Les vues d’un physicien indépendant


L'histoire de cet article n'est pas claire. Publié à l'origine en janvier avec une mise en page plus que sommaire, il n'a fait l'objet d'aucun commentaire, je ne me suis même pas aperçu de sa publication. C'est un texte intéressant qui mérite mieux et bénéficie donc d'une nouvelle publication. La traduction est probablement de Ben pour le plus gros et de moi pour le reste.

Nicias

Exposé du Professeur Pierre DARRIULAT dans le cadre de l'enquête du Comité sur l'Énergie et le Changement climatique du parlement britanique sur les dernières conclusions du cinquième rapport d'évaluation du GIEC (AR5).

Résumé

Le rapport AR5/WG1 du GIEC et notamment le résumé pour les décideurs politiques (SPM), transmet une évaluation alarmiste de l'influence sur le climat des émissions anthropiques de CO2 qui ne reflète pas correctement les connaissances scientifiques actuelles. Ceci résulte en partie de l'ambiguïté inhérente à la demande faite aux scientifiques d'exprimer de manière consensuelle ce qu'ils pensent être le meilleur message. Il est nécessaire de produire un résumé scientifique afin que les scientifiques puissent donner une image objective de la connaissance et l'ignorance en climatologie, avec l'accent mis sur les questions qui sont moins bien comprises et ce qu'elles impliquent pour les clarifier. Un tel résumé devrait accorder une attention particulière à un certain nombre de questions litigieuses qui ont été identifiées par un certain nombre de scientifiques du climat qui ne partagent pas l'interprétation alarmiste de la science. À court terme, le rapport du GIEC affaiblit sa position pour la prise de mesures d'urgence. À long terme, il soutient l'importance de prendre le réchauffement climatique comme un facteur important dans les décisions affectant l'avenir de la planète, ainsi que de la politique énergétique, la gestion des ressources naturelles, les considérations sociales, financières, économiques et géopolitiques.

1. Fin septembre le GIEC a publié l'AR5 : "Le Changement climatique en 2013 : Physical Science Basis", un document de plus de 2 200 pages, qui sera lu par très peu de gens et accompagné d'un "Résumé pour décideurs" (SPM) de 36 pages, qui sera le document généralement lu par les politiciens, les fonctionnaires et les médias. À mon avis, le point principal à relever réside dans le fait que son objectif étant de s'adresser aux responsables politiques, le SPM ne peut pas être un document scientifique.

Lorsqu'ils rédigent le SPM, les auteurs sont confrontés à un dilemme : soit ils parlent comme scientifiques et doivent donc reconnaître qu'il y a trop d'inconnues pour faire des prédictions fiables, tant dans les mécanismes en jeu que dans les données disponibles ; soit ils essaient de transmettre l'idée que ce qu'ils pensent « consensuellement » est le bon message, mais alors c'est au prix du renoncement à la rigueur scientifique. Ils ont délibérément choisi cette dernière option. Le résultat est qu'ils ont déformé le message scientifique en un message alarmiste demandant pour réaction urgente, ce qui est tout à fait contraire à ce que transmet le message scientifique.

2. La plupart des scientifiques qui contribuent aux travaux du GIEC apprécient l'intégrité intellectuelle posée comme étant inhérente à l'éthique scientifique. Ils sont bien conscients du degré élevé d'incertitude liée à leurs prédictions. Cependant, on ne devrait pas leur demander de dire s'ils pensent que c'est le bon message ; ou au moins, on ne devrait pas leur demander, en tant que scientifiques, de le faire. Cela est un exercice très subjectif qui dépend fortement du poids que l'on est prêt à donner au principe de précaution.

