Témoignage de John Christy à l’EPW

Traduction du billet de Judith Curry publié le 1 Août, 2012 par Marot. Le témoignage de John Christy au Comité sénatorial de l’environnement et des travaux publics (USA) est ici [témoignage Christy 2012 ].

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Résumé des points principaux:

  • 1. Il est à nouveau courant d’affirmer que les événements extrêmes, tels que la sécheresse actuelle au centre des États-Unis, sont des preuves du changement climatique d’origine humaine. En fait, la Terre est très grande, le temps est très dynamique et les événements extrêmes continueront de se produire quelque part naturellement, chaque année. Les « extrêmes » récents ont été dépassés au cours des décennies précédentes.
  • 2. Le taux moyen de réchauffement de 34 modèles CMIP5 du GIEC est supérieur à celui des observations, ce qui indique que les modèles sont trop sensibles au CO2. Alors que les variations d’année en année sont les plus dommageables, une politique basée sur les observations sera probablement beaucoup plus efficace que des politiques fondées sur des sorties spéculatives de modèles, indépendantes de ce que sera le climat à venir.
  • 3. De nouvelles découvertes expliquent une partie du réchauffement constaté dans les ensembles de données traditionnelles de températures de surface. Ce réchauffement partiel n’est pas lié à l’accumulation de chaleur due aux gaz à effet de serre supplémentaires, mais lié au développement humain autour des stations de mesure. Cela signifie que les ensembles de données de surface traditionnels sont limités en tant qu’indicateurs pour l’effet de serre.
  • 4. Les rapports de consensus largement diffusés par des «milliers » de scientifiques ne sont pas représentatifs de la science du coût de l’énergie pour les citoyens.
  • 5. Le CO2 atmosphérique est la nourriture des plantes ce qui veut dire nourriture pour les personnes et les animaux. Plus de CO2 signifie généralement plus de nourriture pour tous. Aujourd’hui, l’énergie à prix abordable à base de carbone est un élément clé pour sortir les gens de la pauvreté écrasante. La hausse des émissions de CO2 sont par conséquent une indication de réduction de la pauvreté qui donne de l’espoir à ceux qui vivent maintenant à la marge, privés de l’électrification, des transports et de l’industrie. En outre, l’énergie moderne, à base de carbone réduit le besoin de déforestation et soulage d’autres problèmes environnementaux tels que l’eau et la pollution atmosphérique. Jusqu’à ce qu’une énergie abordable soit développée à partir de sources non carboniques, le monde continuera d’utiliser le carbone comme source d’énergie principale comme c’est le cas aujourd’hui.

Les points 1 et 2 (en particulier) contiennent des analyses nouvelles et importantes.

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#1 Les événements extrêmes

En ce qui concerne les événements extrêmes: Christy présente quelques analyses d’événements de chaleur et de froid intenses que je n’ai pas vus précédemment. Il donne aussi des analyses de chutes de neige, de sécheresse et d’incendies de forêt.

Pris dans son texte:

Récemment, il est devenu courant d’essayer d’attribuer certains événements extrêmes à une cause humaine. Comme la Terre est très grande et que le temps qu’il fait est très dynamique en particulier à l’échelle locale, il se fait que des événements extrêmes d’un type ou d’un autre auront lieu chaque année quelque part sur la planète. Comme il existe d’innombrables façons de définir un événement extrême (p. ex. enregistrement de températures hautes/basses, nombre de jours d’une certaine quantité, total des précipitations en 1, 2, 10 … jours, quantité de neige, etc.) ceci nous garantit qu’il y aura de nombreux « événements extrêmes » chaque année parce que chaque année a des conditions météorologiques uniques. Ce qui suit évalue certains des « événements extrêmes » récents et démontre pourquoi ce sont de pauvres indicateurs pour faire des allégations de causalité humaine. Dans une perspective large où l’on considère tous les extrêmes ci-dessus, nous devrions voir une mise en garde : le système climatique a toujours eu en lui la capacité de causer des événements dévastateurs et ceux-ci vont certainement continuer avec ou sans l’influence humaine sur le climat.

