NIPCC vs. IPCC/3bis


Suite et fin de la troisième partie du texte de Fred Singer, traduit par Jean Martin et Jean-Michel Reboul.

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Problèmes sur les données terrestres : il nous reste à expliquer pourquoi les enregistrements des stations météorologiques semblent montrer un réchauffement entre 1979 et 2000, alors que les satellites ne le montrent pas. Il est bien connu que la qualité des données de température de surface est douteuse (D'Aleo, Watts). Aux emplacements inadaptés de la plupart des stations et à l'historique incertain, s'ajoute le problème global de l'effet d'îlot thermique urbain [Fig. 13].

Les e-mails rendus publics par le scandale du Climategate suggèrent également qu'il y a eu une sélection et un processus de correction qui pourraient avoir mis en avant une tendance au réchauffement. (La Fig. 14 montre un exemple d'une telle sélection pour la Californie.) Cette question n'a pas été complètement étudiée, mais reste une possibilité, surtout depuis que le nombre de stations utilisées après 1970 a été sévèrement réduit [Fig. 15]. En conséquence, la population de l'échantillonnage a changé, avec une proportion croissante de stations de basse latitude et de basse altitude – introduisant ainsi un biais de réchauffement. Un biais de réchauffement supplémentaire provient de la sélection des stations, avec le choix des “meilleures” stations privilégiant les aéroports. Or les aéroports peuvent être en général sujets à un réchauffement mais il ne s'agit pas du réchauffement global. Aucune des enquêtes menées sur le Climategate n'ont abordé cette question. A l'heure actuelle, le Berkeley-Earth Project enquête sur cette question difficile mais importante. Nous devons attendre leurs conclusions.
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Le “paradoxe” solaire : En attendant, nous notons que l'absence de réchauffement entre 1979 et 1997 fournit une explication possible pour le paradoxe soulevé par Lockwood / Frohlich contre l'hypothèse de Svensmark du forçage du climat par l'activité solaire [voir Encadré].

Le “paradoxe” solaire de Lockwood-Fröhlich [ProcRoySoc 2007, 2008]

•“Il y a des preuves considérables de l'influence solaire sur le climat de la Terre à l'époque pré-industrielle, et le soleil pourrait bien avoir été un facteur dans le changement climatique post-industriel de la première moitié du siècle dernier. Ici, nous montrons qu'au cours des 20 dernières années, toutes les tendances dans l'activité solaire qui auraient pu avoir une influence sur le climat de la Terre sont dans la direction opposée à celle nécessaire pour expliquer l'augmentation observée dans des températures moyennes mondiales.” [soulignement ajouté]

Commentaire : L'absence de réchauffement de la surface dans la période 1979-1997 explique le paradoxe (artificiel).

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Nous notons également qu'il n'y a pas de conflit entre l'absence de tendance au réchauffement de surface et les données des jauges de marée sur l'élévation du niveau des mers [Fig. 16], qui montre l'absence d'accélération, même pendant la hausse de température de 1910 à 1940.

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Fig 13: [De HTCS (1997) Fig. 11] Effet de l'îlot de chaleur urbain (ICU) : On montre que les tendances observées de la température dépendent de la densité de
population. Notez que tous les trois [Haute, moyenne et basse densité de population] montrent une montée des températures jusqu'en 1940, suivie d'un refroidissement.

 

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Fig 14: [De HTCS (1997) Fig. 17] Répartition des tendances de la température pour les stations météorologiques de Californie de la figure 13. Les flèches indiquent les stations sélectionnées par le GISS pour une compilation de la température mondiale [Christy et Goodridge 1995]
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Fig 15: [Fig. 12 du NIPCC] Le nombre des stations météorologiques a fortement diminué après 1970, tout comme le nombre de cases couvertes de la grille d'échantillonnage. La modification de la population d'échantillonnage a favorisé les stations de basse altitude et de basses latitudes, ainsi que les aéroports, ce qui conduit à un biais de réchauffement.

