par le jury du Climathon
Il était impossible d'échapper cette semaine au matraquage annuel autour de la "biocapacité" de la planète, un concept de pure comm' destiné à nous inciter à l'autoflagellation hautement scientifique avec plein de chiffres partout (c'est dire si c'est sérieux).
L’ONG Global Footprint Network compare l’exploitation des ressources naturelles et cette « biocapacité » de notre planète. Ce calcul montre que l’Homme prédateur se gave des trésors offerts par la Sainte Terre plus vite qu’elle ne peut les produire. Chaque année, l’ONG calcule en combien de jours sont utilisés les bienfaits dispensés par notre si généreuse planète en un an et annonce triomphalement la mort dans l’âme le triste résultat : en 2015, c’est au bout de seulement 225 jours que les ressources annuelles ont été dilapidées. Et le 225e jour de l’année, c’était le 13 août.
Depuis cette semaine, qu'on se le dise : nous sommes en dette écologique. Les citoyens l’ignoraient sans doute, mais le Journalderéférence a publié cette sinistre nouvelle avec tout le recul et toutes les précautions qu’on lui connaît pour la dénonciation des invisibles cataclysmes causés par l’Homme, emportant le titre de cette semaine.
Épargnant au lecteur des détails soporifiques trop techniques sur le calcul de la date fatidique, l’article insiste plutôt sur l’inexorable avancée de ce « jour de dépassement » et réussit à rattacher cet outil de propagande utile indicateur à la COP 2015. On apprend ainsi que « Rien que pour absorber les gaz à effet de serre émis par l’homme, 85 % de la biocapacité totale de la planète sont aujourd’hui nécessaires ». Rassurons tout de suite les lecteurs du Climathon, la notoire absurdité l’incontestable crédibilité de ce pourcentage n’est aucunement discutée dans l’article du Monde, ce dernier confortant ainsi en tout légitimité son rôle envié de Pravda climatique de référence.
Les accessits de la semaine
La rigueur du jury du Climathon l'a conduit à étudier le traitement de la même information par une radio du service public : une courte dépêche sur le site internet de France Inter fournit un planisphère représentant les pays écologiquement créditeurs et débiteurs. On y apprend que l’empreinte écologique de la France est supérieure de 120 % à ses ressources naturelles, chiffre en contradiction avec celui du Journalderéférence qui annonce que la France consomme 1,4 fois ses capacités, soit un excès de 40 %. Bon, c’est vrai que 40 % ou 120 %, c’est à peu près pareil. Plus intrigant, on apprend dans l’article de France Inter que l’empreinte écologique de la Russie, de l’Australie, du Brésil et de bien d’autres est « inférieure de plus de 100 % » à leurs ressources naturelles. Ces pays sont certainement des membres fondateurs du Fonds Écologique International car ils créent des ressources naturelles ex nihilo. Le jury du Climathon remercie France Inter de nous informer qu’Obi-Wan Poutine est notre seul espoir pour nous sauver de nos turpitudes écologiques.
Enfin, la période estivale est le moment de prodiguer quelques encouragements à des compétiteurs modestes mais méritants. Ainsi de Jean-Paul Baquiast pour son article de Médiapart. L'écrivain scientifique y regrette amèrement l'absence probable de James Hansen à la conférence COP21, sans doute après avoir oublié que le susnommé avait souhaité l'échec de Copenhague en 2009. Après avoir rappelé, objectivement et sans alarmisme aucun, que "des scientifiques éprouvés considèrent aujourd'hui que même si la hausse restait en deçà de la limite des 2°, des effets terriblement destructeurs se produiraient d'ici 2100 : hausse minimum de 10m du niveau des mers, tempêtes d'une force jamais éprouvée à ce jour de mémoire d'hommes…", M. Baquiast insiste sur "la rigueur morale et professionnelle indiscutable" du Dr Hansen. Rappelons en effet que celui-ci a émis des prévisions particulièrement foireuses précises pendant toute sa carrière, notamment ses remarquables projections des années 70 qui tablaient sur un refroidisssement généralisé. Il a également maintes fois prouvé sa rigueur morale et scientifique par ses affirmations totalement détachées de toute forme d'action politique. Voyez d'ailleurs ci-dessous le Dr. Hansen aimablement raccompagné par la police lors d'une manifestation.
