La tempête, la science et le politique


par Benoît Rittaud.

La tempête Juno qui, finalement, ne s’est pas abattue sur la ville de New York préfigure ce qui, à mon sens, sera l’issue de la controverse sur le climat.

Au départ, nous avons un ingrédient désormais classique : un service de météorologie qui annonce un événement potentiellement grave. En l’occurrence, le National Weather Service américain, qui prévoit une tempête record sur New York pour le début de la semaine. Affolement général, prises de décisions politiques draconiennes : à l’heure où doit passer la tempête, New York se fait ville morte. Et finalement, la catastrophe n’a heureusement pas lieu : un peu de neige et de vent, mais rien qui ressemble à un désastre comme Sandy. Tant mieux, bien sûr.

Que s’est-il passé ensuite ? Trois réactions nous le disent, qui synthétisent très bien ce à quoi nous devrons nous attendre lorsque, dans quelques temps (par exemple après la Bérézina qui attend Paris Climat 2015), les promoteurs du « dérèglement climatique » seront à leur tour sur la sellette. Ces réactions sont tirées de cet article, comme quoi il ne faut désespérer de rien : même les pages Planète du Journalderéférence peuvent parfois être utiles.

Première réaction : celle d’un météorologue, Gary Szatkowski :

Vous avez pris beaucoup de décisions difficiles pensant que nous avions raison, et ce n’était pas le cas. J’en suis désolé.

C’est là une réaction vraiment scientifique : on s’est trompé, on le reconnaît sans fard. Quand on lit ça, on a envie de dire à Gary que ok, tu t’es trompé et tu le regrettes, alors on passe l’éponge. Maintenant, retourne bosser et fais-nous un meilleur modèle météo pour ne pas commettre d’erreur le prochain coup.

Deuxième réaction : celle du directeur du service météo, Louis Uccelini, qui, selon Le Monde, « a rappelé que la science des prévisions météo comportait toujours des incertitudes ». On est déjà plus proche d’un mode de communication comme celui du GIEC, qui consiste à se dédouaner de toute responsabilité sur la base des « probabilités ». Ces dernières deviennent le moyen commode de ne jamais être comptable de ses erreurs, tout en utilisant la posture des « sachants » :

Nous devons énoncer ces incertitudes clairement de manière à ce que les responsables puissent évaluer le risque.

Troisième réaction : celle du maire de New York, Bill de Blasio :

Mon travail est de prendre des décisions, et je privilégierai toujours la sécurité. Sur la base des informations que nous avions tous, il fallait prendre ces mesures extraordinaires de précaution.

En bon politique, il n’a rien à se reprocher. Il a fait ce qu’il fallait, et le justifie à l’aide du magique principe de précaution. Les coupables ? Cherchez-les donc chez les scientifiques : « La tempête n’a pas été aussi grave que l’avaient prédit les météorologistes » (sic : au Monde, on ignore apparemment que meteorologist se traduit par météorologue — bon, c’est vrai que c’est quand même les pages « Planète »…), ajoute le gouverneur de l’État de New York, Andrez Cuomo.

Ainsi donc, mesdames et messieurs les climatologues carbocentristes, songez-y lorsque vous croyez trouver en les politiques des alliés fidèles : le jour où il sera patent que le GIEC se trompait, vous pouvez compter sur eux pour vous faire porter toute la responsabilité des conséquences fâcheuses des décisions qu’il aura encouragées. Eux, ils sauront s’en tirer. Vous, j’en doute. Bonne chance à toi, Gary : les plus humbles ne sont pas toujours ceux qui s’en sortent le mieux.


21 réponses à “La tempête, la science et le politique”

  1. Vous aviez aimé Sandy, vous auriez du adorer Juno, dérèglement bouleversement, changement, chaos climatique oblige.
    Mais ne désespérons pas, Ben, nous ne somme que le 29 janvier et 2015 a encore de bons, enfin de mauvais jours devant elle, par exemple, en décembre, à Paris ?

  2. le jour où il sera patent que le GIEC se trompait,

    C’est déjà le cas. Il faudra juste encore quelques mois (années ?) pour qu’ »ils » s’en aperçoivent.

  3. oh faut pas être trop dur…
    si il y une question c’est la comparaison des conséquence avec ou sans action à l’aune bien sur de la probabilité de l’événement…

    mais bon ..on est quand même dans du très possible… si on ne prend des précautions que quand il se passe quelque chose…ce ne sont plus des précautions .

