L’Europe « débranche la prise » de son avenir vert.


Traduction d’un article de Benny Peiser dans The australian du 09/08/13 – Source

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A mesure que les pays l’un après l’autre abandonnent, restreignent ou renoncent au premier généreux soutien aux énergies renouvelables, l’Europe commence à se rendre compte que sa stratégie pour l’énergie verte a la gueule de bois. Les rêves verts laissent place aux dures réalités économiques.

Lentement, progressivement, l’Europe se réveille face à la crise de l’énergie verte, une débâcle économique et politique qu’elle s’est elle-même infligée.

Les mass-média principaux, qui avaient l’habitude d’encourager avec enthousiasme la poussée des énergies renouvelables commencent eux aussi à dessoûler. A mesure que de plus en plus de craquements apparaissent, beaucoup de journaux reviennent à leur rôle fondamental, en exposant les écueils du pari Européen de l’énergie verte et en ouvrant leurs pages à des analyses consciencieuses et aux débats. Aujourd’hui, les média européens publient des informations et des commentaires évaluant les problèmes d’une stratégie mal conçue, de plus en plus ébranlée, et source de discorde.

Une étude par le cabinet-conseil de relations publiques britannique CCGroup a analysé 138 articles sur les énergies renouvelables publiés en juillet 2012 dans les cinq journaux nationaux britanniques les plus lus : Sun, Times, Daily Telegraph, Daily Mail et Daily Mirror, qui représentent une diffusion quotidienne d’environ 6,5 millions de lecteurs.
En voici les résultats : “L’analyse a révélé un certain nombre de tendances dans les reportages sur les énergies renouvelables”. “Avant tout, le sentiment des média vers l’industrie des renouvelables s’est refroidit. Plus de 51 pour cent des 138 articles analysés étaient négatifs ou très négatifs envers cette industrie.”

Plus de 80 pour cent des articles ont été publiés dans les quotidiens The Times, Daily Telegraph et Daily Mail selon cette étude, “mais 55 pour cent de ces articles étaient négatifs ou très négatifs envers l’industrie”.

Les états membres de l’UE ont dépensé environ 600 milliards d’euros pour les projets d’énergies renouvelables depuis 2005, d’après les informations de Bloomberg New Energy Finance. La transition allemande vers l’énergie verte à elle seule pourrait coûter jusqu’à mille milliards d’euros aux consommateurs d’ici à 2030, a récemment prévenu le gouvernement allemand.

Ces centaines de milliards seront payées par les familles et les petites et moyennes entreprises dans ce qui est sans doute un des plus grands transferts de richesse des pauvres vers les riches de l’histoire européenne moderne.
L’augmentation des factures d’énergie pénalise les dépenses de consommateurs, c’est là une croissance empoisonnée pour un Continent qui se bat avec une sévère crise économique et financière.

L’Association allemande des consommateurs d’énergie estime que jusqu’à 800 000 allemands ont eu le courant coupé parce qu’ils ne pouvaient pas payer des factures d’électricité croissantes ; parmi eux, Der Spiegel a dénombré en octobre dernier 200 000 chômeurs de longue durée.

Comme Charles Lane, journaliste du Washington Post le fait remarquer : “c’est une chose de perdre son emploi parce qu’une société concurrente a inventé une tapette à souris plus performante ; c’en est une autre, parfaitement injuste, de le perdre parce qu’un concurrent a demandé au gouvernement de prendre son parti.”

Il y a deux semaines, le gouvernement tchèque a décidé de mettre fin à toutes les subventions pour de nouveaux projets d’énergie renouvelables à la fin de cette année. “La raison de cet amendement à la loi est la croissance du fardeau financier pour les consommateurs d’électricité,” a dit le Premier ministre Jiri Rusnok. “Cela menace l’esprit de compétition de notre industrie et fait croître l’incertitude des consommateurs sur les prix de l’énergie.” Au cours des dernières années, presque tous les Etats membres de l’UE ont commencé à faire machine arrière et à supprimer les subventions vertes.

L’Espagne est particulièrement édifiante à ce propos. En ne contrôlant pas le coût des subventions garanties, le pays s’est trouvé confronté à 126 milliards d’euros d’obligations vis-à-vis des investisseurs en énergie renouvelable.

