A Bruxelles, l'annonce de ces meurtres a fait réagir les décideurs politiques européens. L'eurodéputé vert Bas Eickhout a d'ailleurs qualifié ces violations des droits de l'Homme de « scandaleux ».
Ce membre néerlandais du Parlement européen a déclaré à EurActiv qu'il demanderait à la Commission européenne d'interdire l'utilisation des crédits carbone pour les plantations dans le cadre du système d'échange de quotas d'émission de l'Union européenne (SCEQE).
Plusieurs membres du comité du MDP ont été « personnellement bouleversés » par les évènements qui ont secoué Bajo Aguán, au nord du Honduras, selon le président du comité, Martin Hession, qui a déclaré que cette affaire leur avait causé de nombreux soucis. « Ces évènements ont clairement été qualifiés de déplorables », a-t-il affirmé à EurActiv. « Ils ne sont pas excusables ». Toutefois, dans la mesure où ces évènements ont eu lieu après la tenue des consultations des parties prenantes du MDP et où l'enquête sur la réduction des émissions et les impacts environnementaux ne fait pas partie des attributions du comité, ce dernier n'a pas pu bloquer l'enregistrement du projet.
Un autre membre du comité a déclaré à EurActiv qu'Aguán était une « patate chaude » au cœur de l'intégrité du système d'échange d'émissions. « Nous déplorons tous cette situation », a-t-il assuré.
Violations des droits de l’Homme
L'affaire en question concerne le meurtre de 23 fermiers locaux qui ont tenté de récupérer des terres qui, selon eux, avaient été illégalement vendues à de grandes plantations d'huile de palme, comme Grupo Dinant, dans un pays gangréné par les violations des droits de l'Homme.
Ces meurtres ont été perpétrés suite à « l'implication directe de gardes de sécurité privés employés par certaines entreprises locales complices avec la police et des représentants de l'armée », peut-on lire dans le rapport.
Dans certains cas, il est fait mention de « simulations d'accident » lors desquelles des paysans se font écraser par des gardes de sécurité travaillant pour deux hommes d'affaires du secteur de l'huile de palme, dont le nom est cité. Dans d'autres cas, les fermiers ont tout simplement été abattus ou ont « disparu ».
La Commission interaméricaine des droits de l'Homme compte organiser une audience sur ce rapport le 24 octobre et une délégation d'eurodéputés se rendra dans la région entre le 31 octobre et le 4 novembre.
« Nous n'enquêtons pas sur des crimes », a expliqué un membre du comité à EurActiv. « Nous avons dû juger le projet dans le cadre de nos propres règles, aussi regrettable que cela puisse être, et nous n'avions pas beaucoup de marge de manœuvre pour refuser le projet. Toutes les procédures de consultation ont été respectées ». La semaine dernière, M. Hession a soumis des propositions au comité du MDP qui s'était réuni à Quito en Equateur, mettant en exergue le décalage entre la consultation des projets et leur enregistrement.
Le secrétariat du MDP prépare également un rapport d'analyse pour une réunion de l'ONU l'an prochain et un rapport sur l'intégrité du MDP est attendu pour la fin de ce mois-ci. Toutefois, les crédits carbone des plantations peuvent toujours être échangés dans le cadre du SCEQE, qui permet aux pollueurs de compenser leurs émissions de carbone par des investissements dans les énergies propres.
Des organisations caritatives, comme la Fédération luthérienne mondiale, se disent particulièrement inquiètes, étant donné que selon elles, la situation empire à Bajo Aguán. « Plusieurs signes inquiétants nous font penser que le gouvernement hondurien prévoit d'envoyer 1200 policiers et militaires dans la région », a confié à EurActiv Toni Sandell, un employé de l'ONG chrétienne Aprodev. « C'était déjà une source de conflit auparavant ».
D'autres défenseurs des droits de l'Homme dans la région ont fait état de liens indirects entre les forces honduriennes et les milices des propriétaires qu'elles protègent. Ces milices entretiendraient en outre des relations avec les narcotrafiquants locaux.
L'UE doit agir
Des eurodéputés ont été poussés à exiger de la commissaire au climat, Connie Hedegaard, qu'elle agisse contre les crédits carbone alloués aux plantations honduriennes d'huile de palme.
Martin Hession a déclaré qu'il était « tout à fait favorable » à la proposition de M. Eickhout, mais qu'il craignait que l'UE ne dispose pas des ressources nécessaires pour enquêter efficacement sur les violations des droits. « Idéalement, les problèmes liés aux droits de l'Homme devraient être traités via les organes concernés de l'ONU », a-t-il expliqué à EurActiv. « Mais il pourrait bien y avoir des structures au sein de l'UE capable de traiter le problème », a-t-il ajouté. M. Eickhout a organisé une réunion sur l'intégrité du marché du carbone au Parlement européen la semaine dernière. Il a qualifié cette réunion de « tremplin », s'agissant de mettre Aguán au programme du Parlement et de « mettre la pression à la Commission pour qu'elle présente de nouvelles propositions ».
