Les liens étroits entre Lehman Brothers et Al Gore, Hansen et le commerce du carbone


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Le business du carbone d'Al Gore GIM [Generation Investment Management] avait pour banquier Lehman Brothers. Il sera intéressant de voir comment cela va se jouer dans l'avenir, mais je soupçonne que cela augmente le risque d'investir dans le business des échanges des émissions de carbone. Merrill Lynch a également été profondément impliquée dans cette affaire.

Titre Lehman Brothers
Titre Lehman Brothers avant sa
faillite le lundi 15 sept. 2008

L'année dernière, Lehman Brothers a publié un long et très médiatisée rapport sur le changement climatique dans lequel ils ont prêché sur la décarbonisation, pour essayer de garder des niveaux de profits élevés pour leurs investisseurs impliqués dans le mécanisme d'échange de carbone de Kyoto et d'énormes subventions publiques. Tout cela, bien entendu, sous les applaudissements de l'habituel chœur d'hommes politiques, de l'ensemble des médias et des Verts.

Ils ne pouvaient pas prévoir leur faillite un an à l'avance, mais ils prédisent le climat à 100 ans. Des milliers de militants verts se sont servis du rapport de Lehman comme une preuve du réchauffement de la planète et du chaos imminent. Lehman Brothers a dit ! Des mots sacrés ! Son conseiller scientifique est James Hansen ! Le rapport est à la base de politiques sur le changement climatique en Espagne, en Argentine et dans plusieurs autres pays jouant au jeu du progressisme ; il est utilisé par des professeurs d'économie s'improvisant climatologues, les éditoriaux des journaux, et même par un Secrétaire d'État : Lehman Bros a dit !

Lehman Brothers a parlé dans son rapport du climat en 2100 et ses projections de conséquences économiques et financières, sur le coût du changement climatique  plusieurs décennies dans le futur. Ils ont osé recommander à leurs investisseurs ce qu'ils ont considéré comme un prix optimal de la tonne de carbone dans 50 ans. Leurs sources et références ont été prises dans l'AR4 [rapport d'évaluation 4] du GIEC AR3, et ainsi de suite. Vraiment impressionnant.

Mais même avec leur grande capacité à lire l'avenir, ils ne pouvaient pas prédire leur disparition un an plus tôt alors que plein de monde  les avaient avertis du présent crash depuis des années. Mais Lehman Bros ont recommandé des investissements à 30, 50, 100 ans. Certains jours, la réalité imite la fiction. Qui a été le conseiller "scientifique" de Lehman Bros sur le climat ? Vous l'avez deviné, James Hansen, le même gars qui veut conduire le monde à la faillite comme il l'a fait avec Lehman Bros.

Mais l'histoire a certains liens avec Hansen le "scientifique" conseiller d'Al Gore, qui est  président du conseil d'administration de l'Alliance pour la Protection du Climat. Comme on peut voir dans le site Web de l'Alliance, son  Directeur Général n'en est pas moins Theodore Roosevelt IV : "Directeur général, Lehman Brothers, président du Pew Center for Global Climate Change".

Theodore Roosevelt IV est directeur général de Lehman Brothers et membre du cabinet de direction du groupe de couverture client de la firme. Ce groupe  supervise les relations clientèle. M. Roosevelt est [écologiste] conservationniste actif. Il est président du Pew Center for Global Climate Change, vice-président de la Société pour la Nature, et un fiduciaire du Musée américain d'histoire naturelle, du World Resources Institute, de l'Institut de l'environnement et des Ressources Naturelles à l'Université du Wyoming, et un syndic de Trout Unlimited.

Les rapports en deux parties de Lehman peuvent être trouvés sur ce site "Capital Intellectuel". Dans "The Business of Climate Change II», la mention suivante est faite: «Sur le plan scientifique, nous sommes reconnaissants au Dr James Hansen, directeur de la NASA Goddard Institute for Space Studies, qui, à la fin d'un  dîner particulièrement instructif offert par Ben Cotton du Groupe Man, a consacré généreusement de son temps à clarifier un certain nombre de questions scientifiques qui nous ont ennuyés. Dr Peter Collins et Richard Heap de la Société Royale [britannique] ont fourni des données précieuses et nous ont mis à jour sur les questions les plus controversées de l'évolution scientifique du changement climatique." H/T John McLean.