 

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Fig 16: [Fig 21 de HTCS] Données des jauges de marée [Trupin & Wahr] : Noter l'indépendance entre le taux d'élévation du niveau des mers et la température mondiale – et même la suggestion d'un taux réduit de hausse durant la période de réchauffement 1920-1940.
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Données océaniques : Outre l'explication de l'absence de réchauffement dans les enregistrements des données de surfaces terrestres, on doit également prendre en compte l'absence de réchauffement de l'océan par les gaz à effet de serre, c'est à dire une tendance proche de zéro dans les régions tropicales de la SST (température de surface de la mer). De prime abord, nous notons que les satellites montrent une tendance proche de zéro tant terrestre qu'océanique ; il n'y a pas de différence [Fig. 17]. Mais comment prendre compte la montée de la SST rapportée par le GIEC ?
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Les températures de surface sont mesurées par différentes techniques (seaux, prélèvements au navire ou sur la coque, bouées et bouées dérivantes, satellites) – ce qui conduit à des problèmes lorsque les données sont fusionnées. Étonnamment, quoique non dépendants de problèmes terrestres (comme les îlots de chaleur urbains), les réchauffements de la SST peuvent s'avérer grandement exagérés. Les bouées flottantes dérivantes montrent des températures plus chaudes (en particulier pendant le jour) que les prélèvements au navire. La proportion croissante de données des bouées peut produire une tendance artificielle au réchauffement [Singer 2005, 2006].
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J'ai suggéré [2005, 2006] qu'il s'agit d'un artefact causé par la proportion croissante de données de bouées dérivantes par rapport aux données provenant des navires [voir encadré]. Les bouées flottant près de la surface de la mer enregistrent une température plus élevée en raison du réchauffement solaire direct de l'océan [Fig. 18]. L'effet global serait alors de montrer une tendance artificielle au réchauffement. (L'effet devrait être saturé à mesure que la contribution des bouées avoisine 100%. De plus, les valeurs de la SST devraient être supérieures le jour à celles relevées la nuit.)
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Il faut également expliquer pourquoi l'effet de serre normal n'est pas observé pour la SST. Avec l'augmentation du CO2 (et de la vapeur d'eau) il devrait y avoir une augmentation du rayonnement infrarouge incident à la surface de la mer (sauf pour les cas d'inversions de température). Cependant, nous savons par l'optique physique que ce rayonnement infrarouge est absorbé dans une "peau" qui n'est que d'environ 10 microns d'épaisseur. La question se pose alors de
savoir quelle partie de cette énergie descendante est absorbée globalement par l'océan (par mixage rapide) et combien en est immédiatement ré-émise ou est absorbée par l'évaporation supplémentaire de la peau. Les opinions sur ce sujet sont partagées, mais les données réelles sont difficiles à obtenir.

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Les bouées flottantes dérivantes introduisent une tendance artificielle :

Le réchauffement présenté par la SST (température de surface de la mer) peut être proche de zéro et s'avérer un artefact des mesures qui combinent les données des navires et des bouées. Nous basons cette affirmation sur les données des radiosondes et des satellites, ainsi que sur les données du contenu calorifique de l'océan (OHC ou Ocean Heat Content). Les observations de la montée du niveau des mers (SLR) de la fin du 20e siècle et les changements de l'activité solaire ne cautionnent pas de manière significative le réchauffement de la SST – non plus que les données indirectes (coraux).
•    Les données de température des bouées sont passées de zéro (1980) à 90% (2010) : 
La contribution des bouées dérivantes a augmenté presque linéairement de 0% en 1980 à 72% en 2010. Durant le même intervalle, les bouées ancrées sont passées de 0% à 18%.

•    Ref: Composition du ICOADS v2.5.1 Nombre annuel des observations de la température de la surface de la mer par an et par type de plate-forme, exprimé comme une fraction du nombre total d'observations. [Figure 2 des Effets des variations des instruments sur la température de surface de la mer mesurée in situ, Elizabeth C. Kent, et al. mise en ligne : 17 MAY 2010. DOI: 10.1002/wcc.55. Publication : Wiley Interdisciplinary Reviews: Climate Change Volume 1, Publication 5, pages 718–728, Septembre/Octobre 2010

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Fig 17 : Températures océaniques moins les températures terrestres. Peu de différences observées entre les températures sur la terre et les océans (température tropicale de la basse troposphère telle que mesurée par les satellites).
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Fig 18: [NIPCC 2008 Fig.20] Dessin montrant l'absorption du rayonnement visible et infrarouge et l'emplacement des bouées et des sondes de température des navires.