    Le principe de précaution est une connerie certes mais pour autant…ces gens n’ont pas trop déconné..la presse en annonçant un monstre et en oubliant les conditionnel est plus fautive mais elle l’est toujours désormais en matière de météo… »voyons mesdames messieurs le temps qu’il FERA demain »..huh…

  4. Et hier soir, dans l’ouest parisien, une jolie tempête de neige localisée dans la région de Trappes, Louveciennes. A Saint Germain rien. A la météo non plus!

  5. luc (#4),

    Il neige encore, ça craint.

    Je suis étonné pour Louvecienne, c’est plus près de la Seine et de St Germain que de Trappes.

  6. Eux [les politiques], ils sauront s’en tirer. Vous [GIEC], j’en doute.

    Pour les premiers, c’est : « Pile, je gagne. Face, tu perds ! » 😈

  7. Nicias (#5),
    çà s’est arrêté, car ce matin, il a enfin neigé sur Saint Germain. D’après meteofrance; cela devrait reprendre ce soir… 🙄

  8. Je n’ai pas suivit l’affaire de près mais ce qui m’a étonné, c’est qu’il arrêtent le métro pendant 10 heures.

    Je ne sais pas ce qu’ils ont décidé d’autre mais on ne prend pas ce genre de décision à la légère. A priori, empêcher les gens de se déplacer a des conséquences sanitaires entre autre.

  9. maire de New York, Bill de Blasio : « Mon travail est de prendre des décisions »
    Goethe : « rien n’est pire que l’ignorance en action ».

    Les gens de New York ont perdu des milliards $ pour cause d’inactivité forcée « grâce » à son tocard de maire gauchiste.
    Ils payeraient de Blablasio à rester en résidence forcée pour qu’il arrête de prendre des décisions stupides, ils gagneraient des milliards par jour.

  10. Je partage un peu votre avis, mais vous êtes tout de même trop sévère. Il y a bel et bien eu de grosses chutes de neige dans le nord-est des Etats-Unis , les métérologues ne se sont trompés « que » sur la localisation exacte de cette tempête.
    On ne peut pas reprocher à De Blasio d’être ignorant en prévi météo, ce n’est pas son job. S’il n’avait pas pris de mesures et que NY avait été touchée comme prévu avec une belle pagaille à la clé, il aurait été encore plus critiqué.

  11. Hug (#11), il ne s’agit pas ici vraiment de critiquer ce qui s’est passé à New York, mais d’utiliser l’événement comme une préfiguration. Pardon si ce n’est pas assez clair.

  12. Hug (#11),
    New York n’est pas Paris. NY reçoit de bonnes quantités de neige presque chaque année.
    Ils sont très bien équipés et habitués à y faire face.
    La question est de savoir s’il fallait tout bloquer pour faire face à une abondance de neige supérieure à la moyenne.
    D’autre part, la neige tient très mal à NY intra-muros…

    Et ce que j’ai vu de la région affectée ne m’a pas paru extraordinaire compte tenu de ce qui se passe assez couramment dans cette région.

  13. Bonsoir,

    Vous oubliez de préciser que le métier de météorologue est le seul métier où on est payé pour se tromper -;) . Pour avoir, dans une autre vie, eu très souvent recours à leurs services, c’est une assertion vérifiée par l’expérience.
    Ceci dit, j’ai bien peur que votre scénario soit conforme à la réalité (d’autant plus que l’hiver semble plus froid que prévue, non?).

    Bonne soirée

  14. H. (#14),
     » Vous oubliez de préciser que le métier de météorologue est le seul métier où on est payé pour se tromper  »
    Désolé de vous contredire, mais cela fait longtemps que les politiques sont aussi payés pour le faire. Sans parler de la plupart des « experts » et des « climatologues »…
    Et il y en a certainement pas mal d’autres…

  15. Ben (#12),
    Je précise que mon intervention s’adressait a Minitax (désolé d’avoir omis de faire référence à son message) !

  16. Bob (#13), je me souviens d’avoir vu 30 cm de neige en mars 1998 a New York alors que je devais decoller pour la cote Ouest… C’est somme toute courant.

  17. H. (#14), la encore le lampiste – the weather guy- paye pour le battage mediatique obscene de ces derniers jours. ils voulaient tous leur poster-storm pour faire peur… et ils en ont ete pour leurs frais. les medias sont alors impitoyables avec leur victimes.

  18. Yagloo (#17), par contre les économistes sont bien payés pour se tromper. Je note une grande analogie entre économie et climatologie.
    Dans les deux cas les observations contredisent les théories mais on continue comme si de rien n’était.
    D’ailleurs,en économie, des auteurs ont même démontré que la théorie est fausse et pourtant on continue à l’enseigner! Cela rends pessimiste sur l’ évolution de la climatologie.

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