Voici un article dont la traduction de parties choisies a été suggérée par Bob et qui a fait l'objet d'un débat sur le site de Judith Curry. Après réflexion, il m'est apparu utile de reprendre l'intégralité de l'article, qui offre une chronologie utile des événements. (Araucan)
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NdA : les références aux différents échos des médias de cette déjà longue histoire devraient être fortement nuancés pour la presse francophone du coté est de l'Atlantique.
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Silke Beck
Les paradoxes d'une expertise de référence : le GIEC sous le "microscope du public".
Résumé.
Cet article explore comment le GIEC a géré l'intensification du regard du public sur son travail. Il examine les initiatives récentes prises en réponse à la controverse du "Climategate". Un audit du GIEC indépendant, mené par un organe scientifique international (InterAcademy Council), a déclenché un des points de changement du débat, mettant l'accent sur la transparence et d'un comportement responsable dans les procédures du GIEC (NdA : sur la traduction du terme accountability voir ici). Quoiqu'il en soit, les recommendations de l'IAC ont été mises en oeuvre par le GIEC de telle façon que la question de la confiance du public est traitée sous l'angle de la communication. L'article explique ensuite comment la réponse du GIEC au "Climategate" peut être liée au modèle linéire de l'expertise. En conclusion, il est discuté pourquoi l'enjeu de produire de la connaissance pertinente pour les politiques publiques sous le regard attentif du public requiert aussi de nouvelles pratiques d'évaluation destinées à des publics plus larges.
Cet article est basé sur un article sous presse : Nature and Culture, Vol. 7/2.
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Introduction
2010 fut une année cruciale pour le GIEC. Auparavant, il bénéficiait d'une réputation sans tache et fut même présenté comme modèle pour les évaluations sur la biodiversité et la sécurité alimentaire. Toutefois, les événements dénommés Climategate de novembre 2009 montrent l'attention marquée du public à laquelle est désormais soumis le GIEC et appuient la situation "post-normale" décrite par Jerome Ravetz et Silvio Funtowicz (voir Ravetz dans ce volume). Cet article examine comment le GIEC a traité ce regard croissant,provenant en partie de la blogosphère et d'une attention plus marquée des médias. Il examine les différentes initiatives prises par le GIEC en réponse à la demande du public d'un comportement responsable et de transparence. La section II se concentre sur la réponse du GIEC au Cimategate en s'appuyant sur les déclarations de Pachauri, son président, qui s'exprimait au nom du groupe. L'article montre comment et pourquoi les commentaires et le comportement de Pachauri devinrent un problème majeur plutôt qu'une solution. La section III examine ensuite le diagnostic et les recommandations de l'IAC, diligentés sur mandat de l'ONU (NdA : du PNUE plus précisément, Programme des Nations unies pour l'Environnement, cofondateur du GIEC avec l'Organisation météorologique mondiale) pour mener un audit indépendant des procédures du GIEC et de sa structure de gouvernance. Etant donné que le GIEC travaille sous le "microscope du public" (comme le président du comité d'examen Harold Shapiro l'a qualifié lors de la remise du rapport), cet examen a conclu que "le sens de la responsabilité et le transparence doivent être considérées comme uns obligation croissante" (Shapiro 2010). Il conduisit à une nouvelle phase du processus de restructuration du GIEC et fut l'un des tournants du débat. L'article poursuit sur la façon dont le GIEC tenta de mettre en oeuvre les recommandations de l'IAC, en particulier sur la question de la confiance du public. Un bilan est fait sur la manière dont le GIEC réduisit la question de la confiance du public à celle de la communication scientifique, en essayant de se protéger du "microscope du public" sous lequel le groupe travaille. L'article conclut, en s'appuyant sur les concepts des sciences humaines appliquées aux sciences et sur la théorie délibérative, avec des remarques sur les changements nécessaires pour rétablir la confiance dans l'expertise du GIEC des publics variés du monde (section V).
Le Climategate : travailler sous le microscope du public.
Le Climategate commença avec le publication contreversée de correspondances professionnelles dérobées à l'un des centres de pointe de climatologie, le Climatic Research Unit (CRU) de l'université d'East Anglia, RU (Pearce 2010). Il se poursuivit avec avec la découverte d'erreurs et de distorsions dans le rapport 2007 du GIEC, supposé être la référence. Les médias se sont principalement focalisés sur l'annonce que les glaciers de l'Himalaya pourraient avoir fondu en 2035 et que plus de 55% de la surface des Pays-Bas était sous le niveau de la mer (alors que la surface actuelle est de 26 %)(PBL 2010; Schiermeier 2010).
