Consensus

On peut se demander pourquoi vouloir améliorer le fonctionnement du GIEC. Parce qu'en améliorant son fonctionnement, on aura une meilleure idée des débats et difficultés sur le climat mais aussi parce que cela fera école pour d'autres groupes. Il ne faut pas être égoïste sur ce sujet !

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Une traduction reprise du blog de Judith Curry, Climate etc.

Les évaluations scientifiques doivent-elles être consensuelles pour faire autorité ?

par Judith Curry

La gestion par consensus au sein des procédures du GIEC et dans la communication publique qui s'ensuit est devenue une source de vide scientifique plutôt que d'apports scientifiques réels au milieu des discours sociaux désordonnés sur le changement climatique.– Mike Hulme

Un essai provocant de Mike Hulme est inclus dans le récent livre intitulé Future Directions for Scientific Advice in Whitehall.  Quelques citations :

Une des attentes habituelles du public sur la science, est qu'elle parle avec autorité sur la façon dont le monde physique fonctionne  et sur les conséquences physiques probables des différentes actions de l'homme et des actions politiques. La science et les scientifiques sont sensés offrir un discours différent à la vie publique par rapport à ceux offerts par les politiciens, les journalistes, les avocats, les prêtres ou les célébrités. Mais qu'entend-on par «faire autorité»? Et comment la pratique scientifique peut-elle gagner et maintenir son autorité face à la mise en cause publique et au scepticisme? La question à laquelle je souhaite répondre s'écrit simplement comme ceci : le prononcé d'un consensus scientifique sur une question telle que le changement climatique augmente-t-elle ou affaiblit-elle l'autorité de la science? Et pour qui exactement de telles déclarations sont efficaces – les scientifiques, les différents publics, les décideurs, les politiciens ?

En faveur du consensus

L'argument en faveur d'un consensus faisant autorité est qu'il reflète ce que la science est soi-disant seule capable de fournir : appliquer des règles de raisonnement et de déduction qui conduisent sans ambiguïté et de manière universelle des indices à la conclusion. Un même indice présenté devant un même esprit de la même discipline doit conduire exactement à la même conclusion. Sous cette perspective, un manque de consensus porte atteinte à l'autorité de la science, car cela suggère soit que des conclusions contradictoires ont été atteintes prématurément soit que des valeurs ou des biais personnels ou culturels ont ressurgi lors du raisonnement.

C'est la position qui semble être implicitement assumée par de nombreux protagonistes du débat sur le changement climatique, qu'ils soient traditionnels ou critiques.

C'est aussi l'avis de nombreux critiques du discours scientifique habituel qui affirment que de la science bien menée – via les processus de raisonnement impartial – devrait conduire à l'unanimité. En pointant  la simple existence de positions divergentes minoritaires hors des déclarations du GIEC,  ils saperaient ipso facto l'autorité de la science aux yeux du public. Bien sûr, cela reflète une vision très particulière (puriste) de la connaissance scientifique, ce que des chercheurs comme Bruno Latour ont décrit comme «l'illusion moderniste de la science». Et pourtant, il fournit à un large éventail de protagonistes une défense utile contre les relativismes culturels.

Contre le consensus

Mais les raisons avancées contre un consensus faisant autorité, au moins dans le contexte de problèmes épineux comme le changement climatique et au moins dans la manière dont le GIEC l'a promu, me semble être plus convaincantes.

La première raison fonctionne par analogie. La règle de la majorité  est très efficace pour maintenir l'autorité dans des institutions sociales telles que les parlements et les tribunaux, qui requièrent des votes de députés et de jurys. Le consensus n'est pas nécessaire pour une règle ou un jugement destiné à des contextes publics plus larges. Et quelles que soient les différences sur lesquelles nous pourrions insister entre la nature du débat scientifique et celle du débat politique (ou du jury), nous devons reconnaître que les évaluations scientifiques tels que le GIEC sont établis explicitement sur le même mode social (i.e délibératif) que les institutions qui recherchent des preuves. Il y a bien d'autres dimensions dans la construction d'institutions faisant autorité et générant la confiance que la seule unanimité parmi les membres : par exemple, des procédure équitables et convenues d'un commun accord, le respect de la dissidence, l'acceptation des résultats. Peut-être que l'autorité du GIEC, tant aux yeux des critiques que du public, peut-être même aussi aux yeux des hommes politiques – sortirait donc renforcée s'il agissait selon ses propres règles en incluant les avis minoritaires dans le Résumé pour décideurs (ce qui n'a jamais été fait).

Deuxièmement, l'exigence d'un consensus est pernicieuse – afin de protéger l'autorité du groupe, elle pousse à trouver un accord dans un groupe d'experts où il n'y a pas d'accord. Peut-être que le GIEC devrait plus ouvertement adhérer à l'idée de solliciter l'avis d'experts, ou même de faire voter les experts comme cela a été suggéré par David Guston: «Un organisme scientifique qui ne participe pas à … une politique de choix social transparent – celui qui cache ses deux désaccords de fond et de ses intérêts disciplinaires et sectorielles sous un manteau de consensus – n'est pas un entièrement démocratique ». Par exemple, une telle approche de désaccord pourrait utilement être appliquée au cas de la controverse sur la hausse du niveau des mers dans le 4e rapport d'évaluation du GIEC. Il rend les désaccords explicites et reflète mieux la quasi-rationalité de la délibération scientifique. Un autre exemple de la façon dont cela pourrait renforcer l'autorité serait le cas du groupe de spécialistes des ours polaires de l'UICN et la sollicitation de l'avis d'autres experts.

