Les incertitudes des prédictions climatiques par Professeur Herman


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Professeur Benjamin Herman a aimablement écrit un article pour Climate Science. Il est un scientifique reconnu internationalement. Ses accréditations incluent le fait qu'il a été Directeur de l'Institut de Physique Atmosphérique et patron du Département des Sciences Atmosphériques de l'Université d'Arizona.

Les thèmes de recherche de Dr Herman comprennent le transfert radiatif et les mesures à distance. Il s'intéresse en premier lieu aux effets optiques des aérosols atmosphériques, à leurs pouvoirs polarisant et dispersif et à l'utilisation des techniques d'inversion pour analyser les données prises par aéronefs et satellites. Actuellement, il travaille sur plusieurs projets de mesure à distance par satellite pour la surveillance de l'ozone, de la température, de la vapeur d'eau et des aérosols depuis l'espace.

Un récent (24 octobre 2006) Symposium a été tenu à Tucson pour honorer les réalisations impressionnantes de ses recherches.

Voici la contribution du Professeur Herman :

Après avoir lu toute sorte de déclarations d'un grand nombre de scientifiques ces derniers mois, je suis totalement surpris de voir la quantité de connaissance et d'expertise accumulée sur cette même période. Je parlais des prédictions selon lesquelles la majorité, sinon la totalité du réchauffement des 50-100 dernières années est due aux gaz à effet de serre (GES) avec 90% de certitude. J'ai pourtant toujours appris que les modèles utilisés sont affectés d'incertitudes considérables alors je me de mande comment ce degré de certitude [de 90%] a été atteint récemment.

Si les modèles ne peuvent pas
rendre compte correctement
de la tendance en température
de la moyenne troposphère,
comment peuvent-ils prédire
la température de surface ?

Je ne suis moi-même pas un expert du climat mais plutôt un scientifique qui a passé la plus grande partie de sa carrière à travailler sur des problèmes de l'irradiance atmosphérique et la mesure à distance. J'ai hésité jusqu'à présent à m'exprimer sur le sujet du changement climatique. Cependant, je pense que je dois le faire cette fois-ci.

Le récent Résumé du GIEC m'a informé, et le reste du monde, qu'il y a peu de doute que le réchauffement global que nous subissons soit dû à nos émissions de GES dans l'atmosphère. Cette conclusion est une vraie surprise pour moi, d'autant plus qu'elle vient d'un groupe mondial de gens supposés être d'éminents experts du climat.

Avant tout, précisions d'abord ce qu'on peut affirmer avec un degré de confiance raisonnable. Si nous ajoutons à l'atmosphère des gaz qui absorbent les infrarouges, deux choses devraient en résulter :

  1. Tant que l'absorption des rayons solaires entrants ne change pas (et l'ajout des prétendus gaz à "effet de serre" n'affecte pas de manière significative l'absorption des rayons solaires), alors la température d'équilibre radiatif de toute l'atmosphère terrestre ne change pas.
  2. A cause de l'ajout d'absorbants d'IR (les GES), la basse atmosphère devrait se réchauffer et la haute atmosphère devrait se refroidir.


Executive Summary du CCSP 2006
, page 12. La température
de surface Ts se réchauffe plus vite que celle de la basse
troposphère Tlt (delta >0) alors que d'après les modèles, la
hausse de Ts ne devrait être que de 77% Tlt (cf. Christy, p5)

Maintenant, l'étape suivante est là où les questions se posent. De combien la basse atmosphère va-t-elle se réchauffer ? Le fait même de changer les températures atmosphériques déclenche de nombreuses rétroactions, l'une des plus importantes étant l'augmentation de la vapeur d'eau suite à une hausse de température. Cette rétroaction étant bien sûr bien connue. Maintenant, quand je pose la question concernant les changements de la couverture nuageuse, de la hauteur des nuages, etc. suite à l'augmentation de la température et de la vapeur d'eau, il semble y avoir un accord unanime pour dire que "nous ne savons pas vraiment". En fait, même si l'on savait, les modèles ne pourraient pas prédire avec précision le changement de température consécutif à un changement dans les paramètres des nuages. Alors même que cette rétroaction est susceptible de changer de manière importante les prédictions en température.