Ainsi, les sociétés devraient planifier des projets d’infrastructures pour affronter le pire que nous savons déjà s’être produit et reconnaître que des événements encore plus graves doivent être prévus dans un tel système dynamique. En d’autres termes, l’ensemble des événements extrêmes mesurés dans la petite histoire du climat que nous avons, depuis 1880 environ, ne représentent pas la gamme complète des événements extrêmes que le système climatique (c.-à-d. mère nature) peut effectivement produire. Les 130 plus récentes années sont tout simplement un petit échantillon de la longue histoire du climat de notre ère actuelle. Il y aura certainement des événements dans le siècle à venir qui dépasseront l’ampleur des extrêmes mesurés dans les 130 dernières années dans de nombreux endroits. Pour le dire autrement, un grand pourcentage des pires extrêmes au cours de la période de 1880 à 2100 auront lieu après 2011 simplement par probabilité statistique sans aucun appel à un forçage de l’homme. Les records sont faits pour être battus. Allant plus loin, on peut supposer que 10 pour cent environ des records extrêmes qui se produisent sur une période de mille ans se terminant en 2100 devraient se produire dans le 21e siècle. Sommes-nous prêts à faire face aux événements encore plus graves que ce que nous avons vu jusqu’à présent? Dépenser pour créer une résistance à ces extrêmes qui viendront sûrement, en particulier les extrêmes de sécheresse et d’inondations, me semble plutôt prudent – car il n’y a pas de moyens humains pour les faire disparaître et peu importe ce que certains régulateurs peuvent croire.

#2 Simulations CMIP5 des modèles climatiques du GIEC

Voici la superproduction:

Dans la figure 2.1 ci-dessous, j’ai affiché les résultats des 34 dernières simulations de modèles climatiques de la température mondiale qui seront utilisées dans la prochaine évaluation sur le changement climatique AR5 du GIEC (KNMI Climate Explorer). Toutes les données font référence à 1979-1983, c’est à dire sur la même ligne de départ. En plus de ces exécutions de modèles, je montre leur moyenne (ligne noire épaisse) et les résultats des observations (avec des symboles). Les deux résultats basés sur des satellites (cercles, UAH et RSS) ont été ajustés proportionnellement pour qu’ils représentent les variations de surface comparant des pommes avec des pommes.
Il est manifeste que les modèles montrent en moyenne plus de réchauffement de la planète et pas un peu, ce qui implique qu’on devrait avoir peu de confiance que les modèles peuvent répondre à la question posée par les décideurs. Fonder la politique sur les cercles (c.-à-d. les données réelles) semble plus prudent que de fonder la politique sur la ligne épaisse de sortie des modèles. Les politiques fondées sur les cercles devrait inclure l’adaptation aux phénomènes extrêmes qui vont avoir lieu parce qu’ils ont eu lieu auparavant (comme dit ci-dessus et ci-après) parce que la tendance sous-jacente est relativement faible.
D’abord, j’ai essayé de comprendre exactement comment cette figure a été créée. Je suis allée à la page web de CMIP5. Il semble que Christy a en quelque sorte épissé les simulations historiques (1850 à au moins 2005) avec les projections (dans ce cas le scénario RCP4.5). Compte tenu de cet épissage apparent, je n’ai pas de certitude sur le bel aspect de ces courbes. Jusqu’à ce que j’obtienne des éclaircissements de Christy, je vous conseille de ne pas trop lire dans les courbes au-delà de, disons la période 2005-2010. Je ne sais pas non plus si ces simulations comprennent des simulations couplées avec le cycle du carbone.
J’ai vu les résultats de quelques-unes des simulations de modèles climatiques de CMIP5, mais pas la synthèse de tous les modèles. En supposant que la figure de Christy a été mis en place correctement (au moins jusqu’en 2005), nous voyons que les modèles sont globalement biaisés vers le haut, avec un écart plus grand qu’on le voyait dans CMIP3/AR4 (cela a été discuté dans un fil récent). Notez que tous les modèles CMIP3/AR4 produisent des résultats qui correspondent à peu prèsaux observations (voir Fig 9.5 ). Étant donné que les simulations CMIP5 utilisent des modèles et des données de forçage meilleurs, comment pouvons-nous expliquer le biais plus grand et la répartition dans CMIP5?