Et, troisièmement, la présence officielle – même bien accueillie – d'opinions minoritaires crédibles, révélant ainsi l'ampleur des dissensions, améliorerait effectivement l'autorité de la science. Elle montrerait qu'il est «OK d'être en désaccord» et indiquerait donc que les procédures de délibération d'un organe tel que le GIEC sont justes et accueillent toute la gamme de points de vue qualifiés. Pour que la science fasse autorité, il faut donc accueillir – en fait rechercher – les avis critiques. Dans le cas de grandes évaluations internationales comme le GIEC, le processus ne devrait pas seulement permettre d'inclure les avis minoritaires dans les règles de procédure, mais de s'assurer que ces rapports minoritaires sont activement facilités. Comme Dan Sarewitz l'affirme : «La science offrirait une meilleure valeur à la politique si elle s'articule sur un ensemble plus large d'interprétations, d'options et de perspectives plausibles, imaginées par les meilleurs experts, plutôt que de forcer la convergence vers une voix prétendument unique."

Climategate, le consensus et l'affaiblissement de l'autorité

L'obsession d'un consensus d'exclusion a été la véritable tragédie du Climategate. Non que les e-mails du Climatic Research Unit (CRU) aient révélé un trucage fondamental de données de fond ou des pratiques frauduleuses, mais ils ont montré une culture scientifique fermée à la critique et résistante à l'échange ouvert de données. Lorsque ces pratiques ont été exposées publiquement, la ténacité de la défense des frontières entre scientifiques et le reste du monde a paradoxalement affaibli l'autorité auprès du public de la climatologie plutôt que de l'avoir renforcée. Le résultat fut exactement le contraire de ce que les scientifiques du climat du CRU et d'ailleurs ont cru obtenir. En conséquence, les climatologues sont devenus des cibles aisées, du fait de leurs pratiques d'exclusion allant à l'encontre de la nature du débat public et de la critique. Et cela, à son tour, a permis aux politiques critiques des politiques climatiques d'utiliser une puissante stratégie de diversion. Les espaces d'affrontements d'arguments démocratiques légitimes et sains sur les politiques climatiques est devenu le terrain, certes accrocheur et divertissant, de discussions sur l'autorité de la science.

En refusant d'accepter et de légitimer des rapports d'avis minoritaires, le GIEC a ouvert la voie à une puissante rhétorique en retour opposée à l'idée de consensus. La relation entre les preuves scientifiques et les politiques publiques est suffisamment sous-déterminée pour justifier dans les évaluations à grande échelle telles que le GIEC, de multiples façons d'accueillir des positions dissidentes ou minoritaires. En le faisant, leur autorité grandirait.

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Les prix du carbone attendront.

En direct du Parlement européen. Notez bien que c'est de la faute des sceptiques (on ne les pensait pas si bien placés pourtant …). Le Conseil et la Commission reviendront toutefois avec un nouveau projet., mais ce sera plus difficile. La vidéo dans le lien est intéressante (ou ci-dessous dans le premier commentaire).

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16/04/2013. Les députés ont voté contre le gel des enchères d'une portion de quotas d'émissions de CO2 visant à augmenter le prix du "permis de polluer" dans l'UE. Une majorité de parlementaires a estimé qu'une intervention sur l'offre affaiblirait la confiance dans le système d'échange de quotas d'émissions (SEQE ou ETS), destiné à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Dans un vote distinct, les députés ont approuvé l'exclusion temporaire des vols intercontinentaux de l'ETS.

La proposition de gel des crédits, surnommée "backloading", a été rejetée à une majorité serrée, 334 députés votant pour le rejet de la proposition, 315 contre et 63 s'abstenant. La proposition sera donc renvoyée en commission de l'environnement du Parlement.
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Les députés qui s'opposent à cette mesure appellent à une réforme plus en profondeur de l'ETS et redoutent qu'une intervention sur l'offre de crédits n'affaiblisse la confiance des opérateurs dans le système. Certains craignent également qu'une hausse du prix du carbone ne diminue la compétitivité de l'industrie européenne et ne se répercute sur les factures énergétiques des ménages.
Dans l'autre camp, ceux qui soutiennent cette mesure, estiment qu'une offre excédentaire des crédits doit être corrigée pour faire en sorte que le système fonctionne comme initialement prévu. Ils considèrent que l'augmentation du prix du carbone aidera à catalyser la transition de l'UE vers une économie verte en stimulant l'investissement et l'innovation. Un prix plus élevé pourrait également faciliter la connexion du marché du carbone européen avec ceux d'autres régions. "Je regrette profondément le vote d'aujourd'hui. C'est le début de la renationalisation de la politique climatique", a déclaré Matthias Groote (S&D, DE). "Ce type de politique est entre les mains de sceptiques en matière de changement climatique. Le rejet de la proposition affaiblit le système d'échange des quotas d'émission et met en danger nos objectifs climatiques", a-t-il ajouté. (Souligné par Araucan)

