Le Sénat américain rejette un projet de loi réduisant les émissions de CO2


[Ce genre de débat a permis d'exposer le vrai coût de la "protection du climat". Dommage qu'il n'ait pas eu lieu en Europe ni en France]

• • • • •

Alors que le prix de l'essence a fortement augmenté, les Américains ne semblent pas prêts à payer plus pour limiter la dégradation de l'environnement. Telle est la conclusion qui ressort du débat qui a eu lieu cette semaine au Sénat sur l'énergie et le changement climatique. Le Sénat était saisi pour la première fois depuis 2003 de la question, mais l'examen du texte dit "sur la sécurité climatique" a tourné court, vendredi 6 juin, après une manoeuvre d'obstruction des républicains. Le président George Bush, qui est opposé à un objectif contraignant de limitation des émissions, avait de toute façon menacé de mettre son veto.

D'ici à 2050, la vente des permis pourrait
rapporter 6 000 milliards de dollars au
gouvernement, qui en réinvestirait une partie en
encouragements aux énergies renouvelablese

Ce texte prévoyait une réduction des émissions de CO2 et la création d'un marché des droits à polluer. Il visait à réduire les émissions de gaz à effet de serre de 19 % d'ici à 2020 et de 71 % avant 2050 (une réduction importante mais insuffisante aux yeux des scientifiques). Les entreprises et compagnies énergétiques auraient été obligées d'acheter des permis de polluer – et de répercuter ces frais sur le consommateur. D'ici à 2050, la vente des permis pourrait rapporter 6 000 milliards de dollars au gouvernement, qui en réinvestirait une partie en encouragements aux énergies renouvelables.

Le projet avait été introduit par le sénateur John Warner – un des barons républicains, converti il y a quelques mois seulement à la nécessité de limiter les émissions -, par la démocrate Barbara Boxer, élue de Californie, et par le sénateur indépendant Joe Lieberman, qui, avec son ami John McCain, avait été le coauteur du texte de 2003 portant sur la même thématique. M. Lieberman a assuré que M. McCain soutenait toujours l'idée d'un marché des droits à polluer, mais le candidat républicain à l'élection présidentielle a préféré ne pas être présent lors du vote, d'autant que le sujet divise son parti. Il a regretté que le dispositif ne prévoie rien pour encourager l'énergie nucléaire.

La discussion a été entrecoupée de querelles subalternes. Pour protester contre le fait que les démocrates bloquent la confirmation de juges nommés par le président Bush, les républicains ont exigé la lecture des 492 pages du projet, ce qui a pris dix heures. Sur le fond, leur argument a été principalement économique, et le projet a vite été rebaptisé "l'impôt climat". "A un moment où les Américains peinent à payer leurs factures, la majorité propose un texte qui rend ces prix encore plus élevés", a critiqué Mitch McConnell, sénateur du Kentucky.

Sur le fond, l'argument des
républicains a été principa-
lement économique, et le projet
a vite été rebaptisé "l'impôt climat"

L'Agence gouvernementale pour la protection de l'environnement (EPA) avait estimé que si le projet de loi était adopté, la croissance du produit intérieur brut (PIB) d'ici à 2050 serait inférieure de 7 % à ce qu'elle serait sans lui. L'Association nationale des industries manufacturières a, de son côté, calculé que les consommateurs perdraient 7 000 dollars par an d'ici à 2030.

Les démocrates se sont rapidement aperçus qu'ils n'avaient pas le dessus. "Réduire le prix de l'essence devrait être notre priorité", a lancé le sénateur républicain du Texas, Jon Cornyn. Les leaders démocrates ont alors écourté les procédures et demandé un vote, mais celui-ci n'a pas permis de briser l'obstruction des républicains (il a manqué 12 voix). Le projet de loi a été remis à plus tard, vraisemblablement après l'élection d'un nouveau Congrès en novembre. "Quand les données économiques ont été connues, la réalité a fini par arriver jusqu'au Sénat", a commenté James Inhofe, sénateur républicain de l'Oklahoma, qui n'est pas persuadé de la responsabilité de l'homme dans le réchauffement de la planète.