Quiconque a une responsabilité comprend que le principe de précaution est une bonne chose s'il est utilisé à bon escient. Il n'est pas surprenant que la plupart des contributeurs du GIEC préfèrent rester à l'écart du débat politique, avec lequel ils ne se sentent pas à l'aise ; il est naturel qu'ils pensent « J'ai fait mon travail en tant que scientifique, ce n'est pas à moi à prendre des décisions politiques, mais si vous insistez vraiment, je préfère être du côté non dangereux car je ne pense pas que réduire nos émissions de CO2 puisse nuire, alors que je ne peux pas exclure que le CO2 puisse nuire en augmentant jusqu'à un niveau élevé. »

Bien sûr, ils pensent en tant que scientifiques et sont à mille lieux de se rendre compte qu'en fait que c'est nuisible quand cela conduit à gaspiller énormément de ressources en prenant de mauvaises décisions, telles que celles d'investir des milliards de dollars dans les voitures électriques ou dans les grandes fermes d' éoliennes, pour ne citer que ces deux exemples. Mais ce sont des problèmes économiques, qu'ils estiment ne pas être de leur domaine de compétence. Le Professeur Judith Curry est à juste titre critique de l'effet trompeur du concept du consensus tel qu'il a été utilisé par le SPM2.

3. Ce à quoi nous assistons sont des déformations successives du message scientifique du rapport AR5 Physical Science Basis. D'abord, du rapport lui-même vers le SPM, par ceux qui l'on écrit ou modifié ; puis du SPM vers la presse par ceux qui en parlent au nom de l'IPCC (y compris le Président du GIEC) ; puis de la presse vers le grand public par des militants verts qui trop souvent se comportent de façon irresponsable en en dénaturant les conclusions.

4. Il est sage de faire attention aux dommages éventuels que peuvent impliquer les émissions anthropiques de CO2 pour l'humanité. Nous sommes devenus conscients depuis plus d'un demi-siècle de la fragilité de l'équilibre planétaire qui est nécessaire à notre survie. Les actions qui peuvent être nécessaires ne peuvent pas être décidées dans une atmosphère de panique et sous la pression de l'urgence. Elles exigent une réflexion approfondie qui prendra du temps. En particulier, elles sont fortement interconnectées avec d'autres importantes questions pertinentes, telles que la politique énergétique à l'échelle planétaire et les considérations économiques, financières, sociales et géopolitiques qui sont en constante évolution.

5. Avant de s'adresser aux responsables politiques, il est plus judicieux de demander le résumé scientifique des travaux du GIEC, résumé qui se doit d'être le plus objectif que possible de l'état actuel de nos connaissances et de notre ignorance sur la science du climat. Un tel rapport doit s'abstenir d'ignorer les pratiques scientifiques fondamentales, comme le font ouvertement les auteurs du SPM, quand ils prétendent être en mesure de quantifier avec une grande précision leur confiance dans l'impact du réchauffement d'origine anthropique dû aux émissions de CO2. Des incertitudes statistiques, dans la mesure où elles sont distribuées normalement, ne peuvent être quantifiées avec précision et cela n'a pas plus de sens de faire la distinction entre une probabilité de 90 % et une autre de 95 %, que, par exemple, dans le calcul de la probabilité d'obtenir plus de dix fois un as après le lancer d'un dé à plus de dix reprises.

Dans des problèmes plus physiques, cependant, et particulièrement en climatologie, les incertitudes statistiques sont largement non pertinentes. Ce qui importe, ce sont les incertitudes systématiques qui résultent en une grande partie de notre manque de compréhension des mécanismes en jeu et aussi, en partie, de l'absence de données pertinentes. Pour quantifier cette ignorance, la façon dont ils l'ont fait, les auteurs du SPM ont perdu de leur crédibilité au près de nombreux scientifiques. Ce genre de comportement est inacceptable. Un bon résumé scientifique doit reformuler les principales conclusions du SPM d'une manière qui décrit correctement les facteurs qui contribuent à l'incertitude attachée à ces conclusions.

6. La question de l'interruption de la hausse de la température globale durant les quelques 15 dernières année n'a pas été traitée correctement. Même s'il est vrai que nous vivons un hiatus simple, que plus de chaleur que prévue a été stockée dans les océans, mais qui sera un jour libérée, que sur une échelle de temps cela sera seulement considéré comme une fluctuation, nous n'avons aucune base sérieuse pour l'argumenter. Il est indéniable que la pause est venue comme une surprise dans un contexte où les émissions anthropiques de CO2 ne cessent d'augmenter. Il y a des répercussions évidentes de facteurs qui ne sont pas correctement prises en compte dans les modèles climatiques. À ce titre, ils méritent une étude très critique qui vise à une évaluation correcte des incertitudes attachées aux prédictions. C'est ce que l'on peut espérer d'une approche scientifique sérieuse.