Dérogation à l'ETS pour les vols intercontinentaux

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Une proposition législative distincte, rédigée par Peter Liese (PPE, DE), a été adoptée par 577 voix pour, 114 contre et 21 abstentions. Elle comprend un accord avec le Conseil visant à suspendre temporairement l'application de l'ETS pour les vols intercontinentaux, afin de faciliter les progrès vers un accord global au sein de l'Organisation de l'aviation civile internationale (OACI).
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"Les émissions du secteur de l'aviation ont plus ou moins doublé depuis 1990. Elles sont en constante augmentation", a souligné le rapporteur Peter Liese (PPE, DE). "Les objections des pays tiers pour être inclus dans l'ETS ne sont pas fondées. Nous arrêtons seulement le compteur car nous souhaitons conclure les grands axes d'une convention internationale au sein de l'OACI. Nous ne sommes pas disposés à maintenir cette dérogation au-delà d'un an". Le rapporteur a appelé l'UE à lancer un défi au Secrétaire d'État américain, John Kerry, lors des négociations; "après le projet de loi Kerry-Lieberman, si les États-Unis ne font pas d'efforts en faveur de la conclusion d'un accord à l'OACI, M. Kerry perdra sa crédibilité", a-t-il ajouté.
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Marcott et al.

 Bon, je ne trouve pas cela très sympa de se cacher ainsi derrière un jeune thésard pour faire un buzz sur le réchauffement "toujours bien là" en faisant dire aux proxies ce qu'ils ne peuvent pas dire. Voici un article de Ross McKitrick qui résume l'affaire.

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Tiens, on ne s'est pas fait avoir ! (13/03/2013)

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A gauche, variation de la température mondiale au cours des 11.000 dernières années sur la base de l'analyse des fossiles de 73 sites à travers le monde, avec l'ajout des températures mesurées du 20e siècle, d'après Marcott et al.(Science). A droite, le même graphique sans les températures mesurées du 20e siècle,. Sources: à gauche, Science,  à droite, Roger Pielke Jr.

Le 8 mars dernier, un article a été publié dans la prestigieuse revue Science sous le titre "Reconstructions de températures régionales et mondiale des 11 300 dernières années". Les reconstructions de température ne sont pas nouveelles, mais les articles qui prétendent être en mesure de remonter aussi loin dans le temps eux, sont rares, en particulier ceux qui promettent une couverture mondiale et régionale.

Cette nouvelle étude, de Shaun Marcott, Jeremy Shakun, Peter Clark et Alan Mix, est fondée sur une analyse de 73 proxies à long terme, et fournit quelques résultats intéressants : un familier (et banal), un plus étrange, mais probablement sans importance, et un à la fois étonnant et nouveau. Ce dernier est découverte montrant apparemment que le réchauffement au 20ème siècle est plus violent que tout ce que l'on a vu depuis plus de 11 000 ans. Les résultats de cette recherche on fait le tour du monde et les auteurs
sont devenus les derniers d'une longue lignée de célèbres scientifiques du climat.
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Le problème, comme ils l'ont tranquillement admis au cours de ce week-end, est que leur superbe affirmation est sans fondement. La véritable histoire vient à peine de sortir, et ce n'est pas joli-joli. La conclusion banale de l'article de Marcott et al. était que l'histoire climatique de la Terre depuis la fin de la dernière ère glaciaire ressemble à peu près à un U inversé, démarrant dans le froid,  se réchauffant durant quelques milliers d'années, stationnaire au milieu de l'Holocène (6.000 à 9.000 ans) , puis se refroidissant de façon constante au cours des cinq derniers millénaires jusqu'à nos jours. Ce modèle a déjà été mis en évidence dans les études antérieures utilisant des forages terrestres, des carottes de glace et d'autres proxies à très long terme , et a été signalé dans le premier rapport du GIEC en 1990. Certaines études suggèrent qu'il faisait en moyenne un demi-degré de plus qu'actuellement, tandis que d'autres indiquent un, voire deux degrés de plus. Un grand nombre d'hypothèses doit être fait pour calibrer les  proxies sur des degrés Celsius et il n'est donc pas surprenant qu'il y ait des différences.
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Une autre caractéristique familière des reconstructions à long terme est que la partie descendante présente  quelques variations importantes. Beaucoup montrent un long et intense intervalle chaud pendant l'époque romaine il y a 2000 ans, ainsi qu'un autre intervalle chaud durant l'époque médiévale, il y a mille ans. Elles montrent également un épisode froid appelé Petit Age Glaciaire qui se termine dans les années 1800, suivi par le réchauffement moderne. Mais le graphique de Marcott et al. ne les montre pas alors qu'y figure un modeste réchauffement au milieu de l'Holocène et une baisse en douceur vers les années 1800. C'est étrange, mais probablement sans importance, car les auteurs indiquent avoir utilisé de soi-disant proxies «basse fréquence» peu sensibles aux fluctuations sur des durées de temps inférieures à 300 ans. Les différences entre leur graphique et celui d'autres études pourrait probablement être mis sur le compte de méthodes différentes.
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La nouveauté surprenante et spécifique de la courbe de Marcott se trouve tout au bout de la courbe à droite. Leurs données montrent une hausse remarquable qui implique que, pendant le 20ème siècle, notre climat est passé à peu près des conditions les plus froides des 11 500 dernières années aux plus chaudes. Plus précisément, l'analyse établit qu'en moins de 100 ans, nous avons eu un réchauffement plus important que celui qui a nécessité des milliers d'années à se produire, gommant ainsi 5.000 ans de refroidissement.

