par Yanartus (membre du Collectif des climato-réalistes)
En bon climatoréaliste toujours avide de lire autre chose que la bonne parole climatique traditionnelle, j’ai lu Climat Investigation de Philippe Verdier, « journaliste-présentateur à France 2 et chef du service météo de France Télévisions ». Bénéficiant sans doute des fonctions et de la notoriété de son auteur dans le domaine de la météorologie, cet ouvrage, sorti le 1er octobre, a sa petite célébrité médiatique et, n’étant pas un livre mainstream sur le sujet, il a été aussitôt classé dans les brûlots climatosceptiques. La réalité est plus nuancée.
De mon point de vue, la qualité principale de cet ouvrage repose sur ses attaques sensées et argumentées contre le GIEC, venant d’un journaliste qui connaît le fonctionnement de cet institution et a couvert trois COP. D’une part l’auteur trouve les rapports du GIEC beaucoup trop espacés dans le temps et illisibles mais il critique également leurs contenus orientés : « Rappelons que parmi les manœuvres du GIEC, cet optimum climatique [médiéval] fut honteusement gommé de ses rapports » (p 49), il mentionne également l’erreur à propos de la fonte des glaciers himalayens (p 61), cite des scientifiques dont les théories alternatives sont systématiquement mises à l’écart (pp 62 à 67) et indique que les prédictions du rapport 2007 sont plutôt démenties par les observations récentes en France (pp 55 et 56). Mais il s’en prend aussi, légitimement, au fonctionnement du GIEC et à sa gouvernance par les pouvoirs politiques : « L’information climatique de référence est aujourd’hui complètement verrouillée par les gouvernements » (p 43) et « Les états et non les scientifiques décident des informations climatiques à présenter au public. La liberté de parole du GIEC est quasi nulle » (p 59).
Ainsi, plus tard dans l’ouvrage, il en appelle à une refondation du GIEC (pp 238 à 240) en le dépolitisant et en lui rendant son indépendance et sa liberté scientifiques.
Dans le même esprit, il déplore que la communication autour des affaires climatiques soit orientée sur le catastrophisme, biaisée ou carrément fausse : par exemple, « Les bulletins « Météo 2050 » sont une communication alarmiste créée et contrôlée par l’ONU dans un but politique » (p 67) ou encore « Pourquoi le rendez-vous télévisé de la météo devrait-il délivrer une version infantilisante et manichéenne de la planète ? » (p 70).
L’auteur n’épargne pas non plus le milieu scientifique de la climatologie : « La climatologie officielle a réussi à effacer tout type de recherche originale ou divergente », « Cette science se comporte en vieille baronne, incapable de se remettre en cause, aigrie lorsqu’elle se sent délaissée » (p 37). Il dénonce les ambitions individuelles et en particulier n’épargne pas Jean Jouzel[1] auquel il reproche l’omniprésence et la confusion des genres (scientifique, politique, président d’association…) dans des passages assez savoureux :
La star française du GIEC réalise une prouesse de marketing. Son alerte scientifique ensorcelle la foule à laquelle il suggère aussitôt une panoplie de solutions et autres produits dérivés. Avons-nous fait de nos plus grands scientifiques des marionnettes calibrées pour les médias ? (p 96)
Logiquement, la préparation de la COP 21 de Paris ne recueille pas son assentiment : il dénonce longuement les récupérations et manipulations politiques au travers d’anecdotes, notamment autour du trio Fabius – Hollande – Royal (pp 104 à 122), et les recrutements forcés des entreprises publiques pour la promotion de cet événement. Les ONG ne sont pas épargnées non plus lorsque l’auteur signale l’importance de cette COP pour leurs appels aux dons (pp 133 à 138).
Par ailleurs, il signale tous les bienfaits que peut apporter le réchauffement climatique en France (pp 191 à 206), constituant une amusante « anti-liste de Brignell ». Il mentionne également que l’année 2014, prétendument la plus chaude de l’histoire, fut une année singulièrement calme du point de vue météorologique.