Maintenant, les modèles prédisent également que le réchauffement de la moyenne troposphère devrait dépasser celui observé à la surface. Mais les données des satellites contredisent cela. Nous avions regardé ce problème ici, à l'université d'Arizona et avons conclu que les températures par satellites de l'UAH [University of Alabama Huntsville] sont les plus précises et que celles-ci, après les corrections dues au refroidissement stratosphérique, aux dérives orbitales, au changement de cibles chaudes, etc., montrent toujours moins de réchauffement troposphérique que la température de surface. Un papier traitant de cette question va être soumise à la publication d'ici peu. Si les modèles ne peuvent pas rendre compte correctement de la tendance en température de la moyenne troposphère, comment peuvent-ils prédire la température de surface ?

Je suis également ébahi par les prédictions à l'échelle locale qui sont faites pratiquement quotidiennement. Ici, en Arizona, on nous dit que nous allons subir de graves sécheresses, des températures incroyablement chaudes, etc. Si le climat se réchauffe suffisamment, nous devrions nous attendre à ce que les caractéristiques climatiques globales migrent vers les pôles. Même si cela signifie une diminution des pluies d'été ici en Arizona, cela devrait en même temps pousser les vents d'est de mousson plus vers le Nord pendant l'été, ce qui favoriserait plus de pluie et une saison pluvieuse plus longue en été. Cela entraînerait également des températures d'été plus fraîches car les anticyclones subtropicaux vont être plus vers le Nord et nous ne serions pas exposés à la subsidence responsable des hautes températures que nous avons actuellement. La hausse de la couverture nuageuse due à l'augmentation des pluies de mousson devrait également entraîner des températures diurnes plus fraîches. Que le résultat final soit une hausse, une baisse ou aucun changement des précipitions, je ne peux pas le dire mais les modèles ne peuvent pas prédire cela non plus. Et pourtant, des prévisions de ce qui va se produire sont publiées.

Un autre point que je voudrais également souligner est par rapport à l’augmentation plutôt rapide de température que nous observons durant ces 10-15 dernières années. Est-ce que les modèles peuvent expliquer cela par l'augmentation des GES ? Je ne pense pas que la hausse de CO2 a suivi la même courbe.

Ce qui est exposé ci-dessus est juste quelques exemples d'incertitudes qui existent. Il y en a d'autres. Je les souligne seulement pour demander comment on peut déclarer que le réchauffement passé et même le climat futur ont pu être déterminés avec 90% de certitude quand autant de questions importantes subsistent ?

  • Devrions nous nous inquiéter au sujet de l'ajout des GES dans notre atmosphère ? Certainement. Nous devrions faire tout ce qui est raisonnable pour minimiser leur ajout dans l’atmosphère. Mais est ce que ces actions vont réalistiquement éliminer le problème ?
  • Pouvons-nous nous attendre à réduire le niveau d'émission des GES à un niveau où le CO2 va effectivement commencer à se réduire ?
  • Avons nous considéré le coût de tels sacrifices et mesuré de manière réaliste les résultats attendus ?
  • Est-ce qu'une meilleure approche ne serait pas, quel qu'en soit le coût, de mettre suffisamment d'argent dans le développement des énergies alternatives qui pourraient de manière ultime réduire les émissions de CO2 dans notre atmosphère à un niveau zéro et en même temps éliminer notre dépendance du pétrole importé ?
  • Combien de temps un tel projet va-t-il prendre pour aboutir ? Peut-être 50 ans est une estimation raisonnable.

