A PROPOS DE LA SORTIE DU PETIT AGE GLACIAIRE

  3. POURSUITE DE LA SORTIE DU PAG

3.1. Linéarité de la Récupération

Dans le chapitre précédent, nous avons appris que la sortie de PAG était régulière, bien que des ‘fluctuations’ s’y superposent, ce qui sera examiné au chapitre 5. Dans ce chapitre, nous apprendrons, grâce à des données plus précises récoltées durant le siècle dernier, que le changement climatique examiné dans le chapitre précédent se poursuit jusqu’à nos jours. A l’aide de ces données, nous pouvons examiner plus soigneusement les modifications, et particulièrement la linéarité des changements.

Une étude récente des modifications du niveau des mers par Holgate [39] est montrée à la Figure 4(a). Celle-ci comprend la dernière partie de la Figure 2(c). En premier lieu Holgate note que le rythme de montée du niveau de la mer est d’environ 1,7 mm/an. La modification du niveau est censée refléter l’expansion thermique de l’eau de mer et la fonte des glaciers durant le dernier demi siècle. En comparant la Figure 4(a) et la Figure 2(c), on peut voir que la récupération du PAG est un processus continu, de 1900 à 2000. En réalité, en comparant les pentes entre 1907-1960 et 1960-2000, le gradient s’est réduit (à 1,4 mm/an) dans la seconde période (Holgate [39]). En fait, la montée du niveau des mers a pratiquement stoppé après 2005 (Nerem et al. [40]). Ce point sera examiné au chapitre 5.

La Figure 4(b) montre les modifications de la température moyenne globale de 1890 à 2007 (Agence Météorologique du Japon (JMA) [41]); la ligne rouge a été ajoutée par la JMA. Des chiffres très similaires ont été publiés par la NASA (GISS), la NOAA, et d’autres. Sur la Figure 4(b), on a ajouté la quantité de CO2 libérée (Ndt. Par l’activité humaine), et on peut constater qu’elle a commencé à augmenter rapidement en 1946. Bien que la modification de la température moyenne globale puisse être approchée par une fonction linéaire temporelle (f) (T=at), la variation du CO2 est plus proche de T=bt2.

 

  Figure 4. (a) Niveau moyen des mers selon neuf marégraphes sur la période 1904-2003 basé sur les tendances décennales de 1907 à 1999 (Holgate [39])
  Figure 4. (b) Température moyenne globale (JMA) [41]. La droite rouge a été tracée par la JMA. La quantité de CO2, qui a commencé à augmenter rapidement en 1946 est ajoutée aux fins de comparaison.

   La Figure 4(c) présente schématiquement la précédente interprétation de l’évolution de la température moyenne globale depuis 1880, en superposant les ‘fluctuations’ sur la ligne de tendance. Les variations au-dessus de la ligne sont figurées en rouge, et celles en dessous en bleu.
 
Figure 4. (c) Interprétation de la Figure 4(b) montrant l’évolution de la température consistant en une
droite de tendance avec les ‘fluctuations’ superposées
.
L’enregistrement de température (ligne bleue fine)
provient du rapport NOAA [42] (voir l’insert de la Figure 9), qui est essentiellement une version lissée de
la moyenne sur 5 ans de la Figure 4(b). La ligne bleue épaisse de 1975 à 2000 sera examinée au chapitre 6



En observant la linéarité de l’évolution de la température durant le siècle dernier, Bryant [43] note qu’il n’y a que quelques points en dehors des limites de confiance à 95% de la régression linéaire. La pente de la ligne droite est d’environ 0,5°C/an. Une analyse beaucoup plus détaillée de la tendance a été effectuée par Wu et al. [44] ; N.E. Huang, du Research Center for Advanced Data Analysis de l’Université Nationale Centrale de Taiwan a attiré mon attention sur leur article après que l’avant projet de ce papier ait été presque terminé. La Figure 4(d) montre leurs résultats. La ligne continue montre ce que nous avions approché par une ligne droite. A noter que le gradient de la ligne continue de 1900 à 2000 est approximativement de 0,5°C/siècle. La ligne pointillée sera examinée au chapitre 5.

Il y a eu un certain nombre de discussions à propos de la température durant le PAG. Les chiffrent varient de 0,5°C à 1,5°C en dessous de la température actuelle (voir Lamb [1] 1982 ; Grove [2]). Si nous retenons 1,0°C principalement en nous basant sur les figures 1a et 1b, le rythme d’augmentation des 200 dernières années, soit entre 1800 et 2000 se situe à environ 0,5°C/siècle.

                     Figure 4 (d) taux d’évolution de la température (par an) par accroissement lissé (ligne continue)
et variations multi décennales (pointillés) de 1850 à 2000 (Wu et al. [44]).

3.2 La Sortie du PAG a-t-elle pris fin avant 1900 ?

D’après les études montrées plus haut, nous avons appris que la récupération a continué jusqu’à nos jours. La question suivante est “La récupération s’est-elle terminée avant 1900 ?”. Un examen superficiel des Figures 1(a) et 1(b) pourrait donner l’impression que la Terre est sortie du PAG, si nous estimons que le niveau actuel est le niveau normal. Cependant, en météorologie et en climatologie, il n’est pas possible de déterminer le niveau normal absolu à partir duquel les déviations (réchauffement ou refroidissement) puissent être mesurées, ou la fin du PAG déterminée. Si l’on examine les données sur une période plus longue (disons 2000 ou 10000 ans), la température actuelle peut se trouver inférieure à des périodes choisies. D’après la Figure 5, on peut voir clairement que le 20ième siècle n’apporte pas de réponse à la question posée. Des enregistrements de longues périodes similaires ont été obtenus par Keigwin [10] et Dale-Jensen et al. [45].

