Sitôt découvert, tout phénomène devient un enjeu : ainsi en est-il des îlots de chaleur urbains. Interview de Mireille Lauffenburger, Maître de Conférences en Géographie, spécialité climatologie et environnement, à l’Université de Nancy 2. Il manque juste l'effet de ces îlots sur les séries de température mais c'est un déut d'en parler …
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Parmi les enjeux du « développement durable », les enjeux climatiques figurent en très bonne place. Comment intervient le facteur climatique dans la notion de « ville durable » ? Existe-t-il une corrélation entre ville et climat ?
Mireille Lauffenburger – Le climat recouvre des caractéristiques très particulières à l’échelle d’une ville : on peut en effet parler de « climat urbain » aussi bien à l’échelle micro-locale (une rue), locale ou topoclimatique (une ville). Par ailleurs, plus un territoire d’une zone agglomérée densément urbanisée est étendu, plus ce territoire peut stocker de l’énergie solaire et la restituer sous forme de chaleur. À cet égard, la modification la plus notable du climat urbain par l’urbanisation est l’apparition d’un écart de température entre les zones urbaines et périurbaines et les zones rurales environnantes. Ce phénomène est appelé îlot de chaleur urbain (Urban Climat Island). L’îlot de chaleur urbain est décroissant du centre urbain dense vers la périphérie. On estime par exemple qu’en moyenne annuelle, l’écart de températures entre le centre d’une ville et sa périphérie est généralement compris entre 2 à 3°C.
Quels sont les facteurs qui expliquent la formation de l’îlot de chaleur urbain ?
Mireille Lauffenburger – L’activité urbaine intense explique pour l’essentiel la modification des températures par l’émission de chaleur, mais la morphologie des villes est aussi un facteur explicatif. En effet, la taille, la forme et l’agencement des constructions comme celles des axes de circulation, modifient de façon singulière les apports solaires, les écoulements du vent et, par conséquent, les bilans d’énergie propres à un espace urbain. Si les constructions, en formant des « masques », multiplient les zones d’ombre à l’échelle de la rue – offrant un potentiel de rafraîchissement utilisé de longue date par les médinas méditerranéennes –, l’importance des surfaces minérales qui absorbent la chaleur, et la diminution de la vitesse du vent en milieu urbain, du fait de la rugosité élevée de la surface urbaine par rapport à celle de la surface agricole de plaine, sont autant de facteurs qui contribuent substantiellement à la formation de l’îlot de chaleur urbain.
Pourquoi l’îlot de chaleur urbain est-il un enjeu écologique ?
Mireille Lauffenburger – L’îlot de chaleur urbain se traduit tout d’abord en altitude par une couche limite urbaine plus chaude, mais aussi plus riche en polluants, qui prend la forme d’un dôme ou d’un panache poussé par les vents. Par ailleurs, l’importance des surfaces minérales et la diminution de la vitesse du vent engendrent, dans les villes, une augmentation de la chaleur ressentie par l’organisme humain. L’îlot de chaleur urbain a donc davantage qu’un impact écologique. À Paris, l’îlot de chaleur urbain a un véritable impact sanitaire. Celui-ci n’est pas seulement lié à l’augmentation de la pollution par stagnation des polluants en l’absence d’écoulements d’air et (généralement) de vents d’ouest, mais aussi – en cas d’anticyclone dynamique puissant, développé et stable – à des températures moyennes très élevées pendant plusieurs jours consécutifs. En climatologie, ces épisodes exceptionnels sont appelés « vagues de chaleur » ou « canicules ». Or la conséquence sanitaire directe lors de canicules est l’augmentation de la surmortalité.
L’enjeu écologique se double donc d’un enjeu sanitaire ?
Mireille Lauffenburger – Absolument. Deux épisodes caniculaires ont marqué tout particulièrement la France ces dernières années. Le dernier est intervenu en juillet 2006. Mais c’est la vague de chaleur survenue en France du 1er au 15 août 2003 qui fut la plus dramatique puisqu’elle a causé le décès de près de 15 000 personnes au niveau national. Au pic de cette vague, Météo France a relevé pour les températures moyennes minimales observées en région Île-de-France une différence de température positive de 8°C à Paris par rapport à sa banlieue Nord Ouest. Cet écart important a sensiblement renchéri les maxima quotidiens de température subis dans la partie centrale de l’agglomération. La durée et l’intensité de cette vague de chaleur ont ainsi mis en exergue la vulnérabilité de Paris face aux épisodes caniculaires. En effet, la contribution de Paris à la surmortalité a été importante : 1254 décès qui représentent 8,5% de la surmortalité nationale alors que Paris ne représente que 3,7% de la population nationale.
