Sans franchise, pas de confiance dans la science du climat


[Editorial sur les récents rapports qui ont blanchi les membres du "climategate". Et cela vient d'un journal fortement engagé dans le carbocentrisme, au cas où l'on penserait encore que ces rapports seraient autre chose que du blanchiment !]

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Le CLIMATEGATE est-il enfin terminé ? Il devrait l'être, après la publication du troisième rapport du Royaume-Uni sur la fuite des e-mails  de l'Unité de Recherche Climatique (CRU) de l'Université de East Anglia. Incroyablement, personne n'a regardé le contenu de la science elle-même.

L'enquête parlementaire – publiée précipitamment juste avant les élections générales du 6 mai au Royaume Unis – avait éludé la science parce que l'université avait déclaré qu'elle mettait en place un "comité indépendant d'évaluation scientifique", présidé par le géologue Ron Oxburgh ["l'indépendance" d'un comité mis en place par l'université pour évaluer l'université !]

Dans l'épître de cinq pages de son enquête parlementaire, Oxburgh a déclaré que "la science n'est pas l'objet de notre étude".

Enfin, la semaine dernière est publiée le rapport de 150 pages de l'ancien fonctionnaire Muir Russell. Comme les autres, il fustigeait le CRU pour sa pratique du secret mais a conclu à son intégrité – tout en déclarant que son enquête "ne portait pas sur … le contenu ou la qualité du travail scientifique [du CRU]" (voir "Les scientifiques répondent au rapport Muir Russell").

Bien que les arguments en faveur d'actions pour réduire les gaz à effet de serre restent forts, cette omission a son importance. Comment pouvons-nous savoir si les chercheurs du CRU ont exercé correctement leur jugement ? Sans se tremper dans la science, comment Russell pourrait-il dire s'ils n'avaient pas abusé de leur pouvoir en tant que pairs pour rejeter les publications essentielles qui critiquent leur propre recherche, ou pour écarter la recherche sceptique des rapports du GIEC ?

Le rapport de Russell a été beaucoup plus sévère sur le secret sur les données, concluant à "une pratique constante de ne pas afficher le degré adéquat de transparence". Les données clés pour le public – comme celles assemblées par le CRU sur les 160 années de mesures de température globale – ne peuvent pas être considérés comme des biens privés. De plus, il aurait dû rejoindre Oxburgh en appelant à une meilleure documentation des décisions d'ordre subjectif dans la manière de  transformer les données brutes en graphiques de températures moyennes mondiales. La manipulation des données est l'essence même de la science, mais elle doit être aussi ouverte et transparente que les données elles-mêmes.

Les données sur les 160 années de mesures de température globale  ne peuvent pas être considérées comme des biens privés

L'équipe de Russell a laissé de côté d'autres questions. Ils ont décidé de ne pas analyser le détail de tous les e-mails qui ont fui dans le domaine public. Ils ont examiné seulement trois cas d'abus possibles du processus de relecture par les pairs, et seulement deux cas où les chercheurs du CRU auraient abusé de leur rôle en tant qu'auteurs des rapports du GIEC. Il y en avait d'autres. Ils n'ont pas étudié des centaines de milliers d'e-mails non publiées du CRU. De toute évidence,  la transparence exigerait la publication de ceux-ci.

Tout cela, ainsi que l'incapacité à déterminer si des courriels avaient été supprimés pour empêcher leur divulgation en vertu des lois sur l'information, rend difficile à accepter la conclusion de Russell que "la rigueur et l'honnêteté des scientifiques concernés ne sont pas de doute".

Certains diront qu'il est temps d'oublier le Climategate. Mais il est difficile de justifier la conclusion d'Edouard Acton, vice-chancelier de l'Université d'East Anglia, que le CRU a été "totalement disculpé". La divulgation des données, même à vos critiques, est une obligation légale.

Où est donc la franchise intellectuelle – en particulier, en reconnaissant les lacunes de ces enquêtes et en discutant sur la façon dont la science a été faite ? Sans franchise, la confiance du public dans la science du climat ne peut être rétablie, ni le devrait.

Source


342 réponses à “Sans franchise, pas de confiance dans la science du climat”

  1. Marot (#301),

    Residual analysis ?