L'échec de Lehman nous donne une idée de l'avenir lorsqu'une compagnie mise son futur sur des conseils spéculatifs de scientifiques activistes, de politiciens et de groupes écologistes, tout en ignorant les réalités à court terme.

Source


27 réponses à “Les liens étroits entre Lehman Brothers et Al Gore, Hansen et le commerce du carbone”

  1. mon Dieu, je n’ose rêver… que la FARCE fasse comme Lehman Brothers : un grand plouf !

  2. A noter une bourse du carbone se met en place dans l’Union européenne. Les négociations sur la suite du Protocole de Kyoto visent à créer ce système au niveau mondial. Qui dit bourse dit risque de crack boursier, ne serait-ce que parce un fort ralentissement de l’activité économique entrainera une baisse forte des crédits carbone et qu’en période de ralentissement économique, il ne sera pas tenable politiquement de réduire les quotas pour maintenir le prix des crédits carbone carbone.

    Site à explorer : [http://ec.europa.eu/environment/climat/emission/index_en.htm]

  3. On sait quelle sera la future bulle spéculative…

    A moins que, comme le réchauffement climatique, celle-ci s’effondre avant d’être gonflée…

  4. Que ce soit du vent et promis à redevenir poussière, ce n’est pas un scoop : la bourse du carbone s’est déjà effondré en juin 2005, lors de la « première phase » de Kyoto : le prix de la tonne de CO2 est tombé à 30 cents cf ici

    Ce qui est amusant, c’est de voir comment la FARCE essaie de faire comme si de rien n’était pour faire croire que la tonne de CO2 vaut encore quelque chose : même avec un nombre de transactions ridicule, ces 2 derniers mois, ça a perdu 10% de sa valeur. Bref, c’est promis à un bel avenir de « penny stock ».

  5. Trois liens intéressants sur les marchés du carbone :

    [http://environnement.doctissimo.fr/rechauffement-climatique/emissions-de-carbone/credits-carbone.html]

    [http://www.notre-planete.info/actualites/actu_1585_marche_carbone_decolle_defis.php]

    [http://www.sgindex.fr/services/quotes/details.php?family=43]

    Il y a eu une reprise depuis la fin 2007 !

  6. Merci MiniTax pour ce joli graphique.
    A rapprocher des sommes titanesques qui sont / seront englouties dans les mesures sensées limiter les émissions de CO2!
    (CF le livre de Christian Gérondeau sur ce sujet).

  7. Un lien vers une interview de Christian Gérondeau (avec Voynet en prime !)

    [http://www.lefigaro.fr/magazine/20070928.MAG000000454_l_ecologie_est_elle_une_arnaque_.html]

  8. Il y a eu une reprise depuis la fin 2007 !

    @Araucan,
    Non, il n’y a pas eu « reprise ». Les compteurs ont été remis à zéro en passant à la phase 2 du mécanisme d’échange, nuance. En clair, ça veut dire ceux qui se sont retrouvés avec le CO2 à 30 cents la tonne en Juin 2005 peuvent aller brouter, ils n’avaient qu’à ne pas être assez idiot pour payer de l’argent pour de l’air.

    Mais ça, la CAC40 (Confrérie des Arnaqueurs du Carbone) se garde bien de le crier sur les toits, avec la complicité et la duplicité des médias.

  9. Un article plein de gros bon sens et de lucidité.

    Dommage que ce soit un prêchi-prêcha dans le désert.

    Hier encore une chaine publique a encore fait un foin sur la banquise qui fond et qui va nous noyer. Avec en prime une véritable preuve scientifique de la dangerosité des ondes hertziennes, le tout dans le même JT.

  10. @Araucan,
    Merci pour le lien. J’ai commencé à feuilleter, je suis atterré !

    On apprend figure 5 que dans le cadre de la bourse du carbone, les Chinois ont vendu
    – en 2006, 300 millions de tonne CO2
    – en 2007, 400 Mt CO2

    A environ 10€ la tonne, les Chinois ont empoché arnaqué des Européens 3 MILLIARDS € en 2006 et 4 Milliards € en 2007. On comprend qu’ils soient d’accord avec Kyoto !

