Il faut annuler « Earth Hour » 2011


PapyJako, avec une traduction par ses soins d'un plaidoyer de McKitrick contre Earth Hour.Le 26 mars prochain, nous sommes une fois de plus appelés à participer à une action collective qui consiste à éteindre nos lumières durant une heure. Cette manifestation mondiale s'appelle "Earth Hour". Elle est sensée manifester notre adhésion aux actions de défense de "La Terre", terre à laquelle la consommation d'énergie par les hommes est sensée faire du mal.Je me suis élevé, à plusieurs reprises (ici, ici, et ), contre le grotesque et inutile sacrifice expiatoire que représente cette manifestation. Je me préparais donc à prendre ma plume comme je l'ai fait les deux années précédentes, lorsque le Professeur McKitrick a publié la note que j'ai traduite ci-après, et qui dit, bien mieux que je ne saurais le faire, l'essentiel de ce que j'ai sur le coeur.
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Earth Hour : Un dissident

Ross McKitrick

En 2009, un journaliste m'a demandé ce que je pensais de " Earth Hour ". Voici ma réponse

Je hais Earth Hour. Une électricité abondante et bon marché a été la plus grande source de libération de l'homme au 20ème siècle. Chacune des avancées sociales matérielles a dépendu de la profusion d'électricité bon marché et fiable.

Donner aux femmes la liberté de travailler à l'extérieur n'aurait pas été possible sans la disponibilité des appareils électriques qui libèrent le temps des tâches domestiques. Sortir les enfants des tâches subalternes pour qu'ils aillent à l'école a dépendu de la même chose, comme la possibilité de leur donner une source saine de lumière domestique pour lire. Le développement et la fourniture de soins modernes sans électricité est absolument impossible. L'expansion de l'offre de nourriture, et la promotion de l'hygiène et de la nutrition, supposent qu'on soit capable d'irriguer les champs, de cuire et de  réfrigérer les aliments, et d'avoir un approvisionnement régulier d'eau chaude à la maison.

Beaucoup des plus pauvres du monde souffrent de conditions environnementales brutales à l'intérieur de leur propre maison, à cause de la nécessité de cuire les aliments dans des foyers intérieurs où ils brûlent des brindilles et de la bouse. Cela entraîne une déforestation locale et le développement d'affections respiratoires liées à la fumée et aux parasites [NDT : d'après l'OMS, la première cause de mortalité dans les pays "à faible revenu" est "Infections des voies respiratoires inférieures" (2,94 Millions de morts), et l'inhalation de fumées domestiques en est une cause déterminante]. Quiconque voudrait voir la situation du tiers monde s'améliorer devrait reconnaître l'importance de l'accès à une électricité bon marché, en provenance de centrales à combustibles fossiles. Après tout, c'est comme cela que l'ouest s'est développé.

L'ensemble de la mentalité qui entoure Earth Hour diabolise l'électricité. Je ne peux faire cela, au contraire, je la célèbre, pour elle-même et pout tout ce qu'elle a amené à l'humanité. Earth Hour célèbre l'ignorance, la pauvreté et le retour en arrière. En répudiant le principal outil de libération, elle devient une heure dédiée à l'antihumanisme. Elle encourage le geste bigot d'éteindre d'insignifiants appareils pendant une durée insignifiante, en signe de respect pour une abstraction mal définie nommée "La Terre", tout en conservant hypocritement les bénéfices réels d'une électricité fiable et continue. Ceux qui voient quelque vertu à se débrouiller sans électricité devraient arrêter leur frigidaire, leur chauffage, leur four à micro-ondes, leur ordinateur, leur chauffe-eau, leurs lumières, leur télévision et tous leurs autres appareils pendant un mois, pas une heure. Et devraient aussi faire une descente à l'unité de cardiologie de l'hôpital pour y couper le courant.

Je ne veux pas retourner à la nature. Rendez-vous en un endroit frappé par un tremblement de terre, des inondations et des cyclones pour voir ce que c'est que le retour à la nature. Pour les hommes, vivre dans la "nature" a signifié une courte durée de vie marquée par la violence, la maladie et l'ignorance. Ceux qui travaillent pour la fin de la pauvreté et le soulagement des maladies combattent contre la nature. J'espère qu'ils laisseront leurs lumières allumées.

