Montrer le froid pour souffler le chaud … Les images de paysages dans « Une vérité qui dérange ».

 

 

Le contenu des images : l’image comme produit d’une imagerie.

Par définition, toute image est polysémique. Elle est sujette à des interprétations multiples. Cette dispersion intrinsèque du sens est largement combattue par le commentaire qui accompagne les images, voire par la musique. Il reste qu’il y a toujours quelque chose d’incontrôlable dans l’appropriation de l’image par les spectateurs !

Cela étant, tout n’est pas dans les représentations. En amont de l’interprétation, il est possible de s’entendre sur ce que l’on voit, c’est-à-dire sur l’identification d’objets visuels bien concrets : une usine, une route, un arbre, de la glace… Pour ce film, il a semblé opportun de classer tous les plans de paysage en une petite dizaine de rubriques fondées sur l’objet visuel dominant qui ressort de leur observation : ville, industrie, agriculture, recherche, transport, habitants, inondations, incendies ainsi qu’une série d’éléments naturels comme : océans, fleuves et rivières, vents, forêts, déserts, montagnes, neige et glaces.

De cet exercice, il ressort que l’imagerie produite par Al Gore est, en majorité, composée d’images d’éléments des milieux « naturels » (56%) généralement pris dans de grands espaces. Les images d’infini entre ciel et eau, rappellent les grands photographes des paysages de l’Ouest américain (Ansel Adams et Robert Adams en particulier). Dans le film, les plans de neige et de glace (un quart du total des paysages) se taillent la part du lion. Les tons sont clairs, voire lumineux avec toute la gamme des blancs et des bleus, plus quelques verts. Aux yeux du conférencier, c’est la « Nature », monde harmonieux et intact, qui est touchée. Elle enregistre le réchauffement climatique, c’est le marqueur des dérèglements. Et, dans cette perspective, le froid (Fig. 6) est fortement mobilisé pour nous dire le chaud. Loin derrière « la Nature » et dans la fonction d’images des causes du réchauffement, on recense : la ville (17%), l’industrie (10%) et les habitants (7%).

Fig. 6 : Al Gore : « C’est très dommage car ces glaciers sont magnifiques et ceux qui montent les voir assistent à ces spectacles tous les jours… » + bruit de chute dans l’eau (17ème minute).

Fig. 6 : Al Gore : « C’est très dommage car ces glaciers sont magnifiques et ceux qui montent les voir assistent à ces spectacles tous les jours… » + bruit de chute dans l’eau (17ème minute).

 

 

 

 

 

 

Les couleurs de la présence des sociétés humaines sont plus sombres, beaucoup de tons de gris, de brun-rouge (Fig. 7 et 8), de noir. Quant aux transports pourtant gros émetteurs de gaz à effet de serre et donc particulièrement impliqués dans le réchauffement, ils ne sont présents que de manière anecdotique (3%) ! Il est vrai que des esprits mal tournés pourraient reprocher à Al Gore son usage immodéré des avions et des voitures. Les conférences sont de grosses émettrices de gaz à effet de serre !

Fig. 7 : Al Gore : « Mais le problème c’est que cette mince couche d’atmosphère est épaissie par toute la pollution … » (9ème minute).

Fig. 7 : Al Gore : « Mais le problème c’est que cette mince couche d’atmosphère est épaissie par toute la pollution … » (9ème minute).

 

Fig. 8 : Al Gore : « Nos techniques ont dépassé l’échelle humaine. Additionnées elles ont fait de nous une des forces de la nature… » (67ème minute).

Fig. 8 : Al Gore : « Nos techniques ont dépassé l’échelle humaine. Additionnées elles ont fait de nous une des forces de la nature… » (67ème minute).

 

 

 

Fig. 9 : Al Gore : « Toutes sortes de catastrophes exceptionnelles dignes de l’Apocalypse… » (36ème minute).Peut-être plus signifiantes que la description objective du contenu des images, il y a les perceptions que l’on peut leur associer. Elles sont, directement ou indirectement par le biais des propos d’Al Gore, orientées vers trois idées-phares qui structurent le film, à savoir : les dysfonctionnements, les menaces et les catastrophes. Plus des deux tiers des impressions produites par les images de paysage s’inscrivent dans ce cadre. Tout cela contribue largement à donner au film une ambiance recherchée de fin du monde. Le mot « apocalypse » est d’ailleurs employé à propos d’une image de glissement de terrain en Suisse (Fig. 9).

Fig. 9 : Al Gore : « Toutes sortes de catastrophes exceptionnelles dignes de l’Apocalypse… » (36ème minute).

