Les émissions anthropiques selon un illustre penseur français


[Lisez ce court texte jusqu'au bout, c'est d'une prescience à vous glacer le sang]

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Supposons qu'un professeur de chimie vienne dire :

« Le monde est menacé d'une grande catastrophe; Dieu n'a pas bien pris ses précautions. J'ai analysé l'air qui s'échappe des poumons humains, et j'ai reconnu qu'il n'était plus propre à la respiration; en sorte qu'en calculant le volume de l'atmosphère, je puis prédire le jour où il sera vicié tout entier, et où l'humanité périra par la phtisie, à moins qu'elle n'adopte un mode de respiration artificielle de mon invention. »

Un autre professeur se présente et dit :

« Non, l'humanité ne périra pas ainsi. Il est vrai que l'air qui a servi à la vie animale est vicié pour cette fin; mais il est propre à la vie végétale, et celui qu'exhalent les végétaux est favorable à la respiration de l'homme. Une étude incomplète avait induit à penser que Dieu s'était trompé; une recherche plus exacte montre qu'il a mis l'harmonie dans ses œuvres. Les hommes peuvent continuer à respirer comme la nature l'a voulu. »

Que dirait-on si le premier professeur accablait le second d'injures, en disant :

« Vous êtes un chimiste au cœur dur, sec et froid; vous prêchez l'horrible laisser-faire; vous n'aimez pas l'humanité, puisque vous démontrez l'inutilité de mon appareil respiratoire? »

Voilà toute notre querelle avec les socialistes. Les uns et les autres nous voulons l'harmonie. Ils la cherchent dans les combinaisons innombrables qu'ils veulent que la loi impose aux hommes; nous la trouvons dans la nature des hommes et des choses.

par Frédéric Bastiat dans Justice et fraternité, Journal des Économistes du 15 juin 1848, signalé par notre lecteur François Guillaumat.


66 réponses à “Les émissions anthropiques selon un illustre penseur français”

  1. Reprenons le raisonnement de Bastiat ( le second savant) :

    « Non, l’humanité ne périra pas ainsi.
    Il est vrai que l’air qui a servi à la vie animale est vicié pour cette fin; mais il est propre à la vie végétale, et celui qu’exhalent les végétaux est favorable à la respiration de l’homme.
    Une étude incomplète avait induit à penser que Dieu s’était trompé; une recherche plus exacte montre qu’il a mis l’harmonie dans ses œuvres. Les hommes peuvent continuer à respirer comme la nature l’a voulu. »

    J’ai mis en gras le premier argument qui est plutôt logique et scientifique et en italique un argument qui nous parait plus douteux aujourd’hui  » Dieu n’a pas pu se tromper ».

    Le raisonnement « divin » n’apparait qu’en second. A la limite, même si la conclusion est rassurante, on aurait pu aboutir à une autre conclusion.

    A mon avis le second argument pourrait aujourd’hui être remplacé par celui-ci :  » l’homme et les animaux qui rejettent du dioxyde de carbone existent depuis fort longtemps sur terre. Or, jusqu’ici ils ne sont jamais parvenus à empoisonner l’atmosphère. Nous pouvons en conclure soit qu’il existe un mécanisme d’équilibre, soit que le processus est extrêmement lent et qu’il y a peu de chances que l’empoisonnement survienne demain matin.  »

    Autrement dit ce qui est existe a certainement des raisons d’exister.

    Il est vraiment regrettable de passer à côté du texte de Bastiat pour une référence à Dieu d’un côté et une référence au socialisme de l’autre.

    Ce que montre le texte de Bastiat, c’est la propension des hommes au XIXème comme au XXème siècle à inventer des problèmes imaginaires pour proposer leurs solutions. Cette tendance permet de satisfaire l’ego de celui qui se voit alors en pilote de la société et de l’humanité.

    Une telle démonstration rejoint bien entendu la thématique libérale mais il me semble que n’importe quelle personne de bon sens devrait la partager. La différence entre le libéral et le non libéral de bon sens et l’étendue qu’il donne à un tel mécanisme. Pour le libéral cela caractérise à peu près toutes les interventions économiques de l’état. Pour l’homme de bon sens cela caractérise une bonne partie d’entre elles, forcément trop nombreuses même si elles sont minoritaires.

