par le jury du Climathon.
Semaine 36, donc semaine multiple de 12, synonyme de dernière chance pour figurer au palmarès des vainqueurs d’été. Précisons en effet que, sous sa forme actuelle, le Climathon prendra fin lors de la semaine 48, c’est-à-dire juste avant la conférence Paris Climat. Simple question de logique : seul un rythme quotidien, voire horaire, aura une chance de mettre dignement en relief les morceaux de propagande qui se dérouleront pendant la COP21. (Les propositions en ce sens sont les bienvenues.) Les compétiteurs participaient donc à la dernière semaine du championnat d’été, ce qui a provoqué une belle surenchère dans la propagande, les annonces d’apocalypses mais aussi le délire hors-sol. Et c’est cette dernière tactique qui l’emporte finalement.
Comme on le sait depuis déjà un certain temps, les gros émetteurs de gaz à effet de serre ne se pressent pas pour aider à ce que la planète soit sauvée à Paris en décembre prochain : les États-Unis ont promis de continuer comme avant, la Chine a annoncé qu’elle se soucierait de limiter ses émissions vers 2030, l’Inde a fort curieusement expliqué préférer se développer plutôt que de se tirer une balle dans le pied limiter ses émissions, la Russie a fait des propositions carrément qualifiées d’ »inadéquates » par les négociateurs, le Canada s’est retiré il y a belle lurette du protocole de Kyoto, et ainsi de suite. Les deux seuls pays dont les propositions sont jugées dans les clous pour l’instant sont le Maroc et l’Éthiopie ce qui, sans manquer de respect à l’importance économique de ces deux pays, n’est probablement pas de nature à rassurer les inquiets du thermomètre qui prophétisent calculent que, pour l’heure, on est sur une trajectoire à +3°C d’ici 2100, donc bien au-dessus des deux-degrés-maxi-après-la-Terre-explose. (Et encore, on commence à parler de 1,5°C comme de la nouvelle limite, comme quoi les tipping points ne sont plus ce qu’ils étaient.) Cerise sur le gâteau, on a appris récemment qu’il y avait comme un trou dans le budget des négociations climatiques, et qu’il allait falloir très vite mettre la main à la poche pour que nos indispensables négociateurs puissent venir faire la fête converser de l’avenir du monde à Paris.
C’est donc en toute logique que Ségolène Royal, ministre française de l’écologie et du dév’dur’, a déclaré le 2 septembre sur itélé (15’55 ») au sujet de ladite COP21 à venir :
C’est déjà un succès.
Le moment était particulièrement bien choisi pour placer cette phrase : à ce moment-là de l’interview en effet, madame la marquise ministre commentait les résultats provisoires de la « question du jour » d’itélé, selon lesquels 87% des Français pensent que la COP21 sera un bide. Résultats qui suivaient quelques mignons commentaires sur la polémique ouverte par Claude Bartolone au sujet du risque d’engorgement de l’Île-de-France pendant la conférence.
Comme quoi il n’est pas nécessaire d’en rajouter pour l’emporter : une courte phrase bien placée peut assurer la victoire.
C’est un beau symbole pour Ségo que de l’emporter en dernière semaine du championnat d’été, elle qui, on s’en souvient, s’était effondrée lors de la première de ce même championnat d’été après avoir, par une fabuleuse réplique sur le Nutella destructeur de planète, menacé la position de favori qui était celle du pape en personne. Revenir ainsi en pleine lumière après une si longue traversée du désert nécessite un moral d’acier, une confiance inébranlable en ses capacité. Par ce haut fait d’armes, Ségolène Royal ne s’arroge pas seulement la victoire de la semaine, elle acquiert aussi le statut de grand parmi les grands. Elle donne à tous une splendide leçon de courage et d’abnégation.