Maintenant que le gouvernement espagnol a radicalement réduit ces subventions, même rétrospectivement, plus de 50 000 entrepreneurs solaires se retrouvent face à des désastres financiers et à la faillite.

L’Allemagne, par ailleurs, est la nation qui a poussé le plus loin l’agenda des renouvelables et se bat le plus avec les dommages involontaires du projet de changement pour l’énergie verte, l’Energiewende.
L’impôt allemand pour l’énergie renouvelable, qui subventionne la production d’énergie verte, est passé de 14 à 20 milliards d’euros en juste un an à la suite de la féroce expansion des projets éoliens et solaires. Depuis l’introduction de l’impôt en 2000, la facture d’électricité des consommateurs allemands a doublé.
Les foyers allemands vont payer un surcoût pour les énergies renouvelables de 7,2 milliards cette seule année. De plus, les consommateurs seront affectés par des coûts indirects parce que l’industrie et le commerce répercutent l’accroissement des prix de l’énergie dans les prix de vente. Et parce que les subventions pour l’énergie verte sont garanties pour 20 ans, les prix menacent de monter de manière exorbitante à mesure de la croissance des projets. Les factures d’énergie explosent, la précarité énergétique s’accroît et les politiques pour l’énergie renouvelable font face à une réaction du public grandissante. Qui plus est, les gouvernements sont de plus en plus inquiets vis-à-vis des menaces sur les bases industrielles Européennes.

L’Allemagne a l’électricité la plus chère d’Europe, avec un prix moyen de 26,8 centimes d’euros le kwh. Il n’est pas étonnant que le Chancelier Angela Merkel se soit inquiétée que l’expansion rapide des programmes d’énergie verte risque d’affaiblir l’avantage compétitif allemand au sein de l’économie mondiale.

L’Union Européenne restreint en douceur son agenda des énergies renouvelables, dont les chefs d’Etat reconnaissent maintenant qu’il a augmenté les prix de l’énergie à travers le continent. Au sommet de Bruxelles en mai, les décisionnaires ont indiqué qu’ils avaient l’intention de donner la priorité à une énergie abordable plutôt qu’à la réduction des émissions de gaz à effet de serre.
Le sommet de l’UE a indiqué que l’Europe a l’intention de restaurer sa compétitivité déclinante en soutenant le développement d’énergies bon marché incluant les gaz de schiste, en réduisant les subventions de l’énergie verte.

Pourtant, les ministres de l’environnement de l’UE s’inquiètent de ce retour en arrière. Ils cherchent à prévenir le développement des ressources de gaz de schiste de l’Union en tentant de mettre en place des obstacles environnementaux dans toute l’UE.

Jusqu’à récemment, l’Europe s’était présentée comme leader de la protection du climat et des énergies renouvelables, l’Allemagne ouvrant la voie au moyen d’objectifs ambitieux et de subventions généreuses qui ont promu les énergies solaires et éoliennes.

Plus de la moitié des panneaux solaires du monde est installée en Allemagne. Le 6 juin, la production d’énergie solaire allemande a atteint le nouveau record de 23,4 gigawatts, répondant à presque 40 pour cent de la demande de pointe d’électricité du pays. Mais il faut comprendre que ce record est tout à fait dénué de sens, en considérant par exemple la faible réponse à la demande du réseau de l’hiver dernier. Durant de nombreuses semaines de décembre et janvier, 1,1 millions de panneaux solaires allemands n’ont produit quasiment aucune électricité. Pendant une grande partie de ces mois d’hiver nuageux, les panneaux solaires ont plus ou moins arrêté de produire de l’électricité. Pour prévenir le blackout, les opérateurs de réseau ont dû importer de l’énergie nucléaire de la France et de la République tchèque et remettre en production en Autriche une vieille centrale au fuel.

