (ICE) [3], qui a son siège au sein de l’Université américaine à Washington, prévoit des potentialités de conflit, impliquant les Maldives, voire en leur sein – des potentialités augmentant à mesure que s’élève le niveau des eaux autour de l’archipel. « On peut penser que les Maldives chercheraient à obtenir une compensation de la part des pays pollueurs en dédommagement de la perte de leurs îles », indique l’ICE dans une note.

« Cependant, il reste à éclaircir si les Maldives chercheraient ailleurs un nouveau territoire en vue d’y exercer leur souveraineté. En outre, il reste à éclaircir si elles chercheraient un tel territoire dans les pays voisins, ou plus loin, par exemple dans les pays qui provoquent en premier lieu le changement climatique comme les USA ou la Chine. Un pays menacé ou détruit par le réchauffement de la planète demandera-t-il des réparations ? Les Maldives en viendraient-elles à réclamer le territoire de Washington, qui présente à peu près la même superficie que leur territoire, en dédommagement de la responsabilité des USA dans le réchauffement climatique ? »

Grâce au tourisme, les Maldiviens sont de loin le peuple le plus riche d’Asie, avec un PIB annuel par habitant de plus de 3000 $. Mais cette aisance est relative, et les richesses sont réparties avec grande parcimonie : à Guraidhoo, sur l’atoll de Kaafu, près de quatre ans après le tsunami, des familles vivent encore dans des cabanes en parpaings bruts, en vue de la luxurieuse station balnéaire de l’île de Kandooma. Pour Saleemul Huq, « à plus long terme, le sort de ces États insulaires à basse altitude pourrait vraiment commencer à devenir très problématique ».

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122 réponses à “Les Maldiviens envisagent d’abandonner leurs îles pour échapper à la montée des eaux”

  1. On fait souvent référence ici aux religions ; certains amalgames me mettent mal à l’aise, mais je préfère en général me taire. Ici on parle de science, quelquefois de sociologie ou de philosophie, je préfère laisser mes opinions dehors sur certains sujets, mais cela m’est quelquefois difficile.
    Étant Catholique, mais passionné de sciences et de techniques, je n’ai jamais trouvé de contradiction entre la Science et la Foi. En étudiant l’histoire, je me suis rendu compte que si une contradiction apparaissait, c’était, soit par manque de science, soit par manque de foi…et à l’heure actuelle, la VRAIE Science ne fait que me conforter dans ma Foi. « Un peu de science éloigne de Dieu, beaucoup y ramène »

  2. @101

    C’est exact. J’ai eu l’occasion de rencontrer un certain nombre de scientifiques de haut niveau, croyants qui savaient très bien faire la part entre leur foi et leur activité scientifique. Tous étaient très satisfaits de la séparation entre le siècle et la sphère religieuse et personnelle qui leur donnait plus de liberté.

  3. scaletrans (#101), Fabge (#102),

    Religions et idéologies ont certains points en commun notamment, sur les aspects séculiers (l’histoire en est pleine). Mais il y a certains aspects qui les distinguent (voir mon post précédent). Je reconnais être étranger à la foi ou au mysticisme, ce qui ne veut pas dire que je les critique en tant que tels : c’est pour moi une boite noire, qui m’intéresse. Qu’est-ce qui amène quelqu’un à avoir telle ou telle croyance, foi ou à adhérer à des assertions qui justement ne relèvent pas du rationnel ?
    La religion, justement, ne fait pas de l’homme le moteur de toutes choses (orgueil ?) : en cela, j’y verrais plutôt un aspect positif.
    Je suis catholique aussi et bien qu’agnostique, c’est ma culture et je l’assume.

    Il n’empêche que prendre de la distance sur ses propres représentations et en reconnaître le coté personnel, permet de d’ouvrir sa réflexion sans forcément se renier sur ce qui fait le coeur des individus.