Dans mon article Uncertainty monster, j’ai attribué cet accord dans CMIP3 à un raisonnement circulaire dans lequel les données de forçage avaient été choisies par chaque groupe de modélisation pour produire un bon accord avec les séries temporelles observées. Hegerl et al. s’est cordialement opposé à notre analyse, bien que les courriels semblent appuyer mon argument. Sur la base de ce que j’ai entendu, leur explication de la répartition plus large et les grands biais semble être liée à la façon dont ils incluent l’effet indirect des aérosols (et s’ils sont bien inclus). Je vais réfléchir à la totalité des simulations historiques remontant à 1850. Le CMIP5 a une conception expérimentale bien meilleure que CMIP3 et il y a moins de latitude dans le choix des forçages pour mettre les simulations en accord avec les observations. C’est ce que je pense qu’il se passe avec le biais de haut depuis 1985 environ montré dans la figure de Christy.

Les modèles sont trop sensibles au CO2, en raison d’une rétroaction très forte de l’eau (cette rétroaction de la vapeur d’eau vient des approximations utilisées à partir de modèles climatiques qui provoquent l’accumulation d’erreurs dans les simulations climatiques longues). Si l’effet indirect des aérosols (négatif) est très fort, il peut contrer cette rétroaction hyperactive positive de la vapeur d’eau. Je me souviens d’un document de Rostayn (il y a environ 10 ans, je ne peux pas le trouver facilement) qui disait qu’inclure un effet indirect des aérosols, sans inclure des aérosols entièrement interactifs (avec des puits) produirait un effet indirect des aérosols trop grand. Donc, en principe, deux erreurs (rétroaction positive hyperactive de l’eau et négative de l’effet indirect des aérosols) peuvent s’annuler (c.-à-d. être en accord avec les observations).


Conclusion de John Christy.

La forte dépendance du GIEC envers les simulations des modèles climatiques semble moins justifié avec les simulations CMIP5 qu’avec les simulations CMIP3 (où je fus une des personnes trompées par l’accord fort entre les simulations du 20e siècle et les observations d’anomalies de la température mondiale dans AR4). L’effet psychologique sur les décideurs de ce désaccord et de la plus grande dispersion des modèles sera intéressant. J’espère que cette amélioration de la caractérisation de l’incertitude des modèles conduira à un plus grand soutien des études fondées sur l’observation pour déterminer l’attribution et la sensibilité et mettra davantage l’accent sur l’assemblage et le nettoyage des enregistrements historiques et le développement de nouveaux paléo-indicateurs. Et en ce qui concerne les événements extrêmes, nous avons besoin de voir plus d’analyses régionales comme Christy en a fait. L’analyse de Christy renforce l’idée que de nombreux types de phénomènes météorologiques extrêmes étaient plus extrêmes dans les années 1930 et 1950.

@@@@@@

1.  scaletrans | 5/09/2012 @ 12:24 Répondre à ce commentaire

Je viens de mettre en lien cet article pour une quarantaine de correspondants… qui ont obtenu le placard « logiciel malveillant ». Je leur ai envoyé le texte suivant, mais il faudrait vraiment faire quelque chose:

Vous avez sans doute eu ce genre d’avertissement en essayant de vous connecter au site climatologique Skyfall dont je vous ai donné le lien il y a quelques minutes.

C’est un problème récurrent. D’après l’auteur du site, c’est du à une version trop ancienne de WordPress. En fait, il n’y a aucun logiciel malveillant, mais on pourrait penser qu’un hacker essaye de le faire croire: en effet, des hystériques anglo saxons du réchauffement ont décidé il y a quelque temps de « hacker » les sites « climato sceptiques ».
Il y a moyen de palier à ce problème en paramétrant votre navigateur, sinon, il suffit de cliquer sur « poursuivre quand même ».
Quoiqu’il en soit, je vais proposer aux divers intervenants du site de réunir les fonds nécessaires pour acquérir un logiciel plus récent.

2.  Bousquet de Rouvex | 5/09/2012 @ 15:46 Répondre à ce commentaire

scaletrans (#1), si je peux me permettre : « pallier ce problème » serait meilleur… smile

3.  pastilleverte | 5/09/2012 @ 16:50 Répondre à ce commentaire

@scalentrans + 1 (pallier)

4.  miniTAX | 5/09/2012 @ 17:41 Répondre à ce commentaire

« Acquérir un logiciel plus récent », késako ???
Wordpress, c’est gratuit…
Aucun message « logiciel malveillant » de mon côté (IE 9, Firefox version début 2012).

