Réponse à Alain Lipietz

par Benoît Rittaud

• • • • •

Suite à l’émission 28 Minutes du 26 novembre sur Arte au cours de laquelle Bettina Laville, Alain Lipietz et moi avons débattu, Alain Lipietz s’est fendu d’un courrier aux journalistes, qu'il a mis en accès libre sur son blog. Au lieu de me contenter d’en rire, je n’ai pas pu m’empêcher d’en faire une analyse, que je vous propose ici et qui me sert de réponse publique.

Pour commencer, voici l’intégralité du courrier que j’adresse à l’instant même à Alain Lipietz (j’envoie aussi un courrier à Camille Dauxert, de l’émission 28 Minutes).

Monsieur,

J’ai appris, non par vous-même mais par un fidèle d’un blog, l’existence d’un courrier que vous avez adressé à Élisabeth Quin (dont le prénom s’écrit avec un s et non un z) et Camille Dauxert suite à l’émission au cours de laquelle nous avons débattu. Ce courrier, que vous avez choisi de rendre public sur votre blog, contient de graves accusations à mon endroit. Vous trouverez à l’adresse http://www.skyfall.fr/?p=1150 ma réponse, tout aussi publique, à ce courrier.

Si vous souhaitez commenter cette réponse, je vous demande d’avoir la courtoisie, ou à défaut le courage, de m’informer personnellement, par mail, du lieu où ce commentaire serait publié. Je souhaite aussi que vous preniez garde à ce que certains de vos propos ne dépassent pas les limites d’un débat entre personnes certes passionnées mais avant tout soucieuses du respect du pluralisme des idées.

Benoît Rittaud.

Le fond scientifique des propos d’Alain Lipietz n’appelle guère de commentaire, et constitue un galimatias qui n’est certainement pas le plus intéressant dans son interminable missive (qui se conclut par un bel humour involontaire : « Espérant avoir clarifié les enjeux »…) J’y réponds aussi brièvement que possible à la fin de ce billet, plus par souci d’éviter les insinuations faciles que par réelle utilité. Ce qui est intéressant se trouve ailleurs.

La première chose qui me frappe, c’est qu’Alain Lipietz valide clairement qu’il a perdu notre débat. Se sentir ainsi obligé de rédiger un aussi long courrier, qui décortique chaque élément du débat et chaque ligne de mon livre pour tenter désespérément de me discréditer est la marque de quelqu’un qui a beaucoup de frustration à vider. Je ne pensais pas qu’il avait été déstabilisé de façon aussi vive. Prétendre que « [d]ès la lecture des 3 premiers chapitres, [le livre de M. Rittaud lui] est tombé des mains » est une évidente contrevérité qui illustre visiblement une gêne profonde : Alain Lipietz aimerait faire comme si je lui était indifférent, mais il n’y parvient pas. Il a effectivement lu tout mon livre, avec le soin maniaque de quelqu’un qui ne cherche visiblement qu’à conforter ses a priori, mais en échouant dans son entreprise et en ressentant douloureusement cet échec.

En bon bayésien, Alain Lipietz doit savoir que les compliments d’un adversaire portent plus d’information que les reproches. C’est donc non sans satisfaction que je note son appréciation de mon chapitre 4. Il semble avoir bien perçu aussi l’importance et l’intérêt de mon chapitre 6, qu’il ne réfute par aucun autre argument que des qualificatifs injurieux, reconnaissant en fait ne pas être en mesure de le contredire (tout en considérant sans doute que Popper – ah ! Popper… – veille au grain à sa place). Il convient que la courbe de Mann est fausse, il reconnaît un point d’accord « important » au sujet des carottes de glace, il rappelle que le réchauffement n’était pas observé avant les années 80… Moi je vous le dit : Alain Lipietz est un climatosceptique qui s’ignore.

L’incroyable agressivité de son courrier est évidemment l’élément le plus saillant. Alain Lipietz fait tout pour se présenter comme quelqu’un qui aurait perdu toute capacité à discuter, c’est-à-dire à confronter ses idées avec un contradicteur. Pour lui, un opposant au carbocentrisme est un « criminel », qui à ce titre ne devrait pas avoir le droit à la parole. Voici quelques citations édifiantes :

Si j’avais eu conscience que l’émission reviendrait encore sur cette histoire de « climatosceptiques », qui sert à justifier la paralysie de l’action depuis l’échec de Copenhague, j’aurais proposé un autre intervenant, tel M. Jouzel.

… comptant que la rubrique « Intox/Désintox » riverait le clou à ses effarants mensonges initiaux…

Je considère en effet que la mission du service public n’est pas de rendormir les gens face au péril, mais au contraire de les mobiliser. Comme le dit le prix Nobel Paul Krugman, faire de la propagande climatosceptique est aujourd’hui criminel (et je regrette d’avoir retirer (sic) le terme, pour en venir plus vite au sujet de l’émission.)

(Tiens tiens… aurait-il tiré de mon livre cet avis de Paul Krugman ?)

M. Rittaud, qui s’inscrit dans cette offensive, n’a rien compris à la base hypothético-déductive du débat (ou il la cache).

Consacrer un chapitre à épater le badaud par un petit cours de maths, critiquant méticuleusement un point d’illustration (et non d’argumentation) maladroit et archisecondaire de la thèse adverse, relève d’une méthode rhétorique bien connue (« l’empoisonnement du puits ») illustrée jadis par d’autres négationnistes (tel l’accent mis sur la reconstitution d’une chambre à gaz dans un camp alsacien où il n’y en avais jamais eu : ce qui prouve, n’est-ce pas, qu’il n’y en a eu nulle part…).

En réalité, M. B. Rittaud n’hésite pas à pratiquer la science standard. Il regarde la télévision, ce chef d’oeuvre de la théorie de l’interaction matière-lumière, je le soupçonne même de regarder la météo. Ce qui l’intéresse est de passer à la télévision.