    D’autre part, il n’y a pas que la physique dans les sciences : la sociologique, l’anthropologie, la psychologie sont aussi des sciences, humaines certes et avec toutes les limites (dans la méthode par exemple) que l’on connait. Mais on ne peut les méconnaître, surtout si l’on considère le phènomène RCA en tant que phénomène politique et social. C’est ce que l’on essaye de creuser avec Sirius… Enfin je pense…. 😉 . (Voir aussi les posts de K, cela ne vous interpelle pas ce genre de raisonnements ?)

    Sinon parler des religions en tant que telles ici serait sortir du cadre du site.

  4. @99_Araucan

    Si dans les idéologies, il y a bien de la foi (croyance), je doute qu’il y ait du mysticisme.

    Bien sûr, je comprends. Mais la frontière est ténue.

    La foi est une croyance non révisable, quoi qu’il arrive et même puisse arriver. Certaines croyances sont par contre révisables, en particulier les croyances rationnellement justifiées. Par exemple, dans la physique de Newton, la croyance en la simultanéité absolue des événements se produisant dans l’univers était rationnellement justifiée. Depuis Aristote, elle était en effet justifiée par l’expérience.

    Concernant le mysticisme. Il est évidemment vrai qu’on l’on peut croire au RCA sans tomber dans le mysticisme : on perçoit alors le phénomène présumé comme une menace réelle et concrète contre l’espèce humaine due à l’activité humaine même. Rien de plus pragmatique et terre à terre que cela. (En dépit du fait que toute cette peur découle de la modélisation, mais cela est une autre histoire.) Mais il faut reconnaître que cette croyance est parfaitement compatible, et ouvre même la porte toute grande, à un extrême qu’est l’écologie profonde ou radicale : l’homme agit comme un « corps extérieur » qui perturbe, quoi qu’il fasse, l’équilibre naturel. Ce concept d’équilibre naturel – difficile à définir à supposer qu’il ait un fondement empirique – mène au mieux à une adoration de la nature en soi, ce qui n’est pas loin du panthéisme (Nature = Dieu), qui, n’en déplaise à Einstein, est résolument une forme de mysticisme.

    Conclusion : plusieurs écolos et scientifiques réchauffistes sont peut être panthéistes sans le savoir…:x

  5. Addendum
    Le concept d’équilibre naturel me tue… Raison : il n’a pas de grippe (base) empirique (observation et expérience), ni philosophique (de la réflexion que l’on peut en tirer). Il n’est donc qu’une idée platonicienne.

  6. Je reste convaincu que foi et mysticisme sont des expériences individuelles différentes : l’on peut croire à quelque chose sans être mystique, car dans ce dernier cas, cela suppose une rencontre directe avec Dieu. Toutes les grandes religions ont leurs mystiques (sauf peut-être le shintoïsme).
    Parler de mystiques dans le cadre d’idéologies ? j’ai plus de mal, puisque les idéologies ont mis l’homme au centre en tant que déterminant central du destin de l’humanité. C’est le cas du RCA.

    On peut aussi s’interroger si cette histoire de RCA et surtout de l’engouement qu’il suscite, n’est pas non plus un signe de l’apparition d’un nouveau mythe :
    //fr.wikipedia.org/wiki/Mythe

    Réciter le mythe produit une re-création du monde par la force du rite. L’exigence du sacrifice est l’un des plus puissants. Le mythe n’est pas récité n’importe quand mais à l’occasion de cérémonies : naissances, initiations, mariages, funérailles, et tout un calendrier de fêtes et célébrations, c’est-à-dire à l’occasion d’un commencement ou d’une transformation dont il rend compte (ou rend conte, c’est selon).