Les subventions sont extrêmement généreuses et garantissent aux investisseurs un rendement annuel de presque 10 pour cent pendant 20 ans. Étant donné cette offre incomparable, il n’est pas surprenant que plus d’un million de familles aient déjà installé des panneaux solaires. Ce boom solaire, pourtant, a contraint le pays à des obligations de subventions de plus de 130 milliards d’euros, conduisant à une augmentation permanente des prix de l’énergie.
Comme les propriétaires aisés et les chefs d’entreprises installent des panneaux solaires sur leurs maisons et bâtiments commerciaux, les familles à faible revenu, vivant dans les appartements de location, ont à payer la flambée des factures d’électricité. Beaucoup n’arrivent plus à payer, et les services publics leur coupent le courant.

Pour arrêter le boom solaire, le gouvernement a réduit les tarifs de rachat pour les projets photovoltaïques ces quelques dernières années. Depuis 2010, de ce fait, plus de 5000 compagnies impliquées dans le solaire ont fermé, en réduisant des dizaines de milliers d’emplois verts.

Les compagnies allemandes les plus importantes, comme Siemens et Bosch, abandonnent également cette industrie. Leurs stratégies d’énergies renouvelables se sont engluées dans des débâcles coûteuses. Siemens, la plus grande société d’ingénierie Européenne, a annoncé en juin qu’elle fermerait toute sa division solaire après une perte d’environ 1 milliard. Le mois dernier la direction de Siemens a renvoyé son directeur général, Peter Loescher. Ses pertes dramatiques étaient le résultat d’une série d’investissements désastreux dans le secteur d’énergie verte qu’il a présidé.

Pour Bosch, un autre géant allemand, l’investissement dans le solaire a également fini par un désastre, en coûtant à la compagnie encore plus que Siemens : environ 2,4 milliards.
L’an passé, la vague de banqueroutes dans le solaire a dévasté l’industrie toute entière, tandis que les investisseurs solaires ont perdu presque 25 milliards en Bourse.
L’Allemagne projette maintenant de supprimer progressivement et totalement les subventions, et son industrie solaire disparaîtra probablement vers la fin de la décennie.

La plupart des observateurs étaient convaincus que le déficit en énergie provoqué par la décision allemande, il y a deux ans, de supprimer peu à peu l’énergie nucléaire serait compensé par l’énergie solaire ou éolienne. Presque personne ne s’est rendu compte que le boom extraordinaire dans la mise en place des énergies renouvelables produirait en parallèle un boom du charbon.

De fait, les émissions allemandes de CO2 se sont accrues deux années de suite à mesure que le charbon connaissait une renaissance. Mais les émissions de CO2 de l’UE vont également augmenter à cause de l’accroissement de l’utilisation du charbon dans les centrales. La révélation a embarrassé le gouvernement allemand et abasourdi le public, qui ne peut pas comprendre comment une nation qui a développé l’énergie renouvelable plus qu’aucun autre pays a pu construire 20 centrales à charbon.

Dans la plus grande partie de l’Europe, le charbon est devenu bien moins cher que le gaz naturel pour les centrales. La raison en est l’effondrement du système d’échange de quotas d’émission de l’Union européenne et le déclin subséquent des prix du marché du carbone, qui a rendu les centrales au charbon plus économiques que les centrales au gaz.

Jusqu’à présent, le système d’échange de quotas d’émission européen a coûté aux consommateurs plus de 300 milliards d’euros. Les montants énormes d’investissements verts initialement projetés sur la base de hauts prix du carbone ont été abandonnés et ne sont plus réalisables. Il ne fait guère de doute que la politique climatique phare de l’Europe est devenue un échec total. Dans une évaluation réaliste de la politique de l’Europe, l’Agence internationale de l’énergie a récemment fait remarquer que « le changement climatique a franchement été mis au placard des priorités politiques ». De toutes les conséquences imprévues du projet « Energiewende » allemand la plus extraordinaire est l’effet préjudiciable de l’énergie éolienne et solaire sur le prix de l’électricité produite à partir du gaz naturel. Près de 20 % des centrales à gaz en Allemagne sont devenues non rentables et sont menacées d’arrêt à mesure que les énergies renouvelables inondent préférentiellement le réseau de distribution d’électricité. Pour éviter les coupures, le gouvernement a dû subventionner les centrales non rentables de gaz et de charbon afin qu’elles puissent être utilisées comme sauvegarde quand il n’y a pas de soleil et pas de vent et que les énergies renouvelables ne réussissent pas à produire suffisamment d’électricité.