Cette hausse, ainsi que l'examen de ses fondements, ont été au centre d'un intérêt extrême. L'une des premières questions a été de savoir d'où provenait cette hausse. Marcott a terminé sa thèse de doctorat à l'université de l'État d'Oregon en 2011 et sa thèse est disponible en ligne. L'article de Science est tiré du quatrième chapitre, où sont utilisés les 73 mêmes jeux de proxies et des méthodes apparemment identiques. Mais il n'y a de hausse finale ni dans ce chapitre ni dans le résumé de sa thèse.

Steve McIntyre, de climateaudit.org a examiné les détails de cet article, et a publié le 16 mars une découverte remarquable. Les 73 proxies ont tous été recueillis par d'autres chercheurs, dont 31 proviennent d'alkénones, un composé organique produit par le phytoplancton qui se dépose par couches sur les fonds océaniques, et qui possède des propriétés chimiques corrélées avec la température. Quand une carotte de forage est obtenue, les couches doivent être datés. Si cela est fait correctement, le chercheur peut alors interpréter la couche d'alkénone qui est à, disons, 50 cm sous la surface, comme par exemple, une température de l'océan en moyenne à 0,1 degrés au-dessus de la normale sur plusieurs siècles il y a 1 200 ans. Le haut de la carotte fournit les données les plus récentes, mais il est souvent perturbé par le processus de forage. Ainsi, les chercheurs à l'origine des séries originales prennent soin à de dater la carotte là où l'information commence à devenir utile.

Selon les scientifiques qui ont publiés de telles séries, l'âge au sommet des carottes varie de l'époque actuelle à plus d'un millier d'années. Moins de 10 des séries originales ont des valeurs pour le 20ème siècle. Si Marcott et al. avaient utilisé cette date telle que calculée par les spécialistes qui ont compilé les données d'origine, il n'y aurait pas eu de légère hausse au 20e siècle dans leur graphique, comme d'ailleurs le cas dans la thèse de doctorat de Marcott. Mais Marcott et al. ont re-daté un certain nombre de sommets en changeant la combinaison de proxies qui contribuent à la valeur finale, et cela crée la remontée des températures à la fin de leur graphique. Loin d'être une caractéristique des proxies, c'est un artefact créé en re-datant de façon arbitraire les sommets des carottes de forage.

Pire encore, l'article ne parle pas de cette étape. Dans le complément d'information en ligne, les auteurs ont dit qu'ils ont considérés les sommets de carottes comme datés de nos jours "sauf indication contraire dans la publication originale." En d'autres termes, ils ont affirmé s'appuyer sur la datation d'origine, alors  qu'en fait, ils ont re-daté les carottes de manière à fortement influencer les résultats.

Entre-temps, dans un courriel privé à McIntyre, Marcott a fait une déclaration surprenante. Dans l'article, ils avaient déclaré avoir fait une autre analyse des proxies donnant une bien plus faible hausse au 20e siècle, mais ils y déclaraient que la différence , n'était "probablement pas robuste", ce qui implique que la hausse était insensible aux changements de méthodologie, et était donc fiable. Mais dans son courriel à McIntyre, Marcott dit la reconstruction elle-même n'est pas robuste au 20e siècle: c'est très différent. Lorsque cela est devenu public, l'équipe Marcott promis de traiter ces questions avec une FAQ en ligne.

Cette FAQ est parue au cours du week-end, et contient un aveu remarquable: «La partie de notre reconstructions portant sur le 20ième siècle n'est pas statistiquement robuste, ne peut donc être considérée comme représentative de l'évolution de la température mondiale, et n'est donc à la base de d'aucune de nos conclusions."

Ca y est, vous avouez ! La hausse légère du 20ème siècle a été au centre de l'attention des médias dans le monde entier et les auteurs ont insisté sur les implications de leurs conclusions sur le réchauffement au 20ème siècle. Pourtant, à aucun moment, ils n'ont mentionné le fait que la partie du 20e siècle de la reconstruction ne vaut rien.

Mais les auteurs désormais défendent leurs revendications initiales en disant que si l'on greffe les enregistrement par thermomètres au 20eme siècle à la fin de leur courbe issue des proxies, la tendance à la hausse sera d'une bien plus grande envergure que celle observée dans un intervalle de 100 ans dans leur courbe, ce qui confirme leurs affirmations initiales. Mais vous ne pouvez pas simplement greffer deux séries de température complètement différentes ensemble et en tirer une conclusion du fait qu'elles sont différentes.

L'histoire moderne est échantillonnée en continu et est par conséquent capable d'enregistrer les tendances à court terme et la variabilité. Le modèle issu des proxies, de l'aveu même des auteurs, est fortement lissé et ne reflète pas les fluctuations en dessous d'une échelle de temps de plusieurs siècles. Donc, la lissage relatif des parties antérieures de leur graphique n'est pas une preuve qu'il n'y avait de variabilité à ces époques. Leur méthode ne peut probablement pas les repérer.

Le caractère exceptionnel de leur conclusion initiale d'un plausible réchauffement au 20ème siècle était justement le fait qu'il apparaissait à la fois sur les données modernes et sur les proxies. Mais ce n'est qu'une illusion. Cette convergence de la reconstruction est un artefact provenant du changement de la date finale à l'extrémité de certaines séries de données.