(C’est raté : je n’ai pas la télé. Alain Lipietz, lui, n’est à l’évidence pas intéressé par le petit écran, il est au-dessus de ce genre de vanité. Sauf dans la conclusion de son courrier, où il explique aux journalistes de l’émission : « En cas d’échec de la conférence de Doha, je reste disponible pour en discuter enfin sérieusement avec vous. » Mais ça n’a évidemment rien à voir avec l’envie de passer à la télé…)

Un collier de sottises, de réflexions et d’anecdotes amusantes mais hors-sujet, de remarques même pas fausses : un chapitre irréfutable faute d’une consistance à laquelle s’attaquer, malgré ses conclusions criminelles…

Mais dans le cas du livre de M. Rittaud, il s’agit de pur baratin dont le but est explicité dans le chapitre 6 sur la « l’ombre portée » par le carbonocentrisme (sic) : l’inutilité des politiques de lutte contre l’effet de serre.Les autres chapitres relèvent exactement de la même rhétorique que chez les les (sic) négationnistes de la Shoah, des attentats du 11 septembre ou de la toxicité de l’amiante…

Qu’un élu au Parlement européen puisse ainsi se laisser aller à de tels débordements a le mérite de me rappeler l’importance de mon bulletin de vote, dont je considère qu’il a notamment pour fonction de contribuer à ce que l’auteur de tels propos n’accède jamais aux plus hautes sphères du pouvoir. Je pense notamment que les citations précédentes expriment une intention manifeste de s’opposer aux principes posés par la Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen dans ses articles 10 et 11 :

Art. 10. –
Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la Loi.
Art. 11. –
La libre communication des pensées et des opinions est un des droits les plus précieux de l'Homme : tout Citoyen peut donc parler, écrire, imprimer librement, sauf à répondre de l'abus de cette liberté dans les cas déterminés par la Loi.

Sauf erreur, le climatoscepticisme n’est pas un abus aux yeux de la loi. En revanche, qualifier quelqu’un de criminel en raison de ses opinions témoigne d’une volonté de lui interdire d’exercer son droit à la libre expression. Une analyse juridique des propos précédents d’Alain Lipietz, argumentée par des textes de loi et la jurisprudence, serait intéressante. Si un juriste passe par là…

Un autre point saillant du courrier d’Alain Lipietz est son côté profondément infantile. C’est quelque chose que j’ai déjà observé chez d’autres, par exemple chez Stéphane Foucart qui, dans son livre sur les ennemis de la science que sont les climatosceptiques, convenait qu’il « n’allait pas me chercher noise » sur les questions statistiques. Un vrai langage de gamin. Lors de l’émission sur Arte, Élisabeth Quin a, avec beaucoup d’intuition et de pertinence, explicitement reproché à Alain Lipietz que celui-ci « réagissait comme un enfant dans une cour de récré » (cela s’est passé hors caméra ; je ne me serais jamais permis de faire état de cette anecdote, mais là, il se trouve que je cite Alain Lipietz ; la chose est donc désormais publique).

Voyez les références d’Alain Lipietz à ses propres succès scolaires (« Entré second à l’école polytechnique »). Voyez-le réciter bien proprement sa leçon sur l’histoire de l’effet de serre. Voyez son incapacité à se retenir de me traiter de vilain pas beau à chaque occasion. Voyez son perpétuel empressement à montrer qu’il sait. Voyez sa référence à « un contrôle d’hypotaupe ».

Au fond, dans son courrier tout comme durant l’émission, Alain Lipietz a tout simplement perdu les pédales. On le voit à sa manière de parler de tout et de n’importe quoi hors de propos (sur le boson de Higgs, sur son intérêt d’étudiant pour l’analyse non-standard, sur les chambres à gaz…), allant jusqu’à assumer le côté délirant de la chose lorsqu’il dit dans son courrier, au sujet du pari de Pascal : « Il faudra en parler aux islamistes radicaux. Rien à voir avec l’effet de serre ? Non, et c’est voulu. » Nous voilà prévenus sur son souci de cohérence.

Allez, courage : le « fond scientifique ». Pour limiter le pensum, je me concentre sur les quelques points qu’Alain Lipietz semble considérer comme les plus importants (je répondrai à n’importe lequel des autres si la demande m’en est faite par l’intéressé – non sans une lassitude anticipée).

– Ni Fourier ni Tyndall n’ont jamais parlé de réchauffement climatique, ils peuvent être, au mieux, considérés comme des précurseurs sur lesquels d’autres se sont appuyés ; Arrhenius, notamment, que s’empresse de citer Alain Lipietz (et que je cite aussi dans mon ouvrage, contrairement à ce qu’il laisse croire) tout en omettant de préciser qu’Arrhenius a été réfuté en son temps par Wood.

– En 1991-92, les scientifiques que connaît Alain Lipietz « pariaient » peut-être à 60%, mais ce n’est pas du tout ce que disait le GIEC dans son rapport de l’époque. (Bon, Alain Lipietz a fait un effort : durant l’émission, il avait dit 75 %… on progresse.)

– Popper… pfouhh… le bon vieux Karl ne méritait pas ça. Joker.

– Le coup du conducteur qui fonce dans le mur, là aussi : pfouh. Analogie, quand tu nous tiens ! Direction la fin du prologue ainsi que le chapitre 4 du Mythe climatique.

– Les climatosceptiques critiquent la courbe de Mann sans donner « la vraie courbe du climat du dernier millénaire » tout bêtement car personne ne la connaît. Les données de Mann ne permettent pas de la produire. Alain Lipietz a-t-il si peur du vide qu’il préfèrerait garder la courbe de Mann en attendant, tout en sachant qu’elle est fausse ? (Et non, l’ignorance d’Alain Lipietz de cette courbe n’en fait pas un élément mineur.)

– Personne ne dit qu’il n’y a pas eu de réchauffement au XXè siècle (bien qu’Alain Lipietz se contredise, puisqu’il dit plus haut : « ce réchauffement n’était pas observé avant les années 80 »). Personne non plus ne dit que la température actuelle n’est pas plus élevée que par le passé. C’est simple pourtant : ça s’appelle un plateau. C’est plus haut qu’avant parce que ça a monté, mais là maintenant ça monte plus. Oualà.

– Les canicules, l’Australie en flammes… : pfouh… Allez, un effort. Ça, ça s’appelle la météo. Le climat, lui, traite de tendances longues. Il y a déjà eu des canicules bien avant 2003 : avant de brandir celle-là comme étendard, il faut comparer avec les périodes antérieures, et arriver à faire la part des choses avec la variabilité naturelle (comme pour la date des vendanges). Face à chaque coup de chaud récent que pourrait citer Alain Lipietz on mettrait sans problème un coup de froid équivalent, ça n’a rien à voir avec le problème. (Quant à savoir s’il fera plus chaud au 1er janvier 2013 qu’au 1er janvier 2000, c’est du même niveau.)

– La courbe de Foster et Rahmstorf n’engage qu’eux. Non seulement elle est issue d’un ajustement de données très contestable, mais elle contredit les estimations de température données par les quatre organismes officiels (GISS, CRU, UAH, RSS). Je crois même que le brouillon du prochain rapport du GIEC ne la reprend pas (mais ça a pu m’échapper). Il y a peu de monde aujourd’hui qui conteste encore l’existence d’un plateau dans les températures observées.

