Même un aperçu de la section "Observations directes des changements climatiques récents" du Résumé du GIEC 2007 [version française]montre des erreurs ou au mieux des informations sélectives. J'en résume 4 ci-après :
1. Le Résumé écrit en page 7 "… la couverture neigeuse a diminué en moyenne dans les 2 hémisphères".
Cependant, en se référant au graphique des Anomalies de Couverture Neigeuse du Laboratoire d'Etude Globale de la Neige de l'Université de Rutgers, on voit que la surface de la couverture neigeuse dans l'hémisphère Nord a en fait augmenté légèrement depuis le début des années 1990 !
Comme le Résumé laisse entendre que le réchauffement global est la raison pour ces changements, ceci est au mieux un exemple clair de la sélection d'une période qui convient à leur conclusion plutôt qu'à une présentation à jour de la tendance de la couverture neigeuse.
2. Le Résumé écrit en page 7 "Les observations depuis 1961 montrent que la température moyenne de l'océan mondial a crû jusqu'à des profondeurs d'au moins 3000 m et que l'océan a absorbé plus de 80 % de la chaleur ajoutée au système climatique."
Il est correct d'affirmer que l'océan est l'endroit où se fait la majorité des échanges de chaleur, mais la présentation néglige de manière commode de rapporter la perte de chaleur significative entre 2003 et 2005 voire ultérieurement dans ce papier
Lyman, J. M., J. K. Willis, and G. C. Johnson (2006), Recent cooling of the upper ocean, Geophys. Res. Lett., 33, L18604, doi:10.1029/2006GL027033.
qui affirme que "la baisse représente une perte substantielle de chaleur sur une période de 2 ans, qui correspond à environ 20% du gain de chaleur entre 1955 et 2003 rapporté par Levitus et al. [2005]"
De plus, même avec le réchauffement antérieur de l'océan, voici ce qui a été trouvé dans cet article
Willis, J. K., D. Roemmich, and B. Cornuelle (2004), Interannual variability in upper ocean heat content, temperature, and thermosteric expansion on global scales, J. Geophys. Res., 109, C12036, doi:10.1029/2003JC002260.
"les cartes des anomalies annuelles de la chaleur montrent des zones de réchauffements qui concordent avec la variabilité de l'ENSO dans les tropiques mais montrent également qu'une large part de la tendance d'évolution de la chaleur océanique est provoquée par des réchauffements régionaux à moyenne latitude dans l'Hémisphère Sud."
Ils rapportent que "… une tendance au réchauffement forte et assez linéaire est visible dans l'Hémisphère Sud, centré à 40° S. Cette région est responsable d'une grosse part du réchauffement moyen global… le réchauffement aux environs de 40°S semble beaucoup plus constant dans les enregistrements historiques comme le montre la Figure 7. De plus, ce réchauffement s'étend plus en profondeur et est plus uniforme sur la colonne d'eau que le signal dans les tropiques".
Ainsi, le réchauffement global effectif de l'océan rapporté par le Résumé sur les dernières décennies se produit juste dans une portion relativement limitée de l'océan et sur une profondeur telle que la chaleur n'est pas disponible facilement pour l'atmosphère comparé à ce qui serait si le réchauffement océanique était spatialement uniforme.
De plus, si l'océan a absorbé "plus que 80% de la chaleur ajoutée au système climatique", pourquoi le Résumé utilise la température de surface pour définir ce qui est une année chaude ? Le Résumé fait une telle affirmation en page 5, où il écrit ceci : "Onze des douze dernières années (1995 -2006) figurent au palmarès des douze années les plus chaudes depuis qu'on dispose d'enregistrements de la température de surface (depuis 1850)"
Si l'océan absorbe la majorité de la chaleur (ce qu'approuve Climate Science), alors c'est cela la métrique climatique qui devrait être utilisée pour décrire le réchauffement global, plutôt que la température moyenne globale de surface.
3. Le Résumé du GIEC 2007 écrit en page 7, "Le contenu moyen de l'atmosphère en vapeur d'eau a crû depuis au moins les années 1980 au-dessus des terres et des océans, ainsi que dans la haute troposphère. L'accroissement est dans l'ensemble cohérent avec le supplément de vapeur d'eau qu'un air plus chaud peut contenir."
Cette conclusion est en conflit avec les résultats dans
Smith, T. M., X. Yin, and A. Gruber (2006), Variations in annual global precipitation (1979-2004), based on the Global Precipitation Climatology Project 2.5° analysis, Geophys. Res. Lett., 33, L06705, doi:10.1029/2005GL025393,
où les auteurs écrivent que pour la période 1979-2004, les précipitations ont tendance à "avoir des variations spatiales à la fois positives et négatives, avec une moyenne globale proche de zéro".
Le niveau de précipitation moyenne globale n'a pas changé de manière significative pendant la période.
Si de plus grosses quantités de vapeur d'eau étaient présentes dans l'atmosphère, les précipitations devraient augmenter si on regarde la moyenne globale sur une période assez longe.
4. Le Résumé du GIEC 2007 écrit, "Les vents d'ouest de moyenne latitude se sont renforcés dans les deux hémisphères depuis 1960."
Ceci est certainement l'affirmation la plus étonnante du rapport. D'abords, des articles revus par des pairs qui ont enquêté sur ce sujet,
Pielke, R.A. Sr., T.N. Chase, T.G.F. Kittel, J. Knaff, and J. Eastman, 2001: Analysis of 200 mbar zonal wind for the period 1958-1997. J. Geophys. Res., 106, D21, 27287-27290
ont trouvé qu'il y a "une tendance des vents à 200 mbar à se renfoncer aux latitudes hautes depuis 1958". Cependant, ce que cela veut dire d'un point de vue de météorologie élémentaire est que si les vents d'ouest de moyenne latitude se renforcent, cela indiquerait un gradient de température troposphérique Nord-Sud plus grand. C'est pourquoi les vents d'ouest sont plus forts en hiver : la troposphère devient très froide aux latitudes hautes mais ne change pas beaucoup de température au niveau des tropiques. Ainsi, l'affirmation selon laquelle les vents d'ouest se sont renforcés signifierait que la température moyenne de la troposphère aux latitudes hautes auraient baissé.
Ces quatre exemples montrent apparemment l'utilisation sélective des données et des publications pour promouvoir une conclusion particulière du changement climatique. La communauté scientifique et plus important encore, la communauté des décideurs sont desservies par un tel biais d'information.
4 réponses à “Plusieurs erreurs scientifiques (ou au mieux une utilisation sélective des informations) dans le Résumé pour Décideurs du GIEC 2007”
3 semaines aprés la publication du Resumé du GIEC 2007, je cosntate que la version française contient toujours l’erreur sur la hausse des mers signalée ici : http://skyfall.free.fr/?p=70
A croire que nos eminents climatologues sont payé à se tourner les pouces.
Il faudrait être rigoureux dans vos textes : parlez vous de couverture neigeuse ou nuageuse ?
#2 merci !
Le 18 mars, l’erreur est comme le canard, toujours vivante !