Lutte contre le changement climatique : désaccords entre ministres de l’Environnement à Bruxelles

(Les grandes manoeuvres commencent en vue de la négociation à Copenhague en décembre 2009. Les Etats-membres de l'UE doivent s'accorder sur la position à tenir lors de cette réunion qui doit décider de la suite à donner au Protocole de Kyoto. mais avant de discuter au niveau mondial, encore faut-il s'entendre entre européens, sans oublier la grande inconnue qu'est encore à ce jour la position des Etats-Unis…)

Contexte : L’UE s’est déjà engagée à réduire d’ici à 2020 ses émissions de gaz à effet de serre de 20 % par rapport aux niveaux de 1990 et a annoncé sa
volonté de s’engager à atteindre un objectif de réduction de 30 % si d’autres pays développés s’engagent à des réductions comparables.

Le 28 janvier, la Commission européenne a présenté des propositions pour un  accord international qui doit remplacer le protocole de Kyoto sur le changement climatique, lequel échoit en 2012. Elle a en outre appelé les économies émergentes, comme la Chine et l’Inde, à assumer une part équitable des responsabilités et à accepter de ralentir d’ici à 2020 la croissance de leurs émissions de 15 à 30 % au-dessous de leurs niveaux habituels (EurActiv 29/01/09).

Quelle contribution pour chaque pays ?

La Commission européenne a ainsi suggéré de prendre en compte quatre critères pour calculer la contribution de chaque pays :

* PIB par habitant ;                                            Manchot empereur.
* émissions par unité de PIB ;
* évolution des émissions entre 1990 et 2005 ;
* évolution démographique entre 1990 et 2005.

Les efforts visant à réduire les émission que le groupe des pays développés doit fournir (de 25 à 40 % d’ici à 2020 par rapport aux niveaux de 1990) devraient répartis équitablement et de manière à garantir la comparabilité des efforts, a déclaré la présidence tchèque dans un projet des conclusions des ministres de l’Environnement, document consultés par EurActiv.

Toutefois, un certain nombre de pays ont émis des réserves par rapport aux quatre critères proposés par la Commission. Certaines délégations préféreraient que certains critères soient supprimés ou/et que d’autres soient inclus, peut-on lire dans le projet de conclusions. D’autres délégations souhaiteraient indiquer que ces critères ne préjugent pas du partage des efforts internes européens pour passer de 20 à 30 % dans le contexte d’un accord de Copenhague mondial et détaillé.

La France, par exemple, a proposé de prendre en compte le critère d’émission par habitant, proposant que tous les pays plafonnent leurs émissions à deux tonnes par habitant.

Il s’agit d’un critère équitable et qui peut également constituer une mesure d’incitation pour d’autres pays, a déclaré une représentant français, qui a indiqué que la proposition a reçu le soutien de près d’un tiers des Etats membres de l’UE.

Toutefois, cette proposition est contestée par d’autres Etats de l’UE. Les Français ont proposé une telle mesure parce qu’ils ont un des niveaux d’émissions par habitant le plus bas dans l’UE.

Quel soutien aux pays en voie de développement ?

Le lundi 2 mars 2009, à Bruxelles, Les ministres de l'Union européenne ont progressé lentement vers un accord pour collecter des milliards pour aider les nations pauvres à s'adapter au réchauffement mondial et pour les impliquer dans un accord global pour s'attaquer au problème.
Mais des fissures sont apparues entre les 27 pays de l'UE sur la répartition de la charge du financement, et pour savoir s'il était avisé de révéler des chiffres à ce stade.
Le succès de la négociation mondiale en décembre à Copenhague en vue de trouver un successeur au Protocole de Kyoto dépend de la volonté des pays en développement à infléchir leurs courbes d'émissions de gaz à effet de serre pour résoudre un problème dû, selon elles, aux nations industrialisées.
L'Europe et les Etats Unis sont considérés comme les principaux contributeurs financiers. Cela n'a aucun sens de dire combien l'UE est prête à transférer" déclare l' Allemand Sigmar Gabriel aux journalistes. " Nous négocierons cela à Copenhague. Nous avançons lentement vers un chiffre."
Les investissements mondiaux (privés et publics) nécessaires pour combattre le changement climatique devraient augmenter jusqu'à 175 milliards d'euros par an jusqu'en 2020, dont plus de 90 devront être utilisés dans les pays en développement, d'après un rapport européen.

L'ONG Greenpeace a dit que la révolution industrielle du XIXième siècle en Europe a été une cause majeure du réchauffement climatique et appelle l'UE à contribuer à raison de 35 milliards d'euros par an jusqu'en 2020.
Certains pays membres, comme l'Italie, la Suède et le Royaume-Uni, veulent retirer tout chiffre des positions de négociation de l'UE. D'autres, y compris l'Allemagne, pensent qu'il est nécessaire d'avoir le soutien des pays pauvres.

Le représentant de Greenpeace Joris den Blanken avertit ; "Cela pourrait paralyser les négociations aux Nations unies. L'an dernier, il a été clair que rien n'avançait parce l'UE n'avait pas fait son boulot sur l'aide financière."

Deux voies ont été examinées lundi : les recettes provenant des enchères des permis d’émission dans le monde entier ou un mécanisme par lequel les fonds sont levés en fonction de la richesse économique, de la croissance démographique et de des émissions des pays.

Les pays qui dépendent de charbon hautement polluant, comme la Pologne, rejettera toute tentative de lier les contributions financières au niveau de ses émissions, a déclaré un diplomate polonais. Martin Bursik, ministre de l'Environnement de la Présidence tchèque, dit que rien ne sera sur tant que la position des USA ne sera pas connue. "Nous attendons des USA, qui nous fournissent leurs objectifs à moyen terme, qu'ils mettront en place un système de marché des quotas d'émissions et qu'ils  parlent de leur participation financière."