Ajoutons qu’une part non négligeable (près de 40%) des plans n’est pas localisée. Et pour la majorité de ceux qui le sont, la localisation n’est pas précise. C’est l’échelle d’un océan (arctique, pacifique), d’un continent (antarctique) ou encore celle d’un pays continent (« en Chine ») qui est convoquée ! Les territoires des traces ou des risques liés au réchauffement deviennent des espaces largement indifférenciés. Sans adresse précise, le péril est partout. Il l’est d’autant plus qu’à l’exception des images de glaciers de montagne, les dates de prises de vue ne sont pas mentionnées. L’histoire du climat et de ses oscillations est largement gommée. Or par définition toute image est datée : c’est un instantané à un moment donné. Pour les images de paysages, cette date doit être précise, au mois près puisque les saisons, on le sait, sont une composante majeure de l’aspect du paysage. Il n’est donc jamais neutre de confronter, comme marqueur du changement, des images d’un même paysage à deux dates différentes. Le choix des dates détermine le résultat de la comparaison. L’utilisation des images des Neiges du Kilimandjaro par Al Gore est à cet égard très problématique. La succession des deux photos : l’une prise « il y a plus de trente ans » (1970 s’inscrit en surcharge sur la photographie) et l’autre « plus récemment, il y a deux mois » (pas d’année mentionnée) est explicitement avancée comme une preuve irréfutable du changement climatique (Fig. 10 A). Mais on ne sait ni la saison de prise de vue (saison sèche ou saison des pluies et donc des chutes de neige à cette altitude), ni si les années de référence tiennent compte de la variabilité interannuelle du climat. Si le même Kilimandjaro avait été photographié en 2007, Al Gore et nous aurions constaté une extension de l’enneigement (Fig. 10 B).

Kilimandjaro,1970

Kilimandjaro 2000

Kilimandjaro 1970

 

 

Kilimandjaro 2000

 

Kilimandjaro 2000

Kilimandjaro 2000

Fig. 10 A : Al Gore : « Voici une photo du Kilimandjaro il y a trente ans et plus récemment. Un de mes amis vient de rentrer avec cette photo prise il y a deux mois… D’ici une dizaine d’années les neiges du
Kilimandjaro n’existeront plus… » (16ème minute). 

Kilimandjaro,2007 !

 

Fig. 10 B : Kilimandjaro,2007 !

 

Cela aurait-il changé la conclusion ? Se servir des images dans une démonstration suppose un minimum de rigueur et cela d’autant plus que l’argument Kilimandjaro est l’un de ceux qui est le plus repris par des médias avides d’un sensationnalisme emblématique immédiatement perceptible.

Enfin, on notera qu’Al Gore ne propose aucune image des solutions techniques déjà en œuvre pour limiter les effets du réchauffement : éoliennes, électricité photovoltaïque, recherches sur les moteurs, habitat bioclimatique, transports en commun,…

101.  Florent76 | 2/11/2009 @ 20:56 Répondre à ce commentaire

On a déjà malheureusement comparé Martin Luther King, Amnesty International, Mere Teresa, Nelson Mandela et les Medecins sans frontières avec machin-chose et le GIEC !

L’erreur est humaine et le jury du prix Nobel n’échappe pas à la règle…

On avait récompensé Yasser Arafat, Shimon Peres, et Yitzhak Rabin pour leur avancée remarquable dans les négociations de paix entre Palestine et Israël en 1994. Ils ont reculé ensuite et 15 ans après c’est toujours la guerre !

102.  Marot | 5/11/2009 @ 0:17 Répondre à ce commentaire

Je vous soumets non pas une image de Gore mais ce que je viens de pêcher sur deux sites réchauffistes via un forum.

Au départ il s’agit de rapporter les résultats de Domingues et al. 2008 relatifs au contenu calorifique des océans. Ce qu’ils sont importe peu c’est la relation qui en est faite.

Selon Realclimate il s’agit de la courbe bleue :Réf http://www.realclimate.org/wp-.....c_comp.jpg
J’ai retiré les deux courbes rouge et verte

Selon « skepticalscience », la voici : Réf http://www.skepticalscience.co.....ontent.gif
J’ai mis à zéro le contenu négligeable de la terre et de l’atmosphère. Oter un zéro de l’échelle gauche pour se ramener à 10²² joules

Et puis j’ai normalisé et superposé.

Merveille, on voit (sauf erreur de ma part) les traficotages, truandages et tricheries.
Qui est coupable ? je ne le sais pas

Pour la bonne bouche, l’original (sans les zones d’incertitude) ramené à la même échelle (10²² joules) trouvé ici http://www.astepback.com/GEP/N.....0rates.pdf

Il ne colle ni avec l’un ni avec l’autre !