– Je n’ai jamais parié sur un refroidissement pour les 20 prochaines années. Et si je l’avais fait, il serait évidemment trop tôt pour affirmer que j’aurais perdu.

– L’allusion à Borel qui aurait « montré qu’une distribution peut avoir un domaine de mesure nulle (au sens de Riemann) mais de poids non nul, et même égal à un, au sens de Lebesgue » est une joyeuse confusion entre théorie des probabilités et théorie des distributions. Collector.

– Eh oui : dans le cadre du pari de Pascal, zéro fois l’infini, ça fait vraiment zéro. (Je ne le « démontre » certes pas dans mon livre, je dis explicitement que je n’en donne qu’une explication intuitive.) Pour apprendre la théorie de l’intégration, Alain Lipietz lira avec profit le grand classique de Walter Rudin, Analyse réelle et complexe. Il y trouvera une explication sur l’égalité zéro fois l’infini égale zéro et sa validité dans le cadre de la théorie de l’intégration, fondement de la théorie moderne des probabilités.

– Sur la « stratégie » qu’Alain Lipietz, grand seigneur, propose aux climatosceptiques : la notion d’effet de serre telle que présentée par le GIEC n’est pas la même chose que l’absorption des rayons infrarouges, confusion classique à partir de laquelle les carbocentristes croient pouvoir faire remonter leur théorie à Tyndall. Le fait que le CO2 augmente suite aux activités humaines n’est que marginalement contesté. Quant à son effet sur l’atmosphère, celle-ci ne se réchauffe plus depuis 10-15 ans. Les faits sont têtus, comme disait l’autre.

J’oubliais. Alain Lipietz me demande indirectement comment je fais pour traverser la rue. C’est très simple : j’accepte l’incertitude de l’existence, et même si la vie me joue parfois de sales tours (comme à nous tous), je n’ai pas peur à chaque instant que le ciel me tombe sur la tête. À méditer.

@@@@@@

La preuve que c’est fini

par Benoît Rittaud.

• • • • •

Cette photo prise hier dans le métro parisien (station Invalides) illustre mieux qu'une longue analyse sociologique ou anthropologique à quel point la question du climat est déjà derrière nous. Ce n'est certes pas la première fois qu'on voit une publicité ambiguë sur le réchauffement climatique, mais je n'avais encore jamais vu un exemple aller aussi loin que celui-là et mettre explicitement à bas le caractère jusque là sacré de la "cause".

Quand Claude Allègre sort du corps d’Alain Lipietz

Voici une réaction sur l'émission d'hier soir sur Arte (voir ici, ainsi que ma propre réaction à chaud (commentaire n°107)), écrite sur le vif par quelqu'un que nous appellerons François François. L'honnêteté commande de préciser qu'il s'agit d'un ami à moi. Ben.

• • • •

Quand Claude Allègre sort du corps d'Alain Lipietz

par François François

Est-il besoin de déterrer Pierre Bourdieu pour comprendre comment la télévision fonctionne ? Pour mémoire, on rappellera son attitude quelque peu ambivalente à aller sur le plateau d’« Arrêt sur image » pour « expliquer » qu’il lui est impossible de s’exprimer pleinement.
Benoît Rittaud, hier soir climatosceptique de service sur Arte dans l’émission « 28 minutes » sur la conférence sur le climat qui s’ouvre à Doha, ne pensait pas remuer notre brave Pierre dans sa tombe. Il n’imaginait pas non plus se voir affubler du qualificatif de criminel par Alain Lipietz pour avoir exprimé son scepticisme sur l’origine humaine d’un réchauffement climatique (que les températures ne corroborent plus depuis dix ans).

• • • •

Que s’est-il vraiment passé ? Voici une interprétation, qui mériterait une investigation plus poussée pour en objectiver la portée : notre fin politicien d’Europe-Ecologie – Les Verts n’a pas vraiment les moyens de se comporter autrement qu’en catégorisant son voisin de criminel avant toute discussion. Un voyou de cité aurait employé le même registre argumentatif, en usant peut-être d’un mot plus vulgaire mais moins agressif (les temps font qu’il vaut mieux être un inverti, comme aurait dit Proust, qu’un climatosceptique désormais associé à Mohamed Merah ; que le lecteur me pardonne cet effet de manche qui me permet juste de replacer de tels propos dans un contexte d’actualité).

• • • •

Si notre écologiste de service s’est montré agressif, c’est qu’il souhaite à tout prix éviter la confrontation des registres argumentatifs. Le fait qu’il ait tort ou raison n’est pas le problème. Il est certain que, homme intelligent, Alain Lipietz est tout à fait capable de tenir une conversation contradictoire en étayant ses arguments de manière fine, avertie et efficace. Mais le bon Pierre nous rappelle que le format télévisuel ne permet pas l’expression des nuances d’un débat contradictoire. En effet, la subjectivation des risques liés au réchauffement climatique repose sur l’objectivation des incertitudes (les 90% du GIEC). Or, comme Benoît Rittaud tentait de le démontrer (tout en s’indignant de l’attaque subie aussi basse qu’imprévisible), le GIEC est un organisme intergouvernemental, qui illustre d’ailleurs la perpétuation des états dans leur composante moderne, voire un brin positiviste – imaginant encore que la Science peut apporter une expertise claire et concise sur des objets aussi complexes, chaotiques et incertains. Les décideurs politiques ont besoin d’une expertise suffisamment objective pour justifier l’action politique.

• • • •

Alain Lipietz, tout comme les membres du GIEC eux-mêmes, sait bien que la recherche climatique est soumise à des incertitudes. Mais l’expression du doute pour des personnes comme lui est perçue comme dangereuse car porteuse de confusion. Bruno Latour, désormais ami des scientifiques, écrivait ainsi dans Le Monde, le 22 mai 2010 : "On comprend bien la capacité de nuisance des climatosceptiques : avec un grain de scepticisme, vous pouvez freiner tout un train de décisions politiques". Les comportements visant à considérer l’expression du doute comme dangereux ont été analysés par Frewer (2003). Melor (2010) a mis en évidence le phénomène tendant à minimiser l’incertitude. Voilà pourquoi, pour couper court à tout débat, Lipietz n’a pas d’autre choix que d’agresser d’emblée son contradicteur, pour le déstabiliser et créer une confusion des registres argumentatifs empêchant toute expression. C’est ainsi que Benoît Rittaud n’a pas pu recadrer le débat sur le registre épistémique de l’incertitude des connaissances.