La Vie des Idées – Diminuer l’îlot de chaleur urbain apparaît donc comme un enjeu à la fois écologique et sanitaire de première importance. Mais sait-on le mesurer ou le quantifier ?
Mireille Lauffenburger – La question de la mesure des facteurs de formation de l’îlot de chaleur dans tout ou partie d’une ville, est délicate. On peut d’abord estimer que son importance est corrélée aux volumes de gaz à effet de serre (GES) émis sur son territoire. S’agissant du cas parisien, la Ville de Paris a lancé une étude dès 2004 pour évaluer les émissions de GES sur le territoire de la ville en s’appuyant sur l’outil « Bilan Carbone » développé par l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (ADEME). Le carbone est la mesure étalon choisie par l’ADEME. Elle peut s’estimer en tonnes équivalent carbone (teqC) ou en tonnes équivalent CO2 (teqCO2). Cette évaluation a permis de mettre en évidence l’impact environnemental de la ville de Paris. Ainsi, à l’échelle de Paris intramuros, hors tourisme, trois secteurs émettent à part égale 1,75 million de teqC : la consommation énergétique des bâtiments, le transport des personnes et le transport des marchandises. Viennent ensuite avec 1,3 million de teqC la consommation et les déchets, puis avec 0,035 million de teqC les autres postes – le poste industrie étant relativement faible au sein de Paris. La morphologie des villes, leur densité de même que leur caractère plus ou moins minéral, figurent également parmi des indicateurs possibles de mesure à explorer. La faiblesse en nombre des
espaces verts est sans doute un facteur non négligable de la situation parisienne, en dépit de l’existence du Bois de Vincennes et du Bois de Boulogne notamment, qui constituent des puits de carbone notables pour Paris par la photosynthèse des végétaux qui absorbent le CO2 atmosphérique.
Existe-t-il aujourd’hui des stratégies pour diminuer l’îlot de chaleur urbain ?
Mireille Lauffenburger – Prenons encore l’exemple de Paris, dont la municipalité vient d’engager un certain nombre d’actions (Plan Climat, Plan de Déplacements Urbains, Agenda 21,…) visant à contribuer, conformément à l’accord international du protocole de Kyoto, à la réduction des émissions de GES d’un facteur 4 (soit 75% pour 2050 par rapport à 2004). Le bâti parisien est aujourd’hui l’un des principaux enjeux de l’intervention sur la réduction de l’îlot de chaleur urbain parisien. Le chauffage lié à la forme du bâti et à la performance est en effet responsable à lui seul de 76% des émissions du secteur bâti. L’Atelier Parisien d’Urbanisme (APUR) a établi ainsi que les émissions de CO2 issus du chauffage recouvrent une somme de paramètres : la performance du bâtiment, les équipements, les habitudes des habitants et les énergies utilisées. La question de l’intervention sur le bâti se heurte cependant à une question critique qui est celle de la valeur patrimoniale forte des constructions parisiennes. On estime que les immeubles de bonne construction ont une durée de vie de 300 ans s’ils sont entretenus. À Paris, plus de 80% du bâti a plus de 50 ans, 75% plus de 100 ans et 8% plus de 200 ans (Source Apur). Paris a donc un fort patrimoine bâti, ce qui laisse penser que le bâti ne connaîtra que faiblement des transformations de l’architecture des édifices, ou des modifications de la forme urbaine.
Existe-t-il d’autres manières de réduire l’îlot de chaleur urbain ?
Mireille Lauffenburger – Explorant d’autres pistes, des scientifiques se sont intéressés à des leviers d’action tels que par exemple l’albédo des toitures. En effet, dans les bilans radiatif et énergétique d’une ville, l’albédo, qui se définit par la part de l’énergie réfléchie par une surface par rapport à l’énergie solaire reçue par cette surface, est une composante essentielle de ces bilans. En fait, l’albédo détermine la capacité à emmagasiner la chaleur solaire reçue par une surface et à sa capacité à restituer cette chaleur à l’air environnant. La valeur de l’albédo d’une surface est corrélée à la couleur de celle-ci avec une fourchette de valeurs allant de 0 à 1. Plus la valeur avoisine zéro, plus la couleur de la surface est sombre et plus cette dernière emmagasine la chaleur ; inversement, plus l’albédo est élevé, plus la surface est de couleur claire et plus elle va restituer la chaleur à l’air environnant. Une solution aurait ainsi pu être de « repeindre Paris en blanc » afin de diminuer la déperdition de chaleur du bâti, mais Paris est déjà une ville très « claire » avec ses toits en matériau de zinc. De plus, le classement d’une grande partie des bâtiments parisiens empêche toute intervention sur l’aspect extérieur du bâti.
La « végétalisation » est-elle une hypothèse plus pertinente ?
