Peur exponentielle du jour : la biodiversité

par Benoît Rittaud (alias Ben).

Ça, si c’est pas une bonne vieille peur exponentielle, je mange ma calculette. L’info, publiée dans les irremplaçables pages « Planète » du Monde, date d’il y a un mois, et a connu une brève résurrection sur la page internet principale du Journalderéférence qui m’a permis de la débusquer. Vous êtes prêts à avoir très très peur ? Alors cliquez, si vous l’osez…

L’article, publié le 3 mai, s’intitule « Biodiversité : une espèce sur six menacée d’extinction par les changements climatiques« . On notera le ton toujours aussi nuancé de nos médias institutionnels pour signaler une énième étude sur le climat-qui-fait-peur. Le Monde ne nous donne pas les détails de cette étude, et c’est fort dommage : le lecteur aurait pu y apprendre qu’il ne s’agit de rien de plus que d’une synthèse d’études antérieures (on passera ici sur les éléments observationnels réels dont ces études disposent pour valider leurs modèles…). Le passage intéressant de l’article est celui-ci :

« Le plus surprenant est-il que le risque d’extinction ne fait pas que s’accroître avec la hausse des températures, il s’accélère », analyse un des auteurs de l’étude, Mark Urban. Selon l’hypothèse d’une augmentation de seulement 2°C des températures mondiales d’ici la fin du siècle par rapport à l’ère pré-industrielle, l’étude a calculé que 5,2 % des espèces seraient menacées d’extinction. Avec une hausse de 3°C sur la même période, ce pourcentage passerait à 8,5 % des espèces. La hausse des températures de 0,9° C enregistrée jusqu’à présent a exposé 2,8 % des espèces à un risque d’extinction, relève cette étude.

Quelque chose d’inquiétant qui « accélère »… typique d’une peur exponentielle.

Sur le site de Science référencé par Le Monde, nous avons l’explication du titre : une espèce sur six disparaîtra(it) avec +4,3°. Voici donc notre jeu de données :

+0,9°C => 2,8% d’extinction.

+2°C => 5,2% d’extinction.

+3°C => 8,5% d’extinction.

+4,3° => 16,7% d’extinction.

On n’est pas bien loin, avec ces données, d’une vraie fonction exponentielle : en gros, le pourcentage d’extinction double à chaque ajout d’un degré. (Un calcul de coin de table montre que la fonction 2exp(t/2) ne colle pas trop mal avec ces données, où t est l’augmentation de température.)

Si avec tout ça vous n’êtes pas effrayés, voici l’exercice final : à partir de quelle hausse des températures le nombre d’espèces menacées dépassera-t-il les 100% ?

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101.  Murps | 11/06/2015 @ 16:11 Répondre à ce commentaire

Repied (#98),

Trouvez un seul écologue disant que la biodiversité est dans une période d’expansion sans précédent et que tous les indicateurs sont au vert, bon courage…

L’écologie part du principe que les « indicateurs » sont au rouge, donc effectivement on ne risque pas de trouver un écologue qui parle d' »indicateurs » au vert, indicateurs qui soit dit en passant sont à l’image de la science qu’ils sont censés décrire : totalement bidons.

Cette science est encore juvénile, elle a encore du chemin à parcourir (et heureusement!), mais vous ne pouvez pas remettre en cause ses résultats sur le simple fait que vous ne les estimez pas assez précis,

Ce n’est pas une science.
Pas de reproductibilité, pas de réfutation possible.
Le problème ne se pose même pas en terme de précision des résultats mais simplement par signification.
Pour le coup, l’écologie est une construction sociale au sens postmoderne.

Pour être tout à fait honnête, une bonne étude effectuée par un biologiste qualifié restera une bonne étude, c’est l’interprétation à travers le prisme de l’écologie qui est à remettre en cause.

102.  Eloi | 11/06/2015 @ 19:50 Répondre à ce commentaire

Repied (#98),

Trouvez un seul écologue disant que la biodiversité est dans une période d’expansion sans précédent

Pour ma part je suis prêt à parier que le génie génétique va conduire, dans le prochain millénaire, à une explosion sans précédent historique de la biodiversité sur Terre.

Sur Terre…

Il n’y a rien d’impossible que la biodiversité de Vénus et de Mars ait infiniment augmenté en 3001 puisqu’on passera de 0 à n espèces vivantes, qui transformeront au cours des siècles leur surface inhabitable en nouveaux havres de vie.

Et qui, sait, peut-être qu’en 3501, des humains ailés et respirant le méthane planeront doucement au-dessous des nuages de Titan, les yeux dans les anneaux de Saturne.

Les écologues comme Repied ont les yeux plongés dans des milliards d’années d’histoire, mais oublient de regarder le futur plus loin que leurs petites certitudes.

et que tous les indicateurs sont au vert, bon courage…

C’est clair qu’après le marteau-pilon de la météorite tueuse de dinosaures, la biosphère était ravagée, mais selon Repied, les indicateurs étaient aux vert puisque la quantité d’espèce conquérantes des niches écologiques détruites à augmenté.