    Wowww, je serais curieux de savoir la réaction du travailleur français dont l’usine est menacée de délocalisation en Chine d’apprendre que les bureaucrates européens sont en train de payer aux chinois avec son argent une facture de plusieurs milliards € PAR AN (!!!) pour de l’air, Chinois qui par ailleurs construisent 2 centrales électriques au charbon par semaine.

  11. Enfin, pour être précis, avec les mécanismes de développement propre, là ce sont les entreprises qui ont payé, parce que la grande ruse du Protocole de Kyoto, c’est d’arriver à faire payer aux entreprises de « l’air » en Chine (en gros, des technologies propres soit des filtres sur les usines ou des usines neuves) alors qu’en Europe ou en Chine d’ailleurs, elles ne veulent plus payer de charges sociales….
    Pour les chinois, ils sont d’accord pour que nous payions. Quand ils s’agit de limiter leur pollution, c’est plus difficile….

  12. Et pour refaire le lien avec le fil de la discussion, vu les sommes en jeu, on comprend que les banques d’affaires s’y intéressent ! Enfin là cela fait une de moins …

  13. @13, oui bien vu, même si au final, l’argent que les entreprises payent aux Chinois vient bien du citoyen européen par une hausse du prix des produits.

    En gros, c’est le double effet kisscool pour prétendre refroidir la planète : non seulement, Bruxelles oblige nos entreprises à produire pour plus cher mais en plus, à payer le concurrent le plus redoutable de l’Europe à savoir la Chine. Et pour quel résultat ? Pour que la Chine continue de construire 2 centrales au charbon par semaines, et pas celles aux normes européennes hein, celles qui crachent bien la fumée qui pique les yeux et qui arrachent les narines.

    Putain (et il n’y a pas d’autre mot), c’est pas le protocole de Kyoto, c’est le protocole de Hara-Kiri. 😡 😡

  14. Bon j’ai essayé de faire passer un lien mais cela n’a pas marché donc voilà le communiqué de presse. A quand un crash sur les produits dérivés climatiques ?

  15. Le voilà. Je le copie . En date du 24/07/08 (Banque mondiale).

    La Banque mondiale propose des contrats de dérivés climatiques indexés.

    Le Malawi est le premier pays à bénéficier de cette initiative novatrice

    WASHINGTON, le 24 juin 2008 – La Banque mondiale progresse grâce à des projets visant à utiliser le marché des dérivés du climat pour diminuer l’impact de la sécheresse dans les pays en développement. Son conseil d’administration ayant récemment approuvé l’emploi des dérivés climatiques, la Banque mondiale peut désormais offrir des services d’intermédiation financière aux pays clients à faible revenu de l’Association internationale de développement (IDA), et ajoutera ces services à la gamme d’outils de gestion des risques dont disposent les pays clients à revenu intermédiaire de la Banque internationale pour la Reconstruction et le Développement (BIRD). Le Malawi sera le premier pays à profiter de cette nouvelle offre de produit financier de la Banque mondiale.

    La Banque jouera le rôle d’intermédiaire pour les risques de catastrophe climatique en mettant en place des transactions « miroir » avec le pays client et une contrepartie du marché financier. En cas d’événement climatique grave, les pays clients, notamment le Malawi, pourraient recevoir un paiement de la Banque dont la valeur totale serait basée sur un indice servant d’estimation de l’impact financier. Ce montant serait couvert par le paiement reçu par la Banque au titre de la transaction miroir.

    « Cette nouvelle offre de produit s’étend grâce au travail permanent de la Banque mondiale qui utilise les outils du marché pour la gestion du risque » a déclaré Gloria Grandolini, directrice du service de banques et de gestion de la dette. « Elle fait partie de l’effort accéléré de la Banque mondiale pour développer des solutions financières visant à diminuer la dépendance des pays vis-à-vis des fonds de donateurs octroyés à la suite d’une catastrophe, et à planifier des réponses efficaces aux catastrophes. Ces produits sont le volet le plus efficace de la stratégie de gestion du risque plus large ».

    Mme Grandolini a ajouté : « Les dérivés indexés peuvent fournir aux gouvernements une protection contre les perturbations financières qui se produisent au lendemain de catastrophes naturelles. Ils permettent un versement immédiat du fonds du fait qu’ils ne présupposent pas une évaluation des pertes réelles subies, à la différence de la plupart des régimes d’assurance.