Mireille Lauffenburger – Il est certain que les villes ont intérêt à aérer leurs espaces densément bâtis, notamment en offrant plus d’espaces verts. La Ville de Paris a ainsi intégré dans son Plan Climat de nombreuses réalisations en cours ou à venir : 32 ha supplémentaires d’espaces verts plantés, notamment de grands parcs comme les Jardins d’École (4.22ha) ou le parc de Clichy Batignolles (4.28ha). 100 000 arbres seront plantés dans les rues de Paris, 20 000 m2 de toitures supplémentaires seront végétalisées etc. La végétalisation des toitures est par ailleurs encouragée par le Conseil Régional d’Île de France qui accorde une subvention incitative plafonnée à 45 € par m² de l’ordre de 50% du coût de la réalisation. Une des solutions envisagées à Paris serait de combiner la végétalisation et l’isolation des bâtiments. Cela dit, la végétalisation des toitures et des murs ne semble pas à l’heure actuelle faire l’unanimité dans la communauté scientifique. Elle pose de nombreux problèmes : comment adapter la végétation à des conditions climatiques différentes pour un tapis végétal développé sous serre ? Comme entretenir la végétation (arrosage, etc.) ? Peut-on assumer le coût d’une toiture végétalisée mince (de plantes du type sedum) ? Comment gérer sa mise en place dans l’habitat en copropriété ? Il est certain que les voies d’une réduction des émissions de gaz à effet de serre sont complexes et se heurtent à divers obstacles conceptuels et pratiques. Les comportements individuels constituent un autre champ d’incitation essentiel, sans doute plus efficace que la
« végétalisation » ou la reconstruction des immeubles pour améliorer les performances du cadre bâti parisien. De même que les actions incitatives à l’égard des initiatives individuelles peuvent s’avérer efficaces. Les retours d’expérience de la canicule de 2006 ont ainsi mis en évidence qu’une campagne de communication et de sensibilisation auprès du grand public et en particulier des personnes sensibles, a permis de réduire de façon conséquente le risque de surmortalité.
par
Stéphane Füzesséry & Nathalie Roseau [Source, 08-06-2010]
Mireille Lauffenburger est Maître de Conférences en Géographie, spécialité climatologie et environnement, à l’Université de Nancy 2. Ses travaux portent sur l’estimation du réchauffement climatique au XXI° siècle ainsi que sur l’îlot de chaleur urbain et la surmortalité à Paris. Dans le cadre du Plan Climat de la Ville de Paris, elle a notamment participé au projet de recherche EPICEA (Étude Pluridisciplinaire des Impacts du Changement climatique à l’Échelle de l’Agglomération parisienne) en partenariat avec Météo-France, l’APUR (Atelier Parisien d’Urbanisme) et la Ville de Paris.
@@@@@@
73 réponses à “Que faire de l’effet d’îlot urbain ?”
Une question bête pour démarrer ce fil.
La personne interviewé présente l’UHI comme quelque chose de nuisible tout en étant fortement influencée par les théories sur le CO2.
En quoi qu’il fasse plus chaud dans les villes est-il nuisible?
En plein hiver, il m’es arrivé de noter une différence de température de 5°C entre Paris intra-muros et la grande banlieue. La conséquence est qu’on doit moins chauffer en ville qu’à l’extérieur, cela amène donc une économie d’énergie notable.
La surmortalité due à la chaleur est illusoire, on le sait; elle n’a jamais changé que les dates de décès de personnes qui de toutes façon serait décédée dans les trois mois. Par contre le froid déclenche tout un tas de pathologies qui peuvent être facilement mortelles.
Pourquoi cet acharnement contre un phénomène qui en fin de compte est bénéfique?
Oui mais en été ???
Plus sérieusement, attribuer l’effet d’UHI (et non pas UCI comme dit l’interviewée, mais il faut bien placer le mot « Climat/Climate » pour faire sérieux), au volume de GES émis, c’est une blague ou quoi ?
Et la densité des revêtements « émissifs », et la densité de végétation, et la densité des points d’eau, et la densité tout court d’êtres humains, de machines et d’engins ?
N’expliquent ils pas 90 (comme dirait le GIEC) à 99% de l’UHI ?
Quant au bilan carbone de Paris, en attribuant 100% des GES des avions atterrissant ou décollant de Paris (une des plates formes aéroportuaires les plus importantes du monde )… sur la totalité de leurs trajets (imaginez un Paris Noumea ou Papeete…) on finit par arriver à des chiffres élevés, mais est-ce bien raisonnable, Docteur ?
Et puis répétez après moi : 2003+ canicule
, mortalité, mortalité, mortalité
(avec beaucoup de Zénithude comme dirait Marie Ségolène).
pastilleverte (#2)
Sur les vagues de froid, on peut consulter cette publication de l’Invs
Surmortalité due aux deux vagues de froid de 2005 et 2009, de faible intensité par rapport à 1985 : 6 000 morts, +14% en 6 semaines pour les seules communes informatisées.