La pollution de notre atmosphère
avec les gaz d'origine humaine
n'est pas une bonne chose… Les
arguments contre la pollution
peuvent se suffire à eux-mêmes

Pouvons-nous continuer à émettre le CO2 dans notre air à un niveau, disons similaire à celui de maintenant, pour encore 50 ans ou les désastres prédits vont se produire ?
Je ne peux pas répondre à cette question mais je peux dire que si nous considérons que le rythme de réchauffement actuel dû aux GES est d'environ 1-2°C par siècle, alors un autre 1°C pour les 50 prochaines années ne va pas entraîner les désastres prédits et pourrait en fait être bénéfique dans un certain sens.

Je pense qu'il est temps, en tant que scientifiques, d'être réalistes sur ces questions. Je ne connais pas la réponse mais je pense que les preuves montrent que les prédicteurs de catastrophes ne la connaissent pas non plus. La pollution de notre atmosphère avec les gaz d'origine humaine n'est pas une bonne chose. Pour cette raison, elle devrait être stoppée. Cependant, ce n'est pas non plus une bonne chose de faire des prédictions pour le grand public qui sont sujettes à autant d'incertitude. Les arguments contre la pollution peuvent se suffire à eux-mêmes.

Source


50 réponses à “Les incertitudes des prédictions climatiques par Professeur Herman”

  1. Je partage tout à fait la conclusion du Professeur Herman : a-t-on vraiment besoin d’invoquer un hypothétique réchauffement climatique pour entamer une révolution énergétique qui supprimerait notre addiction aux hydrocarbures. Cette addiction n’est-elle pas source de nombreuses tensions dans le monde et d’instabilités économiques – et donc sociales – dues en partie aux fluctuations du cours du pétrole ?

    De toutes façon, qu’on le veuille ou non, il faudra bien se passer du pétrole lorsqu’il n’y en aura plus. Alors autant stopper de suite la boulimie (gaspillage) en choisissant l’efficacité énergétique (isolation, urbanisme, aménagement du territoire, alternatives au tout bagnole, …), à compléter avec les renouvelables : le soleil, le vent, la biomasse, … sont partout et n’appartiennent à personne. Alors qu’attendons-nous ? On en parle depuis le premier choc pétrolier (1975) bien avant que le changement climatique ne donne lieu à tant de polémique.

  2. Alors autant stopper de suite la boulimie (gaspillage) en choisissant l’efficacité énergétique (isolation, urbanisme, aménagement du territoire, alternatives au tout bagnole, …), à compléter avec les renouvelables : le soleil, le vent, la biomasse, … sont partout et n’appartiennent à personne.

    Christophe (#1),
    Ah oui, et ça marche ? Où ça déjà ?

  3. le soleil, le vent, la biomasse, … sont partout et n’appartiennent à personne

    Ça ve dire quoi, que c’est gratuit ?
    Ah, bon EDF n’est pas OBLIGE d’acheter le courant de m…de éolien et on ne le paye pas via nos factures d’électricité ?

  4. Christophe (#1),

    Ce n’est parce que la ressource de base est gratuite que le produit transformé n’est pas payant ! La chaleur est gratuite en été et payante en hiver !

    De plus , la biomasse appartient toujours à quelqu’un (le propriétaire du terrain), le vent : il faut bien mettre les éoliennes quelque part et pour le solaire, c’est la même chose pour les panneaux.

  5. A propos des incertitudes des prédictions climatiques à lire d’urgence ses articles ici et sur la faillite des de la dendrochronologie (les cernes des arbres, qui pour certains vont se transformer en cerne sous les yeux).

  6. Curieux (#5),

    Je pensais que cette question était close et que les séries de données sur les arbres n’étaient plus considérées comme valables pour les reconstructions climatiques 😉 !

    Mais cet article apporte une dimension supplémentaire : il montre que ces données biaisent complètement les reconstructions du climat . De plus, sans ces données, il n’y a plus de Crosse de hockey !