    Au Malawi, la Banque mondiale agira à titre d’intermédiaire entre le pays et les sociétés de réassurance ou les banques d’investissement qui offrent des produits pour la gestion des risques climatiques. Un tiers indépendant se chargera du contrôle des données climatiques qui seront alors enregistrées dans un modèle reflétant les précipitations par rapport aux récoltes et qui permettra de déterminer si le Malawi doit recevoir un versement.

    Le dérivé climatique pour le Malawi nécessite le paiement préalable d’une prime et a pour objet de gérer le risque d’événements de faible probabilité mais de haute gravité, comme les sécheresses graves, plutôt que le risque d’événements survenant plus fréquemment, comme les sécheresses mineures ou normales.

    La première transaction de dérivé climatique pour le Malawi va tester le marché avec un petit contrat qui est prévu pour ramener la somme d’environ 3 millions de dollars en cas de sécheresse grave. Les donateurs soutiennent cette initiative, la Banque mondiale agit en tant qu’intermédiaire et la prime est réglée par le ministère du Développement international britannique (DFID).

    L’emploi du marché climatique et de produits d’assurance indexés pour l’agriculture dans les pays en développement est une chose toute nouvelle. Le marché des dérivés climatiques, qui a débuté il y a 10 ans, a enregistré une croissance rapide mais il est principalement utilisé par des sociétés privées pour la gestion des risques.

    « Ce qui est nouveau dans ce cas, c’est qu’il s’agit de l’un des dix pays les plus pauvres du monde qui court d’importants risques climatiques, et qui a aujourd’hui accès aux mêmes outils, c’est ce qui est intéressant » a déclaré Timothy Gilbo, chef-pays de la Banque mondiale au Malawi. « Il s’agit de trouver une nouvelle manière de traiter les risques. L’évaluation de la pauvreté nous permet de savoir que, au moment où une situation d’urgence est déclarée, il y a un appel d’aide et les gouvernements apportent de l’argent, mais un grand nombre de pauvres ont déjà vendu le peu de biens dont ils disposaient, comme une vache ou une chèvre ».

    D’après Julie Dana, spécialiste technique du service de l’agriculture et du développement rural de la Banque mondiale, la Banque mondiale espère que ce nouvel instrument de dérivés climatiques, ainsi qu’un nombre croissant de produits de financement des risques de catastrophes, permettra de resserrer « l’écart important du marché qui existe entre les banques, les compagnies d’assurance, les sociétés de négoce de marchandises qui offrent des produits de couverture et les pays en développement qui en ont besoin ».

    « Le développement de cette offre » a déclaré Mme Dana, « reflète un intérêt accru au sein du Groupe de la Banque mondiale, et parmi les partenaires donateurs, pour aider les pays à développer des approches préalables à la gestion du risque de perturbations externes, étant donné que les mesures post catastrophe peuvent être coûteuses, inefficaces et difficiles à gérer lorsque le pays fait déjà face à la crise ».

    En 2005, le Malawi a été durement touché par la sécheresse qui a causé une famine généralisée dans de nombreux pays d’Afrique australe. La récolte de maïs du pays s’est desséchée dans les champs et le gouvernement a été contraint de demander de l’aide. Le Malawi a dépensé 200 millions de dollars pour répondre à la crise, la Banque mondiale et d’autres bailleurs de fonds ayant offert une somme similaire. Même si le gouvernement a planifié avec soin sa réponse humanitaire, le coût réel des interventions à été bien supérieur, ce qui a entraîné un plus gros déficit fiscal.