La nature paradoxale de l'expertise du GIEC ?
Ces événements révèlent la nature paradoxale de l'expertise attribuée au GIEC en relation avec la politique internationale sur le climat (Beck 2011). Le GIEC a un mandat officiel afin de fournir une information pertinente utile aux les politiques impliqués dans les conférences des parties de la Convention cadre des nations unies sur le changement climatique (CCNUCC). Depuis sa création en 1988, le GIEC a produit quatre rapports d'évaluation extrêment fournis. En 2007, le changement climatique est devenu une priorité politique dans beaucoup de pays industrialisés. La même année, le prix Nobel de la paix fut remis conjointement au GIEC et au vice-président US Al Gore pour leur efforts de collecte et de dissémination d'un information plus importante sur le changement climatique anthropique (RCA). Alors que le GIEC revendique d'être neutre, ses conclusions s'inscrivent dans un contexte géopolitique hautement sensible dans lequel presque chaque information scientifique peut avoir des implications considérables sur les parties prenantes concernées. C'est un exemple du contexte "post-normal" décrit par Ravetz dans ce tome, lorsque les enjeux sont élevés. En faisant du réchauffement global un problème majeur, les déclarations scientifiques mettent en jeu des intérêts particuliers, rompent des relations sociales anciennes et remettent en question des modes de vie profondément ancrés. La possibilité d'adopter un traité international légalement contraignant pour infléchir les émissions de dioxyde de carbone a été reçu comme une menace directe envers la croissance économique dirable, le libre marché, la souveraineté nationale et la prospérité et le style de vie de l'American way of life (McCright et Dunlap 2003). Dès que les groupes de pression de l'automobile et du pétrole (principalement aux USA) réalisèrent que les conclusions du GIEC affectaient leurs stratégies industrielles, ils ont commencés à l'attaquer. A la fin des années 80, un petit groupe de sceptiques du climat ont commencé à nier les risques du changement climatique. Des groupes puissants d'intérêts corporatistes ont utilisé la stratégie du doute dans leurs campagnes de communication (Oreskes et Conway 2010). Leur stratégie sappa la preuve scientifique utilisée pour informer les politiques d'atténuer le changement climatique. Une indication indirecte et pourtant paradoxale de l'expertise du GIEC dans les cercles du pouvoir est le fait que beaucoup de groupes de pression ont investi une masse étonnante de ressources pour attaquer et discréditer les conclusions du GIEC. La stratégie du doute contribua à la politisation du débat scientifique sur le réchauffement global. Les controverses scientifiques sur les preuves du changement climatique se substituent aux batailles politiques pour savoir si et comment il fallait réagir au changement climatique (Pielke 2007). Les attaques contre le GIEC, paradoxalement, n'ont pas conduit à une perte d'expertise politique ou épistémologiques, mais au contraire, ont renforcé l'attention et ont donné plus d'importance aux rapports du GIEC qu'is n'auraient eu autrement, parce ce que toutes les parties impliquées ont agi comme si les politiques climatiques étaient décidées uniquement par la seule science (ibid.).
Des événements comme l'attribution du prix Nobel de la paix au GIEC et à Al Gore ont accru la conscientisation du public sur le changement climatique et ont obligé les décideurs politiques à examiner les options pour y répondre. Ce sceau officiel de reconnaissance a contribué à mettre le GIEC sur la scène mondiale. Il est alors devenu une cible de choix des critiques du public et de l'attention politique.
A l'écran, le tribalisme.