• • • •

Cette confusion des registres mélangeant politique et idéologie est renforcée par le format de l’émission. Bien que pouvant justifier d’une neutralité axiologique, en permettant l’expression de la contradiction, la corrélation du réchauffement avec les évènements extrêmes justifiés à grands coups d’images de tornades et de tableaux quantitatifs renforce l’idée d’objectivation de risques avérés. Pourtant, aucun scientifique sérieux, y compris au GIEC, ne pourra corroborer une telle corrélation, ou accréditer la vision catastrophique d’océans dont le niveau ne varie tout au plus que de quelques millimètres par an !

• • • •

Ce procédé rhétorique qui ne laisse pas la possibilité d’expression de son contradicteur était le registre exclusif du climatosceptique Claude Allègre. On rappellera son empoignade avec Jean Jouzel, lequel ne pouvait pas en placer une ! Avec toute la bonne foi du monde, le vice-président du GIEC n’avait demandé qu’un simple débat contradictoire, que l’intelligence de Claude Allègre ne laissa pas se déployer.

• • • •

Alain Lipietz et Claude Allègre sont rompus aux logiques communicationnelles et connaissent parfaitement le format du message à délivrer, quitte à se montrer agressif et faire fi de la bienséance qui doit prévaloir dans un débat courtois. Claude Allègre, sors de ce corps !

Frewer LJ, Hunt S, Brennan M, et al. 2003. The view of scientific experts on how the public conceptualize uncertainty. J Risk Res 6(1):75-85

Mellor F. 2010. Negotiating uncertainty: Asteroids, risk and the media. Public Underst Sci 19(1):16-33

• • • • • • • •

Débat sur Arte

par Benoît Rittaud

MISE À JOUR : Ci-dessous ma réaction à chaud : Ben (#107).

MISE À JOUR 2 : cf. commentaire 142.

L’édition de lundi prochain (26 novembre) de l’émission « 28 Minutes » sur Arte aura pour thème la conférence de Doha qui, comme les lecteurs de Skyfall le savent (mais comme la plupart des autres l’ignorent inévitablement, au vu du peu de cas qui en est fait dans la presse), est la dix-huitième Conférence des Parties (COP 18) de la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques, qui s’ouvre précisément lundi 26. L’émission, qui sera diffusée à 20h05, réunira Bettina Laville (présidente du Mouvement Vraiment Durable), Alain Lipietz (Europe-Écologie – Les Verts) et moi-même.

Une démission pour publication non-conforme

par Benoît Rittaud.

• • • • • 

L’une des preuves les plus convaincantes du fait que les carbocentristes ont virtuellement perdu, c’est que tout assaut de leur part se retourne à peu près invariablement contre eux. Le dernier exemple en date serait presque comique s’il n’affaiblissait une fois encore la science en général et le processus de revue par les pairs en particulier.
Or donc, il y a quelques mois, Roy Spencer et William Braswell, tous deux de l’université d’Alabama à Huntsville, rédigent un article sur la question des nuages. Ils s’intéressent à la corrélation entre température atmosphérique et couverture nuageuse, et estiment que le lien de causalité entre les deux est plus complexe que ne le prévoit la théorie carbocentriste. Ils soumettent leur article à la revue Remote Sensing, qui le fait lire par trois referees chargés de donner un avis impartial sur le fond scientifique. Ceux-ci font quelques observations, Spencer et Braswell en tiennent compte et soumettent une version révisée. Le comité scientifique de la revue accepte l’article, qui paraît le 25 juillet.
Le 2 septembre, coup de théâtre : dans un éditorial surréaliste, Wolfgang Wagner (université de Vienne), l’éditeur en chef de la revue Remote Sensing, annonce sa démission. Wagner dit avoir été convaincu, après publication de l’article, que ce dernier était scientifiquement incorrect. Il déplore les échos faits à cet article. Il estime que Spencer et Braswell ont prolongé des études antérieures sans citer les objections qui y avaient été apportées, semblant ainsi ignorer indûment les arguments de leurs adversaires. Enfin, il juge que « le comité éditorial a, sans le vouloir, sélectionné trois referees qui partagent probablement certains des avis sceptiques des auteurs ».

Et donc il démissionne.
Étrange.

Les referees n’ont pas été parfaits ? Spencer et Braswell ne tiennent pas compte des critiques et ils ont tout faux selon certains scientifiques ? Pourquoi, alors, ne pas suivre la démarche ordinaire consistant à faire publier un commentaire ? La pratique est courante, et s’il fallait qu’une tête tombe à chaque fois qu’un article publié se révèle incorrect, il ne resterait pas grand monde dans les comités de rédaction des revues scientifiques. (En passant, on aimerait connaître les arguments qui ont convaincu Wagner : il n’en donne aucun, et ne cite qu’un seul article, de Trenberth et al.)
Les médias (américains) ont parlé de cet article climatosceptique ? C’est scandaleux ! Songeons à la prudence des médias lorsque paraît un article carboncentriste : on n’a jamais entendu un journaliste se laisser aller à des excès d’alarmisme sur la banquise arctique, sur la canicule et autres projections catastrophistes. Ce n’est pas leur genre. Que les médias climatosceptiques se souviennent de la tempérance médiatique de l’avant-Copenhague, et qu’ils en prennent de la graine.
Wagner se désole, dans son éditorial, de ce que l’article incriminé a été téléchargé plus de 56 000 fois. (C’est terrible : si les gens se mettent à lire eux-mêmes un article scientifique plutôt que de se fier à des propos de seconde main, où va-t-on ?) Il doit donc se sentir au plus mal depuis quatre jours, car sa démission n’est pas passée inaperçue. En effet, le billet d’Anthony Watts sur le sujet est aussitôt devenu le plus lu de tous les billets publiés sur WordPress dans le monde, toutes catégories confondues. Les billets de Judith Curry et de Roger Pielke Sr. ont fait presque aussi bien en se hissant en 5è et 7è place. Les temps ont décidément bien changé depuis le prix Nobel d’Al Gore…

Soulignons enfin que cette démission ne change rien au statut de l’article de Spencer et Braswell. Celui-ci reste une publication de Remote Sensing. Les choses ne changeront que si le comité de rédaction décide de retirer l’article (une pratique également courante et tout à fait normale). Pour l’instant, nulle réfutation n’en a été publiée, et les auteurs maintiennent leur point de vue. La légitimité de la publication de l’article demeure donc intacte. Une réfutation a été annoncée pour quelques jours (oui, un mois plus tard seulement : les carbocentristes sont très rapides, et leurs referees aussi ; autre bizarrerie : cette réfutation ne paraîtra pas dans Remote Sensing, mais dans GRL). Et contrairement à ce que voudront peut-être croire certains médias carbocentristes, cette réfutation ne mettra pas fin à l’affaire : Spencer et Braswell répondront à leur tour, et ainsi de suite. Le dernier mot n’est pas pour demain, ainsi va la science.

