Réchauffement climatique et dissonance cognitive


[Un exposé sur la dissonance cognitive dont la conclusion donne peu d'espoir sur une réconciliation prochaine entre sceptiques et alarmistes du réchauffement climatique]

Un homme avec conviction est un homme difficile à changer. Dites-lui que vous n'êtes pas d'accord et il se détourne. Montrez-lui des faits et des chiffres et il met en doute vos sources. Faites appel à la logique et il ignore votre point de vue.

Nous avons tous connu l'exercice futile d'essayer de changer une forte conviction, en particulier si la personne convaincue possède des enjeux dans sa conviction. Nous sommes familiers avec les diverses lignes de défenses ingénieuses que les gens mettent en place pour protéger leurs convictions et pour les rendre indemnes face aux attaques les plus dévastatrices.

Mais l'ingéniosité de l'homme va au-delà de la simple protection d'une croyance. Supposons qu'une personne croit à quelque chose de tout son cœur ; supposons en outre qu'il a un engagement dans cette croyance qui lui fait réagir de manière irréversible ; finalement supposons qu'on lui présente des preuves, sans équivoque et indéniables, que sa conviction est fausse : que se passerait-il ?

L'individu va souvent finir, non seulement incrédule, mais encore plus convaincu de la vérité de ses convictions que jamais. En fait, il pourrait même manifester une ferveur renouvelée à convaincre et à convertir les autres à son point de vue.

Commençons par détailler les conditions dans lesquelles nous nous attendons à observer une ferveur croissante après la réfutation d'une croyance. Il y a cinq conditions :

(1) La croyance doit être tenue avec une profonde conviction et doit avoir une portée concrète, c'est-à-dire en relation avec ce que le croyant fait ou comment il se comporte

(2) La personne ayant la conviction doit être engagée, càd qu'au nom de ses convictions, il doit avoir pris des mesures importantes qu'il lui serait difficile à défaire. En règle générale, plus ces actions sont importantes et difficiles à défaire, plus l'engagement de l'individu dans sa la conviction est fort.

(3) La croyance doit être suffisamment spécifique et suffisamment reliée au monde réel pour que les faits puissent la réfuter sans équivoque.

(4) Cette réfutation par des éléments de preuve indéniable doit avoir eu lieu et doit être reconnue par l'individu détenteur de cette croyance.

Les deux premières conditions de précisent les circonstances qui rendent la conviction résistante au changement. De l'autre côté, les troisième et quatrième conditions mises ensemble, soulignent les facteurs qui exercent une forte pression sur le croyant à abandonner sa croyance. Il est bien sûr possible qu'une personne, même profondément convaincue d'une croyance, puisse la rejeter face à une infirmation sans équivoque. Nous devons donc citer une cinquième condition qui précise dans quelles circonstances la croyance sera abandonnée et dans lesquelles elle sera maintenue avec une ferveur renouvelée.

(5) L'individu croyant doit avoir un soutien social. Il est peu probable qu'un croyant isolé puisse supporter le genre de réfutation par les faits tel que nous avons spécifié. Alors que si le croyant est membre d'un groupe de personnes convaincues qui se soutiennent les unes les autres, l'on peut s'attendre à ce que la croyance soit maintenue, et que les croyants tentent de faire du prosélytisme et de convaincre les non-membres que la croyance est correcte.

Source : Quand les Prophéties Echouent (When Prophecies Fail) de Festinger, 1956


15 réponses à “Réchauffement climatique et dissonance cognitive”

  1. Tout ceci n’est pas très rassurant pour l’avenir. Heureusement que le temps apaise les passions !

    Murps

  2. C’est une approche intéressante, mais qui hélas doit valoir probablement pour les deux camps. Comme le dit Murps, on n’est pas sortis de l’auberge :0)

  3. Depuis pas mal de temps,au hasard de lectures,j’assiste incrédule aux « combats » des tenants de deux thèses qui nous occupent.Une chose me sidère:aucune étude, qu’il s’agisse de température,de fonte ou non des calottes glaciaires, de recul ou non des glaciers,de la fréquence des tempêtes,des ouragans,des sécheresses,des inondations, ou que sais-je encore,ne peut être établie de façon incontestable.Toute affirmation dans un sens ou un autre est aussitôt contredite par une étude qui démontre le contraire.Des amis de retour de raids au sahel m’expliquaient que jamais les paysages n’avaient été aussi verts,les puits aussi remplis,les troupeaux aussi gras.Voilà au moins un fait dont personne ne parle et que je peux prendre pour certain.S’il s’agit d’un effet du réchauffement climatique,on ne peut que s’en réjouir.
    Pour ajouter à ma confusion, je vous livre un souvenir de jeunesse.En son temps, les soviétiques ont construit le barrage d’Assouan au grand dam des précurseurs écolos(je me suis toujours demandé pourquoi les écolos étaient systématiquement opposés aux barrages?)A peine sous eau, le Bangadesh,déjà, a été victime d’une mousson catastrophique,à tel point que dans mon petit village, de nombreuses familles ont adopté des petits indiens.Je me souviens des démonstrations de scientifiques,expliquant avec force schémas(je reste pantois des similitudes avec ce qui se passe à ce jour)le crime écologique qui, en plaçant cette énorme masse d’eau sous un climat tropical, allait bouleverser le délicat équilibre des masses d’air.Il n’y avait d’autre solution que de démolir au plus vite.Je ne pense pas que ce sont les mêmes qui nous assènent la vérité aujourd’hui, mais on serait peut-être avisés de vérifier s’ils ne sont pas leurs fils…