  16. Trouvé là. Soit un système de paris, soit un système d’assurance…sauf que là on parle d’Etats et qu’il doit y avoir un fonds de mutualisation quelque part alimenté par les pays développés.

    http://archives.lesechos.fr/ar…..RT_MNG.htm

    Micro-assurance et dérivés climatiques
    L’Art du Management de l’Information n° 20182 du 29 Mai 2008 • page 105

    Le climat est plus qu’une simple question environnementale ; c’est aussi un facteur économique majeur. Selon certaines estimations, les conditions climatiques ont un impact direct sur 20 % de l’économie mondiale. Plus important encore, l’exposition à ce risque n’est pas homogène sur l’ensemble de la planète : ainsi, les pays fortement tributaires de l’agriculture y sont plus sensibles que d’autres. La souscription de contrats d’assurance permet en général de se prémunir contre le risque. Cependant, dans le cas des risques météorologiques, l’assurance n’est pas une solution adaptée. En effet, les événements climatiques, sauf cas extrêmes, entrent dans la catégorie de risques dits à « fréquence élevée _ gravité faible ». Ils font partie du quotidien ; sur une base journalière, leurs conséquences économiques sont limitées mais peuvent être considérables en cas d’accumulation. Par ailleurs, ces risques peuvent générer aussi bien des pertes que des gains économiques selon l’agent concerné. Face à ces risques, des contrats financiers conçus en fonction de conditions météorologiques (température, pluviométrie, chutes de neige…) ont été créés et introduits sur les marchés il y a une dizaine d’années. Il s’agit des dérivés climatiques.

    Plus précisément, les dérivés climatiques sont des instruments financiers dont la valeur ou les « cash-flows » dépendent de la survenance de certains événements météorologiques, aisément mesurables, identifiables séparément et suffisamment transparents pour servir de sous-jacent au déclenchement des contrats financiers. En règle générale, la localisation est clairement identifiée et les mesures sont fournies par des sources indépendantes et fiables. L’utilisation de dérivés climatiques est simplement la généralisation d’une pratique courante de gestion des risques financiers par le biais de contrats dérivés.

    Les premières transactions sur produits météorologiques eurent lieu en 1997, suite à la déréglementation du marché de l’énergie aux Etats-Unis (passage d’une situation d’oligopole à un statut de simple participant sur un marché concurrentiel) ; basées sur des indices de température, elles étaient destinées à indemniser le producteur d’énergie en cas d’hiver trop doux. La WRMA (Weather Risk Management Association) effectue, chaque année, une enquête sur les marchés de produits météo.
    Comme le montre la dernière enquête disponible (2006), le risque climatique a beau affecter l’ensemble de l’économie, le secteur de l’énergie continue de se tailler la part du lion sur le marché en représentant 46 % du marché. Aujourd’hui, beaucoup d’institutions financières, de compagnies d’assurance et de réassurance figurent également parmi les grands intervenants sur ce marché, essentiellement en raison de leur forte activité dans le secteur de l’énergie et des opportunités de couverture croisée offertes par les dérivés climatiques. Selon un estimation de la WRMA, le marché représentait plus de 45 milliards de dollars en 2006, contre 9,7 milliards de dollars en 2005. Il s’agit pour la plupart de transactions conclues sur le marché de gré à gré. Ceci n’a rien d’étonnant dans la mesure où ce type de structure doit être parfaitement adapté à la gestion du risque climatique et aux besoins des divers acteurs. Les marchés organisés rencontrent toutefois un certain succès, essentiellement en raison de la transparence, de la liquidité et de la sécurité qu’ils offrent. Ainsi, le Chicago Mercantile Exchange, avec une croissance de 300 % l’an dernier, occupe une place prédominante.

    Micro-assurance
    L’un des développements les plus spectaculaires des dérivés climatiques tient aux spécificités de ce risque très répandu, notamment parmi ceux dont le revenu dépend essentiellement de l’agriculture. La micro-assurance, c’est-à-dire un service de micro-financement permettant aux démunis d’assurer leurs biens, notamment du bétail ou des récoltes, a rapidement été considérée comme un champ d’application possible des dérivés climatiques. Dès lors, il était tout naturel que la Banque Mondiale, et notamment la Force Internationale sur la gestion du risque lié aux matières premières (International Force on Commodity Risk Management ou CRM), soit un acteur à part entière sur ce marché avec pour principal objectif le traitement du risque agricole dans les pays en voie de développement. Cependant, même si des compagnies d’assurance étaient prêtes à couvrir ce risque, les primes seraient trop élevées pour de petits agriculteurs et l’indemnisation prendrait trop de temps pour être efficace, en partie en raison des procédures de vérification des sinistres.