Une conséquence indirecte peut être que le réchauffement survenu dans la dernière partie du XXe siècle n'est qu'en partie le résultat des émissions anthropiques de CO2. Si tel était le cas, cela toucherait les modèles d'une manière qui n'a pas été dûment prise en compte dans le rapport du GIEC. En outre, la pause indique que l'on doit prendre son temps avant de décider des mesures irréversibles ; garder la tête froide plutôt que de paniquer ; et utiliser le temps efficacement pour améliorer les modèles qui ne sont pas compatibles avec les observations.

7. Comme un scientifique neutre observant le débat sur le climat, je regrette le mal qu'il fait à l'image des sciences auprès du grand public. Je reconnais l'existence d'un nombre important de scientifiques du climat, compétents et bien informés, qui refusent de voir leurs résultats mal utilisés par la propagande irrationnelle. Je constate qu'ils s'expriment avec intégrité pour la plupart et doivent faire face à l'agressivité inacceptable, y comprises les insultes et attaques ad hominem, de ceux qui considèrent qu'ils savent mieux qu'eux ce qui devrait être le bon message. Tout en étant un partisan convaincu du principe de précaution et un défenseur de la préservation de l'environnement de la planète, je suis choqué par l'attitude non scientifique qui prévaut dans les interprétations vertes des travaux du GIEC.

Dans un tel contexte, je considère que les scientifiques du GIEC devraient se sentir moralement obligés de produire un résumé scientifique de leurs travaux tout en s'abstenant de donner au monde un message. Ils doivent se sentir moralement obligés de répondre à des objections légitimes qui ont été exprimées par des personnes comme le Professeur Curry, en particulier dans son témoignage d'avril 2013 à la Chambre des Représentants américaine3, ou le professeur Richard Lindzen du MIT, pour ne citer que deux des figures parmi les plus emblématiques. Précisément, le rapport de 2013 du Panel non-gouvernemental sur les changements climatiques [NIPCC], « Le changement climatique reconsidéré : La science physique »5, bien qu'intentionnellement écrit comme une provocation, énumère un certain nombre de questions auxquelles le GIEC devrait se faire un devoir de répondre scientifiquement, sans avoir à recourir à des arguments d'autorité.

Les principaux points de discorde pourraient être, par exemple :

• que les modèles climatiques prédisent du réchauffement qui ne s'est pas produit du tout : dans l'atmosphérique (> 0. 3 °C au cours des 15 dernières années [selon les modèles]) ; océanique (> 0,2 °C depuis 2000), troposphérique (point chaud [à l'équateur]) et du sud-polaire à la fin du XXe siècle ;

• qu'ils supposent une sensibilité de 3 °C pour un doublement du CO2, au-dessus des valeurs préindustrielles, tandis qu'au plus 1 °C est observé ;

• qu'ils sous-estiment par un facteur de 3 l'évaporation de surface causée par l'augmentation de la température ;

• qu'ils supposent à tort que le réchauffement global se produit depuis le début de la révolution industrielle et comme conséquence des émissions humaines ;

• qu'ils ignorent les oscillations climatiques océaniques internes telles que l'Oscillation atlantique multi-décennale et l'Oscillation décennale du Pacifique (El Niño/La Niña) :

• qu'ils ignorent l'incidence du cycle solaire sur le flux de rayons cosmiques et la formation des nuages qui en résulte ;

• qu'ils modélisent mal la formation des nuages et des aérosols qui provoquent ces changements.

Maintenant, pour répondre spécifiquement aux questions de la Commission :

Quelle robustesse accorder aux conclusions du rapport AR5, rapportées aux bases de la science physique ? Le GIEC a-t-il suffisamment fait la critique de ses rapports précédents ? Quelle réelle portée existe-t-il là, à la question des conclusions du rapport ?