Le problème force les pouvoirs publics à envisager des solutions encore plus radicales. E.ON, la plus grande société allemande du secteur de l’énergie, réfléchit au démantèlement d’une partie de ses centrales à gaz en sommeil parce qu’elles ne sont plus rentables, et leur délocalisation en dehors de l’UE. Ces considérations burlesques deviennent symptomatiques des conséquences involontaires de l’expansion rapide des énergies renouvelables.

Les fabricants européens perdent rapidement du terrain dans la concurrence internationale. Au lieu de dépenser de l’argent pour l’énergie trop chère de l’UE, les investisseurs s’orientent vers les Etats Unis, où les prix de l’énergie ont chuté au tiers de celles de l’UE, grâce à la révolution du gaz de schiste.

La supposition naïve des décideurs que les principaux concurrents de l’Europe suivraient le passage des combustibles fossiles bon marché à la chère énergie verte ne s’est pas concrétisée. Le Washington Post a récemment affirmé « L’Europe est devenue un cas désespéré de l’énergie verte. Au lieu d’un modèle à suivre pour le monde entier, elle est devenue un modèle de ce qu’il ne faut pas faire. »

L’Europe avait une stratégie fondée sur deux craintes : tout d’abord, que le réchauffement global était une menace qu’il fallait stopper de manière urgente quel qu’en soit le coût ; et deuxièmement, que le monde allait vers une pénurie de combustibles fossiles, ce qui signifiait que le pétrole et le gaz deviendraient de plus en plus chers. Les deux conjectures, malheureusement, se sont révélées fausses.

Le résultat d’un pari basé sur la peur de l’avenir industriel d’un continent est un désordre coûteux qui menace de saper la position économique et politique de l’Europe dans un monde qui refuse raisonnablement de suivre son exemple.

La stratégie allemande d’énergie verte est susceptible de changer de façon significative après les élections fédérales du 22 septembre ; Angela Merkel a promis aux électeurs, si elle était élue, de réduire considérablement le fardeau de 20 milliards à payer chaque année aux investisseurs des énergies renouvelables.

Les Australiens seraient bien avisés de regarder soigneusement cette épave de train vert s’ils souhaitent éviter une répétition du fiasco qui se déroule en Europe.

Benny Peiser est directeur du Global Warming Policy Foundation basé à Londres.
Traduit par jm.

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320 réponses à “L’Europe « débranche la prise » de son avenir vert.”

  1. Au regard de ce qui est dit plus haut sur les Australiens, je m’interroge.
    Voici ce que j’ai mis dans la dernière édition d’un ouvrage que j’édite localement :

    Septembre 2013. Certains pays commencent à prendre conscience de cette grande arnaque. L’Australie, pourtant jadis « en pointe » dans le soutien au carbocentrisme, vient de supprimer sa Commission du climat.
    Son (ancien) directeur, Tim Flannery, se trouve désormais au chômage, alors que son travail de 3 jours par semaine lui rapportait 180 000 dollars par an. Un travail bien particulier, puisqu’il était agent de vente pour le « changement climatique », il participait donc au marché du Carbone.
    Ce même Flannery avait en 2011 comparé les «négationnistes du changement climatique » à des « croyants de la terre plate », ce qui montre sa grande ouverture d’esprit, qui lui a certainement valu la dissolution de la commission et de sociétés annexes.
    Les griefs du gouvernement de Tony Abott sont pertinents : la commission avait été créée par le premier ministre Julia Gillard en février 2011, avec comme objectif de fournir des informations fiables et faisant autorité en matière de changement climatique. Or, des dérives sont apparues, et l’analyse objective des faits n’a pas été traitée, alors que de lourds investissements publics ont été faits en vue de limiter l’impact Carbone de la Société Australienne. Ce sont plusieurs milliards qui étaient projetés, pour un objectif incertain et inutile, puisque dans le meilleur des cas, la réduction du CO2 aurait été dérisoire.
    Le contribuable australien a donc été floué, et rendons hommage à ce gouvernement perspicace qui mériterait plus de déploiement médiatique pour cette action.
    La Commission sur le climat aurait dû comme il lui était demandé, servir le public en lui faisant connaitre les limites des modèles, les prédictions échouées, les hypothèses infondées… A aucun moment il n’a été révélé que les énergies renouvelables réduisent rarement le CO2, ou bien que l’engagement de sommes exorbitantes ne permettrait pas de limiter les températures de façon significative.

