On entend souvent cette métaphore de la grenouille, comme dans le film « Une Vérité Qui Dérange » d’Al Gore qui y déclare : « Une grenouille plongée dans une casserole d’eau bouillante réagit et parvient à s’échapper, alors qu’immergée dans de l’eau tiède, elle se laisse endormir et meurt à petit feu. Il faut sauver la grenouille. Que faut-il à l’humanité pour commencer à réagir ?« |
Cette histoire de la grenouille au comportement de beauf, allongée dans l’eau tiède les doigts de pied en éventail en attendant de bouillir dans sa propre soupe sans réagir est suspecte surtout quand elle est reprise sans discernement un peu partout dans des livres, blogs, discussions, discours philosophiques, voire séminaires en entreprise pour sensibiliser aux changements… Il suffit de googler « grenouille allégorie » pour se rendre compte qu’il y a une explosion de liens autour de cette histoire comme les tétards après quelques jours de pluies.
Des grenouilles abruties au point de se laisser cuire sans réagir auraient-elles résisté à l’impitoyable sélection naturelle et traversé les âges pour parvenir jusqu’au fameux chaudron magique d’Al Gore ? N’auraient-elles pas grillé depuis longtemps, ne serait ce qu’après quelques bains de soleils prolongés, choses somme toute habituelles dans la vie d’un batracien ordinaire ?
D’après le Professeur Doug Melton, herpétologiste au Département de Biologie à l’université de Harvard, « si vous plongez un batracien dans de l’eau froide, il va sauter hors de l’eau avant qu’elle ne soit chaude. Il va pas rester assis à attendre votre ordre« .
Pour en avoir le coeur net, Fastcompany.com a réalisé une expérience : ils mettent une grenouille A dans une casserole d’eau froide et montent le feu doucement. Après 4,2 secondes, la grenouille bondit hors de l’eau d’un saut de 24 cm. Ensuite, ils placent une grenouille B dans une casserole d’eau tiède et chauffent pareil. A 1,57 secondes, la grenouille B s’échappe d’un bond de 57 cm. Dans son film, Al Gore, n’ayant sans doute pas pu recruter de grenouille actrice qui accepte de se faire ébouillanter, a dû utiliser une bande dessinée pour matérialiser sa fiction.
Moralité, si la métaphore de la grenouille indolente devait nous en apprendre, c’est sur 2 choses:
- Si une rustre grenouille, avec son instinct primaire de survie et contrairement aux beaufs, ne se laisse pas surprendre par des changements graduels et arrive à faire mentir les prédictions de catastrophe d’Al Gore, nous aussi.
- Nous y arriverons certainement mieux en évitant de croire à n’importe quelle fable qui risque plus de nous mettre sur la mauvaise voix que de nous faire prendre de bonnes mesures.
N.B. Contrairement à ce qu’affirme Al Gore, une grenouille plongée dans l’eau bouillante ne s’échappe pas, elle bout 😉 Ne tentez l’expérience que si vous préparez une bonne fricassée de cuisses de grenouille.
Autre lecture: THE LEGEND OF THE BOILING FROG IS JUST A LEGEND
6 réponses à “La grenouille qui se prend pour un beauf”
D’accord.
Cependant je me pose une question, peut-être pertinente, peut-être pas…
Le but de cet article est de montrer que la grenouille réagit à un changement de température, même graduel. C’est bien ça ? Jusque là d’accord. Cependant, en quoi cela signifierait-il que nous réagissons de la même manière ?
Comment comparer une sensation sensorielle, à un réchauffement imperceptible, si ce n’est par des scientifiques qui tentent depuis maintes années de nous alerter ? Nous aussi nous sortons du bain lorsque l’eau est trop chaude ou trop froide, et alors ? Que cela démontre-t-il ?
Le but est-il de montrer que le réchauffement n’existe pas, et que ce n’est qu’une invention des scientifiques ? Admettons, mais si c’est la cas, pourquoi cette invention, et dans quel but ?
Je pense que le problème est aujourd’hui trop visible pour être contesté…
Aurélien Sanrey (#1),
Non.
Aurélien Sanrey (#1),
relance de l’économie mondiale (green business), renflouement caisses état (taxes), protectionnisme vis à vis des pays émérgents « pollueurs payeurs », … les mobiles ne manquent pas. Certains sont louables comme la recherche dans de nouvelles énergies et le développement durable, mais prendre la science en otage , la détourner pour justifier ces orientations et manipuler les esprits pour arriver à ces fins, ça l’est moins.
Le but est de monter qu’il en faut pas raconter n’importe quoi, même pour sauver la planète.
NB : même si les humains peuvent avoir des comportements de grenouilles, ils ne sont pas des grenouilles : la preuve, ils se font cuire sur les plages en été … et plus, ils savent lire un thermomètre, ce qui est différent que de suivre des réactions instinctives…
Contrairement aux grenouilles, ils réfléchissent , parfois bien, parfois mal, comme dans le cas du CC.
Ils créent même des clubs internationaux pour en parler, ce que ne font pas les grenouilles, lesquelles ont vu leurs populations diminuer, sans obtenir le moindre kopeck, au contraire des climatologues et devins qui fourmillent et obtiennent des financements substantiels.
maurice (#3), ça c’est une réponse claire
Au passage, je confirme, quand on plonge une grenouille dans l’eau bouillante, elle ne s’échappe pas, elle crève ! Dans un mixer, pareil.
Au moins, c’était le cas de la dizaine de grenouille qui ont accepté l’expérience 😮
Mince, la « réponse claire », c’était pour #2 hi hi !