Le rapport AR5 examine une grande quantité de travail précieux, y compris une importante partie a été produite après la publication du rapport AR4 de 2007. Ses conclusions, telles qu'exprimées dans le résumé pour les décideurs politiques (SPM), sont loin d'être robustes ; elles n'ont que partiellement répondu aux critiques des rapports antérieurs ; et ne donnent qu'une image déformée du rapport lui-même.

Dans quelle mesure l'AR5 reflète-t-il la diversité des opinions entre les spécialistes du climat ?

S'il est facile de trouver une grande majorité de scientifiques qui estiment qu'évaluer le danger potentiel d'une excessive (quoique cela signifie) émission de CO2 est d'une importance capitale, ils reconnaîtront généralement que nos connaissances actuelles les empêchent de considérer les prédictions comme étant fiables et ils ne voient pas tellement d'urgence à prendre des décisions. Toutefois, dans la plupart des cas, sur la base de leur acceptation du principe de précaution, le plus grand nombre d'entre eux seraient favorables à l'idée d'examiner sérieusement les moyens de limiter à long terme nos émissions de CO2. Ils seront d'accord pour qu'aucune décision ne soit prise sous la pression, mais qu'elle devrait tenir dûment compte des considérations économiques, financières, sociales et géopolitiques pour lesquels ils ne prétendront pas avoir une compétence particulière (autre que celle des citoyens ordinaires).

Un quelconque domaine de la science peut-il aujourd'hui être considéré comme réglé par suite de la publication de l'AR5, si oui lequel ? Quels domaines ont besoin de plus d'effort pour réduire les niveaux d'incertitude ?

Un scientifique ne prétendra jamais que les questions sont définitivement réglées. Cependant, il semble que les interrogations relatives à la dynamique des Océans et le rôle complexe des nuages sont au premier rang des questions qui doivent faire l'objet de recherches. Mieux comprendre l'asymétrie Nord-Sud ou le soit disant "hot spot" semblent également des questions exigeant d'emblée beaucoup d'attention. Cependant, n'étant pas climatologue, je ne peux à cet égard accorder beaucoup de poids à mon appréciation de la situation.

Quelle est l'efficacité de l'AR5 et du résumé pour les décideurs politiques dans la transmission de ce que l'on entend par incertitude en termes scientifiques ? Mettre l'accent sur le risque plutôt que sur l'incertitude serait-il utile ?

La façon dont le SPM traite des incertitudes (p. ex. en affirmant que quelque chose est certain à 95 %) est choquante et profondément non scientifique. Pour un scientifique, ce simple fait suffit à jeter le discrédit sur l'ensemble du résumé. Le SPM donne l'idée fausse qu'on peut quantifier précisément notre confiance dans les prédictions des modèles, ce qui est loin d'être le cas.

L'AR5 porte-t-il sur la fiabilité des modèles climatiques ?

Même si elle le fait à plusieurs endroits dans le rapport, il manque trop souvent l'attitude critique que l'on devrait y trouver, parfois en l'éludant plutôt que de faire face à des questions embarrassantes. Le SPM ne traite pas de manière adéquate la question de la fiabilité des modèles climatiques.

L'AR5 a-t-il suffisamment expliqué les raisons derrière le hiatus largement diffusé dans l'enregistrement de la température globale de surface ?

Bien sûr que non, comment le pourrait-il ? On peut seulement suggérer des hypothèses. La décennie à venir devrait nous aider à comprendre beaucoup mieux ce qui est le plus pertinent.

Les conclusions du rapport AR5 Physical Science Basis devaient-elles renforcer ou affaiblir les arguments économiques pour agir dans l'intention d'éviter un changement climatique dangereux ?

Dans l'immédiat, il affaiblit la justification de prise de mesures d'urgence. À long terme, il soutient l'importance de considérer le réchauffement climatique comme un facteur important dans les décisions affectant l'avenir de la planète, conjointement à celles de la politique énergétique, la gestion des ressources naturelles, les considérations sociales, financières, économiques et géopolitiques.