Ces dernières années, il y a eu un certain nombre de cas dans lesquels des articles de haut-niveau de scientifiques du climat se sont avérés, à y regarder de près, s'appuyer sur des combines inconvenantes, des trucages et/ou des analyses erronées. Dès qu'ils sont dévoilés dans la blogosphère, la communauté universitaire se précipite pour mettre les wagons en cercle et dénoncer toute critique comme du "négationnisme." Il y a bien du négationnisme, mais de la part de ces scientifiques qui ne voient pas que leur défense constante de ce type de pratiques grève la crédibilité de leur discipline auprès du public.
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A ce jour, Steve McIntyre a publié plus de 15 billets sur cet article … (Cela permet d'avoir un échantillon des problèmes rencontrés avec ce type de travaux).
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Marcott Mystery #1 le 13/03/2013
Marcott Monte Carlo le 04/04/2013 (RomanM)
Clearly distinguished le 07/04/2013
Alkenone Divergence le 09/04/2013
The Impact of TN05-17 le 10 avril 2013
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Climategate 3

Lors du précédent Climategate, avec les e-mails dévoilés, une archive  a été diffusée, verrouillée par un mot de passe. Par un e-mail envoyé le 12 mars 2013 à différents blogs sceptiques, ce mot de passe a été dévoilé. Voici le texte signé FOIA qui accompagnait ce mot de passe. (Source)

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Sujet: FOIA 2013: le mot de passe

Il est temps de rabouter les cordages et de dissiper certaines spéculations sur le Climategate.

En effet, cette fois, je parle au singulier. Après les évolutions de carrière de certains, je ne peux plus utiliser le pluriel du pape 😉

Si ce courriel semble un peu décousu, cela vient probablement de ma formation linguistique et au fait   d'essayer de m'adresser à la fois à un large public (je m'attends à ce qu'il soit partiellement reproduit plus ou moindre échéance) et aux destinataires de ce courrier électronique (qui ne sont pas encore tous choisis).

Le "all.7z" mot de passe est [censuré].

NE PAS PUBLIER LE MOT DE PASSE. Citez le reste si vous le souhaitez.

Diffuser l'archive cryptée était plus pratique. Je ne voulais pas laisser les e-mails traîner.

J'ai préparé les CG1 & 2 seul. Parcourir l'ensemble des 220.000 e-mails aurait pris plusieurs mois de travail dans un environnement de plus en plus défavorable.

Les mettre tous dans le domaine public était le dernier recours. La majorité des e-mails ne sont pas pertinents, certains d'entre eux sont sans doute sensibles et socialement dommageables.

Pour obtenir le reste des courriels scientifiquement (ou autre)
pertinents, je vous demande de transmettre ce message à toutes les personnes motivées et responsables qui pourraient offrir bénévolement un peu de temps pour passer en revue ce matériel avant publication.

Le filtrage et le retrait d'e-mails personnellement sensibles ne nécessite pas de compétences particulières.

Je ne suis pas très à l'aise d'envoyer le mot de passe à des personnes non sollicitées, mais je n'ai pas de meilleures idées pour le moment. Si vous pensez que cela vous rend «complice» d'une manière que vous n'aimez pas, ne faites rien.

Je n'attends pas de grandes surprises des e-mails qui restent à organiser. Mais il n'est pas impossible aussi que les pièces les plus importantes y soient. Personne sur la planète n'a eu l'archive en clair depuis CG2.

Ceci est la vérité : pas de complot, pas de pirates rémunérés, pas de Big Oil. Ceci n'est pas une conspiration de républicains. La politique aux États-Unis m'est étrangère et je ne suis pas non plus du Royaume-Uni. Il y a de la vie en dehors de la sphère anglo-américaine.

Si quelqu'un se demande encore pourquoi prendre de tels risques, ou ne voit ici qu'une violation de la vie privée, voici quelques mots …

Ce que j'ai vu au début dans les coulisses ne m'a pas rendu confiant sur l'état de la climatologie – bien au contraire. Je me suis retrouvé en face d'un choix qui pourrait bien avoir un impact mondial.

En bref, lorsque j'eus à choisir entre ma propre sécurité, la vie privée et la carrière de quelques scientifiques et le bien-être de milliards de personnes qui vivront dans les décennies à venir, les deux premières ne furent pas déterminantes.

C'était moi ou personne, maintenant ou jamais. C'était une combinaison de plusieurs conditions improbables et qui ne se reproduiront pour personne dans un avenir prévisible. Le cirque était sur le point de commencer à Copenhague. Après, il aurait été trop tard.

La plupart des gens conviennent que la climatologie a déjà orienté les capacités, l'innovation, la psychologie et la "puissance" matérielle de l'humanité. Le scénario sera encore plus grandiose dans les prochaines décennies si les choses se déroulent conformément au script. Nous avons affaire à des milliers de milliards de dollars et à une influence potentielle considérable sur pratiquement tout un chacun.

La richesse de la société dans laquelle il naît influe fortement sur la vie future d'un nouveau-né. Cela fait une énorme différence si l'humanité utilise ses actifs pour réaliser des progrès, ou si elle vise à arrêter et inverser la tendance, essentiellement en sacrifiant les moins lotis aux dieux du climat.

On ne peut engloutir des milliards dans le puits sans fin de cette entreprise et prétendre que rien ni personne n'en sera affecté.

Si l'économie d'une région, un pays, une ville, etc se détériore, que se passe-t-il chez les plus pauvres? Est-ce qu'en général leurs perspectives sont améliorées ? Non, ils prendront les coups les plus durs. Aucune pensée magique climatique ne peut inverser ce constat.

Il est aisé pour beaucoup d'entre nous du monde occidental d'accepter un minuscule inconvénient vert, puis de se vautrer dans ce juste sentiment, entouré par notre technologie «propre» et l'énergie qui n'est que légèrement plus chère si elle est bien subventionnée.