D'après le site Euractiv.com, hier (2 mars), les ministres de l’Environnement ne sont finalement pas parvenus à une position européenne pour les négociations mondiales sur le changement climatique. Ils laissent ainsi la responsabilité du financement aux ministres des Finances, qui doivent se rencontrer mardi prochain (10 mars) à Bruxelles.

Les ministres ont reconnu l’importance du financement à la fois bilatéral et multilatéral de la lutte contre le changement climatique. Néanmoins, il n’y a pas eu d’engagements portant sur des chiffres concrets, et ce sont les ministres de l’Economie et des finances qui ont hérité du problème. Les décisions ne devraient pas être prises avant le sommet européen des 19 et 20 mars.

A la place, le Conseil Environnement a pleinement approuvé l’appel de la Commission européenne aux pays en développement à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre de 15 à 30 % d’ici à 2020 par rapport aux niveaux que l’on attend d’eux à la même date (EurActiv 29/01/09). Il a demandé à tous les pays en développement d’élaborer des plans de développement à faible teneur de carbone d’ici à 2012. Quant aux pays les plus avancés du point de vue économique, le Conseil les a appelé à développer au plus tôt des systèmes de plafonnement et d’échange.

De nombreux Etats membres estiment qu’il est trop tôt pour signer un engagement financier quel qu’il soit, considérant que l’UE ne devrait pas abattre ses cartes tout de suite, selon des sources gouvernementales.

Quels engagements pour les pays industrialisés ?

Dans le cadre de précédentes discussions, les chefs d’Etat et de gouvernement de l’UE se accordés sur le fait que l’Europe, les Etats-Unis, le Japon, ainsi que d’autres pays industrialisés devraient réduire conjointement leurs émissions de 30 % d’ici à 2020 par rapport aux niveaux de 1990.

L’objectif de 30% est en accord avec les conclusions du groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat (IPCC), qui a conseillé aux pays développés de réduire leurs émissions de 25 à 40 % d’ici à 2020, et de 80 à 95 % d’ici à 2050, pour maintenir la hausse de température en dessous de 2°C.

Mais comment diviser cet objectif global reste le sujet des négociations au niveau de l’ONU, et cette question devrait également diviser les Etats membres de l’UE. C’est ce qu’a affirmé la République tchèque, qui présidera la rencontre en tant que détentrice de la présidence tournante de l’UE.

Une décision finale sur la position de l’UE devrait être prise par les chefs d’Etat et de gouvernement lors d’un sommet à Bruxelles, les 19 et 20 mars
Sources : Reuter (Additional reporting by Ilona Wissenbach; editing by Andrew Roche) et Euractiv.com

Posté par Araucan sur une suggestion de miniTax.

1.  Flo | 5/03/2009 @ 11:09 Répondre à ce commentaire

Contexte : L’UE s’est déjà engagée à réduire d’ici à 2020 ses émissions de gaz à effet de serre de 20 % par rapport aux niveaux de 1990

J’ai lu quelque part que les principaux pays industrialisés avaient justement revu à la hausse leurs émissions pour…1990.
L’auteur de l’article n’y voyait aucun « trucage » mais juste une amélioration des techniques servant à « estimer » les émissions de GES du passé.
Il soulignait néanmoins que cela permettrait mathématiquement aux pays d’améliorer leur « performance » par rapport à l’objectif fixé.
On ne saurait mieux dire.

2.  Araucan | 5/03/2009 @ 11:34 Répondre à ce commentaire

La révision des émissions passées fait partie du protocole de Kyoto, ne serait-ce parce que cela permet d’ajouter de nouvelles sources d’émissions…afin de monter que l’on est bon élève : cela veut dire aussi que ces sources seront aussi ajoutées dans les inventaires annuels : il n’est donc pas certain que les pays y gagnent, sauf s’il y a eu rupture technologique entre-temps.

3.  Fabge02 ex-Fabge | 5/03/2009 @ 11:51 Répondre à ce commentaire

Pour une fois qu’on fait de la réanalyse, on ne va pas se plaindre!
A quand une réanalyse des séries de températures du dernier siècle et demi et des métadonnées qui vont avec?
Bon courage!

4.  Flo | 5/03/2009 @ 11:54 Répondre à ce commentaire

Ceux qui sont en charge de « sauver la planète » préfèrent passer la main aux « grands argentiers »:

D’après le site Euractiv.com, hier (2 mars), les ministres de l’Environnement ne sont finalement pas parvenus à une position européenne pour les négociations mondiales sur le changement climatique. Ils laissent ainsi la responsabilité du financement aux ministres des Finances, qui doivent se rencontrer mardi prochain (10 mars) à Bruxelles.

Ce glissement est parfaitement révélateur du fait que le climat à bien peu avoir dans toutes ces salades et qu’on a créé artificiellement un nouveau marché économique qui répondra néanmoins aux mêmes règles et contraintes que les autres marchés.

Une sacrée cacophonie en tout cas. On croirait la tour de Babel à part que là les constructeurs ne parlent pas la même langue avant même de commencer la construction.

5.  Araucan | 5/03/2009 @ 12:19 Répondre à ce commentaire

Flo (#4),

La cacophonie c’est assez habituel à Bruxelles mais c’est inhérent au système et à la forme de discussion à Bruxelles (dans le cas présent, je craindrais plutôt le consensus… qui a déjà généré le marché de permis d’émission de GES) : par contre, comme en décembre dernier, on voit une opposition suffisamment claire se dessiner pour renvoyer les questions aux ministres des finances et aux chefs d’Etat.
Cela montre au moins que cela va coûter cher…

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