  7. Étant donné qu’il y a parmi vous des gens très au courant, si une bonne âme a des références sérieuses (articles peer-reviewed par exemple) sur les pincettes à employer avec la dendroclimatologie, je suis preneur ! Merci d’avance (et si personne n’a quoi que ce soit, merci quand même !!)…

  8. Hacène (#7),

    Fouiller dans le site Climate audit : je crois que les articles de McIntyre ont contribué a sortir les séries dendro des séries que Mann a utilisés pour sa fameuse courbe. Si pb pour trouver, j’irai plus à fond ce soir.

  9. @7

    J’ai fait un peu de dendro (il y a …) et tous les spécialistes que j’ai rencontrés répétaient que la dendro renseigne sur de bonnes conditions de pousse (ou de mauvaises) mais ne donne qu’une globalité, en aucun cas une température ou une pluviométrie directement.

  10. si une bonne âme a des références sérieuses (articles peer-reviewed par exemple) sur les pincettes à employer avec la dendroclimatologie, je suis preneur !

    Hacène (#7),
    Cf rapport du GIEC 2007, 4AR, chap 6. 😈
    Si la dendroclimatologie était fiable, on aurait eu de belle « reconstructions » par les cernes montrant une belle hausse de température ces 30 dernières années. Manque de pot, le GIEC n’en a pas trouvées. CQFD.

  11. Cela me semble évident : un exemple très simple et éclairant : 1976 fut très sec mais chaud. Eh bien les cernes de cette année là sont très étroits…. En plus, il n’est pas certain que la relation soit linéaire et en plus elle change avec les espèces.
    Mais Leroy Ladurie les a utilisés dans son bouquin à l’époque, cela a laissé des traces.

  12. Araucan (#13),
    Bien sûr qu’elle n’est pas linéaire (d’ailleurs, dans la Nature, qu’est ce qui est linéaire ?). C’est une relation en U : trop froid => petites cernes mais aussi trop chaud => petites cernes. Trop peu de CO2 => petite cerne. Trop peu d’azote (par exemple suite à un lessivage du sol par de fortes pluies) => petites cernes ,etc, etc.
    Aucun dendrochronologue digne de ce nom (cf par ex. Craig Loehle qui officie sur climateaudit.org) ne s’avisera d’utiliser les cernes pour retracer les températures, elles sont utilisées pour retracer qualitativement l’humidité, les périodes d’incendies, les changements d’environnement niveau faune ou flore…

    Mais nos génies du département CSI (climate science investigation) sous la direction de GéGé (Gil Grisom) Mann et assisté par le docteur Al (Robbins) Gore avec ses super models du Crime Climate Lab bourrés de filtres AlGoreithmiques magiques arrivent à extraire de ces plats de spaghettis infâmes la plus infime trace de température anthropique. D’ailleurs, ils sont les seuls à pouvoir y arriver alors que bien des spécialistes ont renoncé avant eux et surtout après eux.

    Hey, it’s climate science, man. 😉

  13. Un prof de fac m’avait dit à moi aussi qu’avec la dendro, fallait se méfier, même pour les précipitations…
    Merci pour vos infos, je vais creuser tout cela, notamment sur climate audit…

  14. Il paraît que le RCA va entrainer des sécheresses mais depuis un moment on ne parle plus que d’inondations (Brésil, Maroc, Yémen, Sri Lanka, Inde, Gironde, Venise, etc…).

    C’est agaçant le décalage avec les prévisions …. : irony:

  15. Araucan (#16),
    Le rca est censé entrainer des risques naturels plus fréquents et plus intenses (donc inondation).
    Petit troll va

  16. Chria (#17),

    😳 j’avais oublié ce coté là du bréviaire.
    Je répéterai 100 fois avant de m’endormir : » Tout événement climatique ou météorologique est de la faute du RCA. Pour le reste, c’est plus que probable et si ça ne l’est pas encore, cela le deviendra. »

    Et vous, en raison de votre remarque finale, je vous enjoins de lire le discours de Pachauri et d’en analyser les subtilités, non mais ! smile

    http://skyfal.free.fr/?p=285#comment-11708

  17. Araucan (#16),

    Il paraît que le RCA va entrainer des sécheresses mais depuis un moment on ne parle plus que d’inondations (Brésil, Maroc, Yémen, Sri Lanka, Inde, Gironde, Venise, etc…).

