Cloud : premiers pas


Voici le communiqué du CERN en français du 25 août dernier.Des discussions à ce sujet ont déjà eu lieu dans le billet précédent et dans Fil Info de sceptiques.

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Genève, le 25 août 2011. Dans un article publié aujourd’hui dans la revue Nature, la collaboration CLOUD1 du CERN2communique ses premiers résultats. L’expérience CLOUD a été conçue pour étudier en laboratoire l’effet des rayons cosmiques sur la formation des aérosols atmosphériques, qui sont de minuscules particules liquides ou solides en suspension dans l’atmosphère. On estime qu’une large part des noyaux de condensation autour desquels se forment les gouttelettes des nuages sont des aérosols atmosphériques. Comprendre le processus de la formation des aérosols est donc important pour comprendre le climat.

Les résultats de l’expérience CLOUD montrent que les vapeurs présentes à l’état de traces auxquelles ont attribuait jusqu’ici la formation des aérosols dans la basse atmosphère ne peuvent expliquer qu’un très faible pourcentage de la production des aérosols atmosphériques observés. Ces résultats révèlent aussi que l’ionisation par les rayons cosmiques favorise considérablement la formation d’aérosols. Ce type de mesures de précision est important pour avoir une compréhension quantitative de la formation des nuages et contribuera à mieux définir les effets des nuages dans les modèles climatiques.

« Ces nouveaux résultats de CLOUD sont importants : nous avons observé pour la première fois certains processus atmosphériques déterminants » explique Jasper Kirkby, le porte-parole de l’expérience. Nous avons trouvé que les rayons cosmiques favorisent nettement la formation de particules d’aérosol au milieu de la troposphère et au-dessus.Par la suite, ces aérosols peuvent devenir les noyaux de condensation des nuages.Cependant, nous avons pu établir que les vapeurs qui étaient considérées comme responsables de la formation de tous les aérosols dans la basse atmosphère ne peuvent expliquer qu’une petite partie des observations, même avec la contribution des rayons cosmiques. »

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(Source et copyright : CERN)

Les aérosols atmosphériques jouent un rôle important dans le climat. Ils reflètent la lumière solaire et produisent des gouttelettes qui forment les nuages. Des aérosols supplémentaires rendraient donc les nuages plus lumineux et prolongeraient leur durée de vie. Selon les estimations actuelles, environ la moitié de toutes les gouttelettes des nuages prennent naissance par agglutinement de molécules qui sont présentes dans l’atmosphère en quantité infime. Certains de ces amas embryonnaires finissent par devenir suffisamment gros pour devenir des noyaux de condensation autour desquels se forment les gouttelettes des nuages. On suppose que l’acide sulfurique et les vapeurs d’ammoniac à l’état de traces jouent un rôle important. Ils sont utilisés dans tous les modèles  atmosphériques, mais le mécanisme proprement dit et leur taux d’agglutinement avec des molécules d’eau restent peu clairs à ce jour.

Les résultats de CLOUD indiquent que, à quelques kilomètres d’altitude, dans l’atmosphère, de l’acide sulfurique et de la vapeur d’eau peuvent rapidement former des amas et que les rayons cosmiques augmentent leur taux de formation d’un facteur dix ou plus. Cependant, dans les couches les plus basses de l’atmosphère, jusqu’à une altitude d’environ mille mètres, les résultats de CLOUD montrent que des vapeurs supplémentaires, notamment de l’ammoniac, sont nécessaires. Surtout, les résultats de CLOUD ont montré que de l’acide sulfurique, de l’eau et de l’ammoniac – même avec l’effet favorable des rayons cosmiques – ne peuvent pas à eux seuls expliquer les observations atmosphériques de la formation des aérosols. Des vapeurs supplémentaires doivent donc entrer en jeu. Leur identification sera la prochaine étape pour CLOUD.

« Nous avons été vraiment surpris de constater que la formation des aérosols dans la basse atmosphère n’est pas due qu’à l’acide sulfurique, à l’eau et à l’ammoniac, explique Jasper Kirkby. Maintenant, il est crucial de découvrir quelles vapeurs supplémentaires entrent en jeu (qu'elles soient essentiellement naturelles ou d'origine humaine) et d'établir comment elles influent sur les nuages.Ça, ce sera notre prochain travail. »

L’expérience CLOUD prend la forme d’une chambre de dernière génération dans laquelle les conditions atmosphériques peuvent être simulées avec une haute précision et où il est possible de régler les concentrations de vapeurs à l'état de traces qui entraînent la formation des aérosols. Un faisceau de particules accélérées dans le Synchrotron à protons du CERN fournit une source artificielle ajustable de rayonnement cosmique.

Liens utiles.

 

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29 réponses à “Cloud : premiers pas”

  1. La table commentaires a encore fait des siennes : sauvegarde chargée.

  2. Araucan (#1), C’est une table bancale? 😉
    Ces incidents deviennent récurrents…. En connaissez-vous la cause?

  3. il serait cocasse qu’on découvre que les substances complémentaires au H2SO4 et au NH3 sont d’origine anthropique !!!

    après l’AGW l’AGC ou en Français fini le RCCA place au RFCA

  4. Marco33 #2

    qu’on découvre que les substances complémentaires au H2SO4 et au NH3 sont d’origine anthropique

    Hum, je n’y crois pas trop. Sans doute des substances bio/organiques.
    Par exemple, les phytoplanktons sont réputés rejeter du dimethylsulfate .. quand ils ont chaud !
    Il reste encore beaucoup de choses intéressantes à découvrir.

