Requêtes au GIEC


Syun-Ichi Akasofu

Par Prof. Syun-Ichi Akasofu, Professeur Emérite de Physique, fondateur du Centre International de Recherche Arctique (IARC) de l'Université de Fairbanks Alaska, directeur de l'IARC entre 1998 et janvier 2007. Avant cela, Prof Akasofu a été Directeur de l'Institut de Géophysique (1986-1999) où il a concentré les efforts de l'Institut sur la recherche arctique.

 

Nous rencontrons des termes scientifiques tels que changement climatique, réchauffement global, effet de serre et dioxyde de carbone plus d'une fois chaque jour dans les journaux papiers, radio, télé ainsi qu'au fil des conversations. Cela doit être la première fois dans l'histoire des sciences qu'un sujet scientifique spécifique attire autant l'attention du grand public. En tant que scientifique, je me réjouis de cet intérêt du public pour la science. Malheureusement, j'ai bien peur que ce grand intérêt pour la climatologie est largement le résultat d'une prolifération de nouvelles confuses des médias basées sur une mauvaise interprétation des informations au sujet de l'effet de serre du CO2.

Si le GIEC veut représenter ce domaine scientifique particulier, il est de sa responsabilité de rectifier la grande confusion et la mauvaise interprétation des faits scientifiques dans l'esprit du public. Certains des points qui demandent des clarifications et des actions sont :

1. Définir changement climatique, réchauffement global, l'effet de serre d'origine humaine et demander au public de cesser d'utiliser ces termes comme des synonymes (ceux qui font cela ne savent pas de quoi ils parlent).

2. Demander aux médias d'arrêter d'utiliser les scènes de larges blocs de glace tombant à l'extrémité et la fonte printanière de l'Arctique pour illustrer l'effet prétendu de serre d'origine humaine. Les glaciers sont des "rivières de glace", donc leur ablation est normale et la fonte de printemps est un événement annuel normal ; ces deux phénomènes se sont produits depuis des temps géologiques.3. Demander aux médias de cesser de montrer des maisons s'effondrant sur le permafrost pour illustrer le résultat de l'effet de serre d'origine humaine. Cet effondrement est dû à une construction impropre qui laisse la chaleur de la maison fondre le permafrost dans la fondation.

4. Dire que la glace de l'Océan Arctique n'est pas un seul plateau de glace. L'Arctique est recouvert de la glace de mer qui change considérablement à cause du vent et des courants océaniques, pas seulement à cause de la fonte.

5. Attirer l'attention sur le fait que les phénomènes anormaux, extrêmes et inhabituels ne sont pas directement liés à l'effet de serre d'origine humaine. L'effet de serre d'origine humaine est représenté par une hausse lente de température à un rythme de 0,6°C/siècle.

6. Reconnaître que l'utilisation de la dite "crosse de hockey" dans le Résumé pour Décideurs de 2001 est inappropriée. Elle montre une hausse soudaine de température aux environs de 1900 après une baisse lente pendant 900 ans, en donnant l'impression d'un "changement climatique abrupt".

7. Reconnaître que le réchauffement actuel n'est pas inhabituel ou anormal par rapport aux changements de températures passées. Il y avait eu de nombreux périodes plus chaudes que l'actuelle, qui avaient duré des centaines d'années, pendant l'interglaciaire actuel qui a commencé il y a 10,000 ans.

8. Faire la distinction entre l'effet de serre d'origine humaine et une grande variété de destructions environnementales faites par l'homme qui sont souvent mis dans le même sac par les activistes de la théorie de l'effet de serre d'origine humaine. Sont inclus dans ces destructions la surexploitation des forêts et de la pêche, la pollution, l'extinction de certaines espèces.

9. Arrêter les nouvelles des médias qui disent que le niveau des océans a déjà augmenté de plusieurs mètres ces 50 dernières années. D'après le rapport 2007 du GIEC, la vitesse de la montée est de 1,8 mm/an donc le niveau des océans est monté de 9 cm pendant les 50 dernières années.

10. Les scientifiques qui étudient les données satellites ne doivent pas utiliser le terme de changement "sans précédent". Ils n'ont pas de données satellites avant les années 1970 et ne peuvent pas dire si un changement est "sans précédent", même comparé aux événements entre les années 1930 et 1940, car ils n'ont pas de données comparables.

11. Encourager les médias de masse à ne pas reprendre des annonces scientifiques sensationnelles qui pourraient ne représenter l'opinion d'un seul scientifique ou de quelques-uns uns. Les journalistes qui ne sont pas familiers avec les phénomènes arctiques ont tendance à rapporter les événements normaux comme anormaux.

12. Rappeler aux scientifiques de faire attention de ne pas suggérer des scénarios possibles de désastres liés à l'effet de serre sans avoir de bases scientifiques solides.