  4. Bien résumé Haegen

    Ton feeling est bon…. la vérité… c’est qu’on ne sait pas grand chose. 😉

  5. #3. Vander Haegen

    au sahel m’expliquaient que jamais les paysages n’avaient été aussi verts,les puits aussi remplis,les troupeaux aussi gras.Voilà au moins un fait dont personne ne parle et que je peux prendre pour certain.S’il s’agit d’un effet du réchauffement climatique,on ne peut que s’en réjouir.

    Effectivement, la sécheresse du Sahel des années 70 – 80 avait sévi au point même qu’on confondait sécheresse et désertification… quand on pensait à une tendance vers une « ère froide » alors que le retour des pluies d’après coïncidait avec la tendance au « réchauffement » dit global. De même, au Sahara et son pourtour, l’OCH (Optimum Climatique Holocène) était nettement plus humide et sensiblement plus tiède que l’ambiance actuelle. Les épisodes arides quaternaires étaient les plus froids, alors que les épisodes humides étaient les plus tièdes. Bienvenu le beau temps (=pluviosité accrue) avec le RC !

  6. On est dans une croyance basée sur des principes faux, un peu comme à l’arrivée du train pour remplacer les diligences les scientifiques disaient que la vitesse de 20 Kmh allait tuer les voyageurs.

    Sur le climat un peu d’histoire permet de se rendre compte que c’est quelque chose d’éternellement changeant et imprévisible dans l’état actuel de la science.

    Le site du glaciologue Robert Vivian est très intéressant à ce titre quand on lit ceci :

    Les 16, 17 et 18 juin 1771, il tomba, dans les montagnes du Chablais, une si grande quantité de neige que les cornes des vaches inalpées depuis deux jours apparaissaient à peine au-dessus de cette couche. L’hiver qui suivit cette triste saison fut cruel.
    1776. Dans le courant de février, il tomba au Val de Tignes une si abondante quantité de neige que les habitants d’environ cent ans n’en avaient jamais vu de cette hauteur, qui allait à près de 12 pieds dans la plaine.
    Depuis 1776 jusqu’en 1781 il se produit une série d’hivers précoces.
    1794. Il est tombé à Annecy et sur le Genevois une neige abondante qui fit verser les moissons et subsista pendant deux jours. L’hiver fut long et dur. Du 17 décembre 1794 au 5 mars 1795, le froid fut presque continuel et il tomba tant de neige que les routes de la région annecienne furent impraticables.

    Puis ceci :

    en l’an 627 avec  » des sources qui se tarissent et de nombreux morts de soif  » ; en 640 où l’on enregistre des chaleurs tropicales :  » les hommes et les femmes tombaient morts n’ayant plus en bouche la salive nécessaire  » ; en 850, famine résultant de la chaleur et de la sécheresse enregistrées ; en 987  » chaleur épouvantable déclenchant une famine qui durera cinq ans  » ; en 995, été excessivement chaud au cours duquel  » les arbres s’enflammaient spontanément  » ; puis en 1000, 1135, 1232, 1393, 1473, 1504, 1518, 1540, 1583, 1605, 1612, 1642, 1660, 1681, 1706, 1719 (« 1719 fut une des années les plus sèches et les plus chaudes qu’on ait encore vue en France « )… et ainsi de suite : plusieurs fois par siècle en moyenne, de graves canicules ont sévi sur le Sud-Est français.

    Il faut se garder de prévoir des événements sur des phénomènes encore trop complexes et observer sans relâche. On assiste actuellement avec Kyoto et Cie aux trop fameux « Plans sur la Comète ». Lomborg prêche dans le vide et pourtant il a raison. L’argent du « moins de CO2 » ferait mieux d’être utilisé ailleurs. Hélas, cela s’appelle simplement être « raisonnable ».