Heureusement, il existe des évaluations indépendantes de la SST disponibles à partir des données sur le contenu thermique des océans (OHC), la chaleur stockée dans l'océan comme résultat du réchauffement de la surface. Les données (plutôt incertaines) sur l'OHC ne semblent montrer aucune augmentation significative entre 1979 et 1997 – bien que le réchauffement El Niño 1998 ait eu un impact [Fig. 19]. En tenant compte de la mauvaise qualité des données, on peut interpréter ce résultat comme étant compatible avec peu – voire aucune – augmentation de la SST. (Cela suggère aussi que seule une faible fraction du rayonnement IR incident contribue à la SST.)

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Fig 19: Le contenu thermique des océans (OHC) ne montre aucune augmentation perceptible entre 1979 et 1997, appuyant l'hypothèse d'une absence de réchauffement SST.
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Données des proxys : Un mot sur la relation entre le Climategate et la “crosse de hockey” de Mann, Bradley et Hughes. Lorsque ce graphique a été publié [Nature 1998, GRL 1999], l'attention du public a été immédiatement focalisée sur leur affirmation que le 20ème siècle a été le plus chaud des 1000 dernières années [Fig.20]. Il a ensuite été montré par McIntyre et McKitrick que certaines des données ont été truquées et que la méthode statistique utilisée était défectueuse. Ils ont également démontré que l'introduction de données aléatoires dans des algorithmes de Michael Mann produisent invariablement une courbe de type crosse de hockey. (Mann [PNAS 2008] a maintenant tranquillement changé la crosse de hockey en un graphique qui montre à la fois la période chaude médiévale (MWP) et Petit âge glaciaire [Fig. 21].) Dans tous les cas, nous savons en se basant sur de nombreuses enquêtes indépendantes, que l'Optimum médiéval, autour de 1000 à 1200 après J.-C., était plus chaud qu'aujourd'hui, [Fig. 22].

Mais ce fait (une période chaude médiévale) a peu de pertinence quant à la question de la cause du réchauffement actuel (si tant est que ce réchauffement existe). Par conséquent, lorsque la crosse de hockey a été publiée, mon attention s'est portée sur le fait que les données de proxys de Michael Mann semblent s'arrêter en 1979 et que les données de température continue proviennent entièrement de l'analyse par Jones des thermomètres de surface. [Je pense que c'est la véritable explication du "Mike’s Nature trick", se référant aux emails du Climategate qui parlent de “cacher le déclin.”]

J'ai immédiatement envoyé des e-mails à Mann et je l'ai interrogé sur ce point, lui demandant pourquoi ses enregistrements de proxys température s'arrêtent brusquement en 1979. J'ai reçu en retour la réponse un peu abrupte qu'il n'existait pas de données appropriées disponibles. Mais comme je savais déjà que ces données étaient effectivement disponibles [Figs 23, 24] j'ai supposé que ses données de proxys ne montraient pas l'augmentation de température exigée par les thermomètres de surface. C'est pourquoi il a tout simplement arrêté son analyse en 1979 pour masquer ce fait (son "Nature trick") – pour être "politiquement correct" et soutenir le discours du GIEC concernant l'augmentation de la température.

Les emails du Climategate montrent clairement pourquoi Mann a arrêté la crosse de hockey en 1979. Il y a là une singulière ironie qui devrait sauter aux yeux. Comme je l'ai montré ci-dessus, il n'y avait aucune augmentation de la température de surface après 1979, et donc les proxys de températures de Mann (jamais publiés) sont corrects. Mais il n'a tout simplement pas eu le courage de croire en ses propres résultats. Pour souligner ce point, je montre un certain nombre de données de plusieurs proxys tirées de la littérature scientifique [Fig. 25].

