par Benoît Rittaud.
La fracassante entrée en matière de la semaine dernière annonçait la couleur, et cette semaine 2 le confirme : le climathon est une compétition de très haut niveau.
Le jury tient tout d'abord à saluer les efforts du Journalderéférence, qui manque une fois encore le titre cette semaine malgré une tentative intéressante : glisser le réchauffement climatique en conclusion d'un article sur un autre sujet, en l'assénant de façon gratuite et sans argument. Que l'ensemble des compétiteurs sache que le jury sera sensible à ce type de propagande toute simple, qui a pour elle le doux parfum de l'artisanat.
Cette semaine 2 a été marquée par le choc entre deux prestations particulièrement remarquables. La première a été celle de Serge Orru, dans cette splendide interview à i-télé. Serge Orru a une capacité toute particulière à enfiler les perles sur un ton joyeux, sans même se rendre compte du caractère caricatural de ses propos. S'il venait à être candidat à l'élection présidentielle, nous lui proposerions volontiers comme slogan : "l'incompétence tranquille". Extraits :
Serge Orru — Les municipalités font des efforts considérables ! Regardez ce qui se passe autour de nous en France, en Europe !
I-télé — Par exemple ? Des efforts considérables : par exemple ?
Serge Orru — Par exemple, la maire de Paris va réunir les maires des grandes capitales européennes et des grandes villes européennes en mars 2015 pour dire comment acquérir, comment avoir des outils pour lutter contre de dérèglement climatique. (…) On ne veut plus d'incantation, on veut une offre industrielle concrète qui nous permette de lutter contre ce changement climatique qui nous menace.
I-télé — Mais ça va se faire ? Dans 5 ans, j'aurai des bus propres à Paris ?
Serge Orru — Dans 5 ans, j'espère que nous aurons des bus propres à Paris.
I-télé — Et à Londres ? À Tokyo ? Et partout ?
Serge Orru — Eeeh… je l'espère ! Sortir du conformisme industriel, ça demande du courage, ça demande de l'audace. Ça demande de l'innovation. Donc il faut des gens courageux, des gens qui ont de l'autorité pour faire cela ! Lorsque la ville de Paris décide, avec Anne Hidalgo, de réaliser les premiers états généraux de l'économie circulaire du Grand Paris, c'est comme un Grenelle de l'environnement, où soudain on va se mettre autour de la table (…) Il faut agir concrètement. Et je crois que l'ensemble des Français, des Européens, ont envie de cela. On n'a pas du tout envie d'offrir une planète (…) qui sera un monde entre Mad Max et l'Abbé Pierre.
Les réunions prochaines pour préparer quelque chose qui un jour, c'est promis, sauvera la planète sont un grand classique du genre, indémodable et magnifiquement mis en scène au premier degré par Serge Orru. Quant aux "réfugiés climatiques", ces "milliers de personnes qui viennent à nous" mentionnées par le même en fin d'interview, ils seront à l'évidence amenés à jouer un rôle pivot dans la compétition.
En revanche, le jury a le regret de devoir infliger un blâme à l'intervieweur, Claude Askolovitch, qui a exercé un esprit critique tout à fait déplacé. En étalant ses doutes à de nombreuses reprises, il a considérablement compliqué les efforts de son interviewé, qui a ainsi été placé indûment en situation difficile. Le jury pose la question : si maintenant les journalistes commencent à faire leur travail, que deviendra la propagande ?
Le vainqueur de la semaine 2
Même si c'est avec un peu de retard, il n'était pas possible de passer sous silence la prestation exceptionnelle du vice-président du groupe scientifique du GIEC, Jean Jouzel, avec cette photo qui accompagne son interview dans Paris-Match datée du 1er janvier. Cette photo lui vaut le titre de vainqueur de la semaine 2 du climathon.
Saisi par ce morceau de bravoure, le jury estime inutile de commenter plus avant le contenu de l'interview elle-même, qui aurait pourtant déjà mérité un accessit.
Ce qui emporte la décision entre Serge Orru et Jean Jouzel est que, alors que le caractère burlesque des propos du premier semble involontaire, le second a, lui, décidé en conscience de payer de sa personne en faisant le choix assumé du ridicule. À cette image il ne manque qu'un phylactère qu'aurait pu écrire un Wolinski ou un Cabu.
Le jury remercie les contributeurs qui ont bien voulu faire des nominations pour la semaine 2, et les invite à faire de même pour la semaine 3 dans ce fil. Il soumet par ailleurs la question suivante au vote du public : faut-il faire de cette photo de Jean Jouzel la photo officielle du climathon ?