    Nier ce phénomène humain serait l’équivalent pour un libéral de nier que la passion de l’argent puisse endurcir les coeurs.

  2. rouv (#50),

    C’est un auteur, Bastiat, qui est cité pour sa clairvoyance un siècles et demi plutôt. Il serait très mal venu de modifier son texte pour des raisons cosmétiques contemporaines. D’autant que c’est bien l’ancienneté du texte qui est souligné.
    Si je peux me permettre un conseil, au lieu de foncer tête baissée dans une polémique stérile jusqu’ici, ‘googler’ Bastiat, vous y gagnerais, le débat y gagnera.

  3. rouv (#48), Frédéric, admin skyfall (#49),
    J’ai dit déjà une fois que je n’aimais pas trop que l’on parle politique ou idéologie sur skyfal, excellent blog scientifique; mais sur Climate Audit, McIntyre avait bien laissé libre cours à tous après l’élection d’Obama étant entendu que après les post politique seraient supprimés. Donc je prends ce fil pour cet exutoire, d’autant que sur le fil demandant nos raisons d’être sceptique j’ai imprudemment indiqué que j’étais Libre Penseur et antipédagogiste, ce qui était peut-être hors sujet.

    Cependant, c’est au cours de ces débats et réunions université d’été entre collègues enseignants de tous les niveaux, partageant grosso modo la même opinion sur les méfaits du pédagogisme pour l’instruction de nos enfants que nous nous sommes aperçus que nous n’avions pas, loin de là, les mêmes opinions politiques, religieuses ou philosophiques.

    Par contre, nous nous rejoignions à plusieurs, sur 3 thèmes qui semblent bien partager l’ensemble des strates politiques de notre pays et même peut-être ailleurs, depuis l’extême droite jusqu’à l’extrême gauche. : le pédagogisme, l’environnementalisme écolo-éthique et l’Europe.

    Je me suis retrouvé souvent du même côté que beaucoup de catholiques pratiquants (par exemple, le plus illustre, Laurent Lafforgue) moi le Libre Penseur d’une association portant le nom de l’abbé Joseph Turmel, prêtre excommunié en 1930, à 71 ans, mais ayant gardé la soutane jusqu’à sa mort en 1943, Libre Penseur et athée. Ces contacts m’ont permis de progresser et, à condition d’être sincère et d’engager des débats amicaux, toujours au risque de se perdre, c’est toujours le cas.

    J’ai été un peu silencieux depuis 2-3 semaine car justement je préparais un colloque sur cet abbé pour les 150 ans de sa naissance. J’y ai présenté une communication d’un ami américain prêtre professeur de théologie à la faculté catholique de Houston.

    Tout ceci pour vous établir que, même croyant, un homme est toujours respectable et peut-être un excellent scientifique (exemple Pasteur) et le contraire, bien sûr (Condorcet). La position pratique et méthodologique du scientifique en face de son objet doit certes être un scepticisme absolu mais, sorti du laboratoire, chacun peut avoir besoin de croire et, en outre, y trouver son bonheur et sa justification. Ce qu’un scientifique ne peut supporter c’est la falsification volontaire des données, le mensonge.
    Tout le monde peut se tromper mais, l’erreur démontrée, la maintenir est une forfaiture.

    Pour terminer, je vais lire Bastiat, il ne semble pas dire que des inepties. Quant aux relations entre la science et la politique, rappelez-vous qu’à Nantes, Courtillot a bien souligné sa présidence du conseil scientifique du Paris de Delanoé. Vu la politique écolo-éthique dans la capitale, je pense que sa position doit être délicate. Que ferions nous à sa place ?