103.  Araucan | 5/11/2009 @ 23:23 Répondre à ce commentaire

Marot (#102),

Application de la méthode Mannienne de traitement des données ?

104.  Marot | 6/11/2009 @ 8:27 Répondre à ce commentaire

On pourrait le penser mais je ne vois là aucun traitement.

Il me paraît que c’est plutôt une attitude du genre :

Je m’abrite derrière une publication pour faire la courbe qui convient à mon idéologie et je fais confiance aux blaireaux pour ne pas vérifier.

105.  floyd | 6/11/2009 @ 19:04 Répondre à ce commentaire

Même Al Gore semble ne plus y croire ! Comme les faits contredisent de plus en plus les théories du GIEC, les alarmistes cherchent de nouveaux coupables. Selon les dernières nouvelles, Al Gore estiment que le CO2 est responsable du réchauffement climatique seulement pour 40%. C’est plutôt étonnant pour un homme qui n’a pas répété que le débat était clos et qu’il y a un consensus total :

« Those conversations led Gore to politically inconvenient conclusions in this new book. In his conversations with Schmidt and other colleagues at the beginning of the year, Gore explored new studies – published only last week – that show methane and black carbon or soot had a far greater impact on global warming than previously thought. Carbon dioxide – while the focus of the politics of climate change – produces around 40% of the actual warming.
Gore acknowledged to Newsweek that the findings could complicate efforts to build a political consensus around the need to limit carbon emissions. »

http://www.guardian.co.uk/worl.....nt-climate

106.  Araucan | 6/11/2009 @ 19:49 Répondre à ce commentaire

floyd (#105),

Mais cela ne change pas le fond de l’histoire c’est anthropique : d’abord le CO2 issu du fossile réchauffe , fait dégazer le permafrost et les suies se déposent sur la glace qui fond plus vite. De toute façon, COPENHAGUE va faire pschitt !

107.  floyd | 6/11/2009 @ 20:22 Répondre à ce commentaire

Araucan (#106),

Je verrai plutôt une taxe pour pouvoir taxer le méthane des bovidés.

108.  Araucan | 6/11/2009 @ 22:44 Répondre à ce commentaire

Pour ceux que climat et océan intéressent, explorer là :

http://www.maisondelachimie.as.....ie-et-mer/

109.  Marot | 7/11/2009 @ 10:47 Répondre à ce commentaire

Araucan (#108),
Un grand merci pour ce signalement.

110.  Araucan | 7/11/2009 @ 12:33 Répondre à ce commentaire

Marot (#109),

Je cherche toujours des docs sur ces questions d’acidification (mesures, état des lieux) en français …. mais difficile de trouver autre chose que si cela s’acidifie, voilà ce qui risque d’arriver.
Mais il ne faut pas désespérer !

111.  Marot | 7/11/2009 @ 12:46 Répondre à ce commentaire

C’est bien vrai que la prédiction est plus facile à faire que la mesure.

À ma connaissance, il n’y a pas de mesure systématique du ph de l’eau de mer, ni par les bouées Argo ni par les plate-formes NDBC, etc.

Sauf à présenter comme significatives des mesures éparses, aucune synthèse ne me paraît faisable.

Il y a plus de chances par des proxies mais c’est de la paléo-estimation.

J’ai toutefois bien noté votre recherche.

112.  Araucan | 7/11/2009 @ 13:31 Répondre à ce commentaire

Marot (#111),

Dans les mesures faites, il y a souvent non le pH mais des mesures d’alcalinité : à creuser

Autre site à explorer : http://www.unep-wcmc.org/GRAME.....lLinks.cfm

113.  Araucan | 7/11/2009 @ 13:39 Répondre à ce commentaire

Evolution des précipitations, rien de significatif :
http://www.gewex.org/May2008.pdf

114.  Araucan | 7/11/2009 @ 13:48 Répondre à ce commentaire

Marot (#111),
Voir là également. http://cdiac.esd.ornl.gov/ocea.....matol.html
J’ai bien envie d’ouvrir une page sur la question à alimenter au fur et à mesure des trouvailles….

115.  Araucan | 7/11/2009 @ 14:01 Répondre à ce commentaire

Voir là également
http://ferret.pmel.noaa.gov/NV.....;auto=true

116.  Marot | 8/11/2009 @ 10:44 Répondre à ce commentaire

Araucan (#114),
J’essaye de comprendre la référence majeure citée dans le lien.
Il s’agit de http://cdiac.ornl.gov/ftp/ocea.....ce_alk.pdf sous le titre :

Global relationships of total alkalinity with salinity and temperature in surface waters of the world’s oceans

ce que je crois saisir de ce qu’écrivent les auteurs :

1) La variabilité de l’alcalinité totale (AT) à la surface des océans est commandée principalement par l’ajout d’eau douce (précipitations et eau de fonte de glace de mer) ou son retrait (évaporation et formation de glace de mer) qui agit aussi pour changer la salinité.