Le contenu des courriels dérobés et la découverte d'erreurs dans le rapport du GIEC furent immédiatement mis en avant par les médias de masse et conduisirent à des discussions enflammées dans la communauté virtuelle du public mondial. La section qui vient décrit rapidement comment le portrait du GIEC fut fait par certains blogs et journaux. Les médias surnommèrent très vite la publication des courriels dérobés le Climategate, le suffixe -gate, habituellement utilisé dans des controverses plus ordinaires, étant utilisé pour relier ce fait à la publication des "sales faits" de la Maison blanche lors de la présidence de Richard Nixon (Jasanoff 2010). Selon Mike Hulme et Jerome Ravetz, les courriels dérobés peuvent indiquer que certaines domaines de la climatologie "sont devenus sclérosés, que ses pratiques scientifiques sont devenues trop partisanes, que le financement, tant privé que public, a compromis les scientifiques "(Hulme et Ravetz 2009). Des divulgations récentes ont apporté une "foule d'inquiétudes sur le fait que le GIEC se serait perverti sur le fond par l'implication des scientifiques du GIEC dans les plaidoyers explicites pour une politique sur le climat, par des phénomènes claniques excluant les sceptiques, par l'hubris des scientifiques au regard d'une noble cause (Nobel), par l'alarmisme et par une attention insuffisante sur les statistiques de l'incertitude et la complexité des interprétations alternatives" (Curry 2010). Selon Curry, le contenu des courriels révèle des inquiétudes plus marquées "tels que la combinaison d'un groupe de pensée, de plaidoyer politique et un syndrome de la cause noble étouffant le débat scientifique, ralentissant le progrès scientifique et corrompant le processus d'évaluation" (ibid.). Un éditorial du journal britannique The Guardian a titré l'histoire du Climategate comme suit " Climatologie : vérité et tribalisme" (The Guardian 2010). A première vue, le mot tribalisme montre que les arguments et les voix des sceptiques du climat ont été repoussés "hors du débat" (ibid.). En même temps, ce terme est utilisé de différentes façon et reste flou. Il apparaît comme s'il était la métaphore accrocheuse pour tous les "péchés" attribués au GIEC (ibid.). La question reste ouverte de savoir qui est blâmé. Ravetz, par exemple, parle de "quelques individus qui dominent le GIEC" (Ravetz 2012a: 25). Il déclare aussi qu'ils se sont attribués le rôle de "gardiens autoproclamés" en réaction à deux décennies d'attaques (ibid.). Quand il se réfère au groupe qui domine à la fois les processus d'évaluation du GIEC et la revue par les pairs, Christy parle de "l'establishment"(Christy 2011) et affirme qu'il est "moins que transparent" et "sujet aux biais" (Christy 2011).
Il semble que cette opacité sur les personnes et les groupes impliqués est une partie de l'histoire du Climategate. Le tribalisme est aussi connecté à la "mentalité d'assiégés" (Pearce 2009). Selon The Guardian, le tribalisme se manifeste "en péchant par des revues partielles et une défense trop zélée de ses propres recherches"(The Guardian 2010). Différents commentateurs ont aussi pointé une stratégie commune à ce groupe, un système hautement élitiste et défensif pour définir ce qu'est l'information de fond, ce qui est biaisé ou mauvais et les interprétations appropriées et utiles. Sous le regard de certains commentateurs, les courriels dérobés montrent les efforts faits par "l'establishment" pour maîtriser la communication en ignorant, marginalisant ou supprimant les vues alternatives et les articles scientifiques dissidents, rendant même très difficile la publication de preuves alternatives (Christy 2010). Ces courriels suscitèrent des questions délicates sur la réalité de la revue par les pairs – la supposée référence en or- et dans quelle proportion les processus du GIEC en ont été affectés (Pearce 2010). Ces commentaires acerbes sont souvent choisis par les médias et nourrissent les articles des journaux grand public.
Mais cerise sur le gâteau, les faits entourant le Climategate montrent qu'il y a un fossé grandissant entre la domination du GIEC et les attentes exprimées par certains scientifiques blogueurs ou autres dans la sphère publique mondiale (cf. Ravetz 2012b; Pielke 2012), qui demandent des comportements plus responsables et plus de transparence en climatologie et dans les rapports d'évaluation. Ils demandent des formes de production de connaissances ouvertes et plus responsables plutôt que celle d'un GIEC "expert absolu" et "exclusif" (Hulme and Ravetz 2009).
@@@@@@
Suite à venir….
31 réponses à “Révision d’été sur le GIEC.”
Bon, il faut se lancer…
Face à l’omerta, il y a quand même des acteurs impliqués qui – apparemment – savent faire la part des choses. Même si la fonte de l’Arctique est indéniable, le commun des mortels l’attribue bien entendu au RCA. Ca colle avec les modèles du GIEC, donc la Nature n’a qu’à s’adapter !
Lisez toutefois ce commentaire que je trouve intelligent et avisé !
http://actualite.lachainemeteo…..;17675.php
Effectivement très bon article « objectif », presque surprenant de la part du site de Météo France, en général plus connu pour ces positions « mainstream » quand ce n’est pas « alarmiste » (ils ont plein de modélisateurs, ceci explique sans doute cela).
En attendant, braves gens, vous pouvez vous baigner dans la mer, aucun risque de montée soudaine des eaux, sauf « tsunami médiatique », dont on peut se protéger facilement.
pastilleverte (#2), sauf que… ce n’est PAS le site de Météo France.
Pensez-vous bien, ils ne vont pas gâcher une si bonne trouille réchauffiste, surtout que les occases pour ressortir l’apocalypse climatiques se font de plus en plus rares.
miniTAX (#3)
Et quand il n’y en a pas, on fabrique la fonte massive du Groenland.