  4. rouv (#50), et liens antérieurs,

    Bien sûr que le jeu de piste qui consiste à débusquer les approximations, les erreurs , les méthodes biaisées ou tordues, les faits récalcitrants, les arrondis trop gros et les probabilités à la louche est amusant et stimulant intellectuellement tout le monde préfèrerait voir un article consistant sur le Gulf Stream ou le pH des océans.
    Ce ne sont pas les sceptiques de tous poils, écailles et plumes qui ont fait du RCA un sujet politique tel qu’il est devenu l’enjeu du XXIième siècle pour sauver la planète (comme si elle demandait quelque chose). Au départ, on s’en bat tous le processeur avec un pédoncule de Quercus. Sauf que ce sont les autres qui ont commencé à rejeter tout doute, toute remarque qui contrecarrait leurs croyances en voulant obliger les gens à avaler leur belle rhétorique.
    Parce qu’il y a une arnaque dans la Grande Machine : celle qui consiste à se prévaloir de la science pour vous faire danser aux flûtes réductionnistes, manipulatrices et simplificatrices de ceux qui transforment ce qui était une théorie en vérité universelle et source du fondement de nos vies à venir. Le vice initial est là : dans la distorsion de ce qu’est la science, de sa transformation en discipline d’augures et de prophètes, dans l’absence de débat, dans l’oubli que pour les sciences de la terre, le travail scientifique y est encore plus ardu parce que l’expérimentation y est quasi inexistante et les preuves fragmentaires …
    A lors de droite, de gauche, d’en haut, d’en bas ou d’ailleurs, si on tient à la science, on ne reste pas indifférent à ce qu’est devenue la climatologie, une vérité révélée à l’usage des experts, des prêcheurs de parole décarbonée, de sophistes politiques et de rêveurs d’un monde nouveau juste par le biais d’un convention internationale et d’une monnaie carbone, qui attribue un coût (même pas une valeur !) à un enfant qui vient de naître.
    Votez ce que vous voulez (ou pas) mais défendez la science, pas comme une tour d’ivoire isolée mais parce qu’elle est assiégée …

  5. Blanc Cassis (#24),

    Comment continuer à chanter quand le navire coule ?

    Murps (#26),

    Ils l’ont fait ! LA FÔTE d’Aurtografe !

    Murps (#27),

    Le gouvernement canadien est furax : jusqu’à présent il avait réussi à se faire oublier … pas comme le nôtre … qui aurait pu laisser l’UE aller au … charbon !
    Mais bon il faut entretenir les amitiés … qui rapportent …

  6. Araucan (#55),

    à se faire oublier … pas comme le nôtre

    Je crois que Sarko est désespérément à la recherche d’un succès planétaire pour redorer son image en France. Un peu comme ces joueurs qui perdent et, persuadés de se refaire joue toujours plus gros.

  7. MichelLN35 (#53),

    Tout le monde peut se tromper

    dites vous.

    Et bien non, pas comme ça, pas à ce point.
    Je pensais naïvement que notre civilisation de l’information et de la connaissance, ou jamais nous n’avons été en possession d’une telle liberté et d’une telle qualité de vie depuis que l’humanité a conscience de son existence, serait capable naturellement d’empêcher la naissance d’une nouvelle idéologie malsaine.
    Un désastre Lyssenkiste me semblait aussi impensable qu’un autodafé des « Principiae mathematica ».

    Les évènements ont montré qu’il n’en était rien.
    Et qu’un pouvoir démocratique pouvait se faire manipuler jusqu’à la faiblesse de refuser tout débat sur le sujet de l’écologie.
    On peut toujours gloser sur la soit-disant scandaleuse politique de construction de l’europe ou on « fait voter les gens jusqu’à ce qu’ils disent oui.. ».
    Il n’empêche que les eurosceptiques tiennent le haut du pavé depuis quelques années : leurs arguments sont diffusés, débattus et entendus, ils finissent par obtenir le blocage des traités et des institutions.

    On ne peut pas en dire autant des écologistes qui ont réussi à imposer :
    – l’idée qu’ils ne faisaient pas de politique, eux, ce qui n’est pas vrai.
    – l’idée qu’ils sont sages, désintéressés et incorruptibles, eux, ce qui n’est pas vrai non plus.
    – l’idée que leurs arguments sont scientifiques et irréfutables, ce qui est scandaleusement faux.