Mais l’auteur ne souhaite pas être rangé dans le rang des climatosceptiques. Il l’écrit plus ou moins explicitement page 130 :
Climat Investigation me range automatiquement du côté des parias ou des sceptiques, comme Laurent Cabrol en son temps. Il doutait hier du réchauffement, je doute aujourd’hui de ceux qui s’en occupent. Les arguments de mon confrère sur le climat ne m’ont jamais totalement convaincu mais son irrévérence m’apparaît aujourd’hui comme un acte éclairé.
Mais surtout il ne considère pas le problème du climat comme négligeable, au point de consacrer tout une partie à ses solutions. Dans un assez étonnant chapitre « Les solutions fractales », rejetant le pouvoir de l’ONU et des états, il énumère les « domaines majeurs d’exploration » pour résoudre le problème, au travers des villes, des entreprises et des individus, en terminant par un étrange appel à la méditation : « La connexion à haut-débit doit s’établir avec nous-mêmes pour retrouver le chemin de la reconquête ».
De même, l’épilogue de l’ouvrage montre à nouveau un auteur qui remet moins en cause le lien entre activité humaine et réchauffement climatique qu’il n’en déplore le traitement médiatique et politique :
Le bruit énorme autour du réchauffement donne le sentiment que toutes les connaissances sont réunies. Malgré les graphiques complexes et les hypothèses mathématiques, nous sommes ignorants sur ce sujet. Les prises de parole affirmatives, y compris de la part d’experts, ne sont qu’une vision formatée et parcellaire du sujet. L’émergence de tribuns hétéroclites, souvent égocentriques, nuit dangereusement à la compréhension du sujet. D’autant plus que les voix des enfants et de la nature, parties prenantes les plus importantes, seront absentes de la Conférence de Paris (p 278).
Cette toute dernière phrase en particulier m’a laissé perplexe…
J’ai ressenti ce livre comme un cri d’exaspération de l’auteur contre un système totalement déconnecté de la réalité et dont chaque acteur cherche à tirer profit (financier, politique…). Certains passages sont assez confus (notamment le premier chapitre, « L’Assemblée de copropriété ») et on peut regretter que les informations citées ne soient ni sourcées ni appuyées par de la bibliographie, ce qui les rend invérifiables pour un lecteur soupçonneux. En revanche, il est rafraîchissant et rassurant qu’un homme au cœur des médias, dont le domaine est très proche de la climatologie, ait l’audace d’adopter une position aussi contraire à son environnement professionnel. Ce courage mérite d’être salué.
[1] Dont, comme le jury du Climathon, il a repéré la photo pieds nus dans Paris Match (p 96).
116 réponses à “Note de lecture : « Climat investigation » de Philippe Verdier”
AntonioSan (#98),
Je partage tout à fait vos réticences sur Verdier mais je n’en constate pas moins que la tactique de dénigrement ou pire, employée autrefois contre Allègre et Courtillot par les mêmes qu’à présent, risque de faire long feu, cette fois-ci. Parce que Verdier est un journaliste apprécié et parce que l’opinion s’est nettement polarisée depuis 2007 et aussi, parce qu’Internet joue un rôle plus important qu’autrefois.
Ce n’est clairement pas de science qu’il s’agit ici, mais de politique et de la propagande des chaînes publiques, clairement exposée à la vue de tous.
Je ne pense pas que NKM et les autres croyants s’attendaient à ce que cette affaire soit l’objet de tant d’attention de la part des médias et fasse autant de Buzz. C’est typiquement, l’effet Streisand.
AMHA, cette « mise en congé » de Verdier a été une grosse erreur stratégique de leur part. Surtout à l’approche de la COP21. Ils auraient mieux fait de ne rien faire.
lemiere jacques (#100),
Pas vraiment. C’était dans son discours d’adieu à la fin de son ultime mandat. C’était une mise en garde pour ses successeurs.
Sa vision de l’évolution de la recherche (d’abord par des individus plus ou moins isolés, puis par des groupes constitués, qu’il évoque un peu avant, permet de comprendre ses inquiétudes… qui se sont avérées justifiées).
Il a été plutôt clairvoyant.