    Le CRM a mis en place plusieurs projets dans le monde visant à transférer le risque agricole en recourant aux dérivés météorologiques. Parmi ces projets, un programme pilote développé en Inde, a été un succès. Dans ce document, nous présenterons les principales étapes de mise en oeuvre du programme indien dans la mesure où il peut servir d’exemple de micro-assurance climatique.

    L’exposition de l’Inde au risque agricole a fait l’objet d’une évaluation dans une enquête nationale en 1991. La Banque Mondiale en a conclu que les établissements de crédit, la réduction des intrants agricoles, la surcapitalisation et la surdiversification des activités constituaient autant de facteurs ayant conduit à une mauvaise allocation d’actifs pour les agriculteurs indiens. Il fallait donc innover et trouver des moyens peu coûteux à leur proposer pour les aider à mieux gérer leur risque.

    Le premier projet, d’une durée totale de 3 ans, a été lancé en 2003 ; il était basé sur l’élargissement et la simplification de l’assurance climatique pour les petits agriculteurs. Ce projet a été mené en commun par le CRM, BASIX, une institution de micro-crédit indienne créée en 1996, et ICICI Lombard, une compagnie d’assurance basée à Mumbai.

    Durant la première année, 2003, le programme ne s’adressait alors qu’aux producteurs d’arachides et de ricin du district de Mahabubnagar en Andhra Pradesh. Le système d’assurance a été conçu par ICICI Lombard, avec l’aide technique du CRM et en consultation avec BASIX, l’objectif étant de protéger les agriculteurs de la sécheresse pendant la période de végétation des arachides et du ricin, qui coïncide avec le Khariff (période de la mousson entre juin et septembre). L’ensemble du portefeuille vendu par BASIX était assuré par ICICI Lombard lui-même réassuré auprès de Swiss Re. Une banque locale a sélectionné quatre villages pour la commercialisation, selon leur participation actuelle au programme de microfinance. 230 agriculteurs ont souscrit ces contrats d’assurance contre la sécheresse ; il s’agissait, pour la plupart, de petits agriculteurs possédant à peine un hectare de terre. Ce contrat n’avait d’assurance que le nom. Il s’agissait en fait d’un dérivé financier basé sur un indice climatique de référence. L’indice, basé sur la pluviométrie, a été soigneusement calculé avec l’aide d’agriculteurs et de biologistes pour représenter l’impact réel de la pluie sur la croissance des arachides ou des graines de ricin (deux indices ont été retenus en fonction du type de culture). Les diverses étapes de la croissance ont aussi été prises en compte moyennant une pondération différente selon la sous-période considérée. En cas de déficit pluviométrique, il y a déclenchement automatique des contrats et indemnisation immédiate des agriculteurs. Ce mécanisme de déclenchement automatique présente l’avantage d’abaisser les coûts du système dans son ensemble par rapport à ceux d’un programme d’assurance traditionnel et de dédommager rapidement les agriculteurs, assurant ainsi leur subsistance jusqu’à la prochaine campagne agricole.

    La Figure 1 illustre la structure de marché nécessaire à un système de micro-assurance de ce type. Il convient de noter que les divers agents doivent pouvoir disposer des données (climatiques) fournies par des sources indépendantes et fiables (en général, un centre climatologique national).

    La structure des versements ou des indemnités accordées aux agriculteurs dépend des diverses phases de développement de la plante et de ses besoins spécifiques lors de chacune d’elles, comme indiqué à la Figure 2. Plus précisément, l’indice de référence est calculé afin de représenter les besoins biologiques de la plante à ses différentes étapes de croissance : On peut également prévoir des versements différents selon la superficie des terres cultivées pour tenir compte des effets d’échelle, comme ce fut le cas pour les fermiers indiens.

    En 2004, l’expérience a été étendue à quatre nouvelles stations météorologiques dans l’Etat d’Andhra Pradesh. Les contrats existants ont été légèrement modifiés. L’accent a davantage été mis sur la période initiale des semailles des arachides dans le calcul de l’indice pluviométrique. De nouveaux contrats ont été créés à l’intention des producteurs de coton, visant cette fois des pluies trop abondantes. Plus de 250.000 agriculteurs ont souscrit une assurance météorologique. Le projet dans son ensemble a été un succès. Il a amélioré la situation financière de nombre de petits agriculteurs en Inde. Le programme se poursuit et la question à long terme celle de l’impact de ces « polices » d’assurance sur le comportement des agriculteurs.