"Quand les données économiques
ont été connues, la réalité a fini
par arriver jusqu'au Sénat"
Sen. James Inhofe, sceptique climatique

Le texte a aussi embarrassé une dizaine de démocrates, originaires d'Etats miniers ou manufacturiers, qui ont indiqué ne pas pouvoir le voter. Outre M. McCain, ni Hillary Clinton, occupée à préparer ses adieux prévus samedi 7 juin, ni Barack Obama, retourné pour trois jours à Chicago, n'ont jugé bon de se déplacer pour contrer l'obstruction des républicains. La Chambre des représentants n'a pas encore rédigé de texte comparable. Mais elle a prévu d'examiner l'idée d'une taxe sur le carbone dans quelques semaines.

Corine Lesnes, Le Monde


117 réponses à “Le Sénat américain rejette un projet de loi réduisant les émissions de CO2”

  1. Cher Ben, il faut tout de même remarquer une grande similitude entre certains arguments que je lis ici et la définition-même de théorie du complot.

    Un exemple ? L’amalgame… Le fait de mettre dans un même panier diabolique tous les opposants aux théories des tenants du complot. Cf le fait que vous me dites alarmiste, alors que je ne fais jamais aucune prédiction alarmise sur le futur soi-disant apocalyptique de la terre. Je ne fais que discuter des motivations scientifiques soutenant le théorie du RC. Je ne suis donc pas un alarmiste, mais bien un « réchauffiste ». Remarquez par ailleurs qu’affubler les opposants aux théories du complot de surnoms ridicules est aussi une pièce maîtresse de ce genre de mouvements – le but étant de discréditer quelqu’un à propos de son nom, ou de sa façon de s’exprimer, et non pas sur ses arguments.

  2. Pratiquer l’amalgame n’a rien à voir avec la théorie du complot. C’est un défaut propre à bien des débats, et vous vous en rendez coupable vous-même dans votre dernier post (#101).
    Je ne vous ai jamais affublé de surnom ridicule, et me garderais bien de le faire. Je trouve en effet que c’est là un mauvais procédé. Mais là encore, un tel comportement n’a rien à voir avec une quelconque théorie du complot : cela témoigne juste d’un certain agacement dans le débat, c’est tout (ça ne l’excuse pas).
    Je note que vous dites être d’accord pour qu’on vous appelle réchauffiste, alors que vous avez nettement fait comprendre ailleurs que ce terme vous déplaisait aussi. Comment doit-on vous qualifier ?

  3. #101

    Ici, à ma connaissance, on ne bannit pas gens qui critiquent les sceptiques, mais on aimerait discuter sans faire de procès d’intention et sans caricaturer la moindre observation sociologique faite à propos des tenants de la pensée unique. Il faut dire que c’est quelquefois tellement gros qu’on ne peut pas s’empêcher d’ironiser. Quant à la théorie du complot, là aussi on pourrait dire: « Godwin ». C’est tellement facile de se débarrasser de conclusions parfaitement étayées par un simple mot chargé .
    Que vous le vouliez ou non, on ne peut que constater qu’il y a dans ce canular (l’un des plus importants de l’après guerre) une conjonction d’intérêts idéologiques et financiers tout à fait étrange… à première vue, car, en fait, ce type d’alliance n’est pas nouveau: c.f. les financements des révolutions.

  4. A propos de la Loi de Godwin, notez ce qu’en dit wiki sur pourquoi on atteint le « point de godwin :

    Parfois, ce sera le cas suite à un troll, plus particulièrement sous la forme d’un sophisme. Un troll, ou une suite de trolls menant à une vérification de la loi de Godwin sont un exemple de thought-terminating cliché

    et thought-terminating cliché :

    peut être traduit par : poncif bloquant la réflexion. Il s’agit en effet de phrases, d’aphorismes ou de notions aptes à empêcher une réflexion d’aboutir. Cette notion est un procédé rhétorique de manipulation utilisé régulièrement pour souder une société, une communauté religieuse, etc.

    En bref, la probabilité que l’utilisateur du mot Godwin soit un troll suit, elle-même, la « Loi de Gogwin » CQFD.

