Entretien publié sur TheBestSchools
Traduction: Bernnard
Dans cette partie William Happer questionné par « TheBestSchools » donne son point de vue sur la crosse de hockey et le début des rapports du GIEC. Il nous parle aussi de l’influence de l’activité solaire sur le climat.
TheBestSchools : Passons maintenant à la prochaine série de questions. En supposant que par souci de l’argument selon lequel le réchauffement climatique est en effet un fait bien établi, la question suivante est : quelle en est la cause ?
Dans le cadre de cette question, un autre graphique est souvent appelé — le célèbre (ou infâme, selon votre point de vue) « Hockey Stick » popularisé par Al Gore dans son film de 2006, « une vérité qui dérange »:
Comment interprétez-vous la « crosse de Hockey » ? Pourriez-vous s’il vous plaît expliquer à nos lecteurs ce qui est juste ou faux dans sa représentation, et comment (selon vous), a-t-elle eu le rôle important qu’elle a assumé dans le débat sur le réchauffement climatique ?
William Happer : La courbe des températures de la « crosse de hockey » est remarquablement absente du dernier rapport du GIEC, qui est important. Ma conviction est que la « crosse de hockey » a débuté comme étant un document sincère et cependant erroné, mais jugé bienvenu par l’aristocratie du réchauffement anthropique. Ils étaient gênés par les années de la période chaude médiévale, lorsque les Vikings cultivaient au Groenland, alors que les émissions provenant des combustibles fossiles étaient négligeables. le Livre de A.W. Montford, The Hockey Stick Illusion (Anglosphere Books, 2015), est un très bon résumé de ce qui s’est passé (voir cette revue).
Ce que vous pouvez apprendre du livre, c’est qu’une grande partie de la crosse de Hockey reposait sur des anneaux de croissance d’une collection d’arbres choisie judicieusement. Si vous utilisez d’autres indicateurs de température, par exemple l’18O en proportion de l’isotope 16O dans les carbonates, comme des stalagmites des grottes, des températures de forage, du pollen de fond de lac, alcénones, etc., vous décelez une claire période chaude médiévale, en accord avec les données historiques. Un enregistrement de température à partir de proxies plus fiables qui n’incluent pas les cernes d’arbres est indiqué sur la figure ci-dessous, tirée de C. Loehle et J.H. McCulloch, “Correction to: A 2000-year temperature construction based on non-treering proxies,” Energy & Environment, 2008, 19: 93–100):
En général, nous recherchons une nouvelle loi par le processus suivant. Tout d’abord, nous la devinons (rire du public). Non, ne riez pas, c’est la vérité ! Puis nous calculons les conséquences de notre supposition, pour voir ce que cela impliquerait si notre supposition était correcte. Ensuite nous comparons les résultats de ces calculs avec la Nature, c’est-à-dire avec les expériences, C’est-à-dire que nous les comparons avec les observations pour voir si cela fonctionne.
Si c’est est en désaccord avec l’expérience, alors c’est faux. Et c’est ce simple constat qui est la clé de la science. Cela ne fait aucune différence que la supposition soit géniale, que l’auteur soit très intelligent ou comment il s’appelle… Si elle est en désaccord avec l’expérience, c’est faux ! C’est tout ce qu’on peut en dire.
Heureusement, une cassette vidéo de Feynman faisant ces remarques à l’Université Cornell a été enregistrée, avec son accent du Bronx.
TheBestSchools : Maintenant, même en supposant que la situation décrite par la « crosse de hockey » est fondamentalement exacte – qu’un pic de réchauffement planétaire coïncide avec la révolution industrielle – les critiques maintiennent toujours qu’il existe d’autres incertitudes entourant la prétention que la combustion des combustibles fossiles soit le principal « pilote » (Facteur causal dominant) du réchauffement climatique. À savoir:
- Nous sommes, après tout, encore en train de nous remettre de la dernière glaciation (dans le vrai sens du terme), qui a duré environ 100 000 ans et qui s’est terminée seulement il y a environ 12 000 ans ; donc, pourquoi ce réchauffement modeste n’est-il pas simplement ce à quoi nous devrions nous attendre (l’hypothèse nulle) au cours d’une époque interglaciaire comme la nôtre? N’est-ce pas l’hypothèse inavouée par le consensus scientifique que le changement climatique est anormal qui est manifestement fausse ?