Ce n’est pas la première fois que ce site pond un article objectif et pertinent sur un évènement météo ou climatique qui va à l’encontre de l’alarmisme climatique. Un bon point pour ce site.
Au Groenland la température moyenne inférieure à 0°C en juillet est limitée à la petite zone la plus élevée di centre sud ouest. Si la moyenne de cette année est supérieure de 2°C, l’ensoleillement a du être exceptionnel et il n’est pas étonnant d’observer une sur toute la surface une fonte satellitaire générale.
Qu’en est-il de l’ensoleillement du Groenland cette année?
Tout cela est bien sur une vaste blague (6) : The Conversion of a Climate-Change Skeptic
http://www.nytimes.com/2012/07…..wanted=all
il en faut bien quelques uns qui s’aperçoivent que les financements de recherche (surtout aux USA) proviennent plutôt d’un courant « mainstram » que d’un courant « sceptique ».
Mais c’est vrai, (à plus de 90% comme dirait le SPM du GIEC) , l’Homme est mauvais, la Nature est bonne, et vivement qu’il n’y ait plus que quelques millions d’êtres humains sur la bonne mère Gaïa (les purs, les vrais, les verts, i.e moi et vous, mais pas les autres)
PS et merci à MM Gengis Khan, Attila, Napoléon, Staline, Hitler, Pol Pot, Mao, famille El Assad, et quelques autres d’œuvrer ou d’avoir œuvré dans ce sens.
@Minitax : dont acte, et je me disais aussi, sauf que j’ai ce site en favoris avec une icône « Meteo France » et que les prévisions météo sont bien celles de la « grande maison », d’où ma confusion, désolé…
pour le fun je ne me lasse pas de narrer la rencontre avec une (visiblement) modélisatrice de MF à je ne sais plus quelle manifestation propagandiste « mainstream ».
Une belle animation sur un écran avec les « projections » des tendances au réchauffement vues par un modèle de MF(ça virait au rouge foncé à partir des années 2060/2070);
Et la charmante jeune femme de s’énerver car j’osais ne pas admettre que ce qui se déroulait sur l’écran était ce qui allait réellement arriver !!!
il est vrai que je n’étais, et ne suis toujours, qu’un simple « homme de la rue » sans aucune compétence ni connaissance tant mathématico modèlisatrice que climatologiques.
pastilleverte (#9), même pas ! 😉
La Chaîne Meteo n’utilise pas les prévisions de Météo France mais de Météo Consult, une petite boîte qui fait pour bien moins cher mais mieux (j’avais à une époque fait un comparatif de performances de prévisions à 3 jours entre les deux boîtes sur plusieurs semaines, Météo France est à la ramasse, notamment quand le temps est très changeant). C’est que l’armée de modélisateurs fonctionnaires de MF qui s’occupent de la « science » Nintendo du climat, il faut bien les nourrir.
pastilleverte (#2), objectif ? Une phrase comme celle-ci vous paraît objective ? :
Naomi objective ? ça se saurait !
Et celle-là :
Ben dis donc ! Si les attaques n’ont pas affaibli la crédibilité scientifique, alors c’est que je suis petit, roux, avec des grandes oreilles, et trois dents en avant ?!!!
Et je vous confirme qu’il n’est rien de tout cela 😛
PS Retour sur les ondes après un petit séjour en North Wales (magnifique)
scaletrans (#12)
Heureux de votre retour.
Bousquet de Rouvex (#11),
Cet article présente certaines faiblesses, dont au moins l’absence de typologie des climato-sceptiques où l’on pourrait distinguer : les fondations, les think tank, les lobbies, les blogs de scientifiques en exercice, les blogs de scientifiques à la retraite, les blogs de relecteurs de publis, les blogs de journalistes scientifiques, les blogs de journalistes scientifiques et écologistes, etc, etc … (Une typologie de l’autre coté serait utile également, pas sur qu’elle soit la même ).
Maintenant il ne faut pas se cacher que certaines industries ont effectivement financé des études/recherches/ campagnes de communication contre certaines mesures économiques qui risquaient de les impacter … (Moi je m’inquiète plus quand les entreprises sont masos …). La vraie question est : cela a-t-il eu de l’effet 1) sur le grand public, 2) sur les administrations, 3) sur les politiques, 4) sur le public qui s’intéresse au delà du journal de 20h, 5) sur d’éventuels relais Internet (blogs, sites).
Du lobbying , il y en a de l’autre coté. Pas les mêmes cibles pas les mêmes tactiques. C’est le jeu, on le connaît.