    Voilà, je me trompe ???? (en plus, les infos, je les ai piochées quelque part sur Internet, Skyfall, Pensée unique et al…

    J’ai donc l’impression que les Français (et les Belges aux dires de Istvan E. Marko) sont encore pires

  2. Gilles des Landes (#302),

    la dernière édition d’un ouvrage que j’édite localement
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    Dites tout pour que j’achète cet ouvrage dès que je reviens sur le Bassin
    Par ailleurs , j’ai un lopin de pins sur la route de Sanguinet ; comme j’ai lu ailleurs , suite aux dires de notre écologiste contrevenant que on pouvait espérer un climat digne du Sud marocain dans les Landes , est-ce que cela vous intéresserait de vous lancer avec moi dans la plantation de palmiers dattiers

  3. The Fritz (#303), Voir dans « lectures » à « l’affaire climatique »

    Le même écologiste a dû vous dire que votre lopin de terre sera prochainement englouti sous les eaux, non ? Donc ==> culture d’algues plutôt que palmiers…

  4. Gilles des Landes (#302),

    Dans un cadre voisin aux Etats Unis, une action auprès de la Cour Suprême a été engagée et un point de vue du Dr Tim Ball est sorti sur WUWT. J’ai traduit le texte qui me semble intéressant. La justice anglo-saxonne intervient parfois dans des affaires scientifiques, à condition qu’elles soient présentées sous un angle « moral » ou « judiciaire » et non scientifique.

    J’ai appris ainsi au cours de ma carrière comment Monsanto avait fait admettre les OGM sur le territoire de l’Union, sans contestation depuis longtemps. Dans un procès en appel, la Cour a demandé aux écolos plaignants de fournir des preuves de leur allégations de nocivité, sous peine de lourds dommages et intérêts : « Where are the corpses ? », comme dit W Eschenbach à propos des extinctions d’espèces. Depuis lors aucune plainte contre les OGM.

    Voici ma traduction rapide du papier de WUWT.

    EPA, la climatologie et les tribunaux:

    La question n’est pas la mauvaise science mais la science corrompue
    Posté le 19 Décembre, 2013 par Anthony Watts
    Watts Up With That? (WUWT) a récemment signalé la présentation d’un Amicus curiae demandé à la Cour suprême des États-Unis (SCOTUS). Il contestait la légitimité scientifique des mesures de l’Environmental Protection Agency (EPA) visant à contrôler le CO2. Les tribunaux en général, mais surtout la Cour Suprême, ne se laissent pas impliquer dans des désaccords scientifiques parce qu’ils disent qu’ils ne comprennent pas la science. La plupart des gens, y compris moi, ne pensent pas que la Cour entendra la cause. Cependant, je crois qu’il y a une approche qui les intéresserait.

    Ma présentation à la Conférence sur le climat du Heartland Institute à Washington DC, a parlé de ce problème central et de sa solution. Un principe commun, à la science et à la loi, qui ne doit pas être violé est la préméditation d’un acte. Par exemple, en droit, il y a une distinction claire entre assassiner et assassiner avec préméditation.

    La préméditation n’a absolument pas sa place dans la science, les résultats prédéterminés sont vides de sens. Elle est inhérente à l’action du GIEC, quand elle tente de prouver plutôt que de réfuter l’hypothèse que le CO2 humain est à l’origine du réchauffement climatique. Les scientifiques qui ont essayé de pratiquer une bonne science et de réfuter l’hypothèse ont été marginalisés comme sceptiques et ensuite comme négationnistes.