- Au cours de l’enregistrement géologique dans son ensemble, il apparait que les tendances au réchauffement précèdent régulièrement la hausse des niveaux de CO2, et pas l’inverse.
- Certaines études montrent une forte corrélation entre les cycles d’activité solaire et les températures de surface de la terre ; En fait, il a été récemment prédit que nous pourrions entrer dans un nouvel petit age âge de glace dans 20 ans, ainsi nous serions à l’aube d’un «Minimum de Maunder» (une période d’activité solaire minimale). Le dernier Minimum de Maunder est considéré par certains comme ayant contribué au Petit Age de Glace.
Les partisans du consensus, bien sûr, rejetteront ces préoccupations comme fondamentalement non pertinentes par comparaison au fait primordial de l’augmentation rapide du CO2 au cours du siècle dernier.
Comment équilibreriez-vous ces deux ensembles de préoccupations concurrentes?
William Happer : Ici, je me souviens d’une scène magnifique dans le film de 1939, le magicien d’Oz.
Le petit chien de Dorothy, Toto, vient de retirer le rideau vert pour montrer que le magicien est vraiment un vieil homme aux cheveux blancs, manipulant divers leviers pour contrôler les illusions d’optique. En voyant Dorothy et ses amis, le magicien crie: «Ne faites pas attention à ce bonhomme derrière le rideau, Oz le grand a parlé!» Les défenseurs du consensus disent: «ne prêtez aucune attention aux faits bien documentés récapitulés dans vos trois points, 97 pour cent des scientifiques ont parlé!»
Oui, il y a eu une augmentation rapide du CO2 au cours du siècle dernier, et il a déjà contribué à l’augmentation de la production agricole. Et oui, il y a eu un réchauffement, environ 1° C, mais avec la moitié du réchauffement qui s’est produit avant que le CO2 ait beaucoup augmenté. La nature erratique du réchauffement au cours du siècle dernier suggère que la moitié ou plus du réchauffement n’est pas due à plus de CO2, mais a été causée par d’autres phénomènes naturels, qui ont causé le réchauffement ou le refroidissement de toute l’histoire géologique.
Les cycles glaciaires à long terme semblent au moins partiellement expliqués par l’hypothèse de Milankovic. Milutin Milankovic, un astrophysicien serbe, a souligné que les changements dans l’orbite de la Terre conduisent à des changements dans l’insolation estivale de l’hémisphère nord. Pour certaines combinaisons d’inclinaison et d’orientation de l’axe de rotation de la Terre et de l’ellipticité de l’orbite, il n’y a pas suffisamment d’ensoleillement estival près du pôle nord (souvent pris au nord du 65ième degré de latitude) pour faire fondre la neige de l’hiver précédent. Ensuite, les calottes glaciaires continentales peuvent se développer. Cela peut en partie expliquer l’occurrence quasi périodique des périodes interglaciaires, comme celle que nous vivons aujourd’hui. Après 10 000 ans de chaleur, la glace revient. Environ 100 000 ans passent entre un interglaciaire doux et le suivant, bien que l’intervalle puisse être plus long ou plus court. On trouvera ci-dessous une comparaison entre la température globale, telle qu’elle est déduite des carottes de glace, et l’insolation d’été au 65ième degré nord:
La figure 13 ci-dessous montre les températures déduites des rapports isotopiques 18O et des concentrations de CO2 dans les carottes de glace. Comme vous l’avez mentionné plus haut, un examen attentif des données de température et de CO2 montre que les changements de température précèdent les changements de CO2 de plusieurs siècles. Une implication possible est que le réchauffement des océans libère le CO2 dissous et le refroidissement de l’océan l’absorbe. Dans le froid extrême juste avant le début d’un interglaciaire, la glace a de grandes quantités de poussière, vraisemblablement à cause de la désertification des zones de continents sans glace qui permettent des tempêtes de poussière mondiales. Les concentrations de CO2 tombent à 200 ppm ou moins à ces périodes poussiéreuses, ce qui peut conduire à un dépérissement partiel de la végétation terrestre à cause de la pénurie de CO2, ce qui amplifiera la désertification.