  5. Comment doit-on vous qualifier ?

    @102 L’idiot du village ?

  6. Rebonjour à tous,

    Ben : réchauffiste ne me pose pas tant de problème que cela. Par contre « idiot du village » mérite aussi quelques points, comme vous le dites. Ou le fait d’appeler la théorie usuelle du RC anthropique la « FARCE », ou de me faire traiter de troll, ou le fait que les gens ne me répondent plus aussi.

    A ce propos, si le fait d’utiliser le mot Godwin suit cette loi, j’en suis pour le moment à 1 point comme scaletrans, et curieux en est à 4 :0)

    En fait, scaletrans, de quelles  » conclusions parfaitement étayées » voulez-vous parler et de quel « caular » s’agit-il ? Votre phrase est déjà fort remplie d’a prioris il me semble…

  7. Coca

    On ne va pas recommencer tout l’exposé des observations qui contredisent la théorie du RC anthropique et forment un tout cohérent et démonstratif. Si vous appelez ça des à priori alors bonsoir, je vais me coucher…

  8. @Minitax

    Ils ont surtout intégré l’habitude de la langue de bois avec le RC : beaucoup de vagues déclarations politiquement correctes – histoire de lancer un os à ronger aux médias et aux écolos qui ne sont de toutes façon jamais contents – pour zéro mesures concrètes.

    Effectivement, l’histoire se répète. Voici un compte rendu paru dans le journal ‘Le Temps’:

    SOMMET. Comme prévu, les grands pays émergents (Chine, Inde, Mexique, Afrique du sud, Brésil) n’acceptent pas tels quels les objectifs climatiques du G8. Le Japon n’a pas réussi à décrocher l’accord espéré.

    Oui à la fixation d’objectifs climatiques à long terme. Mais pas question de laisser le G8 en fixer seul les échéances, les modalités, et le partage du fardeau. Invités à débattre avec les huit pays les plus industrialisés ce mercredi à Toyako, dans l’ile japonaise d’Hokkaido, les grands pays émergents ont gardé leurs distances par rapport à l’ambition du G8 de diminuer de moitié ses émissions polluantes d’ici 2050. Pour la Chine, l’Inde, l’Afrique du Sud, le Mexique et le Brésil, le G8 doit aller plus loin en promettant «-80 à -95%» de ses émissions. Preuve des divisions entre les «économies majeures» de la planète, l’Australie, l’Indonésie et la Corée du Sud ont pour leur part accepté les objectifs du G8 qui, au final, a donc débouché sur une déclaration a minima, sans précisions chiffrées.

    Les dirigeants des seize principales économies (MEM pour Major economies meeting) ont simplement convenus de diminuer leurs émissions «à long terme», sans préciser l’ampleur ni le calendrier de ces efforts. Ils reconnaissent également que «les principales économies développées devront adopter des objectifs nationaux à moyen terme» – 2020 ou 2025 – et, «là où ce sera possible, commencer par en arrêter la croissance dès que possible». Les MEM, dont c’était la première réunion au niveau des chefs d’Etat et de gouvernement depuis le lancement du processus en septembre 2007 par les Etats-Unis, représentent 80% des émissions mondiales, dont 60% émanent du seul G8.

    Cet accord à minima est un échec pour le gouvernement japonais qui a investi plus de 300 millions d’euros dans l’hébergement de ce sommet à l’hotel Windsor Toya, au dessus d’un superbe lac volcanique. Le fait d’avoir enfin obtenu du président George Bush un objectif chiffré doit en effet être relativisé, compte tenu de son prochain départ de la Maison Blanche. le premier ministre nippon, Yasuo Fukuda, a de plus relancé les inquiétudes des organisations non gouvernementales en affirmant, lors de sa conférence de presse finale au centre international pour les médias de Rusutsu, que les réductions d’émissions polluantes envisagées sur le G8 prennent pour année de base la situation actuelle, au lieu de 1990 pris comme référence par l’Union Européenne. Les Etats-Unis, tout comme le Japon, ont considérablement augmenté leurs émissions polluantes durant la dernière décennie.