    Il n’y a pas que ça qui manque. Il y a aussi la réplication du calcul de l’intervalle de confiance de la température, qui nous aurait renseigné sur le tour de force du CRU d’avoir maintenu l’intervalle de confiance quasi-inchangé alors que le nombre de stations utilisées a été divisé par 3 en 30 ans. Tâche qu’on a perdu tout espoir de mener à bien depuis que Jones a avoué avoir perdu des données brutes.
    Mais pourquoi donc s’embarrasser avec ce genre de pinaillage statistique (auquel doit se plier n’importe quel scientifique « normal ») quand l’important, c’est de protéger le climat ? 😉

  2. Warm (#296),

    Je n’ai pas dit que le CRU avait tort. Une fois de plus Warm déforme ce que dit son interlocuteur pour mener en bateau les lecteurs. A tchao. Je quitte ce blog complètement vérolé par des trolls malhonnêtes.

  3. Marot (#305),
    La question précédente demeure et en plus, au fond :

    Si tant est qu’on doive vous croire, alors

    Jones n’est plus qu’un escroc qui a vendu pour des millions de livres ce que des rigolos isolés sont capables de faire sur un coin de table.

    Alors sortez de l’ambiguité :
    ou rigolos isolés
    ou Jones escroc

    J’attends la réponse.

  4. en dehors d’un blog pourri et d’un faisceau de spaghetti illisible

    Vous venez de critiquer l’un des plus éminent blog sceptique, celui de Lucia… Balle dans le pied smile

  5. Si tant est qu’on doive vous croire, alors

    Jones n’est plus qu’un escroc qui a vendu pour des millions de livres ce que des rigolos isolés sont capables de faire sur un coin de table.

    Alors sortez de l’ambiguité :
    ou rigolos isolés
    ou Jones escroc

    J’attends la réponse.

    Alors ?

  6. Marot (#306),

    La question précédente demeure et en plus, au fond :

    Si tant est qu’on doive vous croire, alors

    Jones n’est plus qu’un escroc qui a vendu pour des millions de livres ce que des rigolos isolés sont capables de faire sur un coin de table.

    Alors sortez de l’ambiguité :
    ou rigolos isolés
    ou Jones escroc

    J’attends la réponse.

    Jones (et Hansen) sont des pionners: ils ont impulsé la création de base de donnée de température et ont publié des méthodes pour calculer la température moyenne globale…

    C’est clair qu’en s’inspirant de leur travaux, la température globale est facile à calculer par des « rigolos » (qui sont pour la plupart des sceptiques, du reste…). C’est bien la preuve que leur travaux sont bien fait !

  7. Warm (#310),

    Ce n’est pas parce qu’on « impulse » dans les années 80 que le contribuable doit payer encore 30 ans plus tard.
    Alors

    Jones n’est plus qu’un escroc qui a vendu pour des millions de livres ce que des rigolos isolés sont capables de faire sur un coin de table.

    Alors sortez de l’ambiguité :
    ou rigolos isolés
    ou Jones escroc

    J’attends la réponse.

  8. Comme l’écrivait l’admin, balancer une référence sans explication est signe évident de trollage.

  9. Vous savez lire ?

    « Climatic Research Unit : Publications
    Full publications list »

    même le lien est explicit /cru/pubs/full

  10. Le contribuable paie pour les nombreux travaux de recherche mené par le CRU dont la liste de publication en témoigne…

    ça vous va ?

  11. Warm (#316),
    En quoi la logorrhée de quelques chercheurs du CRU est une preuve de leur valeur ajoutée pour le contribuable ?

  12. Quand je lis que des individus additionnent des températures de lieux différents, j’arrête tout.

    La tête dans le four à 60°, les pieds dans le congélateur à -18°, il vont me dire qu’à 21° de moyenne je suis idéalement bien.
    Caricature ? non, la prochaine température « globale » fera la moyenne des Russes grillés et des amérindiens congelés. Bravo

  13. Et quand on n’a pas de stations terrestres pour l’Arctique on interpole à tout va avec des stations à 1000 km situées en Alaska, en Finlande et en Sibérie. Du grand n’importe quoi. Et le pire c’est que les vrais scientifiques laissent faire et que les journalistes et politiciens gobent ça.

    « Là où il y a d’la gêne, y a pas d’plaisir »

  14. Comme toute moyenne de grandeur intensive, l’évaluation de cette statistique a un sens si on passe par une grandeur extensive intermédiaire, comme T*aire ou T*volume par exemple.

  15. 1) l’évaluation d’une statistique n’a pas de sens ici. Elle n’en a qu’en matière de règles de décision où l’on évalue les fonctions de perte, de gain, etc.