Un joli exercice de postmodernisme de la part de notre nominé, donc, qui met habilement en regard la pratique d'un James Hansen (introduire la politique dans une analyse supposée scientifique) avec celle de son propre article qui présente la "science" selon le point de vue d'un professionnel de la haute administration.
23 réponses à “Climathon, semaine 33 : de la Terre-mère à la Terre-créancière”
Avis à la population, les carottes que vous achetez depuis le 14 août ont été semées en 2016 !
Oui, mais elles sont bio !
C’est vrai que c’est rigolo de passer du gentil Gaïa au vilain proprio qui réclame son loyer mensuel.
Du Gaïa-bizness, quoi…
Footprint, le JOurnalderéfréence : bon choix ! Baquiast, également. Les auteurs de certains commentaires qui font suite à son article dans mediapart devraient faire la fortune des psy.
Ben non…
Que dit Le Monde : la France consomme 1,4 fois ses capacités.
Que dit France Inter : l’empreinte écologique de la France est supérieure de 120% à ses ressources naturelles.
Sur quels chiffres ces calculs se basent ? Une petite recherche sur internet (30sec environ) et on trouve.
Empreinte écologique France per capita : 4.1 global ha
Biocapicity per capita: 2.9 global ha
Biocapacity (credit/deficit) = -1.2gha
Alors maintenant énoncé rapide du problème pour le Monde :
1) La France produit 2.9gha et en consomme 4.1 Combien faut-il de France pour répondre aux besoins du pays ?
Solution : 4,1/2,9= 1,4 et des poussières donc le Monde ne dit pas de bêtises
Pour France Inter, c’est un peu plus compliqué car ce n’est pas très clair comme concept (mal traduit et/ou unité de mesure pas facile à appréhender).
En tout cas ils reprennent les chiffres de l’enquête, je n’ai pas l’impression qu’il y ait une erreur particulière, juste un énoncé difficile à formuler en une ligne.
De ce que j’en comprend, en gros chaque français « produit » 2,9ha mais en consomme 4,1ha. Il faudrait que chaque français « crée » 1,2ha de biocapacité pour compenser, ce qui revient à passer de 0ha à 1,2, donc 120%. Si j’ai bien interprété ce qu’on voulut dire les auteurs de l’étude…
Donc France Inter et le Monde ne se contredisent pas, ils ne parlent juste pas de la même chose.
Les chiffres sont disponibles sur le lien suivant:
http://www.footprintnetwork.or…..t_nations/
franchement qu’est ce qui ressemble plus à ces théories que la définition in fine d’un espace vital….
au final on aura trop de gens…keskonfé les gars?
ce qui est marrant c’est qu’on a « déforesté », dezingué les bestioles pour leur chair leur huile, leur fourrure quand on exploitait pas beaucoup de pétrole…
chacalou (#5),
possible…
Mais…
Ces notions de « biocapacity per capita » sont carrément cocasses !
Effectuer des bilans avec ces chiffre me fait irrésistiblement penser à des calculs d’astrologues.
Ca vaut largement « le puits à la roue », ou « le forçage radiatif », « la biodiversité », « le bilan carbone »… Toutes des expressions d’enfumage que ne renieraient pas les médecins de molière.
Murps (#9), et en plus ces chiffres sont dangereux pour ceux qui les promeuvent car ce sont un hymne aux énergies fossiles…
lemiere jacques (#10), vade retro !
Murps (#9),
J’ai tout compris, il suffit de diviser l’empreinte écologique par la biocapacité per capita…Que c’est beau la science.
Cela me donne envie de relire le bourgeois gentilhomme (scène IV acte2)
« …MONSIEUR JOURDAIN: j’ai toutes les envies du monde d’être savant; et j’enrage que mon père et ma mère ne m’aient pas fait bien étudier dans toutes les sciences, quand j’étais jeune.
MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Ce sentiment est raisonnable: nam sine doctrina vita est quasi mortis imago. Vous entendez cela, et vous savez le latin sans doute.
MONSIEUR JOURDAIN: Oui, mais faites comme si je ne le savais pas: expliquez-moi ce que cela veut dire.
MAÎTRE DE PHILOSOPHIE: Cela veut dire que sans la science, la vie est presque une image de la mort.