  5. Yvesdemars #5

    Oui, car tout est de notre faute. Le péché originel, ça ne s’en va pas comme ça.
    Pardon d’avoir vécu !

  6. Bob (#4),

    Par exemple, les phytoplanktons sont réputés rejeter du dimethylsulfate .. quand ils ont chaud !

    Il s’agit heureusement de « dimethylsulfure » ou sulfure de diméthyle.
    Le dimethylsulfate est lui très toxique et probablement cancérogène. Il pourrait même être utilisé comme arme chimique !

  7. Mihai V `# 7

    Oups ! En effet, DMS en rosbif c’est sulfure de diméthyle en franchecaille.
    J’ai tapé un peu vite.
    Merci ! Fait plaisir de voir qu’il y a des chimistes dans la salle.

  8. Bob (#9),

    Fait plaisir de voir qu’il y a des chimistes dans la salle.

    J’ai effectivement un diplôme de chimiste quelque part au fond d’une armoire. Mais je n’ai jamais exercé dans cette profession, depuis ma sortie de l’ULg en 1969.
    Il me reste quelque chose de mes études bien sûr, mais ce ne sont que plus de vagues notions générales. En clair, je suis un chimiste complètement dépassé, qui entre autres ne connaît rien de la chimie du silicium et des matières plastiques. Au cours de ces études je m’étais « spécialisé » en chimie analytique et phénomènes radio-actifs, bien loin de la chimie organique et de la biochimie. 😉

  9. Une petite pierre de plus pour l’édifice de Svensmark via les événements de Forbusch

    Un article de Dragic et al. publié dans Astrophysics and Space Sciences Transactions. Version intégrale ici

    Traduction du résumé

    Nous testons l’influence proposée des rayons cosmiques sur la formation des nuages comme effet des variations d’intensité soudaines de rayons cosmiques, décroissances de Forbush (DF), sur la nébulosité.
    Nous essayons d’élargir l’enquête couverte par un satellite d’observation de la nébulosité.
    La gamme de températures diurnes (GTD), quantité anticorrélée à la nébulosité, est utilisée comme indicateur de la couverture nuageuse.
    Nous faisons une analyse de jeux de DF superposées et on présente les résultats pour une région de l’Europe.
    L’effet des DF sur la GTD est statistiquement significatif dans le cas de DF de grande amplitude (supérieure de 7% par rapport à l’intensité non perturbée des rayons cosmiques).
    L’effet sur la GTD est estimé à (0,38 ± 0,06) ° C.

  10. Marot #11

    Merci ! Eh, Eh !

    Voilà qui ne va pas faire plaisir à Sloan et Wolfendale qui s’échinent depuis des années à se battre contre les affirmations de Svensmark au sujet des Forbush. Par tous les moyens, y compris en regardant ailleurs ou après.

    L’idée d’utiliser le DTR (diurnal temperature range) des Serbes est encore plus directe pour montrer que les Rayons Cosmétiques (comme dit l’AFP) agissent sur la température terrestre (par l’intermédiaire des nuages).

  11. tiens motl fait état d’un papier à propos de modification de l’ennuagement lors des évènements type forbusch…
    Autant je trouve qu’il y a encore du chemin à faire pour comprendre totalement l’effet des rayons cosmiques, autant les preuves empiriques sont bel et bien là…
    http://www.astrophys-space-sci…..5-2011.pdf
    l’article est là mais je me suis contenté du papier de motl

  12. Me souvient d’un détail évoqué dans une revue de vulgarisation scientifique, comme quoi la lutte contre le SO2 des industries de l’hémisphère nord et aussi par le biais des catalyseurs sur le parc automobile, aurait contribué au record de température de l’année 1998, qui comme tout le monde le sait sur ce forum était en correspondance avec le dernier maxima d’activité solaire.

    L’appauvrissement artificiel de l’atmosphère par ces mesures aurait modifié la réponse du climat à la forte activité solaire en amplifiant les températures de surface… par l’influence sur la formation des nuages?

    P.S.

    Avez-vous remarqué à quel point certaines essences d’arbres souffrent cette année de la sécheresse de ce printemps et peut-être de l’augmentation du flux d’UV. Les marronniers d’inde sont particulièrement touchés ainsi que la vigne vièrge, les végétaux avec des feuilles plus coriaces résistent mieux visiblement.

  13. Avez-vous remarqué à quel point certaines essences d’arbres souffrent cette année de la sécheresse de ce printemps

    Sûr que la sécheresse printanière, alliée à de fortes températures, n’a pas été un cadeau pour la végétation, en particulier les semis et plants. Mais la suite de la saison de végétation a été nettement meilleure sur la majeure part du territoire (c’est peu de le dire). Rien à voir avec la sécheresse de 2003 qui, elle, avait été particulièrement néfaste pour les essences forestières, en particulier le hêtre. J’ajoute que l’année 2011 se distingue par une fructification remarquable, pour la plupart des essences : tout n’est donc pas perdu !