Le rapport de force ( plus les approches de base, plus certains faits bruts souvent désagréables comme l’état des finances publiques) font que les politiques vont plus ou moins s’impliquer ou discrètement reculer, en laissant aux administrations le soin de gérer le bidule.
Le vrai phénomène émergent et désormais bien installé est Internet avec les blogs et des réseaux de gens qui ne seraient pas rencontrés dans l’espace non informatique pour discuter ou relire à fond des articles.
Ensuite, il y a tous ceux qui doutent, qui sont-ils , quel est l’origine de leurs doutes ou de leur adhésion ? Vous croyez que c’est Exxon qui les a convaincus ? Moi-même, j’y aurais regardé à deux fois, mais je ne suis destinataire de leur prose.
Sur la question de la stratégie du doute (souvent alliée à la question cigarettes/cancer pour en rappeler l’origine), elle est vieille comme comme la politique. Ce qui est peut-être nouveau/récent, c’est l’utilisation de l’incertitude résultant de travaux scientifiques pour contrer des mesures économiques ou d’interdiction. Donc la question se déplace : nature ou origine de l’incertitude (statistique, complexité des phénomènes en cause, etc, etc …), déterminante pour continuer ou non, …. . A noter que la stratégie du doute a très bien fonctionné en Europe pour les OGM cultivés … mais que cela n’a pas accroché sur les nano-matériaux.
La stratégie du doute peut être orientée vers le grand public (OGM, ondes des téléphones portables, produits chimiques dans l’eau, …) ou envers les politiques (responsabilité, en jouant sur les risques pour leur image et donc à terme leurs scores électoraux,…), les stratégies et la visibilité pour le grand public ne sont pas les mêmes.
Et pour le grand public, c’est comme pour la pub, il commence aussi à connaître les trucs utilisés …
Et je pense qu’Internet a plus fait pour le développement du scepticisme sur les questions de climat dans le public que les actions de lobbying d’Exxon. De toute façon, Bush n’en avait pas besoin pour avoir sa propre idée.
Aux USA, le scepticisme est un aspect politique. En Europe, aucun parti de gouvernement n’est sceptique et aucun ne fait campagne dessus. D’où les difficultés de transpositions d’un coté de l’Atlantique à l’autre (et l’erreur fondamentale à ce sujet d’officines comme l’IDDRI).
Ce que la thèse de la « science post-moderne » met en lumière, est que les conditions de travail de certaines disciplines scientifiques ont radicalement changé et que leur travail se trouve fortement médiatisé, parce que sujet à controverses. Bien sur la controverse dure d’autant plus longtemps que l’activité génère d’imprécision ou d’incertitudes ou de discussions sur les méthodes employées… d’autant plus que certains scientifiques ou groupes de scientifiques ont utilisé et utilisent des stratégies de communication pour garder leur sujet (susceptible en général sauver des vies ou un bout de planète, dont légitime à répercuter pour les journalistes et trouvant généralement un public bien disposé voire militant pour accueillir correctement ces articles) …
Le hic non prévu en particulier dans le cas de la climatologie est que certains ont refait les calculs ou ont pu faire les leurs (c’est plus facile d’aller voir les données du GHCN que les gorilles dans l’Est de la RDC) : en gros faire des vérifications et les ont mises sur Internet. Et second hic, il y a eu un public pour cela (j’ai l’impression qu’il y a beaucoup d’ingénieurs ou de techniques d’ailleurs).
Tout cela gagnerait à être étudié d’un peu plus près, sans œillère.
Cet article n’est qu’un début.
Sur la seconde phrase sur le GIEC, pas de perte de légitimité : si il y en a eu du coté du public qui s’informe sur le sujet (d’autant qu’aux USA, les machins onusiens suscitent souvent de la méfiance a priori), mais aussi du coté des politiques (mandat donné à l’IAC et ensuite le résumé foireux du rapport sur les énergies renouvelable, erreur plus grave que de se tromper sur la surface des PB sous le niveau de la mer). Mais ce mandat a été un moyen de se protéger et de noyer le poisson : il a plutôt fait long feu pour le moment.
Pour le moment, le GIEC n’est pas officiellement tombé de son estrade mais les politiques brûlent vite ce qu’ils ont adoré : d’ailleurs, ils ont commencé avec les mesures conseillées dans la partie 3 (plus les questions d’adaptation …)
On verra bien avec l’AR5 : le travail, non structuré et fait ponctuellement sur l’AR4 par certains, a donné des méthodes et des indices pour chercher, mais cela demande des moyens important si tout doit être scanné (ce qui n’a pas été fait pour l’AR4…).
scaletrans (#12),
Tiens vous rentrez au début de l'automne !