Les accessits de la semaine
Après l’Appel à stopper les crimes climatiques de la semaine dernière, qui suivait lui-même l’Appel des consciences et quelques autres encore antérieurs, la mode des appels ne se dément pas, avec cette semaine, en France, un appel de 27 ONG (la Croix Rouge, Acted, Action contre la Faim, Handicap International…) qui ont adressé un courrier à Laurent Fabius pour lui faire prendre conscience de l’impact des crises climatiques sur les crises humanitaire Ils assènent un chiffre qui ne mange pas de pain (« 22.4 Millions de personnes ont été déplacées du fait de phénomène climatiques »), avec en bonus quelques projections alarmistes, pas plus étayées cependant. Merci à L’Humanité de nous avoir fait connaître ce nouvel appel indispensable.
Un appel ne venant jamais seul, des ONG féministes ont elles aussi lancé leur Appel mondial des femmes pour la justice climatique. C’est WECF (Women in Europe for a common future), engagée en tant qu’ONG du Groupe Femmes et Genres de la convention de l’ONU sur le changement climatique (on ne peut pas reprocher à l’ONU de ne pas ratisser large), qui est à la manœuvre. Et donc, pour ceux qui n’auraient pas compris l’idée générale, il s’agit dans cet appel de dire qu’« un accord juste et responsable sur le climat devra, entre autres choses, respecter et promouvoir les droits humains et l’égalité des sexes ».
Saint Barack, qui a déjà permis une belle victoire en semaine 32, permet à nouveau à certains compétiteurs de briller cette semaine. Entre une promenade sur un glacier, une petite virée au nord du cercle polaire et un petit bonjour aux Inuits qui sont à l’humanité ce qu’est l’ours blanc au règne animal, à savoir un symbole à manier à la truelle, il n’a pas hésité à participer à une émission de téléréalité « survivaliste » et à user de la perche à selfies … Sous les quolibets réprobateurs des ONG environnementales qui vilipendent la mollesse de son action, sort qui attend désormais tous les gouvernants dans cette dernière ligne droite, il n’a lésiné sur aucun cliché, multipliant les messages alarmistes qui permettent à plusieurs médias francophones les ayant servilement rapportés d’obtenir de beaux accessits. Bravo donc à L’Obs, au Figaro, sans oublier bien sûr le Journalderéférence., pour avoir rapporté ces quelques perles :
Pays submergés, villes abandonnées, champs en friche. Réfugiés désespérés cherchant des sanctuaires dans des nations qui ne seront pas les leurs. Perturbations politiques qui pourraient entraîner des conflits multiples autour du monde.
Nous n’avançons pas assez vite. Le climat change plus rapidement que nos efforts pour y répondre.
Le jury aime les formes si diverses et si citoyennes que prennent les actions en faveur du climat. Ainsi, basta!, magazine indépendant (50 830 € de subventions seulement, soit 30 % à peine du CA), métissant le social et l’écologie, propose une interview albertlondresque de May Boeve, directrice exécutive de 350.org, organisation créée pour travailler sur une seule question, (« le besoin urgent d’agir contre le changement climatique ») et déjà citée au climathon dans un appel conjoint avec ATTAC dénonçant les « crimes climatiques ».
On y apprend que les militants de 350.org sont « prêts à prendre des risques personnels pour contribuer à résoudre le problème« . On frémit devant un courage si désintéressé auquel s’ajoute une lucidité sans faille dans l’appréciation de ce qu’est un « problème« .
L’interview de la directrice est brillamment menée, les questions sont polémiques et impertinentes, voire franchement embarrassantes comme celle-ci :
Malgré l’accumulation des preuves scientifiques et concrètes du dérèglement climatique, les gens et les gouvernements ne semblent toujours pas prêts à résoudre le problème concrètement. […/…] Qu’en pensez-vous ? »
« Et tu vois David, si les climatonégationnistes continuent de nous emmerder, la foudre de la soucoupe volante des extraterrestres d’Independence Day leur tombera dessus et ce sera bien fait pour leurs gueules. »
51 réponses à “Climathon, semaine 36 : tout ira très bien pour la COP21, madame la marquise”
Bob (#48), C’est l’arme de propagande massive du Point!!!!
Et c’est ce clown qui va venir vous culpabiliser d’utiliser votre auto ou de chauffer votre logis…