L’éditorial de Wolfgang Wagner .

Une présentation de l’article incriminé, par Roy Spencer lui-même.

L’article lui-même.

Le billet d’Anthony Watts sur le sujet.

Le commentaire de Judith Curry .

Le commentaire de Roger Pielke Sr.

L’effet de l’affaire sur la blogosphère.

• • • • • 

« La voix du GIEC »

Suite de ce billet sur l’exposition « SOS-Planet » qui se tient à la gare de Liège.

• • • • •

— Bonjour ! Benoît Rittaud, de Skyfall.fr. Vous connaissez Skyfall ?

— Heu… non, répond la réceptionniste.

— C’est un blog sur la question climatique, et pour lequel j’aimerais faire un petit compte-rendu de l’exposition. Seriez-vous disposée à répondre à quelques questions ?

— Heu… moi je n’y connais rien, mais attendez, je vous appelle quelqu’un.

Quelques instants plus tard, je suis assis en compagnie d’un responsable, voici le compte-rendu de notre échange courtois.

Comment a été organisé le volet scientifique de l’exposition ?

C’est Jean-Pascal Van Ypersele, qui est climatologue et vice-président du GIEC, qui a constitué le comité scientifique de l’exposition. Celle-ci a été préparée en collaboration avec l’université de Liège.

Combien de personnes ont déjà visité l’exposition ?

Depuis le début de l’exposition, en septembre dernier, nous avons accueilli plus de 182 000 personnes. Initialement prévue pour durer jusqu’à début mai, elle a été prolongée jusqu’au 3 juillet, puis devrait être prolongée encore jusqu’à janvier. Nous espérons atteindre les 200 000 visiteurs en tout.

Quels sont les publics qui viennent ?

Une grosse part des visites se fait en groupe. Ce n’est guère une exposition où les gens viennent seuls. Environ la moitié des visites est composée de groupes scolaires, à tous les niveaux d’études, y compris universitaires. Mais nous avons aussi des visites organisées par les entreprises, et même par des clubs sportifs. En passant : nous avons eu l’occasion de faire visiter l’exposition à un groupe d’une centaine de collaborateurs du GIEC.

Dans quel esprit arrivent les visiteurs ?

En général, les visiteurs sont un peu hésitants au début. En effet, le sujet de l’exposition est déjà beaucoup traité par ailleurs dans les médias – peut-être même trop -, si bien que les gens craignent un côté ressassé. Ils viennent aussi avec l’impression de déjà tout savoir sur la question.

Et à la fin de la visite ?

Ils sont beaucoup plus enthousiastes, notamment parce que avons fait quelque chose de très visuel, de très spectaculaire, où l’on en prend plein les yeux tout en incitant les gens à réfléchir. De plus, nous avons choisi d’éviter d’être moralisateurs, ou prescripteurs.

Sur ce dernier point, on lit tout de même sur votre dépliant qu’il est question d’« AGIR par de nouveaux comportements, de nouvelles technologies et des changements structurels »…

Il est clair que la situation est grave et qu’il faut agir. Mais il y a plusieurs pistes possibles, aussi bien économiques, technologiques que politiques, et les citoyens devront choisir la leur. Notre rôle est d’expliquer les enjeux et de présenter différentes options, pas de décider à la place des gens. Nous n’avons pas fait de prêt-à-penser.

La ligne scientifique de l’exposition accorde-t-elle de la place aux opinions dissidentes sur la question du climat ?

La préparation de l’exposition a commencé à l’époque où le GIEC a subi des critiques, et nous nous sommes posés la question de savoir ce qu’il fallait en faire. Finalement, il nous est apparu que le point de vue climatosceptique ne devait pas figurer dans l’exposition. Nous sommes donc la voix du GIEC. D’une part, il fallait bien choisir une ligne. D’autre part, les climatosceptiques ne sont pas raisonnables, eux qui ne se contentent pas de critiquer les projections sur l’avenir, mais d’aller jusqu’à mettre en cause ce que nous observons pourtant sous nos yeux. Sans compter que derrière les climatosceptiques, il y a des lobbys financiers.

Quelques précisions. La place de mon interlocuteur dans l’organigramme de l’exposition n’étant visiblement pas d’ordre scientifique, je n’ai pas cherché à le coincer sur ce plan. Comme j’étais un peu au bout du rouleau après une grosse semaine de colloque (et que « la voix du GIEC », je connais), je n’ai pas non plus tenté de me faire offrir une visite guidée.

Ce que je retiens de significatif est l’affirmation que l’exposition n’est pas moralisatrice, malgré le contenu du dépliant. C’est un phénomène fréquent : on nous montre des visions d’apocalypse, on exhorte à des actions de repentances pour gagner la rédemption… mais on considèrerait comme injurieux d’être catalogué comme alarmiste ou moraliste. « Responsabiliser et non culpabiliser » : tel semble être le slogan en forme de paravent qui trompe les initiateurs eux-mêmes. J’aimerais beaucoup en savoir plus sur les ressorts psychologiques qui permettent un écart aussi évident entre ce que l’on fait et le regard que l’on porte dessus.

PS : Dans le numéro de juin du magazine Books, se trouve le compte-rendu d’un entretien avec Richard Lindzen réalisé par votre serviteur. Voir ici.

Un rapport sur le CO2 déboulonne les Catastrophes du Changement Climatique

Traduction, par PapyJako, de l'article de  Doug L. Hoffman


CO2 Report Debunks Climate Change Catastrophes.

==================================

Depuis des décennies, les alarmistes du changement climatique ont produit une foule de scénarios apocalyptiques, tous fondés sur la théorie du réchauffement climatique anthropique : les émissions de CO2 d’origine humaine vont forcer le climat de la Terre à se réchauffer de manière incontrôlable, ce qui causerait toutes sortes de désagréments. Une nouvelle étude, publiée par le Centre d’études du Dioxyde de Carbone et du Changement Global ("Center for the Study of Carbon Dioxide and Global Change"),  aborde frontalement les plus importants effets prédits du réchauffement climatique. Faisant un ample usage de papiers de recherche revus par les pairs, les sinistres prédictions des alarmistes du climat sont démolies pierre par pierre. En définitive, les auteurs concluent que les concentrations atmosphériques croissantes du CO2 découlant du développement de la Révolution Industrielle ont, en fait, été bonnes pour la planète.