    La manoeuvre, voulue ou non, a été brillamment réussie : pas UNE personnalité politique n’a osé ou n’ose contredire les écologistes sur leur terrain.

    La conséquence en est ce scandale absolument inédit dans des pays démocratiques : la perversion du processus de recherche scientifique au profit d’une politique sectaire et contre-productive pour notre société.

    Se tromper en politique ou en philosophie, en économie ou en sciences sociales, sont des termes qui peuvent ne pas avoir de sens.
    Mais se « tromper » en science tous en même temps de cette manière, restera peut-être une énigme pour les historiens.
    Comment se fait-il que les dispositifs « naturels » de rétroactions n’aient pas fonctionné ?
    Comment se fait-il qu’en pleine dissonance cognitive, il se trouve encore des journalistes et des intellectuels pour soutenir que « ca ne remet en question le réchauffement » ?

    Cordialement,
    Murps

  8. Curieux (#56),

    Belote franco-brésilienne ministérielle en attendant que les discussions reprennent … 😉

    Sinon, je ne comprends pas ce qu’il cherche dans ce genre de posture : à jouer perso pour faire râler les autres de l’Europe ? à pouvoir ensuite aux ONG : « on a fait tout ce l’on pouvait » ? à cacher que l’UE est marginalisée face à la discussion USA- pays émergents ? à fuir les débats lancés au niveau national ?

  9. Araucan (#58),

    je ne comprends pas ce qu’il cherche dans ce genre de posture

    Une partie de la réponse est dans le post de Murps (#57), Les politiciens ont utilisés l’Europe comme repoussoir ou cause de leur incurie, ils ont utilisé l’écologie comme un décore de Noël à des fins électorales et aujourd’hui leurs truc leurs pètent à la gueule. Alors ils essayent de recoller des morceaux qui ne correspondent plus avec la réalité et ça se voit.

  10. L’accord annoncé par l’Elysée serait de la pure communication si l’on en croit ce blog :
    http://bit.ly/5tgh3t

    « Alors que le site de l’Elysée indique dans la première phrase du document que le premier ministre Zelawi était là en tant que représentant de l’Union Africaine, l’Afrique ne semble elle pas au courant d’un tel accord !

    La réaction la plus vigoureuse vient de la société civile africaine qui quelques heures après cette annonce a publié un communiqué de presse pour rappeler au président de l’Union Africaine et Premier Ministre éthiopien que cette position n’est pas celle de l’Afrique. Pour ces derniers, convenir d’un accord à 2°C (de limitation de la température globale d’ici à 2100) conduirait à augmenter la température moyenne africaine de 3,5°C. »

    + 2°C en 2020 ===> +3,5°C en Afrique !!!!!
    Comment ont-ils calculé ? Connaissez vous l’équation ?
    Quelques milliards de $ sur des comptes paradisiaques et vous verrez que la température baissera comme les glaçons dans le whisky chaud des tropiques.

    Quant à Sarkozy qui a engueulé Obama pour qu’il vienne, je suppose qu’il va faire changer d’avis les Chinois qui ne veulent plus rien entendre. Il va venir à Copenhague avec un T-shirt « sauver les glaciers du Tibet »

  11. Araucan (#60),

    Et supporté par qui GoodPlanet de Yann Arthus ?

    Et quelle est le but idéologiquement pur de Naomi Klein, auteur de l’article ?

    Donc résumons, nos écolos et anticapitaliste sont soutenus par des banque, et un conseiller en comm et externalisation.

    Franchement je trouve que le monde est beau. 😛 😈 🙄 😯 laugh

  12. Curieux (#62),

    Oui, je trouvais que cet article représentait bien le transfert de population de l’OMC à la Convention Climat …

  13. rouv (#50),

    Lorsqu’on est témoin d’une forgerie scientifique d’une ampleur sans précédent, on est bien obligé d’aller en chercher les raisons… ou bien on se condamne à ne rien comprendre du monde passé, présent et à venir.