Quelles implications retenir des conclusions du rapport AR5 Physical Science Basis pour la politique à mener sur les plans national et international ?

Je ne suis pas compétent pour répondre à cette question (sauf de répéter la même chose que ce que j'ai déjà dit).

Est-ce que la mèthode du GIEC est un mécanisme efficace d'évaluation des connaissances scientifiques ? Ou bien, avait-il comme objectif celui de fournir une justification à un engagement politique ?

La mission confiée au GIEC de s'adresser aux responsables politiques et non aux scientifiques a contribué à la détérioration de la qualité du débat climatique jusqu'à un certain point qui pourrait bien être maintenant sans retour. On peut prétendre aujourd'hui que c'était prévisible, mais je ne pense pas qu'on aurait pu prédire qu'il pouvait atteindre un tel niveau aussi tristement agressif et irrationnel.

Dans quelle mesure les interventions politiques ont-elles influencé les conclusions finales du résumé AR5 Physical Science Basis ?

Je n'ai aucune compétence pour formuler des observations sur ce point.

Le taux, auquel le gouvernement britannique a l'intention de réduire les émissions de CO2, est-il approprié à la lumière des conclusions du rapport du GIEC AR5 Physical Science Basis ?

Je n'ai aucune compétence pour formuler des observations sur ce point.

Quelle pertinence les conclusions du GIEC ont-elles à l'égard de l'examen du quatrième bilan carbone ?

Je n'ai aucune compétence pour formuler des observations sur ce point.

Pierre Darriulat, décembre 2013.

Source.

CV de Pierre DARRIULAT

Je suis né en 1938, j'ai intégré l'École Polytechnique quand j'avais 18 ans, et, après deux ans de service militaire dans la Marine française, j'ai étudié à Orsay, où j'ai obtenu mon doctorat à l'âge de 27 ans. J'ai passé les six premières années de ma vie de chercheur dans le domaine de la physique nucléaire que j'ai partagées entre la France (Saclay) et les États-Unis (Berkeley). Ensuite, j'ai opté pour la physique des particules élémentaires au sein du CERN, à Genève, où j'ai passé la plupart de ma vie en tant que scientifique. Là, j'ai effectué plusieurs expériences, dont certaines sont reconnues comme des étapes importantes dans l'état d'avancement de la physique des particules au cours du dernier tiers du siècle passé. En particulier, j'ai été porte-parole de l'expérience UA2, une des deux expériences qui ont en même temps découvert les bosons faibles et ont apporté la preuve que les quarks et les gluons sont produits sous la forme de jets hadroniques. Pour cela, j'ai été récompensé par l'attribution du Grand Prix de l'Académie française [des sciences], où j'ai été élu comme membre correspondant. Pendant sept ans, de 1987 à 1994, j'ai pris la charge administrative du CERN en tant que directeur de Recherche. Ensuite, je me suis tourné vers la physique de la matière condensée et j'ai étudié la supraconductivité RF des couches minces de niobium. Pendant treize ans, j'ai vécu à Hanoi, au Vietnam, où j'ai enseigné la physique quantique et la physique des particules à l'Université nationale d'Éducation et où je suis actuellement enseignant, comme professeur invité en astrophysique à l'Université nationale des Sciences. À Hanoï, j'ai créé un laboratoire – appelé VATLY – pour l'étude de l'astrophysique : premiers rayons cosmiques, en liaison avec l'Observatoire Pierre Auger, en Argentine, en partie grâce à un matériel scientifique que j'avais été en mesure de recueillir, en Europe et aux les États-Unis. Et plus tard en radioastronomie, en collaboration avec l'Observatoire de Paris et d'autres laboratoires à l'étranger. Je fais de mon mieux pour mettre en place à VATLY une équipe de chercheurs de calibre international. Au Vietnam, je suis connu pour mon action en faveur de l'amélioration du niveau de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. Mon travail scientifique est reconnu par la communauté internationale. J'ai été invité à donner des conférences dans des universités prestigieuses, telles que Harvard et Cambridge ; en deux occasions (Leipzig 1984 et Glasgow 1994), on m'a demandé de faire l'exposé sommaire de la Conférence principale dans notre domaine (dite conférences de Rochester). Il m'a été souvent demandé de participer, ou de présider divers comités traitant de politique scientifique. J'ai reçu un Doctorat Honoris Causa de l'Université de Pavie et j'ai été fait Chevalier de la Légion d'honneur en 1997 en reconnaissance de mon travail scientifique. J'ai reçu plusieurs prix comme le Prix Joliot Curie en 1973, le Prix du Commissariat à l'Énergie atomique en 1987 et le Prix André Lagarrigue en 2008. J'ai obtenu deux médailles en remerciement de mes efforts pour aider la science vietnamienne, celle de la ministre des Sciences et la technologie, l'autre de la Société de Physique vietnamienne. En 2007, j'ai publié un livre sur les relations entre science et philosophie, "Réflexions sur la Science contemporaine", (EDP Sciences).