Moi, des « indicateurs » comme ça…

Bref, moi je vais vous proposer quelque chose Repied : vous pouvez vous mettre avec des copains pour acheter une grande île. Vous y construirez un havre de biodiversité, et vous arrêtez d’essayer de faire peur à tout le monde. Qui sait, s’il s’avère que vos indicateurs ont raison, peut-être devrais-je vous donner quelques milliers d’euros pour acheter les gamètes de mon autruche de compagnie.

103.  Eloi | 11/06/2015 @ 20:08 Répondre à ce commentaire

Eloi (#102),

Allons plus loin encore.

Ce que tout un chacun peut constater , sans science mais avec bon sens, c’est que l’homme sait faire un truc que nul dinosaure, paramécie, dauphin, algue ou chien ne sait faire : il sait fabriquer du nouveau plus vite que la nature, et commence à savoir voyager dans l’espace.

Dans mille ou dix mille ans, par esprit d’aventure ou appât du gain (ou simplement pour fuir les injonctions pénibles des écologues), l’homme aura entouré le Soleil d’un million de milliards d’habitats orbitaux, chacun avec son biotope, son génome, sa culture. Et dans dix millions d’années, il aura transformé chaque étoile du ciel, stérile, en explosion de vie, en balise babillante de chants électromagnétique transportant une diversité effarante de musiques, de cultures et de nouveauté. On réalisera des expositions universelle des plus splendides animaux, et les écologues seront des collectionneurs interstellaires de paons d’hydrogène chantant dans les atmosphères des Jupiters, d’arbres aux fleurs bleues poussant sous les soleils rouges, ou de fleurs de glaces se nourrissant de la radioactivité naturelle dans les myriades de comètes que comporte l’univers.

Non l’homme de bon sens, mais pas l’écologue, réalise que si la Terre est une vivante Gaïa, nous en sommes les gamètes.

104.  Nicias | 11/06/2015 @ 20:57 Répondre à ce commentaire

Eloi (#102),

vous pouvez vous mettre avec des copains pour acheter une grande île

Non, pourquoi acheter ? Ya l’antarctique, c’est même réservé aux chercheurs. Mais comme je suis sympas ils peuvent aussi rejoindre leurs collègues aux Kerguelens.

Pour le reste je vous suis. Changer le climat de Jupiter, il y a du boulot. Le génie génétique et l’écologie non conservatrice, ça a l’air moins cher.

105.  Nicias | 11/06/2015 @ 21:07 Répondre à ce commentaire

De toutes façons, vue les perspectives de réussite de la COP21, on a tout intérêt à adopter une attitude constructive. Comme faire augmenter la biodiversité prendra du temps suite à la future plus grande extinction de tous les temps, il faut s’y mettre tout de suite : accélérer le réchauffement et saccager ce qui reste des écosystème existants pour faire place au neuf. La transition écologique, c’est maintenant.

106.  Bernnard | 11/06/2015 @ 22:10 Répondre à ce commentaire

Eloi (#102),

Et qui, sait, peut-être qu’en 3501, des humains ailés et respirant le méthane planeront doucement au-dessous des nuages de Titan, les yeux dans les anneaux de Saturne.

Rêvons ! Dans notre galaxie, il y a probablement plus de planètes habitables qu’il y aura de terriens.
A chacun sa planète ,son climat et son écosystème !
La vie est belle ! 😆

107.  Ben | 11/06/2015 @ 22:31 Répondre à ce commentaire

Dites, les gars… D’accord pour les rêveries, en revanche, j’aimerais quand même que vous fassiez un effort pour qu’on puisse causer avec Repied de façon courtoise. Vu ?

108.  Murps | 11/06/2015 @ 22:54 Répondre à ce commentaire

Ben (#107), pour une fois qu’il y avait de la poésie dans ce monde de brutes…

Bon, c’est vrai qu’on accueille souvent nos invités avec des tomates…

Eloi (#102), et Eloi (#103), j’adore !!!!

109.  miniTAX | 12/06/2015 @ 0:36 Répondre à ce commentaire

Trouvez un seul écologue disant que la biodiversité est dans une période d’expansion sans précédent et que tous les indicateurs sont au vert, bon courage…

