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Photo: WFP |
Des travailleurs humanitaires et des habitants constatent les dégâts causés aux cultures par des températures exceptionnellement basses, à Mali, une ville du nord de la Guinée |
DAKAR, 23 février 2009 (IRIN) – Des températures proches de zéro ont détruit les cultures et décimé le bétail dont plusieurs milliers d’habitants dépendaient pour se nourrir et gagner leur vie, dans le centre-nord de la Guinée, en janvier. Des personnes âgées de la région ont déclaré à IRIN qu’elles n’avaient jamais connu pareil froid à Mali, une ville de la région de Labé, en Guinée.
« On dirait que la végétation a brûlé dans un incendie », a rapporté à IRIN Hannibal Barry du Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA), alors qu’il se trouvait à Mali, le 19 février, dans le cadre d’une évaluation conjointe menée par les agences des Nations Unies, les autorités locales et diverses organisations non-gouvernementales (ONG).
Les températures ont chuté jusqu’à 1,4 degré Celsius entre le 17 et le 26 janvier, selon un rapport préliminaire de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) et du Programme alimentaire mondial (PAM). Le froid a détruit les cultures – principalement de pommes de terre, de tomates, de poivrons, d’oignons et de bananes – dans cinq zones de Mali.
On ignore encore combien d’hectares ont été détruits, a expliqué à IRIN Mamadou Saliou III Diallo, qui dirige les opérations agricoles de la préfecture de Mali, après s’être rendu dans les zones touchées. Dans une zone, le froid a détruit 15 hectares de cultures, a-t-il indiqué, ajoutant que les responsables des Nations Unies et des autorités locales procédaient toujours à l’état des lieux de la zone.
Selon les responsables du développement rural, en temps normal, la production par hectare dans la région est de 12 à 15 tonnes de pommes de terre ; huit à 10 tonnes de tomates ; quatre à cinq tonnes d’aubergines ; et trois à quatre tonnes de poivrons.
Le bétail décimé
Le froid a également provoqué au moins 1 115 avortements spontanés chez les chèvres et les moutons, selon M. Diallo. Souleymane Diaby Barry, technicien en élevage à Mali, a expliqué à IRIN que les animaux touchés étaient en état de gestation avancée et que le stress pouvait provoquer des avortements spontanés pendant cette période.
« C’est la première fois que je vois des avortements provoqués par le froid », a-t-il déclaré.
Photo: WFP |
Des températures proches de zéro ont détruit les cultures de bananes, de pommes de terre, de tomates et de poivrons, dans le nord de la Guinée |
Des chèvres et des moutons ont également été tués, ainsi qu’au moins 700 poussins, a ajouté M. Diallo. Selon Mamadou Cellou Diallo, cultivateur à Mali, pendant la période de soudure, entre novembre et avril, les familles vivent de ces fruits et légumes, qu’elles cultivent près des ruisseaux.
« Ce sont des familles pauvres, et elles font pousser ces fruits et légumes pendant la période de soudure pour s’en sortir », a-t-il expliqué, ajoutant que les familles en consommaient une partie et vendaient le reste.
Selon le PAM, une partie des cultures touchées devaient servir à préparer les repas des écoliers de la région. Un grand nombre d’habitants avaient emprunté des fonds auprès d’une banque de crédit rurale pour pouvoir cultiver, a en outre indiqué M. Diallo, qui a perdu sa récolte de pommes de terre et de tomates.
« Maintenant, les gens d’ici se demandent comment ils vont pouvoir rembourser leurs dettes et en même temps nourrir leur famille ».
Dans un premier temps, la FAO a sollicité la somme de 500 000 dollars pour aider les familles touchées par le froid, a indiqué à IRIN Mariatou Coulibaly, coordinatrice des opérations d’urgence de la FAO en Guinée, depuis Conakry, la capitale. « Les habitants de la région comptent sur ce que leur rapportent leurs légumes pour couvrir leurs frais de santé et de scolarité », a-t-elle noté.
La FAO fournit déjà des semences et des outils aux familles de la région, grâce aux fonds versés par le gouvernement italien. Les communautés de cette région rocheuse et montagneuse, où la superficie cultivable est limitée, survivent essentiellement grâce à l’agriculture, selon OCHA.
Le climat est relativement froid à Mali, en cette période. Mais les températures minimales se situent généralement aux alentours de 12 degrés, selon un habitant de la région.
16 réponses à “GUINÉE: Un coup de froid sans précédent détruit les cultures et tue des centaines de bêtes”
Est-ce que au moins cela a tué les chenilles qui dévastaient tout ?