Pierre Darriulat, 2013

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26 réponses à “Les vues d’un physicien indépendant”

  1. Il est toujours bon de se redemander pourquoi autant de gens vont venir se réunir à Paris.

  2. Il semble que cet article ait été écrit avant « the trick to hide the hiatus » : il serait intéressant de connaître son avis sur cet « effacement ».

  3. Nicias, si l’on peut corriger :
     » je suis intégré l’École Polytechnique » j’ai intégré ?
    « les six premières années de ma vie chercheur » de chercheur ?
    « Grand Prix de l’Académie française » des Sciences ?
    « grâce à un matériel scientifique dont j’avais été en mesure de recueillir » que j’avais ?

  4.  » les insultes et attaques ad hominem, de ces ceux qui considèrent qu’ils savent  » dans le chap. 7 : de ceux ?

  5. de Rouvex (#4),

    Merci j’ai corrigé celle là. Je regarderai vers midi pour les autres dans le cv (je n’ai pas relu cette partie).

  6. Au delà du contenu de l’article lui-même qui est excellent, sans ambages ni exagérations, je trouve dommage qu’on décrive le Pr. Darriulat comme « scientifique indépendant ».

    Soit on met « indépendant du Giec » soit on met « scientifique » tout court, car il n’y a pas de « science indépendante », ni d’ailleurs de science « citoyenne » ou « participative »…

    L’utilisation de ce terme peut prêter flanc à polémique à moins de donner raison à ceux qui invoquent des « experts indépendants » ou des « médecines alternatives ».
    C’est d’autant plus dommage que le CV de Darriulat n’est pas celui du premier rigolo venu, c’est le moins qu’on puisse dire.

  7. lieu du tout de Rouvex (#3),
    Dans le §7:  » – que les modèles climatiques prédisent que le réchauffement n’a pas eu lieu du tout: atmosphérique (> 0. 3 °C … », à remplacer par:
    « … prédisent un réchauffement climatique qui n’a pas du tout eu lieu: … »
    (incompréhensible sinon)

  8. Murps (#10),

    Je pense que dans son cv, ce qui est aussi important, c’est qu’il a longtemps vécu au Vietnam. Cela doit donner une autre perspective sur ce qui est important ou non.
    A priori, c’est lui qui a écrit son cv. Montrer pattes blanches est à la mode, particulièrement avec les ayatollahs verts.

    François Bastien (#6), Bernnard (#7), fappaz (#9),

    Merci

  9. Dommage que Darriulat ne peut pas s’empêcher de temps à autre de faire des concessions au politiquement correct, en insinuant par exemple que les modèles climatiques pourraient être améliorés en se laissant du temps (traduction : maintenez le flot de financement à la science Nintendo ad vitam eternam). Il ne peut pas ignorer l’impossibilité des modèles climatiques actuel et futur d’améliorer quoi que ce soit, il suffit de lire les « insiders » de cette discipline comme Tennekes. La modélisation climatique s’est calcifiée dans des dogmes, tant scientifiques (gaz à effet de serre, influence négligeable du soleil, inexistence de l’effet des rayons cosmiques, la moyenne de dizaines de modèles faux donne un meilleur résultat, bla bla bla) que politique (la modélisation doit servir à protéger le climat). La discipline ne peut s’améliorer, éventuellement, qu’en changeant complètement de structure (notamment de la dépendance des politiques pour son financement) et de paradigme, càd à la Saint Glinglin. La seule issue possible, c’est de toute mettre à la poubelle, comme avant cela les « recherches » sur la phlogistique, l’homme de Piltdown, l’eugénisme, la psychanalyse freudienne…

  10. Merci pour cet article, fort utile en ces temps de propagande éhontée sur toutes nos ondes.
    A faire circuler largement !