De plus, il est très important de noter que la température ne monte que dans la dernière partie. Donc, bien qu’il soit généralement admis que la sortie du PAG s’est terminé depuis quelque temps, il n’existe aucun élément pour définir l’année de fin du PAG. Il est plus probable que la Terre est toujours en phase de récupération. Ce que nous avons appris jusqu’à maintenant est important pour la compréhension de la montée de température au 20ième siècle. Ce point sera examiné au chapitre 6 (voir la Figure 9).


  Figure 5. Température de carottage du site de GISP-2 au Groenland sur 2000 (en haut) et 10000 ans respectivement (Alley [46]).

 

101.  miniTAX | 1/03/2011 @ 18:52 Répondre à ce commentaire

Petit problème de thermodynamique pour la FARCE :
1) Bangkok est à la même latitude qu’Ouagadougou
2) L’air à Bangkok contient 100x plus de gaz à effet de serre (vapeur d’eau) que l’air à Ouagadougou.
3) Donc Bangkok devrait être beaucoup plus chaud qu’Ouagadougou
4) Eh bah non, tous deux sont à 28°C en moyenne !
5) Pourquoi ? Et Paf le chien.

102.  Murps | 2/03/2011 @ 0:04 Répondre à ce commentaire

miniTAX (#101), parce que le CO2 ne produit qu’un forcage global par rapport à la self-saturation des jets streams de la poële à frire.
Ca self-sature l’ufnuf et permet la fonte des glaces du pôle, donc des hivers très très froid en europe et un gradient de température nul sur Ouagadougou.
D’ou l’égalité.

Ca fait sérieux ou bien je reformule sans déconner ?
Sérieux.
Je dois pouvoir produire une explication qui semble plausible.
Faut me laisser un peu de temps.;-)

103.  Papyjako | 2/03/2011 @ 7:28 Répondre à ce commentaire

Murps (#102),
Murps, vous avez là la substance d’une communication à l’IPSL, et peut-être, qui sait, une Thèse ?…

104.  scaletrans | 2/03/2011 @ 10:09 Répondre à ce commentaire

miniTAX (#101), Murps (#102), Papyjako (#103),

Vous oubliez le bidulator !!!

105.  JG2433 | 2/03/2011 @ 10:18 Répondre à ce commentaire

scaletrans (#104),

le bidulator

miniTAX™ smile

106.  Marot | 3/03/2011 @ 18:16 Répondre à ce commentaire

Une contribution inattendue au travail d’Akasofu vient de Grant Foster (Tamino) ici.

Ce billet est clairement analysé par Lubos Motl ici.

En bref, il semble fortement y avoir un cycle de moyennes de températures d’environ 66 ans.
Ceci est établi par analyse de Fourier de carottes du lac proglaciaire Agassiz, période de -6000 à -4000 av. J.-C.
La figure la plus spectaculaire est

Le pic principal à la fréquence annuelle 0,0152 correspond à 1/0,0152 = 66 ans.

La permanence de ce cycle et sa ou ses causes font évidemment débat.

107.  Murps | 3/03/2011 @ 22:52 Répondre à ce commentaire

Excusez Marot, mais cette courbe de Motl me laisse dubitatif.

En particulier ce pic seulement « double » par rapport à ses voisins me semble bien « fragile » surtout compte tenu de l’extrapolation des températures.
Ca ne serait pas plutôt une conséquence d’une géographie locale du lac ?
(genre barrage glaciaire qui grossit et cède régulièrement)

108.  Bob | 3/03/2011 @ 23:07 Répondre à ce commentaire

Je rappelle le travail de Scafetta où on voit très bien le cycle de 60+ ans :

Murps #107 : Le problème est que l’article de Nature par Knudsen et al , commenté par Tamino, puis par Motl, retrouve ce cycle de 60+ ans dans plusieurs forages glaciaires, situés à des distances de plusieurs milliers de km.
Alors, la géographie locale…

Il faut lire l’article de Knudsen et al. Il est encore en accès libre (réf sur le site de Tamino alias Foster Grant).
Knudsen élimine le soleil et lui préfère l’AMO, parce ça ne colle pas avec le cycle de Gleisberg de 88 ans…ce qui n’est pas étonnant.

AMHA, ces gens-là ne lisent pas les articles de leurs collègues.

109.  Marot | 3/03/2011 @ 23:16 Répondre à ce commentaire

Marot (#106), Murps (#107)
Complément et Rectification

Le papier original in extenso est ici.

Il apparaît à la lecture qu’il ne s’agit pas du lac proglaciaire Agassiz mais de carotte de glace du glacier Agassiz proche d’Ellesmere (grand nord canadien).

Mea culpa.

110.  Marot | 22/03/2011 @ 17:56 Répondre à ce commentaire

L’Union européenne des géosciences vient d’attribuer la médaille Hannes Alfvén, du nom du prix Nobel de physique de 1970 au professeur Syun Ichi Akasofu.

via Lubos Motl.

111.  Papyjako | 23/03/2011 @ 4:05 Répondre à ce commentaire

Marot (#109),

L’Union européenne des géosciences vient d’attribuer la médaille Hannes Alfvén, du nom du prix Nobel de physique de 1970 au professeur Syun Ichi Akasofu.

Cela réchauffe … le coeur !

Merci pour l’info Marot.

Sorry, the comment form is closed at this time.