    Les rites du RCA sont en train de construire : installer des panneaux solaires, des éoliennes, se réunir à Poznan pour réciter le bréviaire et invoquer les grands rites de notre époque (le marché…. devenu carbone)….. 🙄

    Le RCA réécrit l’histoire du monde et de l’homme conforme au courant de la post-modernité (et non du postmodernisme qui est un courant artistique) :

    L’un des derniers mythes de par son importance à être apparu est sans aucun doute celui du postmodernisme. Selon cette conception, l’humanité serait vouée à sa perte de par sa soif insatiable de développement technologique. Dans la perception des tenants du postmodernisme, ce sont les machines qui auraient maintenant l’emprise sur l’humanité (voir par exemple le film Matrix qui illustre particulièrement bien cette croyance et cette lutte contre la fatalité). D’autre part, il est remarquable que l’idéologie postmoderne tire sa force de son opposition à la modernité. Cette dernière époque étant marquée par le recours à la raison comme fondement de l’autorité afin que les hommes puissent débattre entre eux en se débarrassant du poids des superstitions de toutes sortes. Le postmodernisme déclare qu’il n’y a plus de raison, en voulant dire que la conduite des hommes sur la Terre tend inévitablement à l’autodestruction, que la conciliation des intérêts de tous et chacun est une chimère, car cet objectif étant irréalisable de par la nature même des hommes qui en fait des êtres animés par la cupidité.

    Le RCA s’inscrit assez bien dans cette postmodernité, qui a engendré aussi la deep ecology (cette dernière combinant d’autres mythes, comme celui du paradis perdu, qui ne changeait pas, et l’homme naturel qui est bon). Le rejet de l’homme de la nature est effectivement un extrémisme, en ce sens qu’il demande un sacrifice…
    Le RCA demande aussi un sacrifice : renoncer à la modernité pour toute l’humanité tout en croyant que les bénéfices de celle-ci pourront être maintenus (communication, voyages, éducation, santé). Le choix politique est déjà fait (UE) et les discussions en cours au plus haut niveau (qui achopperont encore une semaine au moins) visent à assurer la transition…

    La notion d’équilibre naturel comme la notion (désormais dépassée mais qui sous-tends nombre de discours réchauffistes) de climax, est complètement erronnée : tout bouge et change tout le temps et en premier lieu le climat et à différentes échelles de temps et d’espace. Mais cette notion est profondément destabilisante, parce qu’il n’y a plus de repères que relatifs et qu’avant n’était pas mieux que maintenant. De plus, ceux qui survivent sont ceux qui s’adaptent et l’adaptation est un exercice permanent à chaque génération. Un des paradoxes de la lutte contre le RCA face au changement n’est pas de s’adapter mais de freiner le changement par la nature elle-même en l’imputant à l’homme de façon à se créer la nécessité d’agir pour revenir à l’état antérieur. Hors il n’y a jamais de retour à l’état antérieur (au moins à l’échelle d’une planète).

    Autre remarque : certains écolos sont mêmes animistes…. 😉 .

  7. Le RCA, le CC, la protection de l’environnement, tout ça n’a rien à voir avec les religions. Un exemple : avez-vous une preuve scientifique que le respect est la base de toute société civilisée ? Non, mais c’est le bon sens. Bien sûr, certains pourraient trouver toutes une liste d’arguments qui diraient que tel n’est pas le cas, mais pourquoi faire cela si ce n’est pas pour justifier leurs comportements irrespectueux et guerriers ? Les Nazis voyaient les choses comme cela, sur le coup cela n’a dérangé presque personne…

    Dieu existe-t-il en dehors des religions ?
    Est-ce la manière qui fait l’action ou est-ce l’objectif de cette action qui la définie ?