En 1985, 5 au 20 janvier, une étude de l’ORS Île-de-France a montré que une surmortalité de 1 039 décès (+13,3 %) pendant le mois de janvier. Sur l’ensemble de la France la seule vague de froid de janvier a entraîné une surmortalité de +13 %.
Pas plus à Paris qu’ailleurs.
Sur le papier publié :
C’est de la fantaisie pseudo scientifique.
Elle protège ses sources de pognon : le maire est contre le CO2, elle aussi donc.
De plus gloser sur la contribution du chauffage pour les jours de canicule est une blague sinistre.
Marot (#3)
Complément
La surmortalité des vagues de froid 2005 et 2009 doit être ajoutée à la surmortalité « normale » de l’hiver soit 13%.
Voir ce papier.
Marot (#3),
Dans le centre-ville de la commune de Saintonge (ville moyenne) où nous habitons, la température était descendue en-dessous de zéro dans la nuit du 4 au 5 janvier 1985. Les températures — constamment négatives — avaient oscillé entre -14/-15 °C et -5/-4 °C, au mieux de la journée, et ce, pendant 15 jours.
Même si nos locaux n’avaient pas été chauffés au-delà de 18/19 °C, la chaudière avait pas mal « donné »…
L’absence de l’effet UHI avait été, sinon « ressenti », du moins dit par les habitants de la campagne environnante, où les thermomètres avaient affiché -17/-18 °C !
@ Marot
pas de doute que les vagues de froid sont plus meurtrières que leurs cousines « de chaud ». Ce n’est pas par hasard que les mois les plus « meurtriers » sont, sauf événements spéciaux, janvier et février, y compris en valeur absolue pour un mois de 28 jours seulement. (en France).
Tout simplement, parce que l’espèce Homo Sapiens est à la base une espèce tropicale faite pour des températures diurnes de 27/28°C (c’est mon petit doigt et quelques lectures qui me l’ont dit).
Il n’empêche c’est comme tout, l’important c’est la dose, et la canicule de 2003 a été longue, ce qui n’a pas aidé les « populations « à risque » à accélérer leur décès (si je puis dire).
On ne va pas tomber non plus dans la calor- idolâtrie (je ne dis pas ça pour vous).
Pour en revenir à l’UHI, j’ai même vu sur un stand de Meteo France dans une manifestation globalement très carboréchauffiste, des panneaux montrant des cartes de la région parisienne, avec un effet UHI de 9°C sur un jour donné, ce qui n’a pas empêché la, cependant charmante, demoiselle de MF qui était sur le stand d’essayer de me faire une leçon de « RCA/CO2/tous coupables » !
pastilleverte (#6)
Bien d’accord avec vous et notamment
La grande différence entre les études de cette fichue canicule et celles de la mortalité hivernale est que le discours RCA, faute des humains, repentez-vous était déjà rodé.
Le discours : le froid c’est la faute du RCA est tout récent. Il ne prend pas dans l’opinion publique. Tripes et Volailles n’arrivent pas à «faire sortir» le sujet de leur petit cercle de dévots.
pastilleverte (#6),
Marot (#7),
Pour avoir une idée précise sur les deux surmortalités en France allez voir là :
http://www.climato.be/aic/publ…..p43-54.pdf
C’est un pdf que nous devrions tous avoir et qui remet les pendules à l’heure sans être particulièrement sceptique mais les graphiques parlent d’eux-mêmes.
Cordialement
C’est assez bizarre comme raisonnement. Elle expose assez correctement les modifications du bilan énergétique sous la couche-limite expliquant l’ICU, puis elle saute au bilan carbone alors que les GES ne sont qu’un des éléments du bilan, en l’occurrence assez mineur de mémoire (par rapport à chaleur sensible et stockage par les matériaux, végétation et chaleur latente, rugosité, vent et écoulement, etc.). Quand elles parlent des végétaux, c’est pour dire qu’ils stockent du carbone, mais dans les variations thermiques de surface, leur importance n’est évidemment pas là.
Sinon, je déduis de l’ICU que la majorité des humains étant urbains, et le phénomène étant supposé s’acccroître, ils vivent déjà dans une zone de surface ayant des T supérieures de 2 à 5 K à la moyenne « officielle ». Ils ne sont pas morts en masse pour autant et il serait facile de baisser ces T urbaines sur plusieurs décennies, donc de compenser un éventuel RCA.
skept (#9),
Oui, bien sûr. leur rôle dans la régulation thermique de surface, en été, est avant tout dû à l’évapo-transpiration, à la campagne, et à l’ombrage, en ville.
skept (#9),
Pourquoi vous voudriez baisser ces T urbaines, Grand Dieu ????