Un croquis des taches solaires pendant le minimum de Maunder est montré ci-dessous.
A suivre…
Prochaine partie sur le verdissement.
57 réponses à “Entretien avec William Happer (2/4) : la «crosse de hockey» et l’activité solaire”
lemiere jacques (#49),
Je suis sceptique, mécréant et pragmatique. Bref, j’ai de très gros défauts.
Je ne vois aucun intérêt à la théorie des cordes. Pour plusieurs raisons :
– elle repose uniquement sur des modèles mathématiques
– elle est totalement irréfutable.
– elle n’apportera certainement rien de pratique (retombées économiques, progrès technologiques, etc.).
Le financement public doit se faire pour le bien-être des populations. Contrairement à Hollande qui dit « cela ne coûtera rien c’est l’État qui paye », moi je dis que l’État c’est nous, les contribuables.
Vouloir établir une théorie du tout me paraît d’une telle arrogance : c’est se prendre pour Dieu.
Un candidat devrait quand même pouvoir donner de sérieuses raisons pour justifier la dépense.
Pourquoi se limiter à la proche banlieue ? Pourquoi pas Alpha du Centaure ?
Cdt Michel e.r. (#48),
Le Giec a été créé en 1988 sous l’impulsion de Reagan et Tchatcher.
Cette dernière voyait dans cette affaire naissante du rca un argument scientifique contre l’utilisation du charbon qui pouvait l’aider à faire accepter la fermeture des mines de charbon au Royaume-Uni.
Reagan pensait, en confiant ce sujet à l’onu, éviter qu’il ne soit cornaqué par les écolos. Raté !
Cdt Michel e.r. (#51), Pourriez-vous nous faire un résumé argumenté(sans éluder l’aspect mathématique, sinon, ce serait de la bête vulgarisation, et sans utiliser d’image) de ladite théorie afin que nous puissions nous faire une idée de son intérêt, et, en même temps, nous expliquer ce que veut dire, à votre sens, l’intérêt d’une théorie scientifique en général?
Plus précisément, vous semblez faire de son intérêt économique et technologique une condition de la pertinence d’une théorie scientifique fondamentale; vous ai-je compris?
andqui (#53), Non, merci ! Je n’en ferai rien.
J’ai mieux à faire.
Cdt Michel e.r. (#54), Non, vous n’avez pas mieux à faire, vous n’êtes simplement pas capable de répondre à mes questions. Il faut être conséquent, même sur Skyfall, l’anonymat n’est pas une garantie d’innocence. Il y a un monde entre l’orthographe et la physique, il y a un monde entre l’opinion et la connaissance.
Je suis un des rares ici qui publie sous son vrai nom.
Et entre nous, il y a plus de vingt ans que l’on ne me donne plus des ordres.
Si vous insistez, sachez que je n’ai nul besoin de venir poster sur Skyfall. La postite aiguë, il y a longtemps que cela m’est passé.
Faudrait pas beaucoup me pousser que je ne vienne même plus lire ce qui s’y raconte.
Le fait est que cette théorie des cordes est si spéculative et offre si peu de possibilités de confirmations par l’expérience ou même l’observation qu’il est difficile de ne pas avoir des doutes sur sa valeur scientifique.
D’après ce que j’en ai compris, il apparaitrait qu’on peut même la modifier pour l’adapter aux résultats des expériences. Le truc est tellement théorique et abstrait qu’il doit y avoir une poignée de spécialistes capables de l’appréhender, même la relativité restreinte est plus facile à capter, avec en plus des floppées d’expériences à la clef.
Je ne peux pas m’empêcher de penser que cela ressemble à une impasse, mais je me garderai bien d’être formel sur ce point.