En fait, Lomborg avait montré dans l’Ecologiste Sceptique, chiffres à l’appui que quasiment tous les indicateurs objectifs sont au vert depuis des décennies dans les pays riches et s’améliorent partout, sauf en Afrique. On le constate très clairement en France par tous les chiffres qui existent : la pollution de l’air a chuté de manière spectaculaire, les fleuves se dépolluent d’année en année au point qu’on constate le retour du saumon dans la Loire, on rend chaque année des dizaines de milliers d’ha de terres autrefois agricoles à la nature, grâce à la hausse vertigineuse de la productivité. Il y a même la mode de restaurer des « zones humides » (ou pour ceux qui ne parlent pas la novlangue escrolo : marécage infesté de saloperies), qui pour des raisons propres aux ayatollahs verts, passent par magie du statut historique d’endroit insalubre au « paradis pour la biodiversité ». Même le hoax de « l’appauvrissement des sols » claironné par les époux Bourguignons (dont le fond de commerce est leur soit disant enrichissement des sols, quelle surprise !) et repris en boucle par toute la catastrophère ne tient pas une seconde quand on regarde les suivis long-terme faits à l’époque par l’IFEN. Etc, etc.
L’idée même, aussi à la mode qu’elle soit, que lorsqu’on injecte des quantité massive de CO2 dans l’air et de fertilisant de synthèse dans le sol, càd des éléments nutritifs majoritaires des plantes, base de la chaîne alimentaire, ça ne peut qu’être au détriment de la biodiversité est d’une absurdité sans nom et défie la réalité la plus élémentaire !

Autrement dit, ce que « tous les écologues » (ah, la manie du consensus et de l’argument d’autorité, typique de ce qu’on trouve dans le Baloney Detection Kit de Carl Sagan pour débusquer l’imposture pseudo-scientifique) pensent au sujet de la biodiversité ou d’indicateurs sortis du chapeau et que personne n’est fichu de définir (il n’y a qu’à voir la définition de la « biodiversité », c’est à se tordre de rire), on s’en cogne pas mal, surtout au vue de toutes les prophéties de malheurs qu’ils ont pondues à côté de la plaque précédemment.
Ce qui compte, c’est la réalité objective et mesurable par les chiffres.

110.  Cdt Michel e.r. | 12/06/2015 @ 15:10 Répondre à ce commentaire

Le « Baloney Detection Kit » de Carl Sagan vaut la peine d’être lu.

J’en ai trouvé une traduction en français (québécois) sous le nom de Kit de détection de poutine. Ce kit est extrait de la partie V du Petit cours d’auto-défense intellectuelle de Normand Baillargeon.
Vous trouverez le cours complet ainsi que le kit aux formats ODT et PDF sur ce Dropcanvas

N.B. : J’ai corrigé pas mal de fautes d’orthographe et de typographie dans les documents, sauf le cours au format PDF.

111.  the fritz | 12/06/2015 @ 15:13 Répondre à ce commentaire

Ben (#107),

Vu ?

Oui chef

112.  Marco33 | 12/06/2015 @ 19:01 Répondre à ce commentaire

Cdt Michel e.r. (#110), Merci

113.  Araucan | 19/06/2015 @ 0:25 Répondre à ce commentaire

Sur la présente discussion, quelques remarques non définitives….

L’intérêt d’un modèle est l’écart à la réalité. Il ne peut donc avoir été prédictif qu’une fois la réalité mesurée…
Le fait de faire des scénarios est un moyen de montrer que des choix politiques auront un impact positif ou négatif sur l’avenir et que ceux qui décident avec leur toute puissance sont priés de faire les bons choix… Mais bien sur une hypothèse implicite du système suppose que les conséquences de décisions politiques soient complètement connues … On peut un peu rigoler…

Sur L’ecologie comme sur le climat se posent d’abord des questions de mesures : que regarde-t-on à une époque donnée et comment ? La question des interactions y est cruciale (ah les équations différentielles, les phénomènes émergents et le chaos… Sans compter les questions de contingence et d’historique.). l’ecologie est certainement plus complexe, même sans le brouillage de l’ecolgisme. Avec ce dernier, on a les articles du journal de référence… Qui n’apportent pas d’éléments de connaissances, de réflexion ou d’interprétations supplémentaires.
Il n’y a pas besoin du CC pour constater que l’homme utilise intensivement nombre d’espaces et y favorise un certain nombres d’espèces.
En écologisme comme en climatologie, la peur vient du changement. Il n’y a pas d’équilibre et il ne peut y avoir de retour à des états antérieurs …
Les sciences de l’obsevation sont des exercices difficiles.

114.  scaletrans | 19/06/2015 @ 11:16 Répondre à ce commentaire

Araucan (#113),

Heureux de voir que vous êtes toujours là smile

115.  Cdt Michel e.r. | 19/06/2015 @ 22:19 Répondre à ce commentaire

Geoff Chambers parle de la censure de Ben

Censorship of a Climate Sceptic
Posted on June 15, 2015 by geoffchambers

Benoît Rittaud is a mathematics lecturer at the University of Paris, and the author of “Le Mythe Climatique”. He also runs the climate sceptic blog skyfall.fr. He’s just written a book called “La Peur Exponentielle” (The Exponential Fear). […]

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116.  Araucan | 19/06/2015 @ 22:40 Répondre à ce commentaire

scaletrans (#114), oui parfois….