Le rapport de 168 pages, "Le Dioxyde de carbone et l’avenir de la Terre : sur le chemin de la prudence" ("Carbon Dioxide and Earth’s Future: Pursuing the Prudent Path"), écrit par Craig D. Idso et Sherwood B. Idso, aborde l’ahurissant marécage de la désinformation du changement climatique, en utilisant des données scientifiques solides, pour réfuter les prédictions de désastres environnementaux futurs. Comme les auteurs le font remarquer, le méchant de l’histoire est l’industriel, qui a « altéré le cours de la nature » en émettant de grandes quantités de dioxyde de carbone dans l’air, par la combustion du charbon, du gaz et du pétrole. Les questions abordées par le rapport sont formulées dans le résumé :

Dans sa composition actuelle, l’atmosphère de la Terre contient un peu moins de 400 ppm du gaz incolore et sans odeur que nous appelons dioxyde de carbone ou CO2. Cela représente seulement quatre pour-cent de un pour-cent. En conséquence, même si la concentration de l’air en CO2 était triplée, le dioxyde de carbone ne représenterait toujours qu’un petit peu plus d’un dixième de pour-cent de l’air que nous respirons, ce qui est beaucoup moins que ce qui imprégnait l’atmosphère terrestre il y a quelques éons, lorsque la planète n’était qu’un jardin. Néanmoins, on prédit souvent qu’un petit accroissement de cette quantité minuscule de CO2 produira un enchaînement de terribles conséquences environnementales, incluant du réchauffement global, une élévation catastrophique du niveau des mers, et la destruction de beaucoup d’écosystèmes naturels, aussi bien que de spectaculaires augmentations des phénomènes météorologiques extrêmes tels que les sécheresses, les inondations et les cyclones.

Aussi étrange que cela puisse paraître, ces effrayants scénarios d’avenir sont dérivés d’une seule source d’information : les modèles climatiques sur ordinateur, en permanente évolution, qui prétendent réduire la somme des processus physiques, chimiques et biologiques, qui se combinent pour produire l’état du climat terrestre, à un ensemble d’équations mathématiques d’où ils tirent leurs prévisions. Mais savons-nous vraiment ce que sont tous ces processus complexes et leurs interactions ? Et même si nous le savions – ce qui n’est pas le cas – pourrions nous les capturer correctement en un programme informatique gérable nous produisant des prévisions fiables à 50 où 100 ans ?

Craig D. Idso, qui est le fondateur et ex-président du "Centre d’études du Dioxyde de Carbone et du Changement Global" (“Center for the Study of Carbon Dioxide and Global Change", est titulaire d’un Doctorat de Géographie de l’Université d’état de l’Arizona. C'est le frère de Keith E. Idso et le fils de Sherwood B. Idso. En 2009, il a co-signé avec son père le livre "CO2, Réchauffement Global et perspectives d’extinction des espèces pour le futur" ( “CO2, Global Warming and Species Extinctions: Prospects for the Future”).

Sherwood B. Idso assume la Présidence du Centre d’études du Dioxyde de Carbone et du Changement Global depuis le 4 octobre 2001. Auparavant, il était Physicien Chercheur au Département de Recherche en Agriculture de l’agence de protection des eaux à Phoenix en Arizona.

Le Docteur Idso est auteur ou co-auteur de plus de 500 publications, en particulier « Le dioxyde carbone : ami ou ennemi ? » (1982) et « Dioxyde de carbone et Changement Global : La Terre en Transition (1989). Il a fait partie du comité de rédaction de la revue internationale « Agriculture et Météorologie de la Forêt » de 1973 à 1993 et depuis 1993 fait partie du comité de rédaction de « Environnement et Botanique Expérimentale ». Au cours de sa carrière, il a été critique invité de manuscrits pour 56 journaux scientifiques différents et 17 agences de financement différentes, représentant un spectre inhabituellement ouvert de disciplines. En d’autres termes, il fait largement partie du courant principal des scientifiques de l’environnement.

D’après l’analyse détaillée d’Idso & Idso, les observations du monde réel sont en contradiction avec à peu près toutes les prédictions alarmistes faites par les catastrophistes du réchauffement climatique et, en ce qui concerne les modèles climatiques, ceux-ci révèlent beaucoup de lacunes et d’insuffisances. L’observation de la nature démontre que, même si le monde s’est substantiellement réchauffé sur le dernier siècle et un peu plus, aucune des conséquences environnementales désagréables prédites par les alarmistes du climat ne s’est manifestée.

A propos du vote sur la suppression du financement du GIEC

Traduction (par PapyJako) de l'article du Dr. Roy Spencer

On the House Vote to Defund the IPCC 

==============


  Note du traducteur
: Dans la nuit du 18 au 19 février, la Chambre des repésentants des Etats-Unis a voté la suppression de la contribution (2,3 Millions de dollars pour 2011) des USA au fonctionnement du GIEC. Ce vote sera examiné par le Sénat, et est susceptible de véto par le Président. Voici le commentaire du Docteur Roy Spencer, Climatologue à l'UAH (Université d'Alabama à Huntsville), ancien de la NASA.

===============

• • • • •

Les négationnistes du changement climatique ne peuvent s’en prendre qu’à eux-mêmes pour le vote de la nuit dernière. Je parle de ceux qui nient le changement climatique NATUREL. Comme Al Gore, John Holdren, et tous ceux qui pensent que le changement climatique a été inventé après leur naissance.

Les politiciens ont créé le GIEC il y a 20 ans avec un objectif final en vue : réguler les émissions de CO2. Je le sais, parce que j’ai été témoin de certaines concertations derrière le rideau. Ce n’est pas une organisation scientifique. Il a été organisé pour utiliser les organismes scientifiques financés par les gouvernements, pour atteindre des objectifs politiques.
En fait, ce n’est pas obligatoirement une mauvaise chose. Mais quand ils sont décrits comme des représentants d’une science neutre, cela EST une mauvaise chose. Si le Réchauffement Climatique Anthropique – et l’ "acidification" des océans (qui est une dénomination biaisée et totalement incorrecte) – s’avère être largement une fausse alerte, ceux qui ont dirigé le GIEC seront sans emploi. Nous y reviendrons.
Je veux être clair sur un point. SI nous sommes en train de détruire la planète en brulant  des carburants fossiles, alors il FAUT faire quelque chose.
Mais la communauté de la science du climat a accepté d’être instrumentalisée sur ce sujet, et, en conséquence, les politiciens, les activistes et les média ont avec succès décrit une science biaisée comme établie.
Ils ne se sont probablement pas rendu compte du fait que  "science établie" est un oxymore.
Les scientifiques du climat qui défendent le GIEC le plus fort ont perdu leur objectivité. Bien sûr, ils ont ce que je considère comme une théorie plausible. Mais ils suppriment activement toute preuve contraire, par exemple les tentatives d’étudier des explications naturelles au réchauffement récent.
C’est pour cela que le public a été tellement indigné par les courriers du ClimateGate. Le ClimateGate ne démontre pas que leur science est fausse … mais elle en révèle la distorsion. La Science progresse en explorant les explications alternatives. Depuis longtemps, le GIEC a abandonné cette exploration.
Bien sûr, ils ont observé (ce qui est correct d’après moi) que les changements dans l’irradiation solaire n’ en sont pas responsables. Mais il y a TELLEMENT d’autres possibilités, et tout ce qu’ils font est de rejeter les autres explications. Ils ont une théorie – l’augmentation du CO2 est coupable – et ils s’y tiennent religieusement. Et cela guide toutes les recherches qu’ils entreprennent.
Les modèles climatiques sont effectivemen t de grandes réalisations. C’est ce à quoi ils sont utilisés qui est suspect. Au total, 23 modèles couvrent un large ensemble d’estimations de réchauffement pour l’avenir, et cependant il n’y a aucun moyen de les tester sur ce pourquoi ils sont utilisés : les prédictions de changement climatique !