    Oui c’est agaçant. Ces pluies intenses qui provoquent ces inondations observées concordent bien avec le RC (non anthropique), d’après les enseignements tirés des paléoclimats.
    Je crois que prévoir des sécheresses avec le RC (comme le fait le discours alarmiste) serait une erreur, du moins dans la zone méditerranéenne et subsaharienne.

  18. Araucan (#21),
    NH est passé en début d’émission. Sinon ensuite j’ai bien ri avec cette famille qui ne veut surtout polluer pas avec son chauffage alors ils se caillent les miches tout l’hiver, les gosses se gèlent mais c’est pour la bonne cause. Ils étaient pathétiques mais en même temps avaient une certain courage, envers et contre tous.
    J’ai aussi bien ri avec les japonais qui découvrent la voiture à gaz comprimé de guy Nègre, ils étaient comme des gosses devant un jouet…

  19. Abder (#22),
    « Je crois que prévoir des sécheresses avec le RC (comme le fait le discours alarmiste) serait une erreur, du moins dans la zone méditerranéenne et subsaharienne. »
    Pourtant pas mal de modèle le prévoit et pas mal de mesures passé le confirment aussi (au maroc par exemple je connais une thésarde qui a analysé les relevé de précipitation de presque tout le pays et depuis quelques dizaines et les données sont claires avec une forte chute des quantité).
    Maintenant est-ce que cela à quelque chose à voir avec le CC, ?

  20. « depuis une trentaine d’année »
    Et scuzé moi pour les autres fautes

  21. Aaaah, Guy Nègre ! Un vrai génie de la mécanique, qui avait déniché des trouvailles pas possibles pour améliorer le rendement des moteurs à explosion classiques ( tel la distribution rotative, à la place de l’ensemble arbres à cames/culbuteurs/soupapes ), et qui maintenant essaye de vendre son moteur à air comprimé aux Indiens de chez Tata… Le pire est que ça marche, mais le souci principal est que son moteur à air a un rendement médiocre, et du coup ne peut être monté que dans des véhicules légers, très légers, dont je frémuis à imaginer l’état après un crash ,exactement comme notre bonne vieille 2CV…

  22. Pourtant pas mal de modèle le prévoit et pas mal de mesures passé le confirment aussi (au maroc par exemple je connais une thésarde qui a analysé les relevé de précipitation de presque tout le pays et depuis quelques dizaines et les données sont claires avec une forte chute des quantité).

    Les modèles ne « prévoient » rien du tout, surtout en ce qui concerne les précipitations, il faut arrêter de raconter des salades !

    Les précipitations au Maroc ont changé depuis une trentaine d’années ?
    Bah oui, c’est un phénomène cyclique et 30 ans, c’est à peu près une demi-période d’oscillations océaniques comme la PDO ou la NAO.

  23. @ Chria. Cette thèse serait-elle disponible en ligne ? Quelles en sont les références, l’auteur(e) ? Je bosse sur la végétation au Maroc et un travail tendant à l’exhaustivité de ce côté-là m’intéresse grandement…

  24. Plus de sécheresses ? Pas bien grave, les très fameux ingénieurs du Maroc sont là pour sauver le continent du déficit hydrique :
    http://www.lematin.ma/Actualit…..?id=100015
    S’ils ont de tels résultats, faudrait leur dire de le faire chez eux aussi, car la pénurie n’est pas moins importante qu’au Sénégal…

