Toujours verts/2

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Pour une nouvelle politique écologique.

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Les grands défis écologiques auxquels notre génération est confrontée exigent une politique écologique productive, et non la décroissance. Une politique écologique capable de répondre au réchauffement de la planète demandera que nous réexaminions pratiquement chaque volet important de l'idéologie verte d’après-guerre.
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Des avertissements de Paul Ehrlich sur la bombe de la population au «Halte à la croissance» du Club de Rome, l’écologie politique contemporaine a toujours chéri un malthusianisme vert bien qu'il ait été constamment pris en défaut pendant presque trois siècles. En effet, la révolution verte agricole a augmenté exponentiellement les rendements au moment même où Ehrlich prédisait une famine massive. La série de prédictions qui a suivi, sur le pic pétrolier et l'effondrements d'autres ressources ont continué à ne pas se réaliser.
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Cela ne signifie pas que des effets malthusiens sont impossibles, mais qu'ils ne sont pas inévitables. Nous avons le choix, mais ce n'est pas celui que les verts ont longtemps imaginé. Le choix auquel l'humanité fait face n'est pas de mourir ou de savoir limiter la croissance, le développement, et les aspirations qui y sont liées. Il est de savoir si nous allons continuer à innover et à accélérer le progrès technologique pour prospérer.
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La technique et l'ingéniosité de l'homme ont à plusieurs reprises confondu les prédictions malthusiennes et pourtant l'idéologie verte continue d'être suspicieuse envers ces mêmes technologies qui nous ont permis d'économiser des ressources et des catastrophes écologiques. Mais de telles solutions exigeront que les écologistes abandonnent l’éthique small is beautiful qui a également caractérisé leur pensée depuis les années 60. Nous, les plus protégés, riches et résolument modernes des êtres humains ayant jamais vécu sur terre, devons abandonner à la fois les sombres visions malthusiennes à somme nulle et les fantasmes idéalisés et nostalgiques d'un passé plus simple, plus bucolique où les êtres humains vivaient en harmonie avec la nature.
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Pour une génération plus ancienne d’ environmentalistes, ces observations semblent l'antithèse de tout ce que l'écologie représente. Si, en 2004 nous avons fait valoir que l'environnementalisme devait mourir, aujourd'hui il est clair que c’est fait. Ce qui l’a tué n'est ni notre essai, ni les sceptiques financés par les énergies fossiles, ni tel ou tel défaut de tactique des dirigeants verts ou de politiciens démocrates. L'environnementalisme est mort de vieillesse. Le monde dans lequel nous vivons économiquement, techniquement, politiquement et plus important écologiquement, a si profondément changé que les fondations réelles sur lesquelles la politique environmentale contemporaine a été construite ne marchent plus.
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Ce qui arrivera n’est pas écrit. Là devrait être de l'inspiration à trouver dans le monde actuel. Nous finirons aujourd’hui avec les mots d’un grand romancier américain de notre génération, Dave Eggers, qui a perdu ses deux parents d’un cancer à vingt et un ans.  Il a dit, à la lumière de cette expérience et du poids qu'elle a eu sur sa vie : «D’un côté, vous êtes absolument dérouté que puisse arriver quelque chose d’irréel et d’incompréhensible. En même temps, les limites ou les hésitations que vous pouviez vous être imposées soudain tombent. Il y a une insouciance  bizarre et optimiste que l’on peut voir comme du nihilisme mais en réalité est le contraire. Vous voyez qu’il y a un commencement et une fin et que vous avez seulement un certain temps pour agir. Et vous vous lancez.»

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NdT : En plus de leur site, on trouvera dans la publication Yale360 trois autres textes des mêmes auteurs
19 mai 2009 :  The Flawed Logic of the Cap-and-Trade Debate
16 novembre 2009 :  Apocalypse Fatigue: Losing
the Public on Climate Change
29 mars 2010 :  Freeing Energy Policy From
 The Climate Change Debate

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