Presque tous les modèles produisent des variations à l’échelle de la décennie qui dépassent ce que nous avons observé dans les quinze dernières années. Ce fait est connu depuis des années, mais sa publication dans la littérature revue par les pairs continue à être bloquée.

Ma théorie est que les changements naturels de la couverture nuageuse sont responsables de la plus grande part du réchauffement récent. Les données des proxys de température autour du monde suggèrent que pratiquement chaque siècle des deux derniers millénaires a connu un réchauffement ou un refroidissement. Pourquoi le réchauffement actuel serait-il causé par l’homme, alors que l’Optimum Médiéval ne l’était pas ? Simplement parce que nous avons finalement une explication possible – le CO2 ?
Cela montre seulement à quel point nous en savons PEU sur le changement climatique … mais pas comme nous en avons une GRANDE connaissance.
Pourquoi les scientifiques se sont-ils laissés utiliser de cette façon ?  Quand je les ai bousculés sur la science au cours de ces années, ils se sont tous retranchés sur la position que se débarrasser des combustibles fossiles est « la bonne chose à faire de toutes les façons ».
En d’autres termes, ils ont laissé leurs vues du monde, leurs opinions politiques, leur compréhension de l’économie (ou l’absence d’icelle) influer sur leur jugement scientifique. Je suis honteux pour notre discipline scientifique et gêné par leur comportement.
Est-il vraiment étonnant que les scientifiques aient une si mauvaise réputation parmi les contribuables qui les paient pour jouer dans leurs bacs à sable devenus des tours d’ivoire ? Ils peuvent faire des prédictions apocalyptiques tous les jours sur des éventualités du lointain futur sans jamais avoir à répondre d’être dans l’erreur.
L’apport perpétuel d’argent pour la recherche climatique est aussi une source de biais. Tout un chacun dans mon métier sait que tant que le changement climatique anthropique restera une menace sérieuse, l’argent continuera à couler, et que les programmes de recherche sur le climat continueront à croître.
Je reconnais que les ressources en combustibles fossiles ne sont pas éternelles. Mais nous ne seront jamais « à court » … nous ralentirons simplement nos extractions au fur et à mesure qu’elles deviendront plus rares (c'est-à-dire plus chères). C’est comme cela que le monde marche.
Ceux qui prétendent que nous allons nous réveiller un matin et que nos ressources en énergie fossiles seront épuisées sont soit des courtisans, soit stupides, soit les deux.
Mais la façon dont nous allons opérer la transition vers d’autres sources d’énergie fera toute la différence. Rendre plus chères, artificiellement, nos ressources énergétiques les plus abondantes et les plus abordables, au moyen de lois et de règlements, aura pour conséquence de tuer des millions de personnes.
Et c’est pour cela que j’élève la voix. La pauvreté tue. Ceux qui soutiennent le contraire, du haut de leur position d’abondance et de bien-être basée sur les combustibles fossiles, sont comme des enfants gâtés.
Le scientifique réellement objectif devrait se demander si PLUS, pas moins, de dioxyde de carbone ne devrait pas être l’objectif à atteindre. Il y a plus de preuves expérimentales des bénéfices d’un accroissement de CO2 que de dommages quelconques causés par ce dernier. Les bénéfices ont été mesurés, et proviennent du monde réel. Les risques demeurent hypothétiques.
Le dioxyde de carbone est nécessaire à la vie sur terre. Qu’il ait pu être diabolisé de manière si efficace avec si peu de preuves concrètes est vraiment un témoignage de l’analphabétisme de notre société moderne. Si les hommes détruisaient le CO2 – au lieu d’en créer – imaginez le scandale que CELA entraînerait !
J’adorerais avoir la chance de mener un contre-interrogatoire de ces négationnistes du changement climatique (naturel) devant un tribunal. Ils en ont trop fait, pendant trop longtemps. Se pourrait-il qu’ils aient raison ? Certainement. Mais le public ne peut pas imaginer à quel point leurs arguments sont légers et anecdotiques.
Finalement, je doute que le financement du GIEC ne soit jamais supprimé. Le vote de la nuit dernière à la Chambre est juste un coup de semonce. Mais, à moins que le GIEC ne commence à changer ses méthodes, il court le risque d’être totalement marginalisé. Il a pratiquement déjà atteint ce point, de toutes les façons.
Et peut-être que la direction du GIEC s’en fiche que ses déclarations soient ignorées, aussi longtemps qu’ils peuvent voyager en avion à travers le monde pour se rencontrer dans des destinations exotiques (NDT : jamais à Lamotte-Beuvron, ni Romorantin-Lanthenay …) et décider de l’endroit où leur prochaine rencontre pourrait se tenir. J’ai entendu dire que c’était un bon plan.

A PROPOS DE LA SORTIE DU PETIT AGE GLACIAIRE

Un grand merci à scaletrans pour cette excellente traduction de l'article de

Syun-Ichi Akasofu

 "On the recovery from the Little Ice Age", version originale en libre accès ici

International Arctic Research Center, University of Alaska Fairbanks, Fairbanks, USA; sakasofu@iarc.uaf.edu
Received 28 July 2010; revised 30 August 2010; accepted 3 September 2010.