  25. Abder (#22),

    Sur les zones méditerranéennes, le problème de fond à mon humble avis reste le manque d’eau récurrent en été, le stockage de l’eau et son économie. Quant à l’avenir, no se. Au mieux, il faudrait voir les relevés des années passées (si des réseaux fiables existent).
    Voir ici : http://www.planbleu.org/donnee…..simed.html

    Et miniTax a raison, les modèles, d’autant plus s’ils sont régionaux, ne tiennent pas la route

  26. Bien d’accord avec miniTAX et Araucan.
    #29. Hacène
    On peut bien provoquer des pluies et en augmenter la quantité par ensemencement des nuages dans certaines conditions. Mais on ne peut pas fabriquer des nuages là où il n’y en a pas… sinon adieu la zonalité climatique. Le RC observé depuis une trentaine d’années tout au plus ne semble expliquer ni la sécheresse ni le reverdissement du Sahel. De même il ne semble expliquer ni la baisse de la pluviométrie moyenne annuelle ni les pluies intenses (avec des records) de cet automne au Maroc, même si certains prétendent même que ces dernières étaient prévisibles ici.

  27. Les cycles de précipitations fortement corrélés aux variations des cycles solaires, on en a trouvé partout dans le monde, que ce soit en Afrique (Alexander), en Inde (Bhalme & Mooley) ou en Australie (Robert Baker). Et ce ne sont pas des corrélations sur des périodes minuscules mais sur des millénaires, par exemple entre les crues du nil et l’activité solaire des 4000 dernières années.

    Et ces prévisions basées sur le soleil sont suffisamment précises pour prévoir les périodes de crues comme en Afrique du Sud, pas des prédictions alakon des « climatologues » avec leurs modèles de circulation atmosphériques pour annoncer des fatuités dans le style « Les précipitations, je le dis et le répète, pourraient revenir durant la même période. C’est une évidence. Elles ne vont pas revenir chaque année, mais ces précipitations extrêmes reviendront » dixit Prof. Karrouk.

    Les changements de régimes de pluies ont toujours existé et existeront toujours, qu’on soit dans le Magreb ou dans l’Himalaya. La vraie cause, c’est la variabilité naturelle cyclique. Pendant que la FARCE s’acharne à vouloir trouver un bouc émissaire dans les gaz sataniques, le vrai coupable court toujours et continue de faire des dégâts.

  28. @ minitax : d’accord pour les modèles mais je ne fais que reprendre la fameuse carte mondiale… Ne sois pas furieux je fais ça rien que pour t’embêter.

    Quant à cette thèse elle est en cours et je crains qu’elle apporte peu de chose à ce niveau car elle s’intéresse surtout aux sources karstiques et pas aux précipitations. Par contre j’ai pu travailler un peu sur les données pour dégrossir le travail et les tendances étaient en chute libre (fiabilité des données : moyenne…).
    Peut-être rien à voir avec le CC mais suffisamment pour faire peur aux marocains surtout avec la consommation d’eau qui augmente à vue d’oeil.

    Hacene : donne-moi une adresse mail et je t’envoie le nom du thésard qui a les données.

  29. @ minitax : d’accord pour les modèles mais je ne fais que reprendre la fameuse carte mondiale… Ne sois pas furieux je fais ça rien que pour t’embêter.

    Chria (#33), tu ne m’embêtes pas parce que ce point est hyper facile à réfuter : les modèles ne peuvent prévoir quoi que ce soit pour les précipitations puisqu’ils sont incapables de reproduire les précipitations du passé et qu’elles ne sont pas d’accord entre elles pour prédire l’avenir. Il n’y a pas une « fameuse carte mondiale » des pluies mais autant de carte différentes que de modèles différents.