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Fig 20: La "crosse de hockey" [Mann, Bradley, Hughes 1998,1999] a été utilisée pour faire valoir que le 20e siècle est exceptionnellement chaud [IPCC-TAR 2001]. L'analyse sous-jacente a maintenant été discréditée. Des sources de données indépendantes ont restauré le PAG (Petit âge glaciaire ~1400-1850) et révélé un OM (Optimum médiéval ~ 900-1200) comme étant plus chaud que la période présente. Note : La "ceconstruction" (à base de proxys) des températures s'arrête brusquement en 1979 – et se poursuit par les températures "observées" (basées sur les thermomètres des stations météo).

 

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Fig 21: Mann et al [PNAS 2008] ont aujourd'hui restauré PAG et OM. Pour comparaison sont présentées les reconstructions HN (Hémisphère Nord), recentrées sur la même moyenne que le segment de chevauchement des relevés instrumentaux HN de température de surface 1850-2006 du CRU. Toutes les séries ont été moyennées sur 40 ans. Les intervalles de confiance ont été réduits pour tenir compte du lissage.

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Fig 22: [Fig 3 du NIPCC 2008] (a) SST (Mid-Atlantic) à partir de l'analyse des sédiments océaniques [après Keigwin 1996]. (b) Paléo-températures pour les données de proxys (avec les cernes des arbres éliminés) [Loehle 2007]. Notez que l'OM (vers l'an 1000) est plus chaud que le 20ème siècle.

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Fig 23: [Fig 16 à partir de HTCS (1997)] Les données dendrochronologiques de Jacoby et al [Science 1996], ne montrent aucune élévation de la température après 1950.

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Fig 24: Les valeurs de températures extraites des carottes de glace des forages GRIP du Groenland. Notez les OM et PAG prononcés [Dahl-Jensen et al Science
1999]. Les auteurs affirment explicitement : aucun réchauffement n'est observé après 1940.

 

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Fig. 25: Températures récentes à partir des données de proxys [remerciements à F C Ljungquist]

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Résumé de la Section 3

Les tendances (GIEC) des températures de surface (1979-1997), largement basées sur l'analyse des relevés thermométriques des stations météo (CRU – UEA tiré du "Climategate"), sont problématiques, elles n'apparaissent pas par d'autres méthodes d'observation.

Les données des proxys ne montrent pas de réchauffement après 1979, ce qui est probablement la raison pour laquelle Mike Mann a arrêté son analyse de la Crosse de hockey en 1979 ("l'astuce Nature de Mike") pour "masquer le déclin" – à savoir, pour cacher la disparité entre les températures révélées par les proxys et l'augmentation rapide des températures thermométriques du CRU. [Nous avons encore à découvrir comment le CRU a sélectionné puis "corrigé" les données des stations météorologiques].

A suivre …

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7 réponses à “NIPCC vs. IPCC/3bis”

  1. bonjour , toujours très interessant ces articles , mais le lien source ne marche pas !

  2. Araucan,
    un petit mot pour dire ce qui est arrivé et dire comment récupérer les derniers commentaires serait le bien venu

  3. Merci et bravo pour la réouverture de l’établissement, content de revoir l’écurie. Mais il manque beaucoup d’avoine…

    On peut espérer récupérer mon post du 17 mai 2011 à 22h 57 ou bien on fait une croix dessus ?

    Quoiqu’il en soit, je reste à l’écoute.

    Cordialement,
    Murps

  4. mcd #1

    mais le lien source ne marche pas !

    Le conseil d’Araucan est OK.
    La toute dernière version de Fred Singer, traduite en français et en pdf, est dans ce lien.

  5. Vous dite : « il nous reste à expliquer pourquoi les enregistrements des stations météorologiques semblent montrer un réchauffement entre 1979 et 2000, alors que les satellites ne le montrent pas ».

    Pourtant les données du centre Hadley, de la NOAA viennent des station météo de tout les pays. Si non on n’aurait pas les données depuis 1880.

    Puis c’est suivant quelles données de satellites (depuis que les satellites on été envoyé pour mesuré la température du sol), URL, qu’on peut comparer avec les données de la NOAA ou du Centre Hadley ??

    Williams

  6. Williams #6

    Vous dite : “il nous reste à expliquer

    Williams, il s’agit d’une traduction. C’est à l’auteur qu’il faut poser la question.