• • • • •

RESUME 

Un certain nombre de papiers publiés et de données d’accès libre sur les modifications du niveau des mers, le recul des glaciers, les dates de gel et de dégel des rivières, le recul de la banquise, l’étude des cernes des arbres, les carottages de glace et les changements d’intensité des rayons cosmiques depuis l’an mille jusqu’à présent, sont étudiés pour examiner comment la Terre est sortie du Petit Age Glaciaire (PAG). Nous avons appris que la sortie du PAG s’est produite de façon continue -en gros de manière linéaire, de 1800-1850 jusqu’à présent. Le rythme de récupération en termes de température est d’environ 0,5° C/siècle et est donc d’une grande importance pour la compréhension du réchauffement actuel. Cela semble indiquer, en se basant sur des données beaucoup plus longues, que la Terre est toujours en cours de sortie du PAG ; il n’y a aucun signe de fin de sortie avant 1900.Les relevés d’intensité de rayons cosmiques montrent que l’activité solaire est corrélée à la fois au PAG et à sa sortie. L’oscillation multi décennale d’une période de 50 à 60 ans se superpose à la tendance linéaire ; cette oscillation a culminé en 1940 et en 2000, provoquant l’arrêt temporaire du réchauffement  après 2000. Ces changements sont naturels, et afin de déterminer la contribution de l’effet de serre d’origine humaine, il est urgent de les identifier correctement et avec précision et de les retrancher de la tendance actuelle au réchauffement/refroidissement global.

Mots Clés : Petit Age Glaciaire

1. INTRODUCTION : LE PETIT AGE GLACIAIRE (PAG)

Le petit Age Glaciaire (PAG) est étudié dans un grand nombre de publications, y compris des monographies (cf. Lamb [1] ; Grove [2]. Bien qu’il soit généralement admis que le PAG s’est terminé il y a deux siècles, il n’y a pas beaucoup d’études sur la façon dont la récupération s’effectue. Dans cet article s’appuyant sur des documents publics et des données librement accessibles, nous constatons que le PAG a pris fin entre 1800 et 1850, mais la récupération a continué jusqu’à présent avec des ‘fluctuations’ se superposant . Dans ce chapitre nous reverrons rapidement les données du PAG. Au chapitre 2 nous examinerons les données des carottages, les dates de gel et de débâcle des fleuves, les changements de niveau des mers, les modifications de la banquise, les modifications des glaciers, les données des cernes d’arbres et de l’intensité des rayons cosmiques, et nous constaterons  que la récupération a progressé de 1800-1850 jusqu’à maintenant.

Dans le chapitre 3, possédant des données plus précises après 1900, nous constaterons que les changements de température Durant le 20ième siècle peuvent être considérés comme la continuation de la récupération, avec une tendance approximativement linéaire de 0,5°C/siècle, avec des oscillations multi décennales se superposant. Au chapitre 4 nous apprendrons d’après les changements d’intensité des rayons cosmiques depuis l’an 1000 jusqu’à maintenant que l’activité solaire fut relativement faible durant le PAG, mais a commencé à augmenter autour de 1800-1850. Au chapitre 5 on suggère que l’oscillation multi décennale arrête temporairement la récupération du PAG donnant une situation similaire à la période 1940 à 1975. Le résumé est donné au chapitre 6 et la conclusion au chapitre 7.

On ne peut douter que la Terre ait connu une période relativement froide après l’Optimum Médiéval de l’an 1000. Dans ce chapitre nous verrons rapidement les changements de température depuis l’an 1000 jusqu’à présent avant d’examiner les détails de la sortie du PAG. La Figure 1(a) montre un exemple caractéristique de données des cernes d’arbres de latitudes moyennes (Esper et al. [3] ; Frank et al. [4]). Comparée à la moyenne de 1961-1990, la température fut relativement basse depuis environ 1100 jusqu’à 1800-1850, montrant que la Terre a connu un période relativement froide, le PAG. Nous nous intéressons particulièrement ici à la récupération qui commença aux environs de 1800-1850, c'est-à-dire à l’augmentation de température de 1800-1850 jusqu’à présent. On peut voir que l’augmentation de température de 1800-1850 jusqu’à présent fut continue avec des ‘fluctuations’ superposées et qu’il n’y a aucun signe de fin de récupération avant 1900.

La Figure 1(b) montre les variations de température de l’an 900 jusqu’à présent qui combine sept (incluant la Figure 1(a)) différents résultats de recherche (National Research Council [5]. Il est clair d’après les Figures 1(a) et 1(b) que la Terre a connu une période relativement froide de 1100 jusqu’à 1800 environ, le PAG. A nouveau on peut noter que toutes les données montrent la récupération progressive depuis 1800-1850 jusqu’à présent, avec des ‘fluctuations’ se superposant.


   Figure 1. (a) Variations de températures d’après les cernes d’arbres de 14 sites depuis 800. On voit les données ajustées par Esper et al. [3] avec la moyenne des données brutes. La ligne en pointillés représente l’anomalie sur la période référence 1961-1990 (Frank et al. [4])

Figure 1.(b) Reconstructions de variations de température générales de surface (Hémisphère Nord ou ensemble du Globe) de sept différentes équipes de recherche (incluant la Figure 2(a) avec les données instrumentales de la température globale de surface. Chaque graphe donne une histoire quelque peu différente des variations de température et est sujet à des séries d’incertitudes quelque peu différentes qui s’accroissent généralement lorsque l’on recule dans le temps, comme indiqué par le grisé (National Research Council [5]

Figure 1(c) Scène de débâcle au Lac Suwa dans l’île centrale du Japon entre 1450 et 2000. Elle produisait un bruit important et on pensait que Dieu franchissait le lac. C’est pour un motif religieux que l’évènement est enregistré depuis si longtemps. Le jour zéro se réfère au 1er Janvier. Les tirets au sommet indiquent les années où la débâcle ne s’est pas produite (Ito [6]) 

La Figure 1(c) montre un intéressant enregistrement de la date de rupture au Lac Suwa dans l’ïle centrale du Japon de 1450 à 2000. Le lac a une forme quasi circulaire, et ce phénomène particulier de rupture, appelé “Omiwatari”, ce qui signifie ‘passage de Dieu’, tend à se produire au début de la période de gel, peut-être à cause de la pression exercée par l’expansion de la glace. Le retard dans les dates de rupture indique un réchauffement de 1800 jusqu’à maintenant (Ito [6]). Cet exemple montre que le PAG s’est aussi produit en Asie. La présence du PAG dans la zone Indo-Pacifique est documentée par Nunn [7], Oppo et al. [8] et d’autres (voir Lamb [1] ; Grove [2] ; Fagan [9]). En réalité, nombre de publications indiquent que le PAG fut un phénomène mondial (Kweigwin [10] ; Tarand & Nordli [11] ; van Engelen et al. [12] ; Pollack & Smerdon [13] ; Asami et al. [14] ; Moberg et al. [15] ; Holmes et al. [16] ; Liu et al. [17] ; Richey et al. [18] ; Aono [19]).