Un fonctionnaire de la direction générale de la Commission européenne pour l'énergie a déclaré à EurActiv que l'introduction des droits de l'Homme dans les critères d'évaluation des projets du MPD serait « très difficile ». « Il serait possible que les « droits de l'Homme » reprennent la Déclaration universelle des droits de l'Homme de l'ONU et que chaque projet soit vérifié pour s'assurer qu'il respecte cette déclaration, mais je pense que cela nous emmènerait très loin et que, dans la pratique, ce serait difficile à mettre en œuvre », a-t-il affirmé.
Cependant, pour l'instant, les entreprises continuent de fonctionner comme si de rien n'était à Aguán et sur les marchés mondiaux du carbone, malgré des « violations systémiques et graves des droits de l'Homme » relayées par le rapport la CIDH.
« S'il s'agit réellement d'une conséquence directe des politiques climatiques de l'Europe, je souhaiterais présenter mes excuses les plus sincères à la population du Honduras », a déclaré Bas Eickhout. « Le MDP est censé apporter des avantages environnementaux et bénéficier au développement durable, mais ce genre d'évènements est vraiment désastreux. Je ne veux pas que cela se reproduise ».
(Source)
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71 réponses à “Un mécanisme pour le développement pas si propre…”
Cette histoire de réchauffation anthropique est de toute manière universelle : on la retrouve divers degrés dans tous les pays démocratiques (ou non…), quels que soient leurs systèmes politiques ou la couleur des majorités en place.
Nobody (#50),
La monarchie absolue et la monarchie de droit divin, ça n’a rien à voir.
La monarchie absolue c’était le droit du monarque de régner sans partage sauf avec les coutumes du royaume (ce qui n’était pas tout à fait rien, la lutte entre la monarchie et les parlements a été parfois sans merci).
La monarchie de droit divin c’était l’affirmation que la royauté n’avait à répondre de rien ni devant le pape ni devant aucune autre église, mais seulement devant Dieu. La royauté était au-dessus des confessions (catholicisme et église réformée). C’était l’ancêtre de la laïcité moderne.
Polluant, pas polluant ?
Ne compliquons pas des choses simples! Depuis très longtemps voire depuis toujours, l’homme sait que « C’est la dose qui fait le poison »!
Trop de n’importe quoi est mauvais. Sucre, chocolat, beurre…et aussi le vin, l’alcool et les drogues douces ou dures…
A la marge de cette notion de surdosage:
Lu sur le site de Pierre-Ernest, « Climat de terreur ». Les plantes cultivées en BIO, sont, pour se défendre de leurs prédateurs, dans l’obligation de fabriquer des pesticides « naturels ». On apprend ainsi que les céleris BIO, contiennent plus de pesticides que le céleri domestiqué, protégé, par les façons de la culture traditionnelle.
La bactérie E.coli était sur des concombres bio, je crois…
Ah! Ah! Je le dis souvent ces « PASTEKES », veulent nous faire crever à petit feu, pour sauver Gaïa…
Les risques d’ITER selon des scientifiques « de haut rang » ? : http://www.univers-nature.com/…..gi?id=4884
JL Blard (#53),
… ainsi que sur des graines de soja germées – il me semble.
N’importe quoi…
Patrick Bousquet de Rouvex (#54),
Hum ???
Dommage que la lettre ait été rédigée est signée par JP Petit, dont la crédibilité a été quelque peu entamée, par des multiples interventions en faveurs de UFO et de la présence des extraterrestres (entre autres nombreuses idées hétérodoxes).
La lettre se termine par une ode aux renouvelables (éolien, solaire) et aux économies d’énergie qui ferait rougir de plaisir le plus acharné des écolos.
Ceci dit, et comme toujours, dans le fatras effervescent de JPP, il y a quelques objections ou inquiétudes pour ITER qui ont été citées par d’autres, qui sont bien réelles et qu’il faudra bien résoudre.
Mais évidemment, si on ne tente rien, on n’aura rien.
Maîtriser la fusion, c’est quand même un sacré objectif !
Même s’il ne sera certainement pas facile de « mettre le soleil en boite ».
Le problème, c’est justement la boite.