    Tout ça pour dire que même si les écologistes et les scientifiques peuvent parfois apparaitre comme des gourous, des curés ou des prédicateurs, il n’empêche que le message est moins important que le fond. Il nous reste beaucoup à apprendre, et la science n’a pas la réponse à tout, et encore moins les religions. Ce qui est très grave, c’est que certains se croient investit d’une mission quasi divine et qu’au nom de leur croyance ils étouffent ceux qui ne sont pas d’accord et qui ont de solides arguments. Le citoyen moyen écoute toujours et sait qu’il faut douter quand il entend le pour et le contre. C’est ça la liberté et aujourd’hui, elle est remise en cause non seulement par certaines religions, mais aussi par certains politiques. On veut imposer des idées uniques, on est plus capable de se développer dans la réflexion, dans la conciliation, mais dans l’affrontement ou la gesticulation. Cette bassesse humaine n’est pas glorieuse, et une bonne partie des hommes et femmes publics y sont pour quelque chose.
    Même si on ne sait pas d’où vient le problème, on sort les millions et comme ça tout le monde croient que les problèmes vont se résolver tout seul ! C’est la politique de ceux qui n’ont aucun pouvoir, aucune idée, mais de l’argent.
    Chacun veut sa place au soleil dans ce monde que l’on annonce si sombre. Et cette « sombritude  » est bien sûr fabriquée de toute pièce…

  8. Chria (#107),

    Je ne comprends rien à votre premier §, désolé.
    Pour le second, première phrase, ce n’est pas l’objet du site. Ici on ne considère pas les manifestations divines, mais celles de la nature ou de l’homme.

    Pour précision, je n’ai jamais dit que que le RCA était une religion mais qu’il présentait des similitudes avec certains aspects religieux, comme toute idéologie. Pour moi, on est très nettement dans la constructions d’une idéologie ou d’un mythe.

    la science n’a pas la réponse à tout, et encore moins les religions

    . Oui la science n’a pas réponse à tout et elle structurellement basée sur le doute (remise en cause des certitudes par confrontation au réel). Les religions donnent des réponses à tout, justement ou ont cette prétention, ne serait-ce que par le biais de la fatalité ou de la décision divine (non accessible à l’homme)

    Ce qui est très grave, c’est que certains se croient investit d’une mission quasi divine et qu’au nom de leur croyance ils étouffent ceux qui ne sont pas d’accord et qui ont de solides arguments.

    C’est justement une des caractéristique des idéologues et des prosélytes religieux (relisez les posts de Sirius et les miens 😉 ou on essaye de faire un tri , voir uassi la définition de Hannah Arendt sur les idéologies.

    Nb : une des caractéristiques des idéologues et gourous de tous poils et plumes, c’est qu’ils n’ont pas d’humour, tous concentrés qu’ils sont à nous sauver contre nous-mêmes… 😥 et 😉

  9. Araucan (#108),
    « Pour précision, je n’ai jamais dit que que le RCA était une religion mais qu’il présentait des similitudes avec certains aspects religieux, comme toute idéologie. Pour moi, on est très nettement dans la constructions d’une idéologie ou d’un mythe. »
    Je suis d’accord et je ne parlais de vos propos en particulier
    Quant à mon premier paragraphe, comprend qui voudra, je voulais séparer l’idée et l’action…

  10. YES! Je pense être du bord d’Araucan. Entre la mythologie des Grecs et le discours dominant du RCA, il n’y a qu’un demi pas. Tout ce qu’il manque à ce dernier est l’affirmation explicite de l’existence de forces supra naturelles. Ce que l’homme contemporain n’oserait faire explicitement, bien sûr. Mais sa structure, ainsi que sa fonction et ses effets, sont similaires, voire isomorphes. Ses effets dépendent peut être toutefois des individus qui le captent et sont à ce titre personnels. (Socrate par exemple, bien que croyant en l’existence des dieux, ne réagissait pas comme ses contemporains à la mythologie. Ouch!)