Sinon, cela fait effectivement très frais pour la région…
Ah les catastrophes…
Pour ceux qui aiment les beaux dessins:
http://www.globalwarminghoax.c…..news.107.1
on voit que l »antarctique s’est drolement réchauffé….et que l’arctique est sur le point de disparaître.
Ils ont des stations de sport d’hiver au Mali?
une petite maxime dans laquelle chacun se reconnaîtra
“For those who believe, no proof is necessary. For those who don’t, no proof is possible.”
joletaxi (#3),
Juste une correction c’est la ville de Mali en Guinée qui est concernée…
Ce qui serait intéressant c’est d’avoir une explication météo de ce phénomène manifestement assez rare dans cette zone plutôt tropicale humide.
joletaxi (#3),
c’est en janvier…
Non.
Tout cela est parfaitement normal.
De nombreux modèles du réchauffement prévoient de tels épisodes extrêmes de grand froid.
Comment s’en étonner ?
Frappez pas ! Je suis déjà sorti…
😆
6. Murps
Après les refroidissements locaux, un jour dans quelques années, ils seront obligés de constater un refroidissement global, mais là ils nous diront que c’est un accident (cycle solaire par exemple) et que ça ne remet pas en cause le réchauffement du au CO2 qui devrait reprendre un jour …
On s’en sortira jamais.
Araucan (#4), En effet Mali se situe plein nord de Labé en Guinée et à la frontière du Sénégal.
Je suis de temps en temps les modèles pour l’Afrique que je connais bien et je suis en mesure de vous dire ce qu’il s’est produit.
Il faut savoir déjà qu’en Afrique subsaharienne, on subit principalement deux saisons : l’une humide en flux de sud-ouest océanique, l’autre sèche en flux de nord-est continental matérialisée par un vent appelé Harmattan. Les deux flux aux caractéristiques complétement opposés se rencontre sur le front de convergence intertropical (FIT). Le FIT suit le rythme saisonnier du soleil. A printemps il remonte vers le nord apportant avec lui la pluie jusqu’à atteindre au maximum le nord du Mali en août vers 20°N. Puis avec l’automne il migre vers le sud pour se positionner en janvier sur la frange littorale du golfe de Guinée, voire en mer lorsque l’Harmattan est puissant juste au dessus de l’équateur vers 5°N.
En ce mois de janvier, en pleine saison sèche, l’Harmattan domine généralement jusqu’au sud de la Côte-d’Ivoire, du Togo ou du Bénin. Le Mali et la Guinée sans complétement sous son emprise et il est alors courant d’observer par ce vent venu du Sahara dans un ciel blanc rempli de la poussière du désert (la brume sèche) de forts contrastes thermiques. La température approche, voire atteint les 30°C en journée avec un soleil qui règne sans partage même si la brume sèche en altère à peine l’éclat ; par contre la nuit elle peut descendre sous les 15°C et s’approcher dangereusement des 10°C dans les cas extrêmes au sud du Mali et au Sénégal. En arrivant à la frontière Algérienne au coeur du Sahara, des gelées sont observées tous les ans. Inutile de vous dire que cet air venu du désert est extrêmement sec : l’hygrométrie est souvent inférieure à 10%. Le matin quand il fait 15°C, le point de rosée est parfois à -30°C ! Inutile d’espérer la moindre rosée et contrairement au foehn chez nous, ce n’est pas un coup de quelques heures : la sécheresse aérienne persiste des semaines qui deviennent des mois plus on va vers le désert. Pour avoir vécu sur place, concrétement on a par exemple les lèvres qui se gercent, ce qui peut être assez douloureux. La végétation jauni et devient aussi sèche que de la paille sur pied en moins de 15 jours dans ces conditions ! C’est ce qui explique l’ampleur que prennent alors les feux de brousse, surtout que l’herbe peut mesurer 5 mètres de haut (herbe à éléphants) dans les pays de savane arborée, moins en allant au nord.