74 réponses à “Climathon, semaine 2 : le choc de l’image”
floyd (#49), et c’est sans parler de l’affaire Tobira avec cette sombre histoire de banane qui aurait pu valoir la peine de mort à certains diffamateurs…
C’est pour cela que ‘tous Charlie’ qu’on entend partout ces jours me laisse totalement indifférent.
Gilles des Landes (#48),
Lou Ravi de la Crêche ?
Excellent idée, dommage que la réalisation technique ne soit pas impeccable (c’est vrai que ça prend du temps de bien le faire).
Murps (#53),
Pour ma part, j’ai renoncé , pour ces raisons, à utiliser une image de Chaplin (c’est trop dur de mentionner Charlot, dans le contexte actuel)… tirée de son célébrissime film « Le Dictateur« , dans lequel il jongle avec le globe terrestre – se joue de lui ? 😉
Une petite dernière pour la route…
Le titre : « Où est Jouzie ? »Faites participer vos enfants…
floyd (#49),
Il y a des caricatures de Nicolas Hulot. Par exemple celle-ci, que je trouve assez drôle.
Murps (#55),
Je me suis bien amusé , mais j’ai trouvé
Murps (#55), Ce n’est pas le sombre heros… ;_)
un nouveau candidat potentiel
le climatovolontarisme
source source: identité visuelle de la COP21
devinplombier (#59),
C’est en effet incroyable.
Il annonce que l’on a consommé entre 2000 et 2010 50% de la marge d’émissions de gaz à effet de serre qui doivent nous amener à +2°C. Ce qui concrètement veut dire que l’on atteindra les +2°C en 2018 puisque les émissions continuent à augmenter sensiblement.
Dans 3 ans, on est foutu.
Et ça dirige notre pays…
devinplombier (#59), Il n’y connait rien et repete, tel un perroquet, les mantras d’Hulot et consorts. Affligeant.
devinplombier (#59),
Et surtout, il les accumule.
Cette fois-ci, au moins, il aurait pu choisir de ne pas se tromper…
Mais non.
Bob (#62), il paraît qu’il remonte dans les sondages…
il n’y aurait donc pas corrélation entre le taux d’émission de conneries à l’heure et le taux d’augmentation de la popularité ??
de Rouvex (#63), une étude « indépendante » du CRIICROC s’impose !
de Rouvex (#63),
Le genre d’événement que nous venons de vivre fait toujours monter dans les sondages. Les gens font front avec les politiques, à l’unisson.
L’idée est toujours de trouver un ennemi commun. ça a toujours marché comme ça et provoqué pas mal de guerres dans le passé.
Je pense que beaucoup de politiques ont imaginé que le réchauffement climatoc et le COP21 auraient le même résultat.
J’en doute très fort.
devinplombier (#59),
J’imagine que c’est pour cela que la France veut diminuer la part de nucléaire dans sa production électrique, cela va certainement diminuer sa production de CO2 ! (Bon on c’est bien que c’est juste du pipeau pour faire plaisir aux écolos).
un autre,égal à lui même mulot
source mairie de paris
petite erreur
source
Bob (#65), Bien vrai…
devinplombier (#67),
Je cite Nhulot:
Mwouarf, on sait ce qu’il en est quand on compare les prévisions des modèles avec la réalité depuis le début du siècle…
Je me demande qui sont ces gens qui à première vue n’ont pas l’air d’être des crétins mais qui ont écouté religieusement ce guignol.
Hug (#70),
euh, vraiment?
Hug (#70),
c’est un oxymore ?
devinplombier (#67),
C’est bon , il faut continuer de le laisser prêcher ; il finira bien par ridiculiser la science , auquel cas je pense que certains commenceront à se redresser
devinplombier (#67),
Je regardais récemment, un épisode de « Borgen » où l’on voyait un ministre écolo se faire massacrer par la presse car il possédait une vieille voiture américaine qui cramait pas mal de carburant.
Autre pays, autre mœurs, je n’ai pas lu dans la presse hexagonale, notre Hulot national, se faire égratigner quand il parle de décroissance heureuse (avec son mentor, P.Rabhi) alors qu’il se promenait tranquilou avec sa famille dans son hors bord flambant neuf et pas tellement éco compatible.
Il faut dire que dans un cas, c’est une fiction, pas dans l’autre.