Un appel à la modestie, à l’intégrité et à l’impartialité par Hendrik Tennekes

Hendrik Tennekes, Directeur de Recherche à l’Institut Royal de Météorologie néerlandais à la retraite, ancien Professeur d’Ingénierie Aéronautique à l’Université d’Etat de Pensylvanie et expert internationalement reconnu dans les processus de couche limite atmosphérique contribue à un autre billet aujourd’hui sur Climate Science (voir son dernier billet du 6 janvier 2006). Il a l’expérience et les qualifications professionnelles dans le domaine de la science climatique pour commenter sur cette question. Voici son texte :

Il y a 17 ans, j’avais écrit une colonne dans le magasine Weather, exprimant mon inquiétude au sujet du manque d’honnêteté, d’intégrité et d’humilité de nombreux climatologues. "Je m’inquiétais de l’arrogance des scientifiques qui prétendent pouvoir contribuer à résoudre le problème climatique du moment où leur recherche reçoivent des augmentations massives de fonds", disait une ligne de mon texte. Sans que je le sache, mon ami Richard Lindzen travaillait sur son fameux papier "un certain refroidissement à propos du réchauffement planétaire", qui apparût dans le Bulletin de l’AMS au même moment. C’était début 1990.

Je m’inquiétais de l’arrogance
des scientifiques qui prétendent
pouvoir contribuer à résoudre
le problème climatique du moment
où leur recherche reçoivent des
augmentations massives de fonds

Maintenant, c’est 2007 et je veux sonner l’alerte de nouveau. Il y a une différence cependant : à l’époque, j’étais inquiet, maintenant, je suis en colère. Je suis en colère contre l’exagération du Jour Dernier Climatique dans lequel les politiques et les scientifiques se sont engagés. Je suis en colère contre Al Gore, je suis en colère contre le Bulletin des Scientifiques Atomistes pour avoir avancé leur horloge de l’Apocalypse, je suis en colère contre Lord Martin Rees pour avoir utilisé à fond le poids de la Royal Society pour soutenir l’exagération du Jour Dernier, je suis en colère contre Paul Crutzen pour ses spéculations au sujet d’encore une autre manip technologique, je suis en colère contre l’équipe du GIEC pour leur préoccupation des émissions de CO2 et je suis en colère contre Jim Hansen pour ses efforts visant à vendre une Catastrophe de la Fonte des Glaces du Groenland. En parlant de Hansen, Richard Lindzen et moi avions écrit une parodie légère pour le premier avril à propos de ses inquiétudes, qui a été publié sur le site SEPP de Fred Singer (chercher "Greenland Green Again") l’année dernière. Je pourrais continuer encore et encore mais je vais contenir ma colère.

Je suis plus qu’un peu inquiet au sujet de la préoccupation du GIEC pour le CO2. La logique scientifique derrière ce choix est évident. Des modèles climatiques sophistiqués ont été utilisés depuis 20 ans maintenant. Il devient évident que ces modèles n’arrivent pas à se mettre d’accord sur quoi que ce soit excepté une relation possible entre les gaz à effet de serre et une augmentation légère de la température moyenne globale. Le nombre de boutons qui peuvent être touchés dans la paramétrisation du budget radiatif global n’est pas si large. Apparemment, des résultats réalistes peuvent être atteints sans beaucoup d’effort intellectuel. Je suis d’accord avec le GIEC qu’il y a un lien probable entre la consommation de combustibles fossiles et les augmentations de température. Mais c’est là où le consensus tant proclamé s’arrête.