    Mes commentaires viennent de mon expérience de procès sur des questions scientifiques. Je sais par expérience que les tribunaux de tous les niveaux ne veulent pas envisager les différends scientifiques. De leur point de vue, c’est exprimé en langage vernaculaire et se réduit à « votre papier contre mon papier ». Ce qu’il faut, c’est quelque chose qui transpose la question de la science en un argument juridique.
    Il y a trois problèmes graves liés aux tentatives de porter la question de l’EPA devant la Cour suprême.

    1. La science et la technologie sont au cœur de la société en tant que cas liés de plus en plus à des développement juridiques qui nécessitent jugement. Comme un président de comités sur la gestion de l’eau pour un bassin de drainage ou la gestion des déchets dangereux pour une grande ville, j’ai appris des défis à la loi et des avocats de conflits scientifiques. J’étais au courant du problème parce que comme conseil d’étudiants, j’ai réalisé que la plupart des avocats viennent d’études en Arts.

    Lorsque je cherchais un avocat pour mes affaires juridiques, j’ai demandé comment ils avaient réussi le cours de fiscalité parce que je savais c’est celui que la plupart des avocats ne parviennent pas à obtenir du premier coup. Il est de plus en plus impensable que la Cour suprême ne soit pas capable de porter des jugements sur des questions scientifiques. Les conflits impliquant la science se développeront à mesure que l’environnementalisme empiètera au delà des frontières politiques par exemple. Le public est de plus en plus conscient du problème auquel la loi fait face quand des «experts» présentent des preuves tout à fait contradictoires.

    De plus, malheureusement, nous apprenons tous les jours que la science est corrompue dans tous les domaines – cela semble lié à l’approche post-moderne illustrée par le co-fondateur de Greenpeace Paul Watson, qui a dit,  » Ce qui est vrai n’est pas important, seul importe ce que les gens croient vrai.  » En politique, ceci fait partie de la maxime de Saul Alinsky dans les Règles applicables aux Radicaux que « la fin justifie les moyens ». Ces valeurs ont été appliquées quand la climatologie a été adoptée comme ordre du jour politique. C’est parallèle à l’utilisation du consensus sur une question de science quand elle a principalement une application en politique.

    2. Je comprends que l’affaire de l’EPA contre le Massachusetts a été déterminée en vertu du droit administratif qui donne aux bureaucraties un avantage très puissant. Il semble que l’État du Massachusetts ait été guidé vers le procès à la Cour suprême en soutenant que l’EPA ne remplissait pas sa fonction de protéger le public contre une «substance nocive». L’EPA a perdu, délibérément, à mon avis, ce qui a forcé l’appel. Cela signifie que sont très révélateurs et importants les arguments de l’EPA, utilisés dans le cas du Massachusetts, au sujet de pourquoi ils ne devraient pas traiter du CO2. À mon avis, ils devraient faire partie de l’argumentation contre les actions de l’EPA.

    La Cour suprême a statué que l’EPA devait contrôler le CO2 comme une substance nocive en utilisant le droit administratif. C’est précisément le résultat que l’EPA voulait, afin de contourner le Congrès. Cette capacité à contourner les élus est de plus en plus le stratagème de ceux qui cherchent un contrôle total et l’irresponsabilité. Maurice Strong l’a utilisé quand il a créé le GIEC en utilisant les bureaucrates de l’Organisation Météorologique Mondiale (OMM). Comme l’a écrit Mary McCarthy,  » La bureaucratie, la règle de personne, est devenue la forme moderne du despotisme. « 

    3. La question dans l’affaire de l’EPA n’est pas ‘votre papier contre mon papier’. L’EPA a accepté la science du GIEC complètement, non pas parce qu’ils se rendent compte de ses limites, mais parce qu’il convient à leur agenda politique. Par conséquent, je crois que la meilleure chance de gagner l’affaire devant la Cour suprême est de démontrer que les résultats du GIEC ont été prémédités et corrompus. La preuve doit comprendre les emails fuités de la Climatic Research Unit (CRU) ; la manipulation et les malversations incluant les données et les modèles, et la grande différence et les écarts entre le rapport scientifique du GIEC et le Résumé pour les décideurs (SPM).