  7. @jmr

    J’ai déjà eu l’impression de voir ça quelque part. Effectivement, si on regarde de près l’évolution du climat aux temps historiques, on voit bien que les variations « d’une rapidité inégalée » sont en réalité la règle et un travail important reste à faire sur de nombreuses sources archivistiques pour en faire une chronique plus

    Je crosi que, sur le site pensée-unique, il y a beaucoup de choses sur la manière dont le RCA arrange beaucoup de monde. J’en rajouterais une : une catastrophe, dans le fond, c’est simple et presque rassurant : on sait, ou croit savoir ce qui va arriver, alors que, si on se met à douter de tout, c’est beaucoup plus angoissant…

  8. Je sais que nous en revenons toujours aux même sproblèmes, mais je ne crois pas que les théories du RC anthropique se basent sur des concepts faux. C’est justement car les fondements sont corrects que les « anti-réchauffistes » ont du mal à démonter les théories existantes.

    concernant les personnes que cela arrange, j’oppose toujours la même réponse : il y autant d’intérêts économiques en jeu pour une diminution de la consommation de carburants fossiles que pour continuer à les utiliser comme maintenant. Sinon, pourquoi Exxon offirait-il de l’argent allant à des recherches censées prouver que le RC anthropique n’existe pas ? Par pure philanthropie ? J’en doute…

  9. Coco…

    mais je ne crois pas que les théories du RC anthropique se basent sur des concepts faux

    et

    C’est justement car les fondements sont corrects que les “anti-réchauffistes” ont du mal à démonter les théories existantes

    C’est toi qui patauge, à tel point que tu quitte le terrain observationnel pour le blabla typiquement polémique,

    pourquoi Exxon offirait-il de l’argent allant à des recherches censées prouver que le RC anthropique n’existe pas ? Par pure philanthropie ?

    Au passage la réponse est toute simple, il n’offre pas, il finance, comme il investit aussi dans les énergies renouvelable : pour gagner des sous.

    Pose toi la question jusqu’au bout pourquoi en France le gros bailleur de fonds est le CEA ?
    Par ce que le CEA veut plus de nucléaire. Au passage l’opération à réussi, tout le monde ce met au nucléaire.

    Tu vois même sur le polémique (qui est HS) tu patauges.

  10. Bonjour,

    je ne pense pas être HS dans le sens où j’indique mon opiion selon laquelle la « dureté » du débat provient 1. du fait que les théories du RCA se basent sur des principes physico-chimiques connus, mais que les preuves de celui-ci – s’il existe of course- peuvent être sujettes à caution et 2. qu’il y a derrière une lutte entre deux lobbys (pour simplifier) : celui des énergies fossiles et celui des énergies alternatives.

    Et votre remarque sur le CEA va exactement dans ce sens…

  11. je ne pense pas être HS

    Intéressante opinion de vous même…, ici HS veut dire Hors Sujet.

    Mais je crois que vous avez raison, trop de moquette et voilà le résultat, HS.

  12. Je perds espoir, vous ne comprenez rien à ce que vous lisez, c’est tout…

  13. Désolé Cocaa… mais je ne suis absolument pas d’accord avec vous. La plupart des scientifiques sceptiques ne sont pas financés (ni leurs labos) par des pétroliers…. c’est juste une légende et un argument spécieux utilisés par ceux qui n’ont pas d’arguments scientifiques à leur opposer.

    Il se trouve que le GIEC ignore volontairement tout un tas de travaux (il ne cherche même pas à les infirmer, il les ignore tout simplement)… cela inclue pourtant des travaux du plus grand intérêt, comme ceux de Svenson, Shaviv, etc….

    Tout au contraire, les scientifiques sceptiques utilisent régulièrement les publications retenues par le GIEC, et n’ignorent aucune des théories avancées. Il est même admis (même si tenu pour peu probable), que la sensibilité climatique au CO2 anthropique pourrait être celle avancée par le GIEC.
    Si vous voulez le vérifier, procurez-vous le rapport du NIPCC.

    P.S.
    Le problème n’est pas que les concepts utilisés soient faux… mais que l’utilisation de ces concepts est biaisée (dans les modèles) par des paramétrisations empiriques ne se justifiant que par la non-prise en comptes de nombreux phénomènes, et par des assertions non assises sur aucune expérimentation (comme la valeur du feedback positif de la vapeur d’eau par exemple)

  14. Bah, laurent, chacun a droit à son opinion.

    Pour être plus précis, quand je parlais d’influence de lobby, c’est plutôt au niveau des médias/propagande qu’au niveau de la recherche.

    Je serais intéressé de lire le rapport du NIPCC, je vais le chercher de ce pas et mettre un lien ici…

  15. @cocaa

    Le rapport du NIPCC peut se trouver LA

    Si tu parlais d’influence des lobby au niveau médias/propagande…. alors les pétroliers devraient virer leurs conseillers en lobbying… vu que c’est complètement raté, les médias ont viré au consensus réchauffiste depuis longtemps, avec une belle unanimité.