    Par exemple, sur ce lien du GIEC, le modèle ISPL-CM4 prédit une hausse des précipitations pour le Maroc alors que d’autres prédisent une baisse. Bref, tout ce que font les ordinateurs ici, c’est de fournir aux modélisateurs des résultats précisément faux.
    Ce n’est pas parce qu’il y a 19 modèles sur 20 qui donnent 2+2 = 5 que le résultat est 5. Mais visiblement, ce genre de raisonnement n’est pas à la portée du GIEC.

  30. miniTAX (#35),
    bien d’accord. Je me souviens par contre qu’un chercheur marocain avait analyser toutes les données de vent au maroc et avait constaté un changement de régime depuis que les mesures existent, et cela posaient des problèmes quant aux panaches de pollution à un certain endroit prêt des côtes. Peut-être ce changement a-t-il pu influencé le régime des pluies. Ce genre de chose arrive.
    En france on a aussi observé un changement dans les directions des vents d’ouest, passant de nord-ouest à sud-ouest. Cela à considérablement augmenté les périodes de foehn dans les Alpes en hiver, et les masses d’air étant plus chaudes, cela a pu jouer sur le déficit d’enneigement depuis les années 80. (je ne sais pas ce que cela a donnée sur les Pyrénées).
    Mais bon, il n’existe aucune preuve, évidemment, ce ne sont que des observations reliées ensemble…

  31. Merci miniTAX pour les précisions. Quand je disais dans un post que « le réchauffement serait bénéfique pour l’Afrique! Depuis le “RC” observé, la sécheresse n’est plus au Sahel; de même, durant le Quaternaire, les épisodes secs étaient frais (interpluviaux) et ceux humides étaient bien tièdes (pluviaux)« , je raisonnais justement sur des millénaires et avec des changements de températures (moyennes) de quelques degrés qui faisait basculer l’ambiance. Mais prétendre expliquer des basculements de tendances des précipitations avec 0,6 °C (non linéaire) en un siècle ne relève pas de la science.
    Pour le Maroc (comme pour ailleurs), les scénarios les plus sérieux ne prévoient rien de précis, sauf l’amplification des phénomènes extrêmes allant des sécheresses sévères aux inondations, et ce pour être dans tous les cas à l’abri des mauvaises surprises de non concordance entre prévision et réalité. Une chose est sûre : les phénomènes extrêmes ont toujours existé, et leur fréquence a toujours été d’une variabilité inconnue.

  32. « sauf l’amplification des phénomènes extrêmes allant des sécheresses sévères aux inondations »

    Je crois que ce phénomène terrifiant se répète déjà TOUS les ans et qu’on lui a même donné un nom : la mousson. 😈

  33. Abder (#38),

    Comme tous les événements très rares, ils ne suivent pas une loi de probabilité : pourquoi croyez vous que les assurances ne paient pas sur les catastrophes naturelles et qu’il faut créer des fonds de garantie pour les couvrir. parce comme il n’y a pas de loi de probabilité dérière, ni de fréquences, on ne peut calculer de risque et donc de primes.

    Je me pose une question : a-t-on une idée du climat du Sahara pendant l’Optimum médiéval ? Il me semble qu’il y a avait au moins au Sud et en Mauritanie des royaumes florissants…

  34. Je crois qu’il n’y avait pas beaucoup de différence, à en croire la mémoire de Léon l’Africain qui servit de base pour rédiger sa « Description de l’Afrique ». J’avais lu avec attention une bonne partie de ce qu’il avait écrit, dans le but d’évaluer le changement. J’en conclut une nuance sur l’état de la végétation (et des sols) en marge septentrionale du Sahara, particulièrement due au mode d’exploitation et à la démographie. Il appelait même « désert » ce qui ne l’est pas réellement, mais probablement par absence de présence humaine en raison du manque d’eau. La dégradation est surtout une œuvre du XXème siècle, non pas à cause d’un « changement » climatique, mais surtout à cause du changement dans la gestion des ressources. Il va falloir peut être dépouiller les archives des oasis et les écrits historiques pour en savoir plus.