Alors que s’est-il passé en janvier 2009 ? L’harmattan avait pris sa place comme tous les ans. La France venait de subir une vague de froid amenée par une advection d’air polaire. Un anticyclone a durant ce temps passé le mois sur l’Atlantique, mais positionné très bas en latitude. Ces hautes pressions dont les passionnés de froid guettait une dorsale vers le Groenland, mais dont on ne voyait sur nos cartes que la partie emmergé si je puis dire, car il se continuait très loin au sud jusqu’en face du Sénégal ce qui est assez rare. Par conséquent le froid européen a été à un moment donné – quand l’anticyclone s’est rapproché de l’Afrique de l’Ouest pour pénétrer le continent – diligenté directement vers le sud à travers le Sahara. Traversant un milieu très sec et continental, il ne perdait rien de ses propriétés thermiques. Il a surtout laissé au désert toute son humidité ce qui a abaissé son point de rosée à des niveaux records. J’ai observé cela sur le modèle GFS qui tablait sur des températures de 8 à 10°C au sud du Mali ! J’ai déjà trouvé cela rare, mais j’étais loin de me douter que la température avait atteint à peine 1°C à ces latitudes (12 ou 13°N !)
Je n’ai pas toutes les statistiques, mais c’est vraisemblablement un record depuis au moins 50 ans si ce n’est un siècle ! Effectivement sur zone, on a jamais entendu dire que les températures pouvaient être inférieures à 10°C sachant qu’en dessous de 12°C c’est déjà très froid et pas vu chaque année.
Un tel phénomène ne traduit certainement pas pour l’Afrique un réchauffement climatique, mais bien un refroidissement et très marqué en plus ! L’Afrique vient de connaître quelques années plus humide qui elles traduisaient un réchauffement : je ne sais pas ce qu’il y a dans les modèles du GIEC pour annoncer plus de sécheresse dans un contexte plus chaud. Le précédent optimum climatique des année 1930-40 avait également donné plus de pluies en Afrique dans les année 1940-50. Il y a toujours un décalage d’une dizaine d’année entre l’évolution thermique de la planète et celle de la pluviométrie en Afrique. Si cette tendance au froid se confirme, on peut d’ore et déjà prévoir une nouvelle grande sécheresse au Sahel avant les années 2020 comme celle qui avait causé d’horrible famines dans les années 1970 et 80.
florent76 (#8),
Merci pour ces explications très détaillées. Si j’ai bien lu l’article Mali est située en altitude, ce qui peut expliquer (une partie de) la baisse de température …
Moi non plus ! Mais je crains que ce ne soit une hypothèse implicite venant de gens vivant en climat tempéré où souvent plus de chaleur signifie sécheresse.
Mais réduire et symboliser le climat avec seulement une de ses variables (la température) ne permet pas de cerner les conséquences et les impacts globaux régionaux et en terme de pluviométrie associée.
Araucan (#9), J’ai pensé aussi à l’altitude, on est dans cette zone dans la frange nord du Fouta Djalon… Malgré tout, ces 1,4°C sont très loin des records habituels qui doivent probablement tourner autour des 8-10°C en comptant l’altitude.
Sur les photos, vu ce que j’ai expliqué précédemment, que l’herbe soit sèche comme de la paille, c’est parfaitement normal en cette saison : il en va de même dans toute l’Afrique de l’Ouest en janvier sauf près des points d’eau et dans la forêt dense côtière du Golfe de Guinée. Par contre les bananiers grillés que l’on distingue, c’est tout à fait anormal. L’espèce résiste bien aux quelques mois de sécheresse annuelle. Mais les arbres tropicaux ne supportent généralement pas les températures inférieures à 8°C environ, parfois 12°C près de l’équateur qui suffisent à les tuer : cela n’est normalement jamais observé sauf cette année !
Ah oui merci florent, tu es passionnant tant que tu ne parles pas d’OGM 😉 (je taquine…)
Pas de soucis, ce n’est pas mon domaine de prédilection, j’avoue humblement que je n’y connais rien sur le sujet !
Si il faut parler de l’Afrique, là je peux répondre présent !
je suis titulaire d’une licence et d’une maitrise en meteo, donc je suis bocou interessé et je suis entrain de faire des recherches sur le changement climatique en guinee.
KANTE Ibrahima Kalil (#13), Bonjour, vous avez frappé à la bonne porte !
Tiens nous au courant de tes recherches, car le sujet nous intéresse également beaucoup. Peut-être connais-tu des sites pour accéder à des données climatiques pour la Guinée ?
Cet évènement, certes isolé, ne plaide en tout cas pas pour le réchauffement climatique, mais pour l’inverse… Et un refroidissement signifierait pour l’Afrique un retour de la sécheresse. Sécheresse reliée à tort avec un réchauffement climatique au contraire bénéfique en permettant de voir progresser les pluies vers le nord et de faire reculer le désert. Effectivement, les années 1990 plus chaudes ont coincidées une dizaine d’années plus tard avec le retour de la pluie et d’inondations parfois redoutables du Sénégal au Niger durant la saison des pluies.
florent76 (#15), Et le Sahel a reverdi !!!