par Benoît Rittaud (alias Ben).
Il a été ici question l’autre jour de l’émission de la RTS à laquelle j’ai participé. Cet article m’a valu un courrier de la productrice de l’émission, Lucile Solari, que je suis heureux de donner en exemple ici.
Lucile Solari n’est pas devenue climatosceptique, ni en me lisant ni en m’entendant. Elle continue de penser ce qu’elle pense, et c’est son droit le plus strict. Son courrier ne fait pas de concession diplomatique pour me mettre dans sa poche, il se contente de tendre la main en prenant loyalement acte de nos irréductibles différences d’appréciation. J’aurais bien sûr beaucoup à répondre, mais je n’ai pas envie de le faire, pour deux raisons. La première est que bien des climatosceptiques devraient en prendre de la graine. (Ceux-là pourront relire cet autre article sur la manière d’échanger avec les journalistes.) La seconde est de rester cohérent avec moi-même. J’ai en effet écrit que l’accusé doit avoir la parole en dernier, et cette émission était bien en quelque sorte l’ »accusée » de l’article. Le dernier mot lui revient donc, ce qui implique en particulier que, à titre exceptionnel, il n’y aura pas de fil de discussion.
Bonjour M.Rittaud,
J’ai pris connaissance avec beaucoup d’intérêt de votre billet posté sur votre blog à propos de notre dossier « Climato sceptiques : entre doutes déraisonnables et manipulation ».
Et c’est très sincèrement, que je vous félicite.
Remarquablement écrite, cette intervention est aussi intelligente et pertinente au moins sur un point ; nous avons effectivement fait une erreur méthodologique.
Difficile en effet de tendre le micro à des climato sceptiques déclarés et assumés (ce qui dans notre esprit relevait d’un simple souci d’équité) tout en assumant le choix de ne pas débattre.
C’est intenable !
C’est intenable et pourtant en tant que productrice, je revendique ce choix dans le cadre de l’angle que nous avions posé.
D’abord parce que je sais d’expérience qu’un « débat » sur un sujet aussi clivant n’aboutit jamais à rien d’autre qu’à une grande confusion dans l’esprit des auditeurs.
Ensuite et surtout parce que, comme vous l’avez parfaitement bien compris, il ne s’agissait pas pour nous de questionner la pertinence scientifique du discours climato sceptique.
Ce que vous appelez « la partialité journalistique » est en fait un choix éditorial clair et assumé : Le réchauffement climatique et son origine anthropique sont aujourd’hui des faits scientifiquement établis.
(même si bien entendu, des questions restent à éclaircir : l’intensité de ce réchauffement, ses mécanismes complexes, le rôle exact des GES, etc…).Le discours climato sceptique n’est donc pas un discours scientifique fiable et nous avons voulu en expliquer les raisons et les mécanismes (le but n’est évidemment pas de « faire peur » au public, comme vous le prétendez ! voilà bien une démarche qui n’est pas du tout le genre de la maison !).
J’ajoute pour plus de précisions que l’émission n’était pas à proprement parlé « en direct ». Elle a été enregistrée « dans les conditions du direct ». C’est une nuance importante.
Sur le fond, vous avez pu exposer très librement votre point de vue et vous reconnaissez vous-même qu’il a été respecté.
Enfin sachez que si le titre ne vous pas été communiqué en amont de l’entretien, c’est tout simplement que nous n’avons choisi le titre que la veille de l’émission !
Je regrette au final avoir retenu au programme de Prise De Terre ce sujet qui n’en n’est plus un ! Après un pic à la charnière des années 2010- 2011, la voix des climato sceptiques est en effet de moins en moins audible aux oreilles du grand public. Un point de vue que, je le sais, vous ne partagez pas.
J’ai à cœur toute fois de vous remercier très sincèrement d’avoir accepté de répondre aux questions de Bastien Confino, et vous exprime tout le respect que m’inspire votre commentaire acerbe ! Non que je sois d’accord avec tout ce que vous y exprimez (je n’ai aucune vocation masochiste !), mais je dois reconnaitre que vous le faîte avec élégance, humour et civilité !
Très cordialement,
Lucile SOLARI
Journaliste – Productrice
Une réponse à “Un courrier de la RTS”
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