Je pense que ce sont des requêtes raisonnables, qui n'ont pas besoin d'être débattues. Le public est alarmé et donc se sent concerné par le changement climatique largement parce qu'il est dans la confusion à cause des points exposés ci-dessus et d'autres désinformation et mauvaises interprétations, pas parce qu'il est particulièrement intéressé par la climatologie. Les gens rappellent ces points et d'autres points non compris quand je discute avec eux au sujet du réchauffement actuel. Je suis inquiet d'un inévitable retour de flamme contre la science et les scientifiques, quand le public prendra connaissance des informations correctes au sujet du changement climatique. Même si le GIEC n'est pas directement responsable de cette confusion, il doit prendre ses responsabilités et entreprendre les actions nécessaires pour rectifier la situation.

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56 réponses à “Requêtes au GIEC”

  1. Tiens, on dirait que cette discussion s’est fatiguée ? est-ce que les derniers hommes libres de cette planète ont été étranglés par le pouvoir des écologistes aveugles ?
    Plus sérieusement, moi aussi j’ai plaisir à écrire sur ce blog et à dire des trucs en croyant que c’est important pour la terre, parce que je suis aussi le spécialiste de mon petit domaine et que j’ai vraiment l’impression que ce petit truc, c’est toute ma vie.
    Je ne crois pas avoir la prétention de comprendre ce que tout cela implique et malgré les horreurs scientifiques contre lesquelles je peste devant les média (et devant mes amis, il faut bien que je montre que je sais quelque chose) j’ai l’intime conviction que personne ne comprend rien à rien parce que tout est trop compliqué, en d’autre terme il y a beaucoup de sciences dites « dures » qui relèvent bien, au fond, de la foi.
    Des articles menant à des conclusions contradictoires dans des revues telles que nature ou autre ne sont pas rare et dans ce cas de figure, les meilleurs pour parler de la vérité ne sont pas forcement ceux qui on le nez dans le guidon…
    Après, concernant les effets de l’homme sur la terre, je serais plutôt de l’avis de balam : on a fait pas mal de conneries, et si il y a un message clair à faire passer (d’une manière ou d’une autre, pas besoin d’une rigueur absolue !) …
    Par contre, concernant l’économie verte, c’est pour l’instant un moteurs, mais en passe de devenir un constructeur de lobbies comme a pu l’être le pétrole… encore contrôlable ?

  2. Monsieur le Président Nicolas SARKOZY,

    Il est curieux que vous imposiez une « taxe carbone » aux Français quelques mois avant la conférence de Copenhague de décembre 2009, alors que je vous ai servi sur un plateau d’argent une solution pour transformer des masses énormes de CO2 en carbonates solides inertes avec en prime de l’hydrogène natif

    http://have-it.com/denonciation/pa […] 9.html#Ref

    http://sosterrien.skynetblogs.be.

  3. Saines requêtes au GIEC visiblement pas entendues à l’époque et pour cause !

    Ce sont quelques personnalités du GIEC qui ont généré et entretenu sciemment la prolifération de nouvelles confuses des médias basées sur une mauvaise interprétation des informations au sujet de l’effet de serre du CO2. Pire, ils ont trompé les médias en créant des informations tout simplement fausses telles que le montre aujourd’hui l’affaire du Climategate…

  4. Voici la réponse de l’ingénieur ferroviaire, administrateur des trusts pétroliers Indiens et végétarien militant Pachauri.

    L’immense culotté dit

    It is important for me to clarify that the I.P.C.C. as a body follows impartial, open and objective assessment of every aspect of climate change carried out with complete transparency.

    sans honte aucune.

    source

  5. Marot (#54), N’oublions pas que dans le rapport original du GIEC qui compte 1000 pages et que personne ne lit, des incertitudes apparaissent bel et bien concernant l’origine anthropique du réchauffement climatique. En ce sens, le travail est effectivement plus ouvert et objectif même si les avis sceptiques qui tiennent surtout à ce qu’on oublie pas les incertitudes liées à l’exercice ne sont déjà pas suffisamment étayés.

    Incertitudes complétement gommé dans le rapport final de 10 pages à peine qui sert de guide aux politiques et qui n’est même plus rédigé par des scientifiques. On y affirme alors que le réchauffement climatique est d’origine anthropique avec une certitude de 90%. C’est impossible de le dire avec une telle certitude en vérité en regard avec nos techniques actuelles et ce que nous connaissons.

    Comme l’a rappelé Vincent Courtillot dans sa récente conférence, il y a un gros problème dans cette manière de faire et de faire remonter l’information.

  6. Florent76 (#55),

    Ce résumé est une partie de l’affaire : rédigé à la fois par des scientifiques (ceux les plus impliqués dans la dynamique GIEC) et par des diplomates, c’est à dire des représentants des gouvernements, il ne peut que simplifier l’énorme compilation faite (mais critiquée aussi, il faut le dire …) et surtout, comme il vise à dire aux « décideurs » quoi faire, il le fait ! Un fonctionnaire cela obéit. Un politique préfère avoir des constats clairs, c’est plus facile pour décider … alors on l’aide !
    De plus, le gros rapport n’est qu’en anglais (pas traduit) dans au moins les 6 langues de l’ONU : le résumé est lui traduit.

    Il paraît que l’histoire ne se met dans les lois. Eh bien, la science, désormais ne devrait pas se résumer dans des documents de consensus et encore moins dans des résumés. La science ne sert pas à alimenter un processus politique.