  11. RCA ,repentance et péché écologique

    http://www.liberation.fr/terre…..l-ecologie
    A Uppsala, les religions ont foi en l’écologie
    La ville suédoise a accueilli le sommet interconfessionnel sur le climat.
    La Terre étant une création de Dieu, l’homme a le devoir de la sauver. Et vite. Ce sont en gros les conclusions auxquelles sont parvenus les représentants de plusieurs grandes religions, réunis fin novembre à Uppsala, au nord de Stockholm, à l’occasion du sommet interconfessionnel sur le climat, organisé par l’archevêque de Suède, Anders Wejryd. Autour de la table : un daoiste chinois, un gardien de la foi iroquois, un théologien algérien, un révérend lapon, un bouddhiste cambodgien, ou encore un orthodoxe américain et l’évêque de Londres. Tous signataires du manifeste, qui sera présenté cette semaine à Poznan (Pologne) par l’archevêque de Suède.
    Le texte appelle les leaders de la planète à adopter à Copenhague, en décembre 2009, une stratégie «suffisamment ambitieuse pour maintenir le réchauffement climatique au-dessous de 2 degrés», en «répartissant les contraintes de manière équitable, conformément aux principes de responsabilité commune, mais différenciée». Les signataires exigent notamment que les pays développés réduisent de 40 % leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 et de 90 % d’ici 2050. «Nous nous sommes enfin débarrassés de notre manteau de supériorité, pour regarder au-delà de notre foi et travailler ensemble», s’est félicité le rabbin néerlandais Awraham Soetendorp. Pour lui, la situation actuelle est comparable à cette parabole de deux hommes coincés sur un bateau. Le premier perce un trou dans la coque. Le second s’exclame : «Mais tu es fou, tu vas nous tuer.» Le premier le rassure : «Ne t’inquiète pas, je ne perce que de mon côté.»
    Mais dans ce domaine, «les communautés religieuses sont des retardataires», note le père John Chryssavgis, représentant du patriarche de Constantinople. «Nous ne sommes pas de bons samaritains.» L’heure est à la repentance. L’évêque de Londres, Richard Chartres, recommande l’humilité, précisant que «l’Eglise d’Angleterre émet autant de gaz à effet de serre qu’une grande chaîne de supermarchés».
    Au Groenland, la fonte des glaciers n’a échappé à personne. L’évêque de l’île témoigne : «Une prêtre m’a demandé un jour ce que la pollution avait à voir avec la religion, raconte Sofie Petersen. Pour qu’elle comprenne, je lui ai demandé si elle croyait en Dieu et à la création.» Le principe d’un «péché écologique» a été évoqué. L’archevêque de Suède a prévenu qu’il ne s’agissait pas de «trouver des réponses religieuses particulières». Mais de prendre en considération ce que disait la science, et d’agir avant qu’il ne soit trop tard. Un grand absent des discussions toutefois : le Vatican. Officiellement, le pape ne pouvait pas venir. Officieusement : «Je me bats depuis quarante ans sur cette question et pas eux», déclare la théologienne américaine Rosemary Radford Ruether, une des trois catholiques présentes.

  12. Tuvalu et Maldives sont à Poznan et se font entendre… aussi

    Climat: menacées de boire la tasse, les petites îles donnent de la voix à Poznan
    AFP Jérôme CARTILLIER

    Craignant d’être dévastés, voire purement et simplement rayés de la carte, les petits Etats insulaires, de Tuvalu (Pacifique) à la Grenade (Caraïbes), donnent de la voix dans les négociations internationales sur le climat. Avec un certain succès.

    http://fr.news.yahoo.com/2/200…..ff8aa.html

    Daniel (#112),

    Les signataires exigent notamment que les pays développés réduisent de 40 % leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 et de 90 % d’ici 2050.

    Mais nom de Zeus pourquoi pas 100 % ? 90 % cela fait bien petit, je trouve… Avec l’aide de Dieu on devrait y arriver, non ? 😉

    L’heure est à la repentance. L’évêque de Londres, Richard Chartres, recommande l’humilité, précisant que «l’Eglise d’Angleterre émet autant de gaz à effet de serre qu’une grande chaîne de supermarchés».

    A la repentance de quoi ? De vivre ?
    Sinon ils ont bien du monde dans leurs églises en Angleterre…Ils les chauffent trop ou elles ne sont pas assez isolées ?

    Le principe d’un «péché écologique» a été évoqué.