5.  Araucan | 5/09/2012 @ 20:32 Répondre à ce commentaire

Pas de message et rien de signalé par Google sauf un manque de SSL ?
Pas d’instrusion repérée sur le site non plus.

6.  scaletrans | 5/09/2012 @ 20:37 Répondre à ce commentaire

Bousquet de Rouvex (#2), pastilleverte (#3),

Oui smile

7.  scaletrans | 5/09/2012 @ 20:41 Répondre à ce commentaire

Araucan (#5),

J’utilise Chrome et ai décoché « Activer la protection contre le phishing et les logiciels malveillants ». Cela doit dépendre des navigateurs, c’est un de mes correspondants qui m’a signalé le problème… mais ça nuit à la crédibilité.

8.  Araucan | 5/09/2012 @ 21:12 Répondre à ce commentaire

Pas de message et rien de signalé par Google sauf un manque de SSL ?
Pas d’intrusion repérée sur le site non plus.

Et Ok avec MiniTax, ce n’est pas une question de logiciel.

9.  Araucan | 5/09/2012 @ 21:21 Répondre à ce commentaire

scaletrans (#7),

Ou alors c’est un truc qui traine depuis mai dernier.

10.  Araucan | 5/09/2012 @ 21:24 Répondre à ce commentaire

scaletrans (#7),
Et pas de problème depuis Safari ni avec mon poste professionnel qui est derrière un firewall bétonné.

11.  Marco33 | 5/09/2012 @ 22:37 Répondre à ce commentaire

Araucan (#10), J’ai ce problème (j’utilise Chrome) depuis plusieurs semaines et ce systématiquement avec quelque fois après validation de la 1ère fenêtre, une même 2éme fenêtre d’alerte.
Pour un visiteur, cela dissuade d’aller plus loin.
Il se peut d’ailleurs que cela ait un impact sur le taux de fréquentation du site.

12.  Araucan | 5/09/2012 @ 22:58 Répondre à ce commentaire

Marco33 (#11),

Bon, je vais enquêter pour voir comment récupérer un certificat SSL (et combien cela coute …).

13.  Araucan | 5/09/2012 @ 23:13 Répondre à ce commentaire

Marco33 (#11),

Voici ce que me dit Google
Dear Webmaster,

The host name of your site, https://skyfall.fr/, does not match any of the « Subject Names » in your SSL certificate, which were:

(suit une longue liste de sites ayant peu de rapports avec le RCA …

This will cause many web browsers to block users from accessing your site, or to display a security warning message when your site is accessed.

To correct this problem, please get a new SSL certificate by a Certificate Authority (CA) with a « Subject Name » or « Subject Alternative DNS Names » that matches your host name.

Suite à l’attque de mai, j’ai changé certains aspects du site ce qui explique certainement ce problème de certificat.

14.  Araucan | 6/09/2012 @ 0:10 Répondre à ce commentaire

Marco33 (#11),

En complément, il semblerait que cela provienne du fournisseur d’accès et que l’on ne soit pas les seuls …

http://forum.ovh.com/showthread.php?t=77311
http://travaux.ovh.com/?do=details&id=7220

15.  Marco33 | 6/09/2012 @ 19:22 Répondre à ce commentaire

Araucan (#14), éh bé :I
Cela devient technique et ce serait un problème qui pourra être résolu mais cela a-t-il un coût?
Bon courage en tout cas!

16.  Araucan | 6/09/2012 @ 22:07 Répondre à ce commentaire

Marco33 (#15),

La solution serait
– soit de changer d’hébergeur
– soit de passer sur un serveur dédié virtuel ou non et prendre un certificat SSL …

17.  Bousquet de Rouvex | 7/09/2012 @ 19:54 Répondre à ce commentaire

Pour revenir au texte ci-dessus, qui donne son titre à la page, je me demande s’il n’y a pas une erreur dans le sous-titre : « conclusion de John Christy » : ne serait-ce pas plutôt : « conclusion de Judith Curry » ? Pour une meilleure compréhension…

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