Les millions et les milliards d'êtres humains déjà aux prises avec la malnutrition, la maladie, la violence, l'analphabétisme, etc n'ont pas ce luxe. Le prix de la «protection du climat», avec ses effets cumulatifs et collatéraux conduira à en détruire et affaiblir un grand nombre, durant des décennies et des générations.

A l'inverse, un "changeur de jeu" pourrait avoir un effet bénéfique avec une portée similaire.

Comme j'avais la possibilité d'en réaliser ne serait-ce qu'une partie, alors je devais essayer. Je ne pouvais pas justifier moralement l'inaction. Même si je risquais tout, de n'en être jamais remercié, et dene probablement jamais en parler à personne.

J'ai fait ce que je considère comme étant le plus défendable, et je le referais encore (mais avec de légères modifications, car essayer de publier quelque chose de vrai sur RealClimate était manifestement au-delà du possible;-) ).

Même si je me trompais complètement et que ces scientifiques ont une bonne raison de nous avoir trompés (au lieu de faire un dossier solide avec des données réelles), je pense que la diffusion de la vérité est toujours le pari le plus sûr, et de loin.

Un grand merci à Steve et Anthony et à bien d'autres. Ma contribution ne se serait jamais faite sans votre travail (que vous soyez ou non d'accord avec mon point de vue).

Oh, encore une chose. J'ai été surpris d'apprendre sur un blog «progressiste», corroboré par un célèbre «scientifique», que les publications faisaient partie d'une campagne coordonnée recevant de grandes quantités de financements occultes de la part de groupes industriels de l'énergie œuvrant dans l'ombre.

Je n'étais pas au courant de l'arrangement, mais j'accueille chaleureusement leur décision de soutenir mon projet. Pour ce faire, j'ai ouvert une adresse bitcoin: 1HHQ36qbsgGZWLPmiUjYHxQUPJ6EQXVJFS.

Plus sérieusement parlant, je l'accepte avec gratitude les dons modestes pour soutenir L'(autre) Cause. Cette adresse peut également servir de signature numérique pour conjurer ces vols d'identité qui font partie du répertoire des trucs pour climatologues de nos jours.

Continuez votre bon travail. Je ne serai pas en mesure d'utiliser cette adresse e-mail pour longtemps si vous répondez, je ne peux même en garantir la lecture ou de répondre. Je le ferai plusieurs envois, à tous ceux à qui je peux penser.

C'est fini et je suis sorti.

M. FOIA

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Diplomatie climatique.

Jusqu'où iront les questions climatiques ? Pour le moment, elles se sont arrêtées aux portes du Conseil de sécurité à l'ONU. Voici l'intervention de l'Ambassadeur chargé des négociations sur le changement climatique. J'ai souligné en bleu, ce qui ne tue plus depuis longtemps, c'est à dire le ridicule. Araucan.

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15 février 2013 – Débat « Arria » du Conseil de sécurité sur les conséquences sécuritaires du changement climatique

Intervention de M. Jacques Lapouge, Ambassadeur chargé des négociations sur le changement climatique.
Monsieur le Président,

Dix-huit mois après l’adoption par le Conseil d’une déclaration présidentielle qui reconnaissait que le changement climatique pouvait « à long terme, aggraver les menaces existantes à la paix et la sécurité internationales », je me réjouis de reprendre la discussion sur ce sujet d’une importance première pour l’action du Conseil à l’avenir et remercie les organisateurs de ce débat.

Je voudrais souligner trois points :

Premièrement, le changement climatique est bien réel, et nous en ressentons tous les jours les impacts. Les risques qu’il nous fait courir sont eux aussi bien réels. Il y a, bien sûr, la menace pour nos partenaires des Petits Etats insulaires en développement, dont l’existence-même peut être mise en péril, comme les orateurs l’ont abondamment démontré ce matin. Le climat est aussi une menace sur la productivité agricole, sur la disponibilité des ressources et sur la viabilité des régions côtières qui abritent plus du tiers de la population mondiale.

Enfin, le changement climatique démultiplie les menaces à la paix et à la sécurité dans les régions et les Etats les plus fragiles.

Je me félicite ainsi que cette réunion nous donne l’occasion d’analyser les vecteurs de conflit sur lesquels le changement climatique aura les effets les plus immédiats. Je rappelle que le paragraphe 8 de la déclaration présidentielle de 2011 prévoyait déjà que soit systématiquement incluse, dans les rapports qu’adresse le Secrétaire général au Conseil, une analyse de l’impact du changement climatique sur la sécurité.

Pour toutes ces raisons, le Conseil de sécurité doit prendre ses responsabilités aussi dans ce domaine, et assumer pleinement le mandat que lui confie la Charte pour le maintien de la paix et de la sécurité internationales.

Deuxièmement, nous devons agir aujourd’hui pour éviter que le Conseil de sécurité ne soit obligé demain de prendre des mesures de gestion de crise. La communauté internationale doit se mobiliser à tous les niveaux. Nous devons, et c’est bien là l’essentiel, viser l’adoption en 2015 d’un accord international ambitieux et applicable à tous dans le cadre de la Convention Climat, tant en termes d’atténuation que d’adaptation. La France s’engage fortement dans ce sens, et s’est proposée pour accueillir la Conférence des parties de 2015, la CoP21.