    Les projets d’assurance météorologique se sont multipliés depuis à l’échelle de la planète tout entière, le but étant d’aider les petits producteurs des pays en voie de développement à gérer le risque climatique. En septembre dernier, Swiss Re en collaboration avec le programme Millennium Promise Alliance a lancé quelques dérivés climatiques, assurant une protection contre de fortes sécheresses dans différents villages du Kenya, du Mali et d’Ethiopie. Tous ces projets de micro-assurance sont fondés sur la même idée, à savoir la souscription de contrats d’assurance basés sur un indice et non sur les pertes individuelles, afin d’améliorer l’efficience globale de la gestion du risque : les produits sont meilleur marché, les délais de versement des indemnisations sont moins longs dans la mesure où il s’agit de contrats types et aucune procédure de vérification des sinistres n’est nécessaire. Il existe une limite potentielle liée à l’écart existant entre le risque réel de l’agriculteur et celui représenté par l’indice. Cet écart correspond à ce que l’on appelle le « risque de base ». Il peut être réduit par la mise en place de stations météorologiques avec répartition par bloc dans l’ensemble de la zone visée.

    La micro-assurance est un secteur en expansion ; des projets toujours plus nombreux sont mis en oeuvre au niveau planétaire pour protéger les petites et moyennes exploitations contre le risque climatique. Les compagnies de réassurance, Munich Re et Swiss Re, ont joué un rôle de premier plan dans le cadre de ces programmes, aidant les institutions locales à les mettre en oeuvre. Le coût modeste de ces produits par rapport à l’assurance traditionnelle et la rapidité de l’indemnisation ont largement contribué au succès incontestable de la micro-assurance climatique.

  17. J’avais l’habitude d’évaluer des projets scientifique vers la fin de ma carrière, j’ai une certaine expérience de la bureaucratie et de son jargon. Quand vous n’apprenez rien de concret dans un long exposé, avec plein de formules enthousiaste le plus vague possible dans le genre « en plein expansion », « succès incontestable »… avec aucun chiffre ou quand c’est donné, c’est de l’amalgame, du hors sujet ou de l’extrapolation la plus fantaisiste, ça sent l’arnaque à plein nez.

    Et puis déjà, vu les faillites récentes des réassureurs américains, britanniques ou européens, ça donne franchement pas confiance. Il faudrait déjà que l’assureur sache se prémunir de ses propres risques avant de vouloir couvrir celui des autres, ça me semble un minimum. Quand même !

    On avait la finance subprime. Avec le changement climatique et sa science subprime, on a droit maintenant à l’assurance subprime. Les pauvres ont-ils vraiment besoin de ça ?

  18. Alors qu’il semble qu’une partie d la crise provienne juste de ce type de produits où l’on essaie de se garantir contre des risques et où l’on revend les risques pris par des tiers (titrisation des risques) et crédits-default swaps.

  19. @miniTAX,

    Les pauvres ont-ils vraiment besoin de ça ?

    les pauvres, ils s’en foutent comme de leur premier crédit-carbone…

  20. Les pauvres ils ont surtout besoin de ne plus l’être…

  21. @Araucan,

    C’est complètement idiot, l’exemple qu’ils donnent sur les stations de sports d’hiver qui s’assurent contre des températures trop douces.
    Un contre exemple : j’habite dans les Alpes du Sud, et je me souviens encore de l’hiver 2005. Il a fait vraiment très froid : des températures fréquemment en-dessous de -10°C, avec des pointes à -25 ou -30°C.
    Mais justement du fait des températures très froides, quasiment pas un pét’ de neige!
    Donc la station de ski qui se serait assurée sur la base des températures, elle aurait eu le bec dans l’eau!

  22. Dans (quasiment) tous les pays, ils y a des réglementations sur les jeux d’argents et les paris.

    Mais on a oublié que le développement économique (et le crédit) sont structurellement des paris sur l’avenir. Et que l’activité boursière est structurellement une activité de pari : il ne faut pas s’étonner de voir les gens parier sur tout et son contraire, quelque soient les belles formules mathématiques derrière, surtout quant elles ne sont qu’une représentation de courbes passées, sans bases de causes à effet (même parfois avec celles-ci)