    L’affaire devient alors ‘leur papier corrompu contre notre papier’. Le coup décisif de l’argumentation doit être que ‘leur papier corrompu’ échoue parce que le fondamental, incontournable jugement de la science est la précision de la prédiction, (observation de Feynman). Le fait que le GIEC ait changé de prédictions à projections aussi précocement que 1995 en raison de l’échec des prévisions, confirme qu’ils connaissaient les problèmes. Ils ajoutèrent à cela en laissant le public et surtout les médias croire que c’étaient des prédictions.

    L’EPA a choisi les résultats du GIEC comme ordre du jour politique. S’ils savaient que les résultats étaient mauvais alors leur action était une tromperie délibérée. Ils ne peuvent pas faire valoir, comme les tribunaux, qu’ils ne comprennent pas la science – c’est leur travail de comprendre. S’ils ne savaient pas, ils sont incompétents. Quelle ironie merveilleuse d’avoir l’ordre du jour politique de l’EPA vaincu par les pratiques de corruption utilisées pour faire avancer l’ordre du jour politique du GIEC.

    Malgré cela, je souhaite la réussite de l’Amicus. Je suis d’accord avec les commentaires qu’au moins, ils essaient de faire quelque chose. Espérons que, si elle échoue, elle ne va pas réduire la possibilité pour des interventions futures auprès de la SCOTUS. Restent la question de l’utilisation abusive de la science et de la nécessité pour les tribunaux de comprendre comment la science se développe.

    Le problème créé par ceci serait résolu si l’on avait une SCOTUS qui comprenait des scientifiques. Quelle discipline de la science voudriez-vous inclure? L’évolution de la science du climat pratiquée par une collection de spécialistes d’une discipline généraliste, la climatologie illustre le problème. C’est une raison majeure pour laquelle j’ai décidé de retirer ma participation à l’Affaire.

    Je n’aime pas du tout le règlement judiciaire de questions scientifiques, mais, étant donnés les énormes conflits d’intérêts, il me semble judicieux de se pencher sur le problème, comme en Australie et peut être bientôt en Allemagne. Qu’en pensez vous ?

  5. MichelLN35 (#305),
    Merci pour votre traduction.

    contourner les élus est de plus en plus le stratagème de ceux qui cherchent un contrôle total

    Cette phrase est naturellement en parfait accord avec l’écologisme politique radical (… pléonasme) chez nous ! 👿
    J’avais rappelé récemment, dans un fil de Skyfall, la déclaration donnée sur une chaîne télé, de Mme Eva Joly, candidate à la présidentielle de 2012, dans laquelle elle avait dit – en substance :

    « L’écologie impose que soit dépassée la simple pratique démocratique. »

    Nous auront été prévenus.

  6. Bob (#312),
    Merci à vous, encore une fois.
    Et mes excuses à vous tous, à qui je demande de ne pas (trop) m’en vouloir pour ce cafouillage venu encombrer ce fil. 😳

  7. JG2433 (#313),

    Dans la mesure où les explications fournies peuvent servir à d’autres, ces petits cafouillages ne sont pas bien graves et moins dérangeants que les messages des trouls (© zizou).

    Je propose d’exposer vos problèmes techniques au Bistrot, où l’on pourra vous aider plus efficacement qu’ici.

  8. MichelLN35 (#317),
    On peut y lire :

    In 2008, state-run Japan Oil, Gas and Metals National Corp (JOGMEC) demonstrated for the first time a nearly six-day continuous period of production of methane gas from hydrate reserves held deep in permafrost in Canada.

    In March, Japan succeeded in producing 120,000 cubic metres of gas over six days from a test exploration in the Pacific Ocean off Aichi Prefecture in central Japan.

    Les tests semblent donc concluants.

  9. Bonne année à tous.

    Un petit mot sur le gouvernement chinois qui estime qu’une bonne partie de l’industrie du photovoltaïque nationale doit disparaitre.
    Adieu subventions, veaux, vaches, couvées…

    Amusant ce contraste entre la politique « communiste » d’une « démocratie populaire » mais étonnement pragmatique et les réactions de la classe politique française démocratique et « libérale » pour défendre une industrie sursubventionnée et sans avenir économique et social.
    Manifestement, nos amis chinois ont parfaitement compris les mécanismes de création de richesse.

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