Le Conseil de sécurité peut et doit, de son côté, prendre en compte l’impact de ses propres actions. Il n’est pas admissible que les opérations de maintien de la paix dégagent chaque année près d’un million de tonnes de CO2 dans l’atmosphère, ou contribuent à l’épuisement des ressources rares dans les régions vulnérables où elles opèrent. La France se félicite que le Secrétariat de l’ONU ait commencé à agir pour limiter l’impact environnemental des opérations de maintien de la paix. Elle souhaite que cet effort soit poursuivi et amplifié.

Troisièmement, nous devons tous nous mobiliser pour contribuer à ce que les menaces ne se réalisent pas. C’est pourquoi la France, en tant que membre de l’Union européenne, de concert avec ses partenaires, soutient avec détermination l’engagement pris à Rio du renforcement d’une gouvernance mondiale du développement durable et de l’environnement.

Cette responsabilité nous engage envers les générations futures. De cette responsabilité, la France prend sa part. Nous avons décidé d’affecter en priorité, ces trois prochaines années sur les moyens de l’Agence française de développement, plus 6 milliards d’euros, au secteur de l’accès aux énergies renouvelables et de l’efficacité énergétique. De plus, nous avons décidé d’affecter une part du produit de la taxe sur les transactions financières au « Fonds vert pour le climat », dont la création a été décidée à Copenhague.

La réunion de ce jour est pour nous tous aux Nations unies un appel à l’action. Ne perdons pas un instant, faisons de la menace climatique un outil de mobilisation pour prévenir des conflits qui pourraient en résulter et, à long terme, pour sauvegarder la Planète pour les générations futures.

Je vous remercie.

(Source)

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Gaz de schiste en Allemagne ?

Comme quoi l'éolien ne fait pas tout …

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L’Allemagne, qui lutte afin de trouver des ressources énergétiques pour remplacer l’énergie nucléaire, a franchi une étape supplémentaire vers l’autorisation de l’exploitation du gaz de schiste par fracturation hydraulique, une pratique contestée par l’opposition et l’opinion publique. Le gouvernement d'Angela Merkel a rendu public le 26 février un projet loi autorisant l'exploitation de gaz de schiste par fracturation, toutefois soumis à certaines conditions.
Le gaz de schiste semble constituer un élément essentiel du débat sur le bouquet énergétique allemand. En 2011, l'Allemagne a décidé de fermer toutes ses centrales nucléaires d'ici 2022. Le pays tente doncpéniblement d'étendre l'énergie renouvelable et de trouver d'autres sources d'énergie. Cependant, la construction de nouvelles lignes à très haute tension pour relier les éoliennes de la mer du Nord aux bassins industriels du centre et du sud du pays a donné lieu à une opposition et à des litiges.

Ce projet de loi introduit des mesures de protection de l'environnement en interdisant la fracturation dans les zones protégées et situées près de sources d'eaux minérales. Cette interdiction s'appliquerait à 14 % du territoire allemand. Des études d'impact sur l'environnement seront en outre obligatoires pour chaque projet.

Les restrictions proposées ne rassureront guère les opposants à la fracturation. Les Verts et les sociaux-démocrates réclament un moratoire sur l'exploitation de gaz de schiste, en attendant que l'on découvre de meilleures techniques. Des élections nationales sont prévues le 22 septembre.
Dans le même temps, les milieux industriels allemands font pression sur le gouvernement afin d'exploiter au plus vite cette ressource, qui stimulerait l'économie selon eux. Les États-Unis ont enregistré une hausse de la production en partie en raison de l'énergie peu coûteuse produite à partir du gaz de schiste.
Le géant allemand des produits chimiques BASF est en faveur d'un cadre réglementaire juridique sur la fracturation en Allemagne. Son directeur général, Kurt Bock, a qualifié la décision du gouvernement d'« importante » et espère qu'elle donnera lieu à un débat plus objectif, selon le Financial Times. Le sous-sol allemand compterait jusqu'à 2 300 milliards de mètres cubes de gaz de schiste. L'Allemagne consomme 86 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an, dont environ la moitié est importée de Russie.
Plusieurs États membres de l'UE soutiennent l'exploration du gaz de schiste, bien qu'à des degrés différents. À l'autre extrémité, la Bulgarie et la France s'opposent farouchement à l'exploration du gaz de schiste.

(Source)

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Bistrot du coin/3

Pour discuter de tout et de rien.

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Signalés :

– un article d'Antonio San sur la vague de froid de l'an dernier, mis en page par Hacène en quatre parties

Parties 1, 2, 3, 4.

– un article de Scaffeta traduit par MichelNL35

Attributions des changements climatiques en utilisant la décomposition empirique des données climatiques.  Loehle C. and N. Scafetta, 2011.  lohle-scafetta-c-c-attribution.pdf

Evaluation du couplage de l’Index ENSO Multivariable (MEI), avec la concentration en CO2 et avec les variations de la longueur du jour [LOD]. A. Mazzarella(1), A. Giuliacci (1,2) and N. Scafetta (3)  mazzarella-scafetta-quantif-mei-lod-co2.pdf

Grand merci à tous.

Consultables également dans Autres textes et traductions.