Ici, en Ontario, grâce à l'utilisation de procédés de contrôle de la pollution et de technologies avancées, la qualité de notre air s'est considérablement améliorée depuis les années 1960, malgré l'expansion de l'industrie et de l'offre de courant électrique. Si, malgré cela, nous devons adopter le point de vue que les pollutions aériennes résiduelles dépassent tous les bénéfices de l'électricité, et que nous devons avoir honte et nous asseoir dans le noir durant une heure, comme des garnements qui ont été attrapés à faire quelque chose de mal, cela veut dire que nous faisons passer la pureté de la nature comme un idéal absolu et transcendant, qui oblitèrerait tout autre obligation éthique et humaine. Non Merci.

J'aime rendre visite à la nature, mais je ne veux pas y vivre, et je refuse d'accepter l'idée que la civilisation, avec toutes ses contradictions, soit une chose dont nous devrions avoir honte.

Ross McKitrick

Professeur d'économie

Université de Guelph

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J'éprouve quelque gêne à surenchérir sur un texte aussi fort. Mais l'actualité m'y oblige.Tout d'abord, voici une image satellite qui a fait le tour de la toile à la suite de Earth Hour 2010

Cette image montre le peu d'empressement de la Corée du Sud, éclairée a giorno et, en contrepoint, l'immense succès remporté par Earth Hour en Corée du Nord … Des mauvaises langues ont fait valoir que si la Corée du Nord était éteinte, c'est parce qu'elle est toujours éteinte, car ses habitants ont, toute l'année, l'indicible bonheur de "défendre la planète" en vivant en permanence dans le noir.

En ce mois de mars 2011, il est hélas à craindre que la Corée du Nord n'aie, à proximité immédiate, un concurrent inattendu dans la "défense de la planète" : Le Japon.

Le drame épouvantable que vivent les Japonais, du fait des événements qui ont détruit une partie importante de leurs infrastructures électriques, se manifestera cette année par le fait que des millions de Japonais vont faire, eux-aussi, Earth Hour même contre leur gré, et pas pour "défendre la planète".

Earth Hour est, en général, année après année, une opération promotionnelle bête, inutile, et infantilisante. Cette année, chacun de ces qualificatifs s'écarte devant l'évidence : en 2011, Earth Hour est plus que jamais une opération indécente et grotesque.

A la mémoire des millions de Japonais qui vivent ces jours-ci dans la neige et le froid, sans électricité, après avoir perdu des dizaines de milliers d'êtres chers. Par respect pour ceux qui vont passer des mois sans défense contre "la Nature", la décence voudrait que l'on ne "fête" pas Earth Hour en 2011.

Il faut annuler "Earth Hour" 2011 !

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202 réponses à “Il faut annuler « Earth Hour » 2011”

  1. Bon alors je disais simplement à Papyjako : incident bien évidemment clos.

    Et pour Bob et PBdR, OK sur les inconnues de la fusion, mais cette remarque d’ITER à propos du coût :

    Le coût des recherches sur les nouvelles sources d’énergie, y compris la fusion, doit être mis en rapport avec le coût de l’énergie : le marché mondial de l’énergie représente un volume annuel d’environ 3 500 Milliards €.

    Selon un Rapport du Programme National des Nations-Unies pour l’environnement (PNUCED) rendu public au mois de juillet 2010, l’investissement mondial dans les énergies renouvelables (solaire, éolien, biomasse etc.) est de l’ordre de 125 milliards d’euros annuellement. C’est près de dix fois plus que le coût d’ITER qui, lui, est étalé sur trente ans.

    L’Europe consacre chaque année deux fois plus d’argent aux énergies renouvelables qu’à l’ensemble de la recherche nucléaire (fission et fusion). Les sommes allouées à la fusion ne représentent moins de 15% de l’ensemble du budget consacré à la recherche nucléaire. Ces chiffres montrent clairement que l’investissement consacré à la fusion, tant dans le monde qu’en Europe, ne se fait pas au détriment d’autres sources d’énergies.