AntonioSan (#98),
Parce que les buletins météo et leurs présentateurs sur le petit écran ont un public important et fidèle, l’affaire Verdier peut (encore) avoir plus de résonnance qu’une sommité scientifique comme Leroux, lié à l’inculture scientifique de cette même majorité mais tout de même, à lire les commentaires sur ML, les avis ont du bon sens… 😉
http://www.midilibre.fr/2015/1…..228361.php
Dans le petit journal de Canal + Verdier réfute le terme ‘Climato-sceptique’ : il reconnait le réchauffement et le rôle de l’homme. En face Yann Barthès joue le rôle du procureur. Je trouve tout a fait symptomatique qu’on ne peut en aucun cas douter de n’importe quel aspect du réchauffement climatique. Il ne faut trouver aucun aspect positif et penser que c’est obligatoirement apocalyptique. D’ailleurs on entend le rire des gens quand on parle des aspects positifs. Si ce n’est pas la preuve que l’écologie et son dogme, le réchauffement, est devenue une religion…
floyd (#104),
Un aspect positif, c’est que son éviction fait le buzz et que cela aidera surement à faire vendre son livre.
Laurent Berthod (#86), oui, quand j’étais gamin on avait l’impression que les français ne s’éraient pas battus alors que le taux de perte journalier été supérieur aux sombres périodes de la grande guerre. Les archives sortent, délivrant des informations inconnues jusque là.
J’ai découvert ce site étonnant récemment.
Les chars français se sont battus, par petits paquets…
http://www.chars-francais.net/…..-et-b1-bis
Les chars sont répertoriés individuellement , c’est sidérant… Beaucoup de morts, courageux, c’est un fait.
floyd (#104),
Verdier réfute le terme ‘Climato-sceptique’ : il reconnait le réchauffement et le rôle de l’homme.; moi aussi avec une toute petite nuance , c’est la part de l’homme dans ce réchauffement , et pourt
floyd (#104),
Verdier réfute le terme ‘Climato-sceptique’ : il reconnait le réchauffement et le rôle de l’homme; moi aussi avec une toute petite nuance , c’est la part de l’homme dans ce réchauffement , et pourtant je revendique mon statut de climato sceptiques
floyd (#104),
Verdier réfute le terme ‘Climato-sceptique’ : il reconnait le réchauffement et le rôle de l’homme
Moi aussi d’ailleurs avec une toute petite nuance , c’est la part de l’homme dans ce réchauffement , et pourtant je revendique mon statut de climato sceptiques
Bob (#101), They are hoisting their own petard…
Bob (#101), AntonioSan (#110),
La grande différence c’est que c’est un journaliste habitué des médias qui est visé et non un scientifique comme Allègre ou Courtillot et à travers ce journaliste, la « liberté » d’informer.
Alors les loups ne savent plus trop quoi faire: « crier au loup » c’est un peu crier contre eux même ! Délicat ! C’est amusant finalement.
Bernnard (#111),
C’est tellement délicat que selon Télérama:
Murps (#106), presque tous sont photographiés accompagnés de soldats allemands, comme trophées donc… triste.
Bernnard (#112), on le présente clairement omme climato-sceptique, ce pourtant dont il s’en défend.
Murps (#106),
A mon souvenir, la 2GM, c’est 200000 morts, dont la moitié de civils. C’est sans comparaison avec la grande guerre. Bien sur, on s’est battu.
Sûr Wuwt, il y a encore du french bashing à propos de l’affaire Verdier, et, en réponse, un commentaire parle de nos monuments aux morts. Parfois c’est jusqu’à 7 ou 8 membres d’une même famille tombés au front lors de la GG. Pas de quoi être fier même si celle là on l’a gagné.
Moi je « préfère » la 2GM. Mieux la guerre d’Indochine. On a fait aussi « bien » que les américains. Sauf qu’on l’a fait avec leur pognon et des troupes essentiellement locales, africaines voir allemandes.
Le livre de Verdier se vend très bien sur Amazon. Il est actuellement le 4 ème livre le plus vendu. Leur politique de censure est contre-productif, en faisant de lui un ‘martyr’, ils ne font que renforcer son point de vue.