Araucan (#14),
Je crois surtout qu’il ne faut pas oublier les fiascos de Copenhague, Cancun et Rio +20
…ainsi que ce qu’a dit Angela Merkel à la suite de Rio +20 :
En gros « nous avons appris que nous ne sommes pas seuls ».
C’était bien résumé, je crois. Et il est plutôt étonnant qu’elle ne l’ait apparemment pas réalisé auparavant.
Il est maintenant évident pour tous que les manips du GIEC et de l’ONU ne font pas et de très loin, l’objet du consensus attendu, même si quelques gouvernements des pays de l’Ouest (+ l’Australie) et surtout en Europe persistent (apparemment) dans la ligne.
Et même pour ce qui est de l’Europe, il me semble que le doute s’est bien installé. Notamment, depuis peu, en Allemagne (voir l’évolution de la presse), ce qui est assez surprenant.
Beaucoup de responsables politiques doivent quand même se demander à quoi servent leurs efforts dérisoires face au géants du BRIC (Brésil, Russie, Inde et Chine)…
Bob (#16),
L'article traite surtout de l'interaction et du lien entre science et public.
Les politiques sont plus finauds (on l'espère en tout cas) : ils doivent jouer une partie d'échecs en 3D : face à leurs électeurs, ceux de base et ceux qui peuvent changer d'avis, leurs pays alliés traditionnels, la réalité économique et les biens nommés pays émergents, qui mettent des bâtons dans les roues des pays de l'OCDE (en gros) : ils le font de manière d'autant plus jubilatoire que cela marche assez et qu'ils ont certains revanches de très longue date à prendre. Et ils ne veulent pas se faire promener par des groupes d'experts, même si et d'autant plus que la prééminence de la recherche US reste forte.
Tant que les "machins" des Occidentaux leurs rapportent quelque chose et leur permettent de contempler les occidentaux s'emmêler dans leurs contradictions… sans que cela leur demande de gros efforts, ils laissent filer sinon ils bloquent(cf COP15 et suivantes …) parfois avec l'aide des USA qui ne veulent pas se retrouver à payer sur tous les fronts.
Mais cela ne va pas durer en Europe (cf l'éclatement de la bulle verte panneaux et éoliennes, y compris en Allemagne) car cela coûte trop cher à tous les niveaux (installation, production et réseaux !). Idem pour les carburants renouvelables (production). Donc cela va être difficile d'aller vendre à l'extérieur un modèle quasi mort-né …Il faut bien comprendre que les politiques se cachent tant qu'ils peuvent derrière les groupes d'experts et donc les utilisent : cela leur évitent d'être en première ligne si cela tourne mal et leur permet d'avoir une première ligne de défense (on va faire un audit du machin).
Si le public (l'électeur) est trop faché, ex taxe carbone en France, ils trouvent les prétextes pour être contre (l'opposition) ou abandonnent en rase campagne le projet (la majorité) et l'on explique aux ONG que l'électeur n'est pas ocntent. Quand le système mis en place est moins direct (ETS), on raboute les morceaux tant qu'il rapporte (ou que le scandale n'est pas trop visible).
Pour moi, la plus grosse erreur du GIEC est de s'être laissé entrainer dans la rédaction du chapitre 3 de loin le plus politique et qui relevait d'un groupe de travail de la CCNUCC. Déjà que le 2 était risqué … Le 1 était logique dans les processus science/politiques publiques actuels mais moins sexy dans la perspective de faire bouger le monde …
Araucan (#15),
Effectivement, il ne faisait pas plus chaud à Nantes qu’au départ de Manchester.
Ceci étant, l’instillation du doute chez les personnes d’un certain niveau de formation n’est pas chose facile. Auprès de ces personnes, le consensus scientifique – apparent, mais perçu comme réel, sur le « réchauffement anthropique » possède un pouvoir difficile à combattre.
Lors de cette réunion qui se passait au Pays de Galles du Nord, entre partenaires du projet européen Atlanterra sur la sauvegarde et la valorisation du patrimoine minier, j’ai eu l’occasion de discuter avec un ami agrégé de géographie; c’est un garçon charmant et très intéressant, ses présentations de l’histoire technique, sociale et économique des ardoisières françaises ont d’ailleurs été longuement applaudies, mais on sent bien que, pour l’instant, il s’en remet à la (soi-disant) compétence climatique des scientifiques qu’il connaît. Cependant, comme c’est un homme foncièrement honnête, je lui ai communiqué l’adresse de Pensée Unique, en espérant que cet excellent site pourra lui ouvrir les yeux.