Juste un exemple : les modèles n’incluent pas les rétroactions entre les pratiques changeantes en agriculture et en sylviculture et la circulation atmosphérique. Partiellement pour cette raison, ils ne peuvent pas s’entendre sur les précipitations. Il se trouve que les précipitations ont une influence bien plus significative sur la production de nourriture qu’une augmentation légère en température. Je dois cette notion à mon bon ami Denny (Dennis W.) Thomson à Penn State. Comme moi, il parle avec des décennies d’expérience. Denny est l’aîné d’un lichenologiste arctique de renommé mondiale. Lui et son épouse ont la grande chance d’avoir grandi dans des fermes dans le Sud-Ouest du Wisconsin. Toujours proches de la terre et ses écosystèmes délicats, ils vivent à présent dans une ferme de 120 hectares à Jafmoon Valley sur le flanc Sud Est de Bald Eagle Ridge. Physicien/météorologiste et ancien chef du département de météorologie de Penn State, Denny a été témoin du changement climatique en cours tout au long de sa vie. En même temps, il est profondément inquiet au sujet de la véracité des modèles climatiques qui "défient la physique".

vortex polaire arctique
Vortex polaire arctique. Source
Cliquer sur l'image pour animation (1.3 Mo Nasa)

Pourquoi est-il si difficile de faire des prévisions de précipitation 50 ans dans le futur ? La majorité des précipitations aux latitudes moyennes est associée à des systèmes de basse pression, qui se déplacent le long des pistes orageuses tracées par le jet stream. Les méandres en constant déplacement dans le jet stream se produisent en bordure d’un bloc d’air froid au-dessus des pôles. Les spécialistes appellent ce bloc froid le Vortex Polaire et ont baptisé les fluctuations en méandre du jet stream dans l’hémisphère nord "l’Oscillation Arctique". Il avait 30 ans, je travaillais avec Mike (John M.) Wallace et son étudiant en doctorat N.C. Lau à l’Université de Washington Seattle sur les problèmes concernant l’entretien des flux tourbillonnaires dans les pistes orageuses du Nord Atlantique. Il est évident pour tous les spécialistes de la turbulence que la dynamique des systèmes à évolution lente est très différente de celle des systèmes instantanés. Dès lors, du moment où l’on se demande ce qui maintien le jet stream, on se heurte à ce genre de problème au cœur de n’importe quelle recherche sur la turbulence.

Mais la communauté de la météorologie dynamique refuse d’étudier l’évolution lente de la circulation générale. Il est devenu tellement facile de lancer un Modèle de Circulation Générale (GCM) sur des superordinateurs que la majorité des scientifiques atmosphériques rechignent à aborder des sujets tel que l’étude approfondie de l'interaction entre le Vortex Polaire et l’Oscillation Arctique. Mike Wallace m’a envoyé un mail il y a un an, disant qu’il n’y a pas un début de consensus sur une théorie pour l’Oscillation Arctique. C’était l’un des points phares que j’ai enseigné dans un cours avancé dispensé à des seniors l’année dernière. C’était intitulé "tempête dans une serre", faisant référence au débat de plus en plus âpre sur les 15 dernières années.

1.  Rasse Lucien | 3/02/2007 @ 8:39 Répondre à ce commentaire

Il faudrait que de tels témoignages soient diffusés par les médias afin que le monde ne succombe pas au « Groupe d’Intoxication Ecolo-Catastrophiste ».

2.  Marot | 3/02/2007 @ 16:12 Répondre à ce commentaire

Merci pour cette traduction. En ferez-vous une de son texte du 6 janvier paru sur le même blog ?

J’ai perçu des accents comparables à ceux de Marcel Leroux sur les modèles et simulations et la faiblesse de la recherche sur les phénomènes eux-mêmes.
Exemple : «[Les modèles] ne tiennent pas compte de la circulation générale de l’atmosphère, de son organisation et de son mouvement. Pour ces modèles, les discontinuités, pourtant présentes partout dans la nature, ne sont tout simplement pas prises en considération.»

3.  Frédéric | 3/02/2007 @ 16:24 Répondre à ce commentaire

Bonjour Marot,
Si vous voulez bien faire la traduction, je veux bien l'insérer dans ce blog.
D'avance merci.

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