Vous ne payez pas assez cher la note de chauffage ?
miniTAX (#11),
Ah vous savez, je suis en pleine campagne et ma note de chauffage représente mon temps passé à couper du bois… quelques stères de plus entretiennent ma forme!
Disons qu’en climat tempéré comme le nôtre, a fortiori en hautes latitudes, une hypothétique hausse de T n’a pas de raison d’être désavantageuse, rien que le gain de mortalité hivernale compense largement les canicules et le poste du chauffage ne s’en plaindra pas, en effet.
Pour des populations (nombreuses) vivant en ville mais dans des zones plus tropicales, le calcul coût-bénéfice de la même hausse me paraît bien moins avantageux à la louche. Mais encore faudrait-il qu’il soit sérieusement établi, au lieu de la soupe que l’on nous sert en WG2 et WG3 sur la base des données médiocres de WG1.
Ce que je veux surtout dire, c’est que l’on s’omnubile sur la prévention d’une variabilité forcée inconnue, alors que l’enjeu climatique réel des sociétés humaines est l’adaptation à la variabilité naturelle présente (en ville comme à la campagne, à toutes latitudes, etc.). Encore un effet pervers de la virtualisation hollywoodienne des débats climatiques.
miniTAX (#11),
Eh bien si, justement ! Je suis entièrement d’accord avec vous.
C’est d’ailleurs cela que j’avais sous-entendu dans mon post JG2433 (#5)
skept (#12),
C’est bien beau ce genre d’impression sorti du chapeau, mais ça suppose qu’on sache calculer le coût-bénéfice d’une hausse ou baisse de température de 1 ou 2°C, ce qui est pour l’instant de la pure fumisterie.
Pour qu’un écart de T aussi infime par rapport aux capacités d’adaptation des sociétés humaines ait un effet « calculable », il faudrait déjà constater une relation de cause à effet entre température et prospérité économique qui est pour l’instant inexistante. Donc vouloir calculer quelque chose qu’on n’observe même pas relève de la superstition, typique de la « science » climatologique.
miniTAX (#14), D’où la précision « à la louche ». Ce n’est pas mon travail de faire l’analyse CB, j’ignore si c’est possible dans le cas des variations de T. Sur 1 ou 2 K j’en doute en effet. Et vous avez probablement raison, le problème même est mal posé ainsi. En fait, il y a chaque année des ouragans et typhons, sécheresses, inondations, tempêtes, canicules, etc. qui s’inscrivent dans le cadre de la variabilité climatique naturelle et qui font des milliers des victimes dans les populations les plus vulnérables. L’adaptation à cette variabilité naturelle du climat est bien plus urgente et elle inclut de toute façon dans ses conséquences spontanées l’adaptation à un ∆T (intra- ou interannuel) supérieur à un (hypothétique) ∆T séculaire moyen. Ce dernier ne signifie rien, on a toujours des communautés locales confrontées à des événements locaux sur une période donnée.
skept (#15),
Bah non, vous n’y êtes toujours pas. L’adaptation à la variabilité naturelle n’a rien « d’urgent » ni de nouveau, l’Homme l’a toujours fait depuis la nuit des temps (en fonction de ses moyens), on n’a pas attendu les réchauffistes pour s’y mettre.
miniTAX (#16), Je n’ai pas dit qu’elle était « nouvelle ». Urgente, chacun ses priorités : quand un cyclone fait 138.000 morts j’estime qu’il y a une certaine urgence pour la population concernée à mieux gérer les aléas climatiques. Pas vous?
skept (#17), et pour les tremblements de terre ou les tsunamis qui font des centaines de milliers de morts, largement bien plus que les aléas climatiques, pourquoi il n’y aurait pas plus « urgence » ?
skept (#17),
Vous avez parfaitement raison skept, au moins si on l’entend comme suit:
Ce sont les effets qui sont gérables, pas les phénomènes eux mêmes.
En au plan des effets, la comparaison des dégâts humains résultant d’un cyclone passant sur Haïti, et du même, poursuivant sa route, souvent en se renforçant, passant sur la Floride, est révélatrice (je pourrais chercher des exemples, mais c’est tellement connu). Ou encore
Chili, 2010, tremblement de terre magnitude 8,8, 521 morts.
Haïti, magnitude 7,3 max, 230 000 morts.
La mitigation et la réparation des effets des catastrophes ont un présupposé. Ce présupposé s’appellent développement. La seule urgence est là : aider les pays qui ne le sont pas à se développer, au lieu de les y empêcher. C’est ce que devraient méditer nos rétropédaleurs de la décroissance.