    2) le sens pour les pieds dans le congélateur et la tête dans le four fait ruer le cheval de bois.

  16. Patate (#325),

    Mais ce n’est pas ce qui est fait … on a donc un indicateur fait avec des températures pas une température moyenne déduite d’une quantité de chaleur qu’on ne sait pas mesurer (parce que sinon j’ose encore penser que c’est ce qui serait fait …).

  17. Mais si Araucan ! Les températures locales sont multipliées par une superficie dépendant de la densité des stations de msure ou de l’ouverture d’angle pour les satellites.

  18. Araucan (#331),

    Pour imager vos propos et apprécier les limites d’un « indicateur », si j’ai la tête dans le four à 70° et les pieds congelés à -20° il indiquera que je vis agréablement à 25°. 😈

  19. Araucan (#331), Patate (#329),
    Quitte à prendre un indicateur, puisque la prétendue température moyenne n’est que cela, pourquoi ne pas le calculer à partir des irradiances qui, elles, sont sommables.

    L’indicateur I.

    I= racine quatrième (sigma(température^4 X surface)/surface totale).

    Est-ce que cela a été fait dans des publications hors celle de ce fil ?

    On trouverait évidemment des pseudo degrés différents à cause de l’inégalité de Jensen mais qu’importe pour un indicateur.

    Pour donner une petite idée de ce qui est fait en termes d’indicateurs, on peut lire ceci sur les indicateurs de pauvreté comme moyennes cubiques d’indicateurs élémentaires.

  20. Curieux (#332),

    C’est bien toute la limite de l’exercice : à partir du moment où l’on essaye de « résumer » un phénomène supposé global mais présentant de fortes variabilités internes, on réduit inévitablement le phénomène sensé être décrit voire on en modifie la perception, quitte à perdre le lien avec les manifestations concrètes de ce que l’on veut décrire.
    Les climats relèvent de phénomènes complexes (ou de phénomènes dont les manifestations sont complexes). La complexité présente une difficulté structurelle : elle ne peut être réduite, c’est à dire que toute simplification devient très vite fausse.
    Un autre problème lié aux indicateurs, c’est qu’ils ajoutent une couche supplémentaire : il faut en effet pouvoir relier leurs évolutions aux phénomènes qu’ils sont sensés représenter de manière univoque et donc avoir du recul par rapport aux phénomènes supposés être mesurés, pour autant qu’on le puisse. Or, on ne sait mesurer la quantité de chaleur de l’atmosphère à un instant t.

    Ce n’est pas un hasard si la notion d’indicateur a été développé dans le cadre des politiques publiques, pour suivre les résultats d’une politique : ils sont aussi conçus pour permettre aux « policy-makers » de suivre ou de piloter leurs politiques. (cf la récente Stratégie de développement durable avec … 19 indicateurs !) Ils ne sont donc pas trop compliqués et sont rapides à consulter, et semblent simples à comprendre (mais c’est loin d’être toujours le cas).
    Les indicateurs de température globale ont fini de fait par jouer ce rôle, mais l’ interprétation de leurs variations reste difficile … (et je ne parle pas de la question des anomalies …).

  21. Araucan (#336),
    Non, faute d’un fichier qui contiendrait température et surface de la zone correspondante.
    En connaissez-vous ?

  22. Marot (#337),

    De fait il faudrait les grilles pour calculer les surfaces (type GISS) attribuées aux stations et les températures de ces stations. Sur Climate audit ? Ou dans les discussions chez Lucia ?
    Ce la ne vaudrait que pour les températures des continents…

  23. Marot (#340),

    Certes, ce serait à manipuler en tant qu'indicateur (avec les précautions nécessaires et notamment à relier avec la grandeur quantité de chaleur inconnue) mais au moins cela en ferait un à comparer …
    De fait, il serait déjà intéressant de le calculer pour une série donnée de température assez longue en regardant comment varie l'indicateur sur la journée, et entre les saisons, la surface appliquée (ex 100 km2 ou 1000) étant une constante dans ce cas.
    Cela peut être fait aussi avec les stations MétéoFrance dont les données sont gratuites en appliquant une surface à chaque station: on aura un indice pour la France continentale à comparer avec les courbes officielles.

  24. Daniel (#338),

    Merci,
    C’est bien cet article que j’ai vu passer. Mais je me souviens aussi qu’il a été discuté sur un ou d’autres blogs.

    Le problème, c’est que je ne classe pas correctement mes infos, quand je les enregistre.