  14. Il convient de remarquer que l’article commenté a été déposé à la Revue Nature le 9 septembre 2010, et n’a été admis pour publication qu’en juin 2011, pour être publié les 24 août online et 25 août. Il ne fait donc état que des premières expérimentations datant de début 2010. Le contenu de cet article avait d’ailleurs été présenté par Jasper Kirkby, dans une conférence au Canada, en avril 2011. Ce dernier avait, à cette occasion, mentionné l’existence d’un second article qui présentait des informations « bien plus intéressantes », mais qu’il ne pouvait dévoiler, l’article venant juste d’être présenté à la Direction générale du GIEC. C’est de ce second article que parlait Rolf Dieter Heuer, Directeur général du CERN, lorsqu’il déclarait avoir demandé à l’équipe Cloud de « ne pas interpréter les résultats » pour ne pas s’impliquer dans le débat politique ! Il est fort probable que ce papier, bloqué au niveau de la direction du CERN, apporte des éléments nouveaux et importants sur la formation des nuages bas. Il faudra encore patienter un certain temps donc!

  15. Mihai V #21

    Je suppose qu’il faisait allusion au Waldsterben : la mort des arbres. vers 1984. Les pluies acides…

  16. jojobargeot (#16),
    Avez-vous remarqué à quel point certaines essences d’arbres souffrent cette année de la sécheresse de ce printemps et peut-être de l’augmentation du flux d’UV. Les marronniers d’inde sont particulièrement touchés ainsi que la vigne vièrge, les végétaux avec des feuilles plus coriaces résistent mieux visiblement.

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    C’est quoi tout cela ; secheresse???? J’ai traversé la France trois fois cet été; pas vu de sécheresse; augmentation UV ?????????? par rapport à quand??

  17. the fritz (#23),
    Forestier écologue (ça existe ???) je peste depuis des années contre la production d’arbres (ou la forêt de production…) qui conduit à favoriser maladies cryptogamiques et autres ravageurs. On a vu les effets de Klaus, les chenilles processionnaires, les scolytes…
    J’interviens dans un forêt de Pins maritimes sub-naturelle (je ne dirai pas où, devoir de réserve oblige…)… peu d’interventions humaines, on laisse faire la « dynamique naturelle », et résultat, on a une forêt sur pied, en bon état sanitaire, et qui malgré tout rapporte quelques subsides… Tout ça pour dire que l’on a vite fait de tout mettre sur le dos de la météo ! d’ailleurs, comment se fait-il que nombre forestier persistent à maintenir et entretenir les réseaux de drainage (fossés), alors que par ailleurs, il sont à l’écoute des théories du réchauffement climatique (puits de carbone, etc…). Faudra qu’on m’explique (bon, je ne suis pas naïf, les subventions. c’est un bon argument…). Concernant les Marronniers, tout comme les Platanes, il s’agit de maladies en général cryptogamiques, liées non pas à la sécheresse, mais à d’autres facteurs comme la taille à outrance… Pour le reste, on tombe dans le problème de la référence, qui est bien une réalité… on a vite fait de tirer des conclusions, alors que la réalité est toute autre ! a-t-n des données fiables sur l’état de la végétation au 19 e siècle ? au 10 e siècle, etc…

    C’était juste un petit coup de gueule avant des vacances dans des (proches) pays chauds (ça caille en France, malgré le réchauffement climatique, non ?)

  18. gilles des landes (#24),
    Alors dès les premières matinées un peu plus fraiches on se tire ailleurs?
    Pourtant cela doit être le pied sur les plages des Landes en ce moment?

  19. nombre forestier persistent à maintenir et entretenir les réseaux de drainage (fossés),

    Certains réseaux de drainage datent du moyen-age (merci les cisterciens …) parce que la majorité des arbres ne poussent pas dans des sols trop humides ( les racines meurent pour cause d’anoxie, cela se constate aisément sur une fosse pédo …) et sans drainage, les Landes seraient toujours en très grande partie des …landes ! smile
    Il ne faut pas confondre l’excès d’une pratique avec la pratique elle-même, sauf à considérer la pratique comme étant excessive en soi …

    Et des chenilles processionnaires, j’en ai déjà vu des tonnes dans des zones absolument pas gérées … Quant à prévoir le comportement des scolytes, bonne chance !

  20. the fritz (#23), sûrement une moyenne des observations des bouleaux effectuées par les Pr. Verdoff et Grinnpiz entre la Picardie et le Dauphiné…

  21. the fritz (#25), J’étais à Souston-plage dimanche dernier : l’eau de l’océan était chaude!!
    Par contre, après la dernière tempête, beaucoup de pins meurent de maladie (ils sont sur pied, en très grande quantité, cela m’avait étonné).
    Je ne sais pas ce qu’en disent les professionnels (forestiers et pompiers), mais attention au départ de feu!!!! Et bien sûr, on accusera la sécheresse et le RCA.