MONSIEUR JOURDAIN: Ce latin-là a raison… »
C’est curieux, le jour de la Terre correspond, à quelques pourcents près, au jour de la Libération Fiscale.Comment est-ce possible ?
chacalou (#5),
Merci pour l’intérêt que vous portez au Climathon et merci pour votre explication limpide du 120 % de France Inter.
C’est dommage que l’unité de surface utilisée par l’ONG ne soit pas celle du système international. Parce qu’alors il faudrait passer de 0 à 12 000 global m^2 et donc, avec votre explication, 1 200 000 %.
Et là, ça ferait vraiment peur.
Une bonne propagande doit rester simple. Le figaro avec ce titre « Le mois de juillet 2015 a été le plus chaud de toute l’histoire » me semble un bon candidat pour les prochaines nominations.
le-mois-de-juillet-2015-a-ete-le-plus-chaud-de-toute-l-histoire
Cette façon de considérer que nous sommes limités en ressources est purement significative d’une profonde ignorance des capacités humaines.
Développer de nouvelles techniques et de nouvelles ressources , repousser les limites, est ce que l’homme a su et sait toujours faire.
SI on en était resté à brûler du bois, il y a longtemps que nous n’aurions plus de forêts !
On parle d’énergie fossile! Je vais un peu exagérer :
Énergie fossile = Énergie du pétrole, donc elle est limitée: c’est plutôt une image réductrice très répandue.
« Énergies fossiles » : c’est presque un pléonasme !
Si on considère que l’énergie se transforme dans l’univers, l’énergie qu’on utilise est aussi veille que l’énergie primordiale du « big bang » si celui-ci a existé. L’univers en est rempli et ce n’est pas demain la veille que nous en seront privés ! Tout ce qu’on ne sait pas bien faire est de la « capter et de l’utiliser à notre profit ».
C’est stupéfiant de remarquer que les « experts en Énergie » ne savent pas de quoi ils parlent et certaines notions fondamentales leur échappent comme par exemple, l’entropie !
La seule chose que nous devrions continuer à faire et de chercher les sources d’énergie de toutes sortes (diluée ou non), de les trouver, de comprendre leur origine et de les exploiter.
Considérer que, parce que la terre à des limites physiques, alors tout est limité, est renier que nous pouvons dépasser nos limites par nos facultés inventives.
De l’enthousiasme que diable !
jean (#15),
Encore et toujours le même baratin trompeur des plumitifs du Figaro.
Ils n’ont rapporté que le GISS (ou son frère), de Gavin Schmidt, ex Hansen, le « serial outlier », selon lequel :
Juillet 2015 est de 0,01°C plus chaud que le mois de juillet 2011, 0,03°C plus chaud que le mois de Juillet 2009 et 0,04°C que le mois de juillet 1998. Tout cela est parfaitement indistinguable dans leur marge d’erreur de + ou – 0,1°C…malgré le puissant El Nino que nous connaissons actuellement.
Par contre, Juillet 2015 ne se classe que 7e selon le RSS-MSU…
Voici les graphiques GISS et RSS des températures globales des mois de juillet depuis 1997 jusqu’à juillet 2015.
Toujours incapables de faire ce petit boulot d’investigation au Figolo ?
joaquim (#12), pas mal mais je préfère, et de loin, « le médecin malgré lui » :
SGANARELLE.- Qui est causée par l’âcreté des humeurs, engendrées dans la concavité du diaphragme, il arrive que ces vapeurs… Ossabandus, nequeys, nequer, potarinum, quipsa milus. Voilà justement, ce qui fait que votre fille est muette.
Murps (#18),
Ben et son référendum vs Molière…Autres temps, mais l’esprit reste le même ?
On aimerait bien que le scénario météo de l’épisode 14 se produise effectivement, ça aurait une coté bien comique, mais je n’y crois pas trop.
Hug (#20),
Oups, je me suis trompé de fil de discussion, ce commentaire devait aller dans celui relatif au feuilleton du référendum maudit.
Bob (#17),
Je suis bien sûr d’accord avec vous mais je dois dire que c’est surtout le « de toute l’histoire » qui me fait le plus réagir ici. Plus trompeur y’a pas.
Et ce nouvel article du POINT…
http://www.lepoint.fr/science/…..372_25.php
Agitprop sur le bouquin d’Elizabeth Kolbert