Bob (#56), J’ai une certaine affection, pour le bonhomme, ses coups de gueule sur les parapentistes fracassées et ses BD me plaisent bien, ses études de turbulences avionniques aussi… bref, son effervescence bien sympathique. Ce qui ne veut pas dire que toutes ses idées sont bonnes… !
Bob (#56),
Cela vaut la peine de faire un tour sur son site
http://www.jp-petit.org/Presse…..atique.htm
pour comprendre pourquoi Christophe Basdelaine fait de la pub à sa lettre
Un scientifique qui s’occupe d’ufologie , non mais?
JG2433 (#55),
il me semble que c’était des graines de fenugrec bio en provenance d’Egypte
http://www.lepoint.fr/societe/…..413_23.php
yvesdemars (#59),
Merci pour votre lien.
[H.S.]
On n’en sort pas…
JG2433 (#55),
yvesdemars (#59),
Tout sur le concombre masqué incriminé (et finalement innocenté): ici
Tout sur le fenugrec démasqué : ici.
Bob (#56), c’est quoi les risques ????
Quelle bonne blague !!!!!!!!
Il n’y a rien dans l’article en question. J’aimerais savoir ce que les « scientifiques de haut niveau » (qui doivent se la péter façon argument d’autorité) ont à avancer comme argument.
L’histoire du « 150 millions de degrés » ne signifie pas grand chose sans une densité qui lui est associée. Dans un tokamak, il n’y a que des densités très très faibles…
Surtout qu’à mon sens, maintenir cette température et le phénomène de fusion doit être extrêmement instable : on perd le « break-even » au moindre papin et la température doit s’effondrer de suite.
Le seul risque d’ITER c’est qu’on y arrive pas et qu’on dépense une fortune pour des prunes.
Ceci dit, je pense qu’on aurait pu fabriquer des nouvelles filières de réacteurs plus sûres pour moins cher à la place.
voila la lettre.http://groupes.sortirdunucleai…..t_2011.pdf
ben c’est le groupe sortir du nucléaire qui relaie….
Murps (#62),
Ben c’est justement le risque c’est qu’on n’arrive pas à a fabriquer « la boite ».
Mais l’expérience montre que même les échecs, si échec il y a, ont fait progresser dans d’autres domaines.
Pour le coup, il y aura des retombées (positives).
Nicias (#49),
La question de fond est : quand faire intervenir l’Etat et sur quoi. Elle se pose quelque soient les orientations du gouvernement en place, ne serait-ce que pour des questions de coûts, de moyens et d’efficacité escomptée (éviter de se tromper … et d’effets non prévus), voire de survie politique (il faut avoir au moins l’air de faire quelque chose s’il y a une demande ou de l’inquiétude …).
Mais effectivement aux USA, l’opinion sceptique est républicaine. En Europe, quand elle existe, elle est très diffuse et non formalisée, au mieux focalisée sur quelques personnes emblématiques.
L’intérêt du RCA, au-delà du sujet lui-même est de s’intéresser sur les bases de la prise de décision en matière de politiques publiques, et notamment sur quelles hypothèses. Les mêmes types de problèmes se posent en économie (même en restant dans un système plus ou moins capitaliste) : la question des étiquettes sert souvent à occulter les débats de fond.
Il y a plusieurs gauches et il y a plusieurs droites.
Dans le cas du RCA, elles ont (quasiment) toutes été unanimes, pour des raisons différentes.
La diversité des opinions n’est pas un problème en démocratie, c’est le monolithisme qui l’est …( comme les monopoles ou les oligopoles en économie, de fait ou d’Etat).
Araucan (#66),
tiens pourquoi pas faire un sondage sur les tendances politiques des gens se declarant sceptiques…
lemiere jacques (#67),
Je ne suis pas une société pétrolière ni une ONG internationale !
Chacun est libre de le dire s’il en a envie (ou de le faire comprendre …) et pour éviter certains excès verbaux, d’expliquer pourquoi vu sa tendance il a du mal avec les politiques du RCA.
J’ose espérer que la question de la rationalité scientifique à la base est déconnectée de l’approche politique (les choix à faire ou à ne pas faire) même si elle peut être utilisée par certains courants politiques plus que par d’autres. (et certains en en parlent très peu). Disons que sur Skyfall, il est clair que certaines sensibilités s’expriment plus vigoureusement que d’autres. 😉
lemiere jacques (#67),
Voir là, les intervenants ont changé mais cela donne une idée …
http://www.skyfall.fr/?p=437
Bob (#65), tout à fait d’accord.
Le risque c’est bien de payer une fortune un truc qui marchera peut-être jamais…
Et pourtant j’ai quelques idées techniques sur la question.
Murps (#70),
et puis ce n’est qu’un projet, un choix technique, il y en aurait d’autres non?