    Les verts l’ont déjà inventé : ils vont demander des droits d ‘auteurs…

  13. Daniel (#112),
    Mais qui Dieu va-t-il pouvoir choisir, entr el'écologie et les 4×4 ?

    http://www.arretsurimages.net/vite-dit.php

    Trois 4 x 4, appelés SUV (Sport Utility Vehicule) aux USA, entourés d'un choeur en prière à la Une du New York Times devant l'autel dans le temple Greater Grace,une église pentecotiste à Detroit, la capitale de l'industrie automobile.
    Le choeur et les participants dont beaucoup travaillent dans l'industrie automobile chantent “I’m Looking for a Miracle” (J'attends un miracle), ceci au moment où le Congrès américain étudie les demandes d'aides présentées par les patrons des trois grands groupes automobiles

  14. Les signataires exigent notamment que les pays développés réduisent de 40 % leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 et de 90 % d’ici 2050.

    mais si on ne fait plus voler les avions ,vont crever la misère sur leurs îles perdues: un pois chiche à la place de la cervelle

  15. Géniale l'animation !

    the fritz (#115),

    Non, ils attendront le bateau qui passera tous les mois…
    On leur a foutu la trouille : ils veulent en récupérer quelque chose (quel feriez-vous à leur place, surtout de De Boer dit qu'ils ont déjà atteint leurs limites …)

  16. @115_The fritz

    Les signataires exigent notamment que les pays développés réduisent de 40 % leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici 2020 et de 90 % d’ici 2050.

    D’ici 2020 une bonne proportion des éléments de la population actuelle n’existera plus. Je fais parti de ce lot. En 2050, nous seront (presque) tous morts. Je vous souhaites faire parti des survivants.

    Question : de quelle autorité pouvons-nous actuellement décider ce que les générations futures devront faire?

  17. Sirius (#118),

    Et de quelle autorité nos parents ont-ils décidé de notre futur (présent actuel) ? 😉

    Votre question est généralement un argument environnementaliste, sous l’angle : laissons leur au moins ce que nous avons reçu, sous -entendu que l’on va forcément laisser quelque chose de pire à nos descendants , ce qui n’est pas forcément toujours vrai (cf Lomborg par exemple).
    Là on est bien partis pour leur laisser une pollution diffuse au mercure avec les ampoules basse tension…

    Même l’absence de choix est un choix.

  18. @119_Araucan
    Chaque génération a ses troubles. Ses réponses peuvent éventuellement servir aux générations futurs. L’histoire montre que c’est le cas en science, en technique et même en politique.

    Le malaise que j’éprouve intellectuellement vis-à-vis cette thèse de notre responsabilité prospective envers les générations futures est qu’elle gonfle (multiplie) le nombre d’individus dont nous devons actuellement tenir compte mais dont ignorons les propriétés puisqu’ils n’existent pas (encore). Or,

    Entia non sunt multiplicanda praeter necessitatem.

    Je pense que nous d’accord là-dessus.

  19. Et puis c’est difficile de les consulter : cela pose quelques problèmes techniques … et quand bien même nous pourrions le faire nous tomberions dans les paradoxes temporels bien connus des lecteurs de SF.

    Faisons ce que nous pensons devoir faire au mieux et en conscience, en bon père de famille selon la formule consacrée…

  20. @121_Araucan

    Et puis c’est difficile de les consulter

    Impossible même, par définition. (Nonobstant, si nous le pouvions, les paradoxes temporels, comme vous le soulignez justement.) La théorie de la responsabilité prospective, appliquée à la problématique de l’environnement, a été qualifiée par certains de paternaliste pour cette raison : elle fonde la proposition qu’il revient à nous de décider pour les générations futures ce qui est bon et ce qui mal pour elles; mais rien de plus facile en vérité puisque nous en jugeons selon nos croyances, connaissances (partielles) et propres critères moraux! Cher Freud, aidez-nous!