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Subductions et CO2

Bien sûr, cette étude ne vaut que si l'on suppose que le CO2 est susceptible de réchauffer l'atmosphère …

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Article téléchargeable .
http://www.clidyn.ethz.ch/papers/Lee_Cretaceous.pdf

6 février 2013 – Une nouvelle étude de l'université Rice suggère que les alternances de périodes avec glaciations et sans glaciation au cours des 500 derniers millions d'années pourrait être dues à l'apparition de volcans à des endroits clés où d'énormes quantités de dioxyde de carbone peuvent être relâchés dans l'atmosphère.
Les continents de la Terre sont de gigantesques réservoirs de carbonates sédimentaires comme le calcaire et le marbre, et il semble que ces réservoirs sont exploitées de temps à autre par les volcans, qui libèrent alors de grandes quantités de dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Ces carbonates contiennent jusqu'à 44 pour cent en poids de dioxyde de carbone. Dans la plupart des cas, ce carbone reste stocké dans la croûte continentale.
La libération du dioxyde de carbone provenant de ces carbonates peut provenir de l'interaction avec le magma. Cela est rare sur Terre aujourd'hui, parce que la plupart des volcans sont situés sur des arcs insulaires, aux limites de plaques tectoniques qui ne contiennent pas de croûte continentale.
Le climat de la Terre oscille continuellement entre des cycles chaud et froids, sur des périodes allant de 10 millions à 100 millions années par cycle. Les cycles froids, comme pendant les 50 derniers millions d'années, sont caractérisés par de la glace aux pôles et des périodes d'activité glaciaire. En revanche, les périodes chaudes le sont par une augmentation du dioxyde de carbone dans l'atmosphère et par la surface des eaux libre de glace, même au niveau des pôles. La dernière période chaude a duré environ 50 millions à 70 millions années de la fin du Crétacé au Paléogène précoce, lorsque les mammifères ont commencé à se diversifier.
Lee, professeur de sciences de la Terre à l'université Rice et ses collègues, se sont demandé si ces oscillations du climat de la planète étaient une conséquence naturelle de la tectonique des plaques. Leurs recherches ont montré que l'activité tectonique entraîne une augmentation par moments du nombre de volcans le long d'arcs volcaniques continentaux, en particulier lorsque des océans se forment et que se brisent les continents. Ces volcans se situent, lors de ces périodes, sur les bords des continents, et les éruptions libèrent alors d'énormes quantités de dioxyde de carbone lors du passage du magma à travers les couches de carbonates de la croûte continentale.

Lee a déclaré que cette théorie rompt avec les théories conventionnelles sur ces oscillations.

La théorie standard est que le dioxyde de carbone provient des profondeurs de la Terre durant les périodes chaudes du fait d'une combinaison de plus d'activité le long des dorsales médio-océaniques – où les plaques tectoniques s'écartent et d'éruptions massives de lave appelées« grandes provinces ignées". Bien
que les deux phénomènes produisent de gaz carbonique, il n'est pas certain que ces processus puissent à eux seuls fournir la teneur de dioxyde de carbone de l'atmosphère que l'on trouve dans les archives fossiles au cours lors des derniers cycles chauds.

L'idée initiale de la recherche remonte à un séminaire informel tenu à Rice en 2008 où Jerry Dickens, un expert en paléoclimats, en parlant de l'eau de mer au Crétacé, a indiqué qu'il a 93,5 millions d'années s'est produite une extinction massive des organismes d'eau profonde, coïncidant avec un événement d'anoxie globale du milieu marin. A cette époque-là, en l'Amérique du Nord, il y avait énormément de volcanisme le long de la bordure ouest du continent et le maximum d'activité a été daté à 93 millions d'années. Lee a cherché à savoir alors si cette poussée volcanique continentale à l'origine de la Sierra Nevada pouvait aussi avoir affecté le climat de la Terre. Durant les deux années suivantes, Lee a travaillé sur l'idée que les volcans pouvaient éjecter en masse du dioxyde de carbone dans l'atmosphère. Un indice peut être trouvé avec l'Etna en Sicile, l'un des rares volcans continentaux actifs dans le monde aujourd'hui. L'Etna émet de grandes quantités de dioxyde de carbone, si bien qu'il est souvent considéré comme une valeur aberrante dans les moyennes mondiales de production actuelles de dioxyde de carbone par les volcans.

Il existe des preuves tectoniques et pétrographiques indiquant que de nombreux volcans comme l'Etna, ont existé durant le dernier cycle chaud. Les auteurs ont recherché les zones concernées en pistant les minéraux riches en tungstène comme le scheelite, qui se sont formés sur les marges des chambres magmatiques volcaniques lorsque le magma a réagi avec les carbonates. Les enquêtes minières faites durant la seconde guerre mondiale II dans l'Ouest américain et au Canada ont été utilisées.

En sus des indices géologiques, une étude publiée l'an dernier dans G-Cubed, un des co-auteurs, Lenardic, a utilisé des modèles numériques qui montrent que l'ouverture et la rupture des continents pourrait changer la nature des zones de subduction, générant ainsi des oscillations entre des états dominés par des arcs insulaires et les états dominés par des arcs continentaux.

Bien que ce soit encore une théorie, elle présente certains avantages par rapport aux autres théories, car elle explique comment les mêmes conditions géologiques de base peuvent produire et maintenir ces cycles pendant des millions d'années. La longueur des zones de subduction et le nombre de volcans n'ont pas être modifiés mais la nature des arcs volcaniques eux-mêmes, qu'ils soient continentaux ou océaniques, change. C'est par un arc  continental que le CO2 est libéré des réservoirs de carbonates des continents.

Voir également : CO2 et trapps.

(Source)

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