  35. @ Araucan. Comme il déjà souvent été dit ici, le froid polaire est associé aux sécheresses tropicales, le chaud à du plus humide. C’est vrai, mais pas dans les mêmes proportions, à toutes les échelles de temps. Il faisait plus humide durant l’Optimum médiéval, de même que durant l’entre deux guerres. Les populations nomades avaient alors migré vers le nord, où elles étaient toujours lorsque le climat s’est refroidi après guerre, ce qui a accentué les famines au Sahel que l’on sait. Durant l’Optimum, il faisait plus humide, mais pas de quoi imaginer cependant une savane. La steppe a progressé sur les marges, les pluies atteignant le Sahara central étaient sans doute plus fréquentes (et l’acheb moins rare). Son extension était moins grande, les marges plus humides, le Sahel moins soumis au déficit hydrique (et le fleuve Niger sans doute bien alimenté)…
    Une bonne lecture : Biographie d’un désert, par Rognon, chez l’Harmattan

  36. Hacène (#42),

    Ma question était innocente : rien qu’un peu plus de steppe (100 ou 200 km de plus au nord cela fait de la surface) sur le Sahara peut changer beaucoup de choses pour la végétation et les civilisations des steppes (pastorales) n’ont pas toujours été pauvres, si à population à peu près égale on pouvait élever plus de bovins par exemple.

    Merci pour la référence.

    Autre référence qui peut-être utile (ce n’est pas la seule étude de ce type qui soit parue : http://www.sciencedaily.com/re…..081449.htm )

  37. Pour Biographie d’un désert, c’est maintenant un peu ancien, mais quand même, ça reste une bonne source.
    Chez l’harmattan aussi, Climats anciens du nord de l’Afrique. Plus tout jeune non plus (1995 je crois), mais pas mal non plus, même si c’est un peu plus « aride » !
    Merci pour le lien.

  38. Araucan (#43),

    Très intéressant votre lien, tout le contraire de ce qu’écrit la Recherche. L’étude serait-elle trop récente ? Parut après publication ?
    Voilà ce que dit la source Géographical Research ,

    Received 16 July 2007; Revised 10 January 2008; Accepted 11 July 2008

    C’est ce qu’on appel le journalisme scientifique post-moderne à « la recherche » qui ne mérite plus de capitales.

  39. Curieux (#45),

    La Recherche n’a pas fait une étude biblio exhaustive…. 😆

    Elle a juste repris les articles qui ont fait l’actualité !

    Je crois que miniTax a fait référence à d’autres études de ce type sur d’autres bassins versants : peut-être peut il plus les détailler (car il sait plein de choses quand il ne vitupère pas après K) 😉

  40. Araucan (#46), une piste pour suivre l’état du Sahara et des précipitations pendant l’holocène est l’étendue du Lac Tchad (qui lors de l’holocène optimum s’appelle d’ailleurs lac Méga-Tchad) dont on a un suivi relativement précis et bien mieux quantifié que l’état de la végétation saharienne. Rien que ça devrait faire taire les foutaises qu’on entend sur le soi-disant RCA au Sahel.

  41. Paléoclimato dans le Sahara :

    //www.sciencemag.org/cgi/content/full/320/5877/765?ijkey=8e797a0e07831daa412f8b371d17da3d2ad41a04

  42. Je crois que la question du post 40. d’Araucan concerne l’Optimum Médiéval au Sahara et non pas les paléoclimats des derniers 6000 ans ? Quoique les références citées sont intéressantes, mais les écrits et les études historiques et archéologiques demeurent irremplaçables dans ce contexte, notamment sur les « royaumes florissants » supposés avoir existé. La nature n’aurait pas laissé assez de traces datables et significatives de cette courte période, d’autant plus que le changement n’aurait pas été vraisemblablement abrupt. Les travaux sur le Lac Tchad sont intéressants mais ils restent ponctuels.