Papyjako (#19)
Pitié pour la langue
mitigationadaptationet pour d’autres :
HorsOr (Exemple : or la seconde courbe montre à l’opposé que…)Sur le Urban Climat Island
Google donne seulement 8 résultats !
Ils proviennent TOUS de la même Mireille Lauffenburger.
Laissez dire les anglo-saxons comme ils le veulent,
vous éviterez ainsi d’étaler votre ignorance
et de leur langue ce dont je me contrefiche
et de ce sujet, ce qui est navrant.
.
Marot (#20),
Je suis d'accord pour utiliser de préférence le mot français. A condition qu'il existe. Ici, adaptation est une bien faible traduction de l'anglais "mitigation". La définition de "mitigation" par the free dictionary :
La deuxième acception ne nous concerne pas.
dans mon dictionnaire Collins & Cobuild, je trouve (à part le sens 2 ci dessus) :
Enfin, aucun exemple de traduction donné par lingue ne donne "adaptation" comme traduction de "mitigation". Un exemple intéressant :
Atténuation serait donc plus proche. Mais je trouve qu'il est réducteur, car il traduit mal le fait que mitigation inclut (voir plus haut) toute action, y compris préventive, destinée à atténuer les conséquences. C'est comme cela qu'il est employé quotidiennement dans les entreprises. lingue donne d'ailleurs des tas d'exemples où mitigation a été traduit par … mitigation. Autrement, il faut une périphrase.
Nous ne sommes pas en train de siéger à l'Académie Française. Mais, à coté de la pitié pour la langue, il faudrait aussi montrer un peu de compassion pour le sens.
Le sens connu est adoucissement, édulcoration, modération. (TLF) mot rare.
Marot (#20), non, mitigation doit être traduit par « atténuation » et non pas « adaptation ».
Selon la « science » giecienne, l’atténuation (empêcher le climat de changer, en tradant du carbone) est à faire en premier , l’adaptation (s’adapter au climat) est à faire en second.
C’est la terminologie officielle dans tous les rapports gouvernementaux et intergouvernementaux (et il y en a). Elle doit être respectée, sinon, comment voulez-vous qu’on puisse se faire du fric à la bourse du carbone.
Marot (#23),
Mais ce n’est pas dans ces sens là que le mot mitigation est effectivement employé par les angliscistes. Quand on fait une traduction, on doit essayer de respecter l’intention de l’auteur.
Aujourd’hui, quand un anglais ou un américain vous dit « we have to mitigate this risk », il veut dire « nous devons prendre les mesures propres à parer aux conséquences négatives associées à ce risque ». Et, dans l’esprit, il s’agit de se préparer à faire façe au risque, en l’anticipant, en essayant d’agir sur les causes et aussi de se préparer à mieux faire façe aux conséquences.
Tel qu’entendu par les anglicistes, le plan ORSEC est une « mitigation » des risques majeurs. Mais la construction ou l’entretien correct d’une digue est aussi une « mitigation » du risque d’inondation. L’établissement de dépôts de sel est une « mitigation » du risque de verglas. La vaccination est une « mitigation » du risque d’épidémie, de même que la constitution de stocks d’antiviraux …
Nous sommes tous des « mitigueurs » – si j’ose dire – sans le savoir, sauf les plus pauvres qui ont déjà bien du mal à vivre au jour le jour, et qui n’en ont pas les moyens.
Ce que je voulais juste dire : il existe des aléas climatiques que l’humanité a affrontés tout au long de son histoire, auxquels les sociétés modernes (développées et organisées) ont apporté des réponses généralement efficaces, mais auxquels nombre de populations sont encore sensibles car elles vivent à peu près comme au néolithique, ou alors elles ont connu un développement rapide et anarchique. Si quelqu’un me dit : « il y a une urgence climatique à baisser nos émissions de CO2 », je lui réponds : non, si urgence il y a pour certaines populations, c’est de se protéger des aléas climatiques naturels qui les frappent encore durement, et en l’état des sources d’énergie, elles ne peuvent certainement pas le faire en baissant leurs émissions, c’est tout le contraire et c’est criminel d’exiger de ces populations une pseudo-solution qui ne peut qu’aggraver les risques existants chez elles.
Sur « mitigation », j’emploie en général le mot adaptation, qui signifie en gros dans mon esprit : on ne va pas prévenir les causes mais gérer les conséquences. Peut-être qu’accommodation serait plus juste?
Papyjako (#25)
Mais oui je suis d’accord avec vous, sauf…
qu’en anglais ou américain, le mot a un sens, heureusement;
qu’en français, le mot rarement usité, a un autre sens;
qu’espérer que le sens anglais accompagne le mot en français est un espoir fou.