Marot (#13), +2 !! 😛
scaletrans (#18),
Effectivement ce n’est pas facile (encore que cela a très bien marché pour les OGM …). Dans ce cas (et dans tous d’ailleurs), si l’on veut que la porte s’ouvre à plus de réflexion sur le sujet, il est préférable d’éviter la méthode marteau pilon et de trouver le point qui fera réfléchir l’interlocuteur(1) … (par exemple les aspects historiques s’il est sensible à l’histoire et à la difficulté à la reconstitution de celle-ci). Si c’est un ingénieur, parler des questions de mesures ! , etc, etc, …
(1) il y a aussi des dispositions propres à chaque individu et notamment son rapport à l’autorité ou l’adhésion à un groupe … mais bon, je ne me sens pas trop en mission de ce coté là …. regarder l’évolution du phénomène RCA y compris avec ses cotés politiques m’amuse plus que de militer contre (ce qui implique autre chose qu’un simple site où l’on discute, ce qui est déjà pas mal de ma part).
Araucan (#20),
La grande majorité des gens qui sont devenu climato-sceptiques au cours des années passées, le sont devenu parce qu’ils se sont donné le mal de réfléchir à la question, explorer les données, les théories, les articles, les rapports et les observations etc.
Exactement comme l’a déclaré et fait Fritz Vahrenholt, entre beaucoup d’autres.
Beaucoup de scientifiques font, a priori et en l’absence d’une connaissance approfondie du domaine, confiance à leurs collègues et ne soucient pas d’aller vérifier ou contester leurs travaux.
Rares sont ceux qui osent transgresser la ligne rouge virtuelle qui sépare les disciplines traditionnelles. « Publish or perish » est leur devise qui interdit tout curiosité et toute sortie de leur propre spécialité.
Pourtant, pour convaincre un scientifique, il n’y a qu’une seule solution: L’inviter à regarder les choses de plus près, à assister aux conférences sur le sujet etc.
En l’occurrence, s’ils se décident à le faire, par exemple à l’approche de la retraite, le scepticisme et le doute sont pratiquement garantis, tant cette « science » apparaît rapidement comme hasardeuse et incertaine aux pratiquants des autres disciplines.
miniTAX (#10),
Non vraiment, avec l’indecrotable Pascal Scaviner et son anticyclone… blanc bonnet et bonnet blanc ces deux la…
Bob (#21),
ça ne suffit pas toujours, car il y a aussi de la contre publication semblant dé crédibiliser les publications dites sceptiques, il faut être honnête, sur le plan scientifique ce n’est pas tranché ( et c’est là le problème), ce qui peut toucher les scientifiques à mon point de vue c’est par contre l’évidence du biais de pensée…le meilleur exemple est pour moi un article sur la mise en évidence d’une réchauffement historique du Groenland…mais qui n’est pas de même nature que le réchauffement global.
lemiere jacques (#23),
Je ne comprends pas : » ça ne suffit pas ».
Je n’ai pas dit qu’il fallait ne regarder tel ou tel versant de l’affaire mais, si possible, la totalité des données disponibles avant de se faire une opinion.
Mais, effectivement, il vaut mieux être scientifique pour pouvoir le faire. Et c’est des scientifiques que je parlais.
Quant à dire que ce n’est pas tranché, c’est une question de point de vue. Rien d’autre.
Bousquet de Rouvex (#19),
Perso jeune ouvrier libertaire , lecteur des rubriques de Reiser sur l’énergie solaire j’ai fait partie d’un groupe local d’une association pour la promotion de l’énergie solaire ( Groupe Hélio -Thechnique )
Bon , a l’époque nos capteurs on les remplissait d’air , puis d’azote … par la suite certains industriels ont sorti une gamme de panneaux tubes sous vide
air sec a humide : une partie de l’énergie reçue par le soleil se perd par convection à travers le verre (rendement a la baisse avec un capteur embué )
Azote : meilleur rendement du » corps noir ou gris » constituant du capteur
Vide : pas de soucis de convection par le verre
Bref c’est ce coté vu par un constructeur curieux que cette histoire de RCA du au CO2 me parait pas crédible ( suivant les lois de la thermodynamique )
Daniel (#25),
conduction, pas convection, principe de la bouteille de verre thermos.
Bob (#24),
ça ne suffit pas pour convaincre un scientifique sur la question du rca, (on devrait dire RCCA réchauffement climatique catastrophique anthropique!) mais on peut convaincre les gens que le degré de certitude annoncé par le giec est excessif ou que les gens ont des biais de pensée.
Lire la totalité de la littérature climatologique quand on est pas climatologue….je suis dubitatif…sans compter que la majeure partie des articles sont inaccessibles à moins de payer.