2) Dans les océans tropicaux (de 30°N à 30°S), les variations d’AT en surface associées aux changements de salinité proviennent pour plus de 80 % du changement de salinité.

3) Aux latitudes hautes (nord de 30° N et sud de 30° S), un accroissement progressif du mélange convectif des eaux profondes tiches en AT pendant le froid saisonnier est un facteur additionnel
d’augmentation de l’AT en surface.

4) Des algorithmes de calcul empirique d’AT peuvent aider à prédire le flux de CO2 à l’interface air-mer dans un modèle numérique d’océan parce que la pression partielle de CO2 dans l’eau (pCO2) peut être calculée à partir des valeurs d’AT et du carbone inorganique total (CT).

5) Les auteurs déterminent une fonction empirique d’ajustement de degré 2 :
AT = a + b (SSS – 35) + c (SSS – 35)² + d (SST – 20) + e (SST – 20)²
SSS =sea surface salinity
SST= sea surface temperature
a b c d e coefficients d’ajustement.

J’en déduis, à tort ou à raison,
..qu’il n’y a là aucune avancée en termes de physique;
..que la méthode de calcul ne prend pas en compte la concentration atmosphérique en CO2;
..que la formule est établie « toutes choses égales par ailleurs » aux fins d’éviter des campagnes de mesures concrètes.

Et un modèle de plus, un…

117.  Araucan | 8/11/2009 @ 13:36 Répondre à ce commentaire

Marot (#116),

Quelques autres références que je n’ai pas trop le temps sad de creuser

http://fr.wikipedia.org/wiki/Eau_de_mer
http://en.wikipedia.org/wiki/PH#Seawater
http://www.seafriends.org.nz/oceano/seawater.htm
http://royalsociety.org/docume.....38;id=3249
http://www.iso.org/iso/fr/cata.....mber=41074
http://www.ioc-unesco.org/inde.....;Itemid=29
http://www.com.univ-mrs.fr/oli.....s/TAT.html

Effectivement il y a du recyclage de jeux de données dans l’air :

In this case, empirical algorithms that relate surface AT t o SSS and SST are particularly useful in constructing the global distribution of AT when combined with the global fields of SSS and SST. Such empirical AT algorithms can aid in predicting the CO2 flux across the air-sea interface in a numerical ocean model because surface pCO2 could be calculated from the values of AT and total inorganic carbon (CT) for the model’s surface box.

Mais tout dépend effectivement du domaine de validité de la formule donnée et comment elle a été construite (à partir de données déjà collectées ? à partir de formules d’équilibres chimique, type pK ?).

118.  Marot | 8/11/2009 @ 15:42 Répondre à ce commentaire

Araucan (#117), Les ajustements ont été faits en utilisant les données suivantes.

Here, we use surface AT measurements (n = 5,692) from the Global Ocean Data Analysis Project v1.1 data set [Key et al., 2004] which have been carefully quality controlled to determine the relationships of AT with SSS and SST for different ocean regimes.

Key, R. M., et al. (2004), A global ocean carbon climatology: Results from Global Data Analysis Project (GLODAP), Global Biogeochem. Cycles, 18, GB4031, doi:10.1029/2004GB002247.

119.  Marot | 10/11/2009 @ 19:16 Répondre à ce commentaire

Araucan (#117), Le reste une affaire d’ajustement polynomial.

120.  Marot | 13/11/2009 @ 8:47 Répondre à ce commentaire

APPEL

Je cherche des références de graphes modifiés, tordus, truandés.

Exemples : modification d’échelle, déplacement de zéro, nouveau tracé plus « dans le vent », etc.

Votre expérience me sera utile.

Merci.

121.  floyd | 2/01/2010 @ 18:40 Répondre à ce commentaire

Al Gore est devenue le nouveau messie :
http://en.tackfilm.se/?id=1262453872810RA25

Mais ne désespérez pas, vous aussi avec une photo, vous pouvez devenir le prochain messie:
http://en.tackfilm.se/

122.  ardeche07 | 13/10/2010 @ 22:53 Répondre à ce commentaire

Mauvaise nouvelle pour les réchauffistes :
L’hiver pourrait arriver sur la France dans 48h !
http://www.wetterzentrale.de/p.....is_ens.png

123.  ardeche07 | 13/10/2010 @ 23:00 Répondre à ce commentaire

Je me suis tromper de topic.
Je voulais selectionner trop de neige depuis trop longtemps.
Enfin, bref, on ne fera pas d’économie de chauffage sur ce coup.

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