Je suis moi-même très mauvais connaisseur de cette langue mais je constate la nullité de nos contemporains qui se targuent de connaître la langue anglaise alors qu’ils la baragouinent ou la bafouillent.
Ils ne savent même plus ce qu’est un faux-ami.
Il n’est que de voir les « dramatic » devenir dramatique
et « falsifiable » devenir falsifiable, etc.
En bref, je suis convaincu qu’employer mitigation en français ne fait que brouiller l’écoute.
skept (#26),
Cela est très exactement mon point de vue. Merci skept.
Marot (#27),
J’ai toujours été fasciné par les faux-amis. C’est ce que je recherche en premier quand j’aborde une langue.
Dans votre énumération, vous avez raté le meilleur, c’est à dire … le pire !…
Le faux-ami anglais le plus dangereux, car il est en particulier mortel pour l’estime réciproque dans les relations – de travail ou autres – est « eventually » que n’importe quel français, italien, espagnol, et parait-il allemand, comprendra « éventuellement« , « peut-être » … alors qu’il a très exactement le sens de « finalement ».
J’ai vécu ce genre de quiproquo. Imaginez l’opinion qu’aura de vous l’angliciste non informé de cela, quand vous lui aurez dit l’an dernier « I will eventually do it », qui a donc compris que vous vous engagiez ferme, et qui vous attend ?
J’ai toujours recommandé à mes interlocuteurs anglais d’utiliser « finally » ou « ultimately » dans leurs contacts avec des européens inconnus, et aux européens de bannir « eventualy » en le remplaçant, quand ils ont besoin d’exprimer une réserve, par « possibly ».
A coté de cela, même si « falsifiable » me défrise autant que vous – à cause de la proximité avec « falsifier » – je trouve que c’est de la gnognotte !…
Il y a aussi, en plus rigolo, « constipado » qui en Espagnol (en Castillan) veut dire « enrhumé » et « embarazada » qui signifie « enceinte » !… 😆
Eventually est effectivement un sacré faux ami, dangereux également.
Mais il faut faire un effort conscient pour bien l’utiliser ou le traduire..
Papyjako (#25),
NON !
« Mitigate risks » veut dire « réduire les risques ». Mitigation veut dire réduction, atténuation. La mitigation concerne les causes, l’adaptation concerne les conséquences, ce sont deux notions bien distinctes.
Eviter l’apparition de tempêtes relève de la « mitigation » (solution préconisée en premier par le GIEC, lire ses rapports), construire des maisons plus solides relève de l’adaptation.
Marot (#27),
Surtout lorsqu’il y a des pannes de micros
Marot (#27),
Surtout lorsqu’il y a des pannes de micros
miniTAX (#31),
Je suis d’accord
Papyjako (#22), miniTAX (#31)
Belle illustration de la nocivité de l’usage d’un mot anglo-saxon en français.
scaletrans (#33)
oh oui, dans la pièce du fond.
miniTAX (#31)
On ne peut pas être d’accord sur tout n’est-ce pas ? En l’occurrence, je suis sur ce point en parfait désaccord avec vous, et maintiens, mordicus, mon interprétation (Papyjako (#25)) de l’usage actuel, par les anglicistes, du mot « mitigation ».
Marot (#34),
Je laisserai aux linguistes le soin de décider combien de centaines (milliers ?) de mots Anglais se sont déjà installés dans la langue Française, et inversement combien de mots Français ont été adoptés par les anglophones.
J’aime la belle langue autant que vous, mais je ne m’arcbouterai jamais dans la défense, perdue d’avance, d’un Français figé.
Papyjako (#35),
Je ne vois pas l’intérêt « d’interpréter » alors que n’importe quel dictionnaire donne une traduction simple, claire et sans ambiguité : mitigate = atténuer, réduire.
De toute façon, votre « interprétation » est confuse et franchement fausse, surtout dans le contexte de la climastrologie giecienne (qui même si c’est de la soupe sur le plan scientifique, est ici irréprochable sur la terminologie employée avec une distinction opérationnelle claire entre atténuation et adaptation). Cf par ex. son chapitre « Interrelations entre l’adaptation et l’atténuation «
miniTAX (#36),
Je ne vois pas d’intérêt, surtout pour les autres, à poursuivre plus loin cette discussion.
Je ne peux résister …
J’ai lu :
Si l’ilot de chaleur était de +10 °C, ça ferait une augmentation globale de 0,28 °C pour l’ensemble de la planète en admettant que la T moyenne ait un sens.
Mais le différentiel n’est pas de +10°C et pas sur toute la colonne atmosphérique au dessus de la ville.
Autant dire peanuts, tout ça.
Mitigation, atténuation, adaptation ?
Quand on veut atténuer/diminuer des risques à venir, il me semble qu’on dit tout bonnement « prévention » en bon français, don’t it ?