Pour le reste comme quasiment tout est modèle dépendant, que les modèles à ce niveau de complexité sont des objets obscurs, la conviction se fait presque de façon irrationnelle, on adhère ou non à a la foi dans ces modèles et par là à la théorie du rca.
Ah si la paléo peut faire douter des gens…
vous dites donc que c’est tranché mais qu’est ce qui est tranché??
je trouve vraiment que le point en question est le fait de prétendre changer une hypothèse en vérité prouvée.
.
Ce qui va trancher c’est ce qui va se passer…
@ minitax
vous avez raison, comme d’hab,
sauf que quand je vois sur la page d’accueil « prévisions Meteo Fance à 12 jours », y’a de quoi se tromper, non ?
@ Bousquet#11
excusez-moi, mais je n’arrive pas à trouver les passages que vous reprenez dans le lien fourni par Gilles des Landes.
Peut être un autre article de ce site, mais pas celui sur la « fonte de la calotte glaciaire du Groenland »
La prochaine fois je fais directement un copier-coller dudit article, mais ça risque d’encombrer …
Non, le Groenland n’a pas fondu !
Angmagsalik – Groënland – Danemark
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Dernière modification le samedi 28 juillet 2012 à 13h05
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Débacle / Dégel
Non, le Groenland n’a pas fondu ! Groenland Groenland Groenland
Le satellite mesure le dégel de surface
La NASA a rendu publiques des images du satellite laissant apparaître l’étendue de la fonte de surface des glaces du Groenland. La comparaison établie entre le 1er et le 12 juillet semble impressionnante (notre première cartographie), donnant l’impression que les glaces du Groenland » ont fondu » en quelques jours, ce qui est absolument impossible.
Un glacier qui se brise
La semaine précédente, la langue terminale du glacier Petermann, descendant au nord-ouest du Groenland, à 1000 km du pôle Nord, s’est rompue, glissant alors vers la mer en formant un gigantesque iceberg dont la surface équivaut à deux fois la ville de Paris. Ce phénomène naturel, nommé » vêlage » glaciaire, se produit régulièrement au Groenland ainsi qu’en Antarctique, créant des icebergs qui dériveront ensuite en mer, au grè des vents et des courants.
La conjonction de ces deux phénomènes, qui ne sont pas liés, à suscité de vives réactions, comme de croire que le Groenland fondait.
La surface du Groenland dégèle en été et regèle en automne
Le Groenland peut être comparé à une immense calotte glaciaire (Inlandsis) dont la superficie est de trois fois la France. Cette glace atteint 3000 mètres d’épaisseur au milieu, et glisse lentement vers la mer, comme nos glaciers alpins descendant vers les vallées. 95 % de la surface du Groenland est recouverte de glace, le reste étant la bordure littorale rocheuse ou herbeuse.
Tous les étés, sous l’action du soleil, la surface de glace et de neige dégèle (à l’image des neiges de haute montagne en été) sur 40 à 50% de la superficie du Groenland ( il s’agit donc d’une surface, et non pas du volume de glace).
Cette été, une anomalie chaude de +2°C persiste sur le Groenland depuis le mois de mai, ce qui a accéléré le dégel de surface ainsi que la fonte de la banquise (glaces flottantes sur la mer environnante). C’est ainsi que 97% de la surface du Groenland connait, à priori, un dégel de surface actuel, au lieu des 50% habituels.
Des cycles naturels qui ne menacent pas la calotte glaciaire pour l’instant
De tels étés chauds, accélérant le dégel de surface, se produisent par cycles, le dernier optimum datant des années 1880 à priori. Par conséquent, la calotte glaciaire du Groenland n’est pas menacée par ce dégel de surface, d’autant plus que l’eau de fonte regèlera très rapidement dès la mi-septembre, au moment où les jours diminuent à ces hautes latitudes.
Cette phase de réchauffement pourrait devenir préoccupante si elle était amenée à se poursuivre durablement : sur plusieurs décennies et siècles, la fonte provoquerai inévitablement une perte de volume de la calotte glaciaire, avec un apport d’eau douce important dans l’océan et la formation d’icebergs plus nombreux (car les glaciers continueraient à se morceller). Mais l’inertie du Groenland est telle que ce scénario n’est pas envisageable à ce jour. Quant à l’Antarctique, dont la calotte glaciaire est 10 fois plus vaste, il ne craint rien, avec même un épaississement de la masse de glace en raison de chutes de neige plus abondantes sur sa surface.
pastilleverte (#29), Mes citations proviennent simplement du texte de Beck présenté en haut de cette page !