  11. Merci pour cet article intéressant.
    Je suggère juste quelques corrections :
    « préfèrent rester à l’écart du débat politique, avec laquelle » avec lequel
    « les auteurs du SPM se sont joué » joui
    « dûment prise en compte dans rapport du GIEC » dans le rapport
    « y compris les insultes » comprises
    « que les modèles climatiques prédisent que le réchauffement » que le réchauffement que les modèles climatiques prédisent n’a pas eu lieu du tout
    « ils ne prétendrons pas avoir une compétence » prétendront
    « La façon dont le SPM traite des incertitudes (p. ex. en affirmant que quelque chose est certain à 95 %) est choquant » choquante
    « Est-ce que le processus du GIEC » la méthode
    « Je n’ai aucun compétence » aucune (3 occurrences)

  12. Quelques suggestions supplémentaires:

    un message alarmiste demandant
    préfèrent rester à l'écart du débat politique,
    Bien sûr, ils pensent en tant que scientifiques et sont à mille lieues de se rendre compte que c’est nuisible en fait.


    PS En espérant que mes balises ont fonctionné…


  13. Abder (#17),

    Décidément !
    Merci. Je n’ai pas retenu Joui plutôt que joué dans vos suggestions de traduction smile. J’ai opté pour « les auteurs du SPM ont perdu de leur crédibilité au près de nombreux scientifiques ».
    Il y a un problème dans le texte original (tant pdf que html, scan ?), avec le mot 1cist que l’on peut remplacer par lost.

  14. scaletrans (#21),
    J’ai simplement retiré les balise « Bold ». Il y en avait trois (ouvertes) en série, sans aucune fermeture. Fantaisies de WP ?
    ça se serait propagé à la suite…

  15. Monsieur Darriulat présente aussi le problème de l’expertise collective :

    Est-ce que la mèthode du GIEC est un mécanisme efficace d’évaluation des connaissances scientifiques ? Ou bien, avait-il comme objectif celui de fournir une justification à un engagement politique ?

    La mission confiée au GIEC de s’adresser aux responsables politiques et non aux scientifiques a contribué à la détérioration de la qualité du débat climatique jusqu’à un certain point qui pourrait bien être maintenant sans retour. On peut prétendre aujourd’hui que c’était prévisible, mais je ne pense pas qu’on aurait pu prédire qu’il pouvait atteindre un tel niveau aussi tristement agressif et irrationnel.

    Qu’est-ce qui a mal fonctionné pour le climat ? Et qu’est-ce qui fonctionne pas trop mal dans d’autres domaines comme l’expertise collective en santé, par exemple à l’INSERM ? Ce sont de vraies questions politiques, bien loin de «Le climat, à la fin, c’est la guerre ou la paix» » comme le déclarait récemment un de nos ministres.

  16. scaletrans (#25),

    Non, la réponse n’est pas dans la citation : il y a d’autres dispositifs d’expertise scientifique collective à destination des politiques qui fonctionnent, dans d’autres domaines que celui du climat.

    Peut-être que la réponse est à trouver dans les travaux de Serge Galam (climato sceptique qui a participé à une émission de iTélé), comme ceux de Serge Moscovici (père de l’homme politique, et chercheur en psychologie sociale, et un des fondateurs de la branche française des « amis de la terre » ) ?

    Ca serait assez drôle si un début de réponse peuvent être trouver dans des travaux comme :

    Towards a theory of collective phenomena: consensus and attitude changes in groups
    S Galam, S Moscovici – European Journal of Social Psychology, 1991

    ?

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