    Le G8 de Toyako n’a pas accouché non plus de mesures fortes pour parer à l’explosion des prix des denrées alimentaires. Accusés par les ONG de n’avoir pas tenu leurs promesses d’augmentation d’aide à l’Afrique faites en 2005 à Gleaneagles (Royaume-Uni), les pays les plus industrialisés ont préféré faire l’inventaire, lors de leurs échanges avec les pays africains, de ce qui marche et de ce qui ne marche pas, évoquant des «responsabilités partagées». Le lancement de plusieurs fonds dédiés à été annoncé à Toyako: La Commission européenne a ainsi annoncé qu’elle lancera bientôt un fonds doté d’un milliard d’euros pour aider les agriculteurs africains. Un fonds pour l’efficacité énergétique et les technologies propres, doté de six milliards d’euros, a aussi été annoncé par le G8 dont les pays membres prévoient d’accroître leur participation financière aux initiatives de la Banque mondiale qui a crée un «fonds pour l’investissement dans le climat». L’idée d’un fonds mondial contre la faim, calqué sur le fonds mondial contre les pandémies basé à Genève, ne s’est en revanche pas concrétisée.

    http://www.letemps.ch/template…..rtID=13757

  9. Scale, c’est juste que je suis étonné d’un tel énoncé (qui ressemble à un argument d’autorité) car, même si d’après mes souvenirs il existe encore quelques points obscurs dans la théorie du RC, ceux-ci sont peu nombreux…

  10. même si d’après mes souvenirs il existe encore quelques points obscurs dans la théorie du RC, ceux-ci sont peu nombreux…

    Stop, stop, stop… 3/4 d’heures à me rouler par terre en pleurant de rire, c’est trop…. 😉
    Ça doit être la nouvelle arme anti-sceptique: les éliminer en les faisant s’étouffer de rire…

  11. Mais mais mais, quelle répartie laurent ! Quelle giclée d’arguments scientifiques convaincants ! J’imagine que vous allez me sortir bientôt une référence d’un article scientifique publié (et donc contrôlé) qui nous indique que le RC n’existe pas ?

  12. Alarmistes, pensée unique, média + politique + scientifiques + lobbies dans le même train, tout çà c’est bien du vocabulaire de pro-théorie du complot.
    Sans compter le fait de ne jamais reconnaître une erreur, de systématiquement s’opposer à tout argument venant d’un « réchauffiste ».
    Sans compter le fait de mettre systématiquement quelqu’un qui défend le rechauffement dans le même « camp » que ces réchauffistes.
    PErso je ne suis ni sceptique ni réchauffiste, mais vous m’avez vite mis dedans, tout simplement parce que je prends souvent la défense du réchauffement (ce n’était pas le cas tout au début, il y a bien longtemps).
    Il m’arrive souvent de donner un argument de ce site sur d’autres forums pour voir les réponses, les arguments. Pour être thought provoking..

  13. #108, la « Real politik » à l’œuvre.

    #112 le « réel blabla » à l’œuvre.

  14. #113
    Le true blabla c’est le tiens, rien dans le fond comme dans la forme.

  15. Pour être thought provoking..

    @112, du trolling pour parler français quoi. 😉

  16. @112

    Je mesure du réchauffement depuis 34 ans et je ne crois toujours pas au RCA potentiellement dangereux. Je suis persuadé que nous vivons une époque où il y a effectivement, sur une bonne part de la surface de la terre, un réchauffement affirmé. Là s’arrêtent mes certitudes. Va-t-il se poursuivre? J’en doute. Est-il unique? Je fais plus qu’en douter. Je pense que sa seule caractéristique est qu’il correspond à l’époque que nous vivons.

  17. Fabge : le problème est que le CO2 est à la limite le moins dangereux des produits de l’activité industrielle intensive. A peu près toutes les technologies que nous utilisons à l’heure actuelle sont ultra-polluantes. Perso, je prends cela comme une preuve que nous ne maîtrisons pas encoe suffisamment les processus chimiques, physiques, etc. utilisés.

    Il est donc temps de passer à la vitesse supérieure et de trouver des sources d’énergie à la fois renouvelables et efficaces