Le plan ORSEC est une “prévention” des risques majeurs. Mais la construction ou l’entretien correct d’une digue est aussi une “prévention” du risque d’inondation. L’établissement de dépôts de sel est une “prévention” du risque de verglas. La vaccination est une “prévention” du risque d’épidémie, de même que la constitution de stocks d’antiviraux…
Murps (#39),
Sur la T moyenne globale, sans doute. Sur la mesure de cette T moyenne globale sur les terres, c’est moins évident. Car un ICU (et tout usage des sols) modifie facilement les flux de surface sur une aire assez large. Si une station météo voit surgir dans son entourage une, puis dix, plus cent maisons sur 50 ans, pas juste à côté mais dans un périmètre proche, elle ne constatera pas forcément de rupture de continuité claire dans ses mesures, et pourtant la T de surface peut être modifiée par les vents, les changements d’humidité, etc.
Je vois par exemple que dans la dernière description de sa base Gistemp, Hansen 2010 utilise la mesure de luminosité par satellite :
Je ne comprends pas bien l’intérêt. Si je pose un thermomètre dans le pré au milieu de la forêt ou sur la place au milieu de mon village (60 habitants, luminosité nulle), je n’ai pas la même T. Si ma station est à 150 mètres du village en 1950, mais que trois granges, quatre maisons et un champ cultivé au lieu d’un bosquet apparaissent entre 1950 et 2000, eh bien tout « rurale » que soit classée la station, elle connaît des changements en bilan de surface autour du point de mesure.
Il se peut que l’effet des ICU soit peanuts aussi sur la mesure, mais je demande à voir (sur BerlekeyEarth par exemple, quand on aura les données et les codes de correction de manière transparente).
skept (#41),
L’intérêt est d’autant moins grand que les autoroutes saoudiennes hyper éclairées font apparaitre une partie du désert comme étant « urbain »… et que beaucoup de grandes agglomérations africaines étendues, très peu éclairées, apparaissent comme « rurales ».
L’examen des cartes de luminosité NOAA/AVHRR est plein de surprises… 😉
Marot (#27), Marot (#34),
Pour continuer sur le même sujet :
Mitigation est un des nombreux mots de la langue anglaise empruntés au français, et dont l’origine ultime est latine. Il se rattache en effet aux termes latin mitis (doux, au sens physique et au sens moral) et mitigarer (mûrir, ramollir au sens physique, adoucir au sens moral). Ceux-ci ont donné en français les mots mitiger (rendre plus doux, moins rigoureux) et mitigation (adoucissement, utilisé en particulier dans un contexte pénal ou judiciaire : on parle ainsi de mitigation des peines).
Le mot anglais mitigation a exactement le même sens : adoucissement, atténuation. On ne peut donc pas dire qu’il s’agissse d’un faux-ami.
Hélène (#43),
D’ailleurs …
…
Lagneau-du-ruisseau (#40),
Je suis entièrement d’accord !…
Mais ce n’était pas mon propos. Je me plaçais du point de vue de l’angliciste pour lequel « mitigation » a un sens plus large, et inclut les mesures préventives.
On peut continuer comme cela à l’infini.
Ce type de débat n’a rien à voir avec l’objet de Skyfall. Il se déroulera dorénavant sans moi. Dorénavant, je m’engage à ne plus réagir, en aucune manière (ni correction, ni réponse) à aucune intervention portant sur la langue et ses usages.
skept (#41),
Vous venez de découvrir la station de « Detroit Lakes 1nne » que voici …
… qui est classée rurale par GISS et la courbe de température d’origine GISS
Puisque la station est « rurale« , ses données ne sont l’objet d’aucun ajustement (vérifiez !…). On peut donc supposer que les climatiseurs ont été installés avant 1895 !…
Le site d’Antony Watts Surface Stations en a des centaines comme cela.
Hélène (#43)
Merci pour ce retour aux sources.
Lagneau-du-ruisseau (#40),
ORSEC = Organisation des secours.
Sa mise en œuvre implique qu’une catastrophe (naturelle ou pas) est advenue.
Il s’agit alors de porter secours, assistance aux populations sinistrées.
P.S : À deux reprises (décembre 1982 et janvier 1994), le Plan ORSEC a été déclenché en raison des deux crues majeures de la Charente pour lesquelles mes locaux professionnels et mon habitation ont été sinistrés.
Papyjako (#46),
On a de la peine à le croire!!! moi je suis Saint Thomas et je voudrais bien savoir qui me manipule; comme je n’irais pas voir, l’essentiel , c’est que chacun y mette la pommade qu’il faut
Papyjako (#46), En effet, Hansen devrait se promener un peu